Appel aux dons jeudi 12 décembre 2024



https://www.lesclesdumoyenorient.com/753



Décryptage de l'actualité au Moyen-Orient

Plus de 3100 articles publiés depuis juin 2010

mercredi 11 décembre 2024
inscription nl


Accueil / Infos culture / Comptes rendus d’ouvrages

Alain Dieckhoff, Le conflit israélo-arabe

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 27/04/2011 • modifié le 25/04/2020 • Durée de lecture : 4 minutes

L’objectif de l’auteur est le suivant : « Le présent ouvrage s’inscrit résolument dans une démarche de compréhension globale du conflit israélo-arabe. Notre propos est de fournir sous forme synthétique, non seulement les données historiques et politiques de base, mais des éléments de réflexion indispensables à tout débat sérieux. Chacun peut avoir une opinion sur le conflit israélo-arabe, encore faut-il qu’elle repose sur une approche raisonnée de ses origines, de ses logiques, de ses dynamiques, une approche qui permette de restituer les indispensables complexités. L’ignorance, comme la mauvaise foi idéologique, perpétue la guerre. Si le savoir n’y met pas, magiquement, fin, il contribue à pouvoir en sortir ».

Le retour aux sources historiques est indispensable pour comprendre la situation actuelle, en particulier « cette incroyable résilience que rien ne semble pouvoir enrayer ». Sont ainsi rappelés la naissance du sionisme, la déclaration Balfour, l’arrivée des immigrants juifs pendant l’entre-deux-guerres, la création de l’Etat d’Israël en 1948, la guerre de 1967, la question palestinienne (réfugiés, OLP), les accords de Camp David et leurs conséquences pour l’Egypte, le processus de paix lancé dans les années 1990.

Cette mise en perspective historique est suivie par l’analyse des événements contemporains, dans leur dimension intérieure, régionale et internationale.

Sur le plan intérieur, Alain Dieckhoff se penche tout d’abord sur les relations entre Israéliens et Palestiniens, notamment sur la question de la paix dont les bases ont été posées au début des années 2000, mais qui n’a pu être menée à bien faute de conditions politiques adéquates. Les conséquences ont été la reprise des violences entre les Palestiniens et les Israéliens. C’est dans ce climat que la seconde intifada se déclenche, en 2000. L’auteur s’interroge ensuite sur la notion de l’Etat palestinien, sur la mise en place, ou non, des critères permettant de parler d’Etat : « Pour qu’il y ait un Etat en droit international, il est nécessaire que trois éléments se conjuguent : un pouvoir politique institutionnalisé doit exercer son autorité souveraine sur l’ensemble de la population installée sur le territoire national. Qu’un seul de ces éléments manque ou qu’il soit défaillant, et il n’existe pas objectivement d’Etat ». Au regard de cette problématique, il analyse ainsi la situation qui prévaut à Gaza et en Cisjordanie depuis 1994, date de la mise en place de l’Autorité palestinienne. La question du Hamas est également soulevée, son origine, son action, son positionnement dans la résistance palestinienne.

Sur le plan régional, l’évolution des relations de l’Iran avec le monde arabe est analysée, ainsi que celle de son implication dans le conflit israélo-arabe : « jusqu’au début des années 2000, même si, par son soutien à la « résistance islamique » dans le Sud-Liban occupé par Israël, l’Iran était bien devenu un acteur indirect du conflit israélo-arabe, il demeurait un acteur secondaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ». La question du soutien des Etats arabes à la cause palestinienne fait également l’objet d’une analyse, car si l’opinion arabe est acquise à la cause palestinienne, cette question semble plus « contrastée » pour les Etats arabes. En parallèle, l’auteur s’interroge sur le soutien de la diaspora juive à l’Etat d’Israël.

Sur le plan international, le positionnement des Etats-Unis, de l’UE, de l’ONU et de l’opinion publique internationale est décrypté. Ces acteurs sont-ils partiaux, en retrait, impuissants ou trop mobilisés sur la question du conflit israélo-arabe ?

Alain Dieckhoff évoque dans la dernière partie de son ouvrage les « perspectives » que soulève le conflit israélo-arabe, en particulier la corrélation entre la forte médiatisation de cette question et sa centralité géopolitique ; l’interrogation sur la possibilité ou non de la création et de la coexistence de deux Etats ; le questionnement sur les réfugiés palestiniens, en particulier la nécessité politique pour les Palestiniens « que la validité théorique du droit au retour soit admise par Israël » ; la question de Jérusalem, « point de fixation intense du conflit israélo-palestinien parce que le politique s’y mêle inextricablement au religieux » ; les répercussions qu’une paix aurait sur l’équilibre régional et plus particulièrement sur les fondements sur lesquels s’est structuré Israël, depuis la première guerre israélo-arabe ; l’implication de l’administration Obama et ses limites.

Au final, Alain Dieckhoff estime que « si l’histoire nous apprend une chose, c’est bien que toutes les guerres s’achèvent un jour. Ce que nous ignorons, c’est dans quelles conditions et à quel moment cette fin interviendra ». En outre, « il ne fait pas de doute que, pour tout un ensemble de raisons, le conflit israélo-arabe est plus « résistant » à une solution politique globale que d’autres. La situation de « paix partielle – guerre intermittente » peut donc encore perdurer, jusqu’au jour où, par un mélange de lassitude et d’intérêts bien compris, les différents protagonistes encore aux prises les uns avec les autre mesureront que les vertus de la paix l’emportent sur celles de la guerre ».

Alain Dieckhoff, Le conflit israélo-arabe, Paris, Armand Colin, Collection 25 questions décisives, mars 2011, 182 pages.

Publié le 27/04/2011


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


Économie

Israël

Politique