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COVID-19 au Moyen-Orient : entre premier cas officiel au Yémen et dépassement de la centaine de milliers de malades en Turquie

Par Emile Bouvier
Publié le 29/04/2020 • modifié le 05/05/2020 • Durée de lecture : 13 minutes

Comme en Europe, le Moyen-Orient apparaît désormais à l’arrêt : à Beyrouth, les manifestations de masse qui parcouraient autrefois les rues de la capitale libanaise ont fortement décru ; en Turquie et dans le nord de l’Irak, les affrontements entre le PKK et les forces armées turques sont au point mort. Même au Yémen, où l’Arabie saoudite mène depuis cinq ans une guerre de haute intensité contre les rebelles houthis, le coronavirus semble avoir apporté une accalmie aux combats et, surtout, une porte de sortie à Riyad, qui a annoncé le 8 avril un cessez-le-feu de deux semaines et un retrait partiel de ses troupes en raison du coronavirus « afin d’alléger les souffrances des frères yéménites » [4]. En Syrie enfin, les affrontements dans le nord-est syrien ainsi que dans la poche insurgée d’Idlib sont à l’arrêt, quelques rares escarmouches venant interrompre occasionnellement cette accalmie inédite en neuf ans de conflit. Seul l’Etat islamique semble tirer parti de la situation en intensifiant ses activités, tant en Syrie qu’en Irak, en raison notamment du retrait de larges contingents militaires étrangers du Levant dans le contexte de la pandémie (cette problématique sera abordée dans un prochain article).

L’épidémie de COVID-19, qui avait épargné jusqu’au début du mois d’avril la région - à l’exception toute particulière de l’Iran, dont les deux premiers cas ont été déclarés le 29 février à Qoms [5], et de la Turquie, dont le premier cas remonte au 11 mars [6] - est aujourd’hui touchée de façon croissante. L’Arabie saoudite, Israël le Qatar ou encore les Emirats arabes unis ont dépassé la dizaine de milliers de malades. Cette épidémie apparaît d’autant plus problématique que les systèmes de santé s’avèrent inégaux dans la région, tandis que le décompte des personnes contaminées par le COVID-19 et celui des personnes y ayant succombé, indispensable à la bonne compréhension de l’évolution de l’épidémie, semble aléatoire.

Le présent article projette donc d’aborder la situation du Moyen-Orient face au coronavirus en établissant dans un premier temps un point de situation de l’épidémie (I), puis un état des lieux des systèmes de santé et des réponses des pouvoirs publics face au virus (II), avant de traiter synthétiquement les changements majeurs apportés par le virus dans le quotidien des habitants et l’actualité géopolitique de la région (III).

I. Point de situation de l’épidémie : les nations les plus insérées dans la mondialisation, principales victimes du virus

Avec un premier cas de coronavirus détecté le 11 mars, la Turquie fait aujourd’hui figure de pays le plus touché par le virus en termes de quantité de personnes malades : les Turcs seraient 110 130 à avoir été contaminés par le COVID-19 et 2 813 à y avoir succombé. L’Iran suit la Turquie avec 90 481 malades mais deux fois plus de morts (5 907). Sans surprise, les pays les plus investis dans la mondialisation figurent parmi les autres pays les plus touchés : Israël (15 466), Arabie saoudite (17 522), Emirats arabes unis (10 349), Qatar (10 287).

Les pays en guerre, comme la Syrie et le Yémen, ou dont l’Etat n’est pas en mesure de remplir pleinement ses fonctions, à l’instar de l’Irak, font partie des pays où le nombre de personnes contaminées est le plus faible mais également le plus contestable, comme il sera vu en détails plus loin : le cas de la Syrie (43 malades, 3 morts) et du Yémen (1 contaminé, aucun mort) sont particulièrement éloquents à cet égard, mais aussi l’Irak dans une moindre mesure, où seuls 1 820 malades et 83 morts seraient à déplorer selon les autorités.

