Accueil / Repères historiques / Analyses historiques
En 1989, dans le contexte de la guerre au Liban, la Ligue des Etats arabes tente de trouver une solution au conflit qui a débuté en 1975.
Trois Etats membres, le Maroc, l’Algérie et l’Arabie Saoudite forment un Comité tripartite le 7 janvier 1989 afin de tenter une médiation entre les acteurs de ce conflit, les groupements libanais et la Syrie. Le Comité tripartite fait accepter un plan en sept points, lors d’une réunion organisée à Taëf en Arabie saoudite en octobre 1989, où plusieurs décisions sont prises : sur la politique libanaise et sur les relations entre le Liban et la Syrie.
Sur le plan politique, les députés libanais sont invités à Taëf. C’est ainsi que 63 députés sur 73 se réunissent du 30 septembre au 24 octobre dans cette ville. Un document, approuvé par 59 députés, rappelle d’indépendance du Liban et met en œuvre une réforme de la constitution. Si le partage des pouvoirs est maintenu (président de la République maronite, président du Conseil sunnite et président de la Chambre chiite), les pouvoirs du président de la République sont réduits au profit de ceux du président du Conseil et les députés passent au nombre de 108, avec un nombre égal de députés chrétiens et musulmans. L’accord de Taëf prévoit également de remettre en place la souveraineté de l’Etat libanais sur l’ensemble du territoire et de dissoudre les milices.
Dans cet objectif, il est également décidé à Taëf de maintenir le rôle de la Syrie au Liban. Sur le plan militaire, l’armée syrienne peut rester de façon indéfinie, son redéploiement dans la Bekaa étant soumis à la mise en place d’un gouvernement d’entente nationale. Les politiques économique, culturelle et extérieure du Liban doivent également s’aligner sur celles de la Syrie. Un accord de fraternité est signé entre le Liban et la Syrie le 22 mai 1991.
Cet accord ne fait pas l’unanimité au Liban. Pour la population libanaise, en particulier chrétienne, l’accord est considéré comme mettant en place un protectorat syrien. Le général Aoun le refuse au motif qu’il confirme la présence syrienne. Quant aux groupements chiites (Hezbollah et Amal), ils se sentent menacés par la revalorisation des sunnites par les fonctions accrues du président du Conseil. En revanche, d’autres sont favorables à l’accord de Taëf, considéré comme le moyen de retrouver la paix, sous les auspices de la Syrie.
Le 7 novembre, 57 députés libanais élisent un président de la République proche de Damas, René Moawad, mais il est assassiné le 22 novembre. 47 députés se réunissent à nouveau le 24 novembre et élisent Elias al-Hraoui.
Bibliographie :
Georges CORM, Le Proche-Orient éclaté 1956-2007, Gallimard, 2007, 1128 pages.
Les cahiers de l’Orient, numéro 16-17, 4ème trimestre 1990.
Nadine PICAUDOU, La déchirure libanaise, Editions Complexe, Bruxelles, 1992, 274 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
Autres articles sur le même sujet
Le sunnisme et le chiisme sont les deux grandes confessions de l’islam. Les sunnites sont majoritaires : ils représentent 90% des musulmans, et se trouvent en Afrique du Nord, en Lybie, au Pakistan, en Indonésie et en Afrique noire. Au Moyen-Orient, les sunnites sont présents en Arabie saoudite (...)
par Analyses historiques,
Politique, Histoire, Religion •
24/06/2010 • 4 min
,
dans
‘Umar ibn al-Khattâb, un marchand Mecquois qurayshite lettré, se convertit précocement à l’islam après l’avoir combattu pendant quelques années : en 616 ou 617, c’est-à-dire au moins cinq ans avant l’Hégire, il devient le compagnon de Muhammad qu’il accompagnera à Médine. En raison du rôle d’arbitre qu’il (...)
par Analyses historiques,
Histoire •
15/10/2012 • 6 min
,
dans
Avec les attentats du 11 septembre 2001, qui ont fait environ 3 000 victimes sur son sol, les Etats-Unis se considèrent en guerre contre le terrorisme et posent le problème de la sécurité de leur territoire face à la menace des islamistes radicaux. Toute leur politique doit alors être repensée. En (...)
par Analyses historiques,
Politique, Société, Pétrole, Diplomatie •
22/04/2011 • 4 min
,
dans
Les expressions « Moyen-Orient » et « Proche-Orient » représentent deux entités relevant d’une logique géopolitique, et non pas géographique, assez floues, couramment utilisées aujourd’hui dans les médias et que l’on a tendance à confondre. L’Orient a marqué pendant des siècles les limites de l’influence (...)
par Analyses historiques,
Histoire •
18/04/2011 • 2 min
,
dans
Poursuivre votre lecture
Histoire
Arabie Saoudite
Politique
Entité « au corps romain, à l’esprit grec et à l’âme orientale » , l’Empire byzantin s’est caractérisé tant par sa longévité - quelque onze siècles - que par son activité culturelle foisonnante, dont une large partie nous est parvenue aujourd’hui. Qu’il s’agisse de prouesses architecturales comme la basilique (...)
par Analyses historiques,
Histoire •
12/07/2024 • 8 min
,
dans
Fatiha Dazi-Héni est docteur en sciences politiques et spécialiste des monarchies de la péninsule Arabique et du Golfe Persique. Diplômée d’un (...)
par Entretiens,
Politique, Diplomatie •
14/06/2024 • 11 min
,
,
dans
06/06/2011 • 3 min
04/04/2011 • 3 min
26/03/2011 • 1 min
30/09/2010 • 5 min