Certains pays tirent parfois une part notable de leurs infections de facteurs bien particuliers. Dans le cas de pays du Golfe par exemple, les travailleurs migrants en sont une des causes majeures : des pays comme le Koweït, le Qatar ou encore Bahreïn par exemple, emploient massivement ces travailleurs issus de pays d’Asie du sud-est comme le Bangladesh ou l’Inde afin de combler leurs besoins en ouvrier et employés du bâtiment. Ces travailleurs ne bénéficient souvent que d’un statut très précaire et de conditions de vie notoirement médiocres, sinon misérables, que dénoncent régulièrement des ONG comme Amnesty International [7]. Le New York Times leur a consacré le 13 avril dernier un article particulièrement détaillé dans lequel sont notamment mis en lumière les logements insalubres des migrants, où règne une promiscuité propice à la propagation du COVID-19 [8].

Ainsi, au 14 avril par exemple, plus de 600 travailleurs étrangers ont été testés positifs au coronavirus à Bahreïn ; au Koweït, à la même date, ils étaient plus de 1 300 dont 679 Indiens [9]. L’Arabie saoudite n’a quant à elle pas fourni de données chiffrées précises mais son ministre de la Santé Abdullah Al Rabeeah a déclaré le 13 avril que « nous avons noté un accroissement des contaminations dans les zones résidentielles des travailleurs étrangers et nous les appelons à appliquer le plus strictement possible les règles de précaution » [10].

Quant à l’Etat hébreu, les autorités israéliennes font face à la problématique des juifs ultra-orthodoxes qui représentent, aujourd’hui, près d’un malade du coronavirus sur deux en Israël [11], alors qu’ils ne représentent que 10% de la population totale du pays. A Bnei Brak, une ville à majorité ultra-orthodoxe située près de Tel Aviv, les habitants seraient près de 40% à être contaminés par le virus [12]. Les ultra-orthodoxes, ou haredims, se caractérisent en effet par le séparatisme social dont ils font un marqueur identitaire et par leur pratique religieuse très rigoureuse, voire rigoriste. Cette foi exacerbée les conduit, de fait, à ne pas suivre les recommandations des autorités et à se persuader que leurs croyances les protègent du coronavirus ; un haredim interviewé par le quotidien français Libération affirmait ainsi : « Le coronavirus ? Il suffit de suivre la Torah. Tout ira bien » [13].

Forts de leur zélotisme, les juifs ultra-orthodoxes bravent les interdits édictés par le gouvernement afin de lutter contre la propagation du COVID-19, en organisant ou participant notamment à divers rassemblements religieux qui apparaissent comme autant de vecteurs de propagation du virus. Les autorités israéliennes ont, au début du mois d’avril, musclé leur réponse face aux contrevenants haredims en procédant à plusieurs arrestations [14] dans divers villes d’Israël, en vain : des chiffres révélés par le ministère israélien de la Santé le 23 avril ont mis en évidence que cette communauté religieuse était toujours autant disproportionnellement touchée par le virus. Le nombre de malades dans des villes à majorité haredim de Beit Shemesh (320 contaminés), Elad (243) et Modiin Illit (252) surpasse ainsi celui de Tel Aviv (202 malades pour 450 192 habitants), alors même que la population combinée de ces trois villes apparaît près de deux fois moindre (241 380) que celle de Tell Aviv.

Face aux mesures de plus en plus contraignantes des autorités visant à lutter contre la propagation du virus (fermeture de synagogues ou encore des centres d’étude de la Torah et du Talmud - les yechivahs - notamment [15]), les tensions montent entre le gouvernement et les haredims, qui ont organisé plusieurs manifestations le 21 avril visant à protester contre la stigmatisation dont ils font l’objet, certains protestataires arborant pour l’occasion des étoiles de David similaires à celles que l’administration nazie imposait aux Juifs en Allemagne et dans les territoires occupés durant la Seconde Guerre mondiale [16]. Les affrontements ne sont pas rares, par ailleurs, entre les forces de sécurité et les haredims, qui procèdent régulièrement à des jets de pierre contre tout policier ou militaire pénétrant dans leurs quartiers, quand bien même il s’agirait de distribution de vivres ou de matériel de protection contre le virus [17].

L’établissement d’un point de situation précis de l’évolution épidémiologique du COVID-19 reste toutefois conditionné au degré de fiabilité des données fournies. Or, en plus des biais que l’on retrouve dans l’intégralité des pays touchés par l’épidémie (imprécision des données due à l’impossibilité de tester l’ensemble de la population, aux malades ne se déclarant pas auprès des services médicaux, et aux nombreux cas de malades asymptomatiques), les données au Moyen-Orient souffrent d’une imprécision liée à des services de soin très inégaux et, parfois, à une volonté ou une incapacité des autorités à mesurer avec exactitude l’ampleur de la crise sanitaire.

Premier pays touché au Moyen-Orient et l’un des premiers touchés dans le monde, l’Iran a essuyé à cet égard l’essentiel des critiques. L’association « Iranian Human Rights Monitor » l’a ainsi accusé le 2 avril de dissimiler la réalité de la crise sanitaire ; pour ces militants, le nombre de morts n’était pas de 3 600, comme l’affirmaient alors les autorités iraniennes, mais s’approchait davantage des 15 500 [18]. Le quotidien allemand Die Welt, citant des « sources issues de services de sécurité occidentaux », a également critiqué les chiffres annoncés par les autorités iraniennes, leur préférant ceux de 10 000 morts [19]. Le quotidien israélien The Jerusalem Post affirme quant à lui que « Ibrahim Raisi, le juge suprême de la République islamique et possible successeur du Guide suprême Ali Khamenei, a ordonné que des milliers de morts causées par le coronavirus soient attribuées à d’autres causes, comme des arrêts cardiaques ou des pneumonies » [20].

La Syrie, qui ne déclare que 42 malades pour le moment, fait elle aussi l’objet de critiques. Lors d’une intervention devant un parterre de responsables de la santé israéliens le 23 avril, Yossi Cohen, chef du Mossad a affirmé que « l’Iran, le Liban, l’Irak et la Syrie mentaient » et cachaient leur « forte morbidité », en ne fournissant toutefois pas davantage de détails [21]. De fait, comme en Iran, il semblerait qu’un grand nombre de morts causées par le coronavirus soient volontairement attribuées à la pneumonie. Citant des sources à Damas, certains journalistes [22] ont en effet rapporté qu’au cours des semaines ayant précédé l’annonce du premier cas en Syrie le 21 mars, des rumeurs d’une épidémie de pneumonie particulièrement vivace parcouraient la capitale syrienne, tandis que les funérailles des victimes de cette pathologie étaient réalisées de façon inhabituelle, voire à la va-vite dans des ambulances [23]. Quoi qu’il en soit, volonté de dissimulation ou non, il est avéré que le régime de Damas n’est pas en mesure à l’heure actuelle d’assurer un suivi approprié de l’épidémie selon les standards de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme en d’autres pays du Moyen-Orient, en raison de systèmes de soin très inégaux.

II. De fortes inégalités sanitaires régionales, propices à la propagation du virus au Moyen-Orient

Plongée dans une guerre civile particulièrement destructrice depuis mars 2011, la Syrie ne dispose plus que d’un système de santé parcellaire et, à bien des égards, lacunaire. Si les autorités se sont employées, dès le début officiel de l’épidémie, à prendre une série de mesures visant à limiter l’épidémie (fermeture des cafés, restaurants, salles de sport et lieux touristiques, et conduite de campagnes de désinfection dans les marchés et les transports publics notamment), ses capacités de prise en charge et de comptabilité des malades restent très limitées. Des activistes ont ainsi diffusé sur Twitter des images de centres de quarantaine insalubres [24], tandis que d’autres montraient les images d’un malade du coronavirus allongé à même le sol dans la rue [25].

Un médecin syrien expliquait au quotidien britannique Financial Times début avril que la Syrie ne disposait pas d’assez de médecins et de matériel médical pour prendre en charge les personnes infectées [26], sans compter sur l’insuffisance en infrastructures hospitalières : au 22 juin 2019, l’ONU comptabilisait 570 attaques sur des hôpitaux civils depuis le début du conflit [27]. De fait, la prise pour cible délibérée d’hôpitaux et de cliniques par les différents belligérants est une réalité avérée en Syrie, et à l’égard de laquelle la poche insurgée d’Idlib est désormais coutumière.

Il en va de même pour le Yémen qui, ravagé par une guerre civile depuis cinq ans, ne dispose plus que de capacités sanitaires et médicales très limitées. Le 21 mars, lors d’une conférence de presse, le ministre de la Santé du Conseil politique suprême houthi Taha al-Mutawakel a ainsi affirmé que 93% des équipements médicaux du pays étaient désormais hors d’usage en raison de la guerre. Aujourd’hui dépendant à hauteur de 80% à 90% de l’étranger en matière de produits de première nécessité, y compris médicaux, le Yémen se montre ainsi tout particulièrement vulnérable aux perturbations majeures que connaît l’économie mondiale depuis le début de la pandémie, bien qu’aucune étude précise en la matière n’ait encore été réalisée [28].

En Irak, les infrastructures sanitaires et médicales peinent encore à se remettre des conflits quasi-interrompus depuis mars 2003 (invasion américaine, puis irruption de Daech à partir de 2014). Les dépenses moyennes en santé publique irakienne étaient en effet de 153 dollars par habitant en 2019, soit moins de la moitié de ce que dépense l’Iran qui, comme vu précédemment, connaît pourtant une épidémie très vigoureuse ; selon l’Organisation mondiale de la santé, il y avait en moyenne 8,2 médecins et 14 lits d’hôpital pour 10 000 habitants en Irak en 2019 [29]. A titre de comparaison, la France comptait pour la même période 32,3 médecins et 60 lits pour 10 000 habitants [30]. Le système de santé de l’Irak paraît ainsi précaire face à une très probable vague épidémique de coronavirus, provoquant l’inquiétude de son personnel médical ; « si nous atteignons des chiffres comme ceux du Royaume-Uni, de l’Espagne ou de l’Italie, nous nous effondrerons », assurait ainsi un médecin irakien cité par le média britannique Middle East Online le 31 mars [31].

En-dehors de l’Irak, de la Syrie et du Yémen, qui concentrent une large part des lacunes sanitaires et médicales constatées au Moyen-Orient, les autres pays s’avèrent relativement bien dotés à cet égard : quand les pays du Golfe comptent en moyenne plus d’une vingtaine de médecins pour 10 000 habitants (23,9 pour l’Arabe saoudite et les Emirats arabes unis ; 25,9 pour le Koweït), certains pays comme Israël ont 32,2 médecins pour 10 000 habitants.

Les prochaines semaines, durant lesquelles l’épidémie devrait gagner en intensité au Moyen-Orient, se montreront critiques pour les systèmes de santé des pays de la région. En attendant, les premiers assauts du coronavirus, couplés aux mesures de lutte contre sa propagation, ont déjà profondément changé le quotidien des habitants.

III. Une crise inédite dans ses répercussions sur la vie sociale et économique des pays du Moyen-Orient

Si les conséquences du coronavirus s’avèrent aussi plurielles que lourdes dans le quotidien des habitants du Moyen-Orient, l’un des indicateurs les plus visibles reste celui de la célébration du Ramadan (23 avril-23 mai). Confinement et distanciation sociale obligent, les musulmans sont en effet obligés, pour une large majorité, de renoncer aux traditionnels rassemblements auxquels se prêtait l’iftar (repas du soir où le jeûne est rompu et où sont fréquemment invités la famille, les amis, les voisins…), aux prières nocturnes à la mosquée ou encore au pèlerinage dans les différentes villes sainte de l’islam au Moyen-Orient.

En effet, La Mecque, coutumière des 2,5 millions de pèlerins qui se pressent chaque année pour le hajj [32], est aujourd’hui vide : les autorités saoudiennes ont suspendu le pèlerinage afin de limiter la propagation du COVID-19 et ont activement appelé leurs coreligionnaires à prier à la maison, à l’instar d’un grand nombre d’autres pays. De même, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, a ainsi appelé les Iraniens à éviter toute forme de rassemblement lié aux célébrations du Ramadan [33].

En matière de mouvements sociaux et de conflits armés, le silence de l’épidémie s’est là aussi imposé au fracas des armes. En Turquie et dans le nord de l’Irak par exemple, les combats entre le PKK et les forces armées turques ne sont plus que sporadiques, voire inexistants ; tout au plus les deux protagonistes s’affrontent-ils désormais par propagande interposée. Le PKK affirme en effet que la Turquie s’emploie, depuis le début de la pandémie, à encourager la propagation du coronavirus dans le nord de la Syrie en coupant l’accès à l’eau aux territoires du Rojava depuis les barrages turcs situés en amont sur le Tigre et l’Euphrate. Ces accusations ont été reprises par l’ONG Human Rights Watch, qui affirme que les manœuvres hydrologiques de la Turquie privent les territoires du nord-est syrien d’un accès à l’eau vital pour le travail des organisations humanitaires auprès des populations dans le cadre de la pandémie [34]. Des médias turcs ont quant à eux affirmé que de larges contingents de combattants du PKK étaient contaminés par le coronavirus et qu’une nouvelle directive de l’état-major du mouvement révolutionnaire intimait ces derniers à devenir des kamikazes lorsque leur contamination était avérée [35].

Dans le nord-ouest de la Syrie, à Idlib, les opérations sont là aussi au point mort. Le cessez-le-feu semble globalement respecté et n’est entrecoupé que par d’épisodiques escarmouches ; les forces turques et russes, harnachées de leur équipement militaire mais aussi, désormais, de masques et de gants, ont effectué le 28 avril leur sixième patrouille conjointe sur l’autoroute reliant Alep à Lattaquié [36].

Au Yémen, les affrontements ont également fortement décru en intensité. Comme il sera expliqué dans un prochain article consacré au sujet, l’Arabie saoudite serait actuellement en train de saisir la crise sanitaire comme une opportunité pour s’extraire du bourbier yéménite dans lequel elle est enlisée depuis 2015 : alors qu’un cessez-le-feu général a été annoncé le 8 avril, les pourparlers se multiplient entre les différents belligérants [37]. L’évolution exacte de ces négociations n’est toutefois pas connue à l’heure actuelle.

Au Liban 3172, après une trêve de plusieurs semaines due au coronavirus, les manifestations ont repris. Pour rappel, ces dernières ont débuté le 17 octobre 2019 afin de protester contre une hausse des taxes sur plusieurs biens (pétrole et tabac) et services (appels internet, comme utilisé sur WhatsApp par exemple). Quasi-interrompu, le cycle des manifestations s’était tari durant les premières semaines de l’épidémie au Liban (premier cas de coronavirus confirmé le 21 février), avant de reprendre le 21 avril. Cette manifestation a toutefois revêtu une allure bien différente que les précédentes, les manifestants s’étant concertés pour défiler dans leurs véhicules, et non à pied, afin de respecter les règles de distanciation sociale. La plupart des protestataires arborait par ailleurs un masque ou d’autres équipements de protection apparentés.

Si le coronavirus n’est pas un type de virus nouveau pour le Moyen-Orient [38], le COVID-19 a bouleversé, d’une façon et dans une ampleur inédites, le quotidien des habitants de la région. Comme dans le reste du monde, cette crise sanitaire cristallise les inégalités socio-économiques qu’incarnent, dans le cas présent, les inégalités de moyens des différents systèmes de santé. L’énumération aléatoire du nombre de malades, et surtout celui du nombre de morts, reste par ailleurs une problématique sanitaire particulièrement forte dans la région dans la mesure où elle entrave la bonne compréhension de l’évolution de l’épidémie au Moyen-Orient et, partant, l’élaboration de mesures pertinentes visant à l’endiguer.

Lire sur Les clés du Moyen-Orient :
 Le Liban face à la quarantaine et au confinement : entre perspective historique et enjeux politiques et économiques
 Un vent nouveau souffle sur le Liban », retour en images sur les premières semaines de la révolution citoyenne au Liban
 Le PKK, un mouvement résolument transfrontalier. Partie 1 : l’Irak, une base arrière majeure pour le PKK
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 Bilan de l’offensive turque dans le nord-est syrien : entre suprématie russe et retour en scène de Damas dans les territoires kurdes
 Point de situation à Idlib : une arène diplomatico-militaire indifférente au coronavirus et suspendue à un fragile cessez-le-feu

Sitographie :
 AP PHOTOS : Virus stills Iran’s frenetic capital, Tehran, AP NEWS, 09/04/2020
https://apnews.com/32a6121e0a711e141cecf5b49d98697b
 Hagia Sophia Is Turkey’s Top Tourist Attraction, Greek Reporter, 23/01/2016
https://eu.greekreporter.com/2016/01/23/hagia-sophia-is-turkeys-top-tourist-attraction/
 Cats reconquer Istanbul’s empty streets amid COVID-19 measures, Daily Sabah, 26/03/2020
https://www.dailysabah.com/life/cats-reconquer-istanbuls-empty-streets-amid-covid-19-measures/news
 Saudi Arabia looks for an exit to the war in Yemen, The Economist, 18/04/2020
https://www.economist.com/middle-east-and-africa/2020/04/18/saudi-arabia-looks-for-an-exit-to-the-war-in-yemen
 Iran reports its first 2 cases of the new coronavirus, The Economic Times, 19/02/2020
https://economictimes.indiatimes.com/news/international/world-news/iran-reports-its-first-2-cases-of-the-new-coronavirus/articleshow/74211607.cms
 Turkey announces its first case of coronavirus, The Guardian, 11/03/2020
https://www.theguardian.com/world/2020/mar/11/turkey-announces-its-first-case-of-coronavirus
 Qatar : vers une protection des travailleurs migrants ?, Amnesty International, 20/06/2018
https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/une-avancee-limitee-pour-les-travailleurs-migrants
 Coronavirus Fears Terrify and Impoverish Migrants in the Persian Gulf, The New Yor Times, 13/04/2020
https://www.nytimes.com/2020/04/13/world/middleeast/persian-gulf-migrants-coronavirus.html?referringSource=articleShare
 Middle East coronavirus updates : Infection spreads among Gulf’s migrant workers, Medium, 14/04/2020
https://medium.com/@Brian_Whit/middle-east-coronavirus-updates-infection-spreads-among-gulfs-migrant-workers-4be9f278fc38
 Three ultra-Orthodox towns surpass Tel Aviv in active coronavirus cases, Times of Israel, 23/04/2020
https://www.timesofisrael.com/three-ultra-orthodox-towns-surpass-tel-aviv-in-active-coronavirus-cases/
 En Israël, arrestations dans les quartiers ultra-orthodoxes, EuroNews, 03/04/2020
https://fr.euronews.com/2020/04/03/en-israel-arrestations-dans-les-quartiers-ultra-orthodoxes
 Ultra-orthodoxes en Israël : « Le coronavirus ? Il suffit de suivre la Torah. Tout ira bien », Libération, 04/04/2020
https://www.liberation.fr/planete/2020/04/04/ultra-orthodoxes-en-israel-le-coronavirus-il-suffit-de-suivre-la-torah-tout-ira-bien_1784074
 Police minimize Bnei Brak enforcement on Shabbat ; arrest 10 Haredim in Jerusalem, Times of Israel, 04/04/2020
https://www.timesofisrael.com/police-minimize-bnei-brak-enforcement-on-shabbat-arrest-10-haredim-in-jerusalem/
 Israel’s synagogues close doors for first time over coronavirus, Al Monitor, 25/03/2020
https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/03/israel-close-synagogues-coronavirus-netanyahu.html
 Extremist Haredim in Beit Shemesh don yellow stars to protest synagogue ban, The Times of Israel, 22/04/2020
https://www.timesofisrael.com/extremist-haredim-in-beit-shemesh-don-yellow-stars-to-protest-synagogue-ban/
 Rocks thrown at troops bringing food to Jerusalem ultra-Orthodox neighborhood, The Times of Israel, 22/04/2020
https://www.timesofisrael.com/rocks-thrown-at-troops-bringing-food-to-jerusalem-ultra-orthodox-neighborhood/
 Auf der Suche nach der iranischen Corona-Wahrheit, Die Welt, 05/04/2020
https://www.welt.de/politik/ausland/plus207042235/Wie-viele-Opfer-gibt-es-wirklich-Auf-der-Suche-nach-der-iranischen-Corona-Wahrheit.html
 Iran’s virus deaths soar over 10,000 as regime deceives public – report, Jerusalem Post, 06/04/2020
https://www.jpost.com/middle-east/iran-news/irans-death-rate-soars-over-10000-as-regime-deceives-public-report-623748
 Mossad chief said to allege Iran, some Arab states lying about their virus stats, The Times of Israel, 24/04/2020
https://www.timesofisrael.com/mossad-chief-said-to-allege-iran-some-arab-states-lying-about-virus-stats/
 Syria’s shattered health service left exposed as coronavirus spreads, Financial Times, 08/04/2020
https://www.ft.com/content/130b0083-6339-4118-8dae-14de9e13513f
 Shattered by years of war, Syria braces for coronavirus spread, Reuters, 23/03/2020
https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-syria/shattered-by-years-of-war-syria-braces-for-coronavirus-spread-idUSKBN21A39M
 The Syria conflict has seen over 570 attacks on civilian hospitals, Quartz, 22/06/2020
https://qz.com/1649547/syria-conflict-has-seen-over-570-attacks-on-civilian-hospitals/
 COVID-19 – Impact on Yemen, ACAPS, 23/03/2020
https://www.acaps.org/sites/acaps/files/products/files/20200323_acaps_risk_report_covid19_impact_on_yemen.pdf
 World health statistics, WHO, 2019
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/324835/9789241565707-eng.pdf
 Statistiques sur les lits d’hôpitaux, OCDE, 2019
https://data.oecd.org/fr/healtheqt/lits-d-hopitaux.html
 Coronavirus : Iraqi doctors warn of healthcare collapse if cases continue to rise, Middle East Eye, 31/03/2020
https://www.middleeasteye.net/news/coronavirus-iraq-doctors-warn-healthcare-collapse-if-cases-continue-rise
 Le bilan du Hajj 2019 en chiffres, Saphir News, 14/08/2019
https://www.saphirnews.com/Le-bilan-du-Hajj-2019-en-chiffres_a26549.html
 Coronavirus : le ramadan s’annonce morose au Moyen-Orient, RTL, 21/04/2020
https://www.rtl.fr/actu/international/coronavirus-le-ramadan-s-annonce-morose-au-moyen-orient-7800419475
 Turkey/Syria : Weaponizing Water in Global Pandemic ?, Humans Rights Watch, 02/04/2020
https://www.hrw.org/news/2020/03/31/turkey/syria-weaponizing-water-global-pandemic
 PKK forces terrorists with coronavirus to become suicide bombers, Daily Sabah, 27/03/2020
https://www.dailysabah.com/politics/war-on-terror/pkk-forces-terrorists-with-coronavirus-to-become-suicide-bombers
 Saudi Arabia eyes the exit in Yemen, but Saudi-Houthi talks alone won’t resolve the conflict, MEI, 15/04/2020
https://www.mei.edu/publications/saudi-arabia-eyes-exit-yemen-saudi-houthi-talks-alone-wont-resolve-conflict

Publié le 29/04/2020


Emile Bouvier est chercheur indépendant spécialisé sur le Moyen-Orient et plus spécifiquement sur la Turquie et le monde kurde. Diplômé en Histoire et en Géopolitique de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, il a connu de nombreuses expériences sécuritaires et diplomatiques au sein de divers ministères français, tant en France qu’au Moyen-Orient. Sa passion pour la région l’amène à y voyager régulièrement et à en apprendre certaines langues, notamment le turc.


 


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