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Le numéro 132 des Cahiers de l’Orient, intitulé « Iran-Arabie saoudite - les meilleurs ennemis », paru en décembre 2018 et coordonné par Michel Makinsky, revient en sept articles à la fois développés et synthétiques sur la rivalité qui existe aujourd’hui entre les deux puissances régionales, en présentant les points de vue politique des deux parties, en expliquant la complexité de leur situation économique, et en proposant deux analyses originales de la nature du nationalisme iranien et des conséquences néfastes du blocus du Qatar pour l’Arabie saoudite, qui l’avait pourtant orchestré.
Avant d’exposer le contenu de la revue, il nous faut rappeler, comme le fait Marie-José Sfeir dans son avant-propos, que son père, fondateur de la revue des Cahiers de l’Orient, et qui coordonnait ce 132ème numéro, Antoine Sfeir, est décédé durant sa rédaction, à l’âge de 70 ans.
Le premier article, écrit par Michel Makinsky, directeur général d’Ageromys International, sert de clef de voûte à l’ensemble, puisqu’il revient, de manière à la fois synthétique et détaillée, sur les relations, jadis plus apaisées, aujourd’hui tumultueuses, de l’Iran et de l’Arabie saoudite (p. 7 à 75). En inscrivant l’analyse dans le temps long, l’auteur cherche à explorer les hypothèses autres que celles qui mènent inéluctablement vers un conflit armé. Ce faisant, il s’inscrit dans un champ de représentations qui n’a pas la violence comme unique horizon.
La première partie consiste à expliquer pourquoi le contexte est défavorable à une bonne entente (p. 11-41). Il rappelle cependant que, si la succession d’irritants qui ont conduit à la rupture diplomatique et à la montée des tensions est fort récente (exécution de Nimr al Nimr et sac de l’ambassade saoudienne à Téhéran le 2 janvier 2016), en revanche, ces événements, circonstanciels, ont été gravés dans le marbre par l’attitude des dirigeants. En effet, malgré les invitations au dialogue, Adel al-Jubeir, ministre des Affaires étrangères, s’est montré inflexible, de même que le jeune prince héritier Mohamed Ben Salman. De l’autre côté, les Iraniens n’ont probablement pas favorisé la réouverture de l’ambassade en nommant la rue qui la jouxte « Nimr al Nimr ».
Ces mauvaises circonstances peuvent s’expliquer, selon l’auteur, par l’influence de trois perturbateurs (p. 20-37) : l’obsession américaine anti-iranienne de Donald Trump et de ses proches conseillers, le jeu israélien qui pourrait servir à John Bolton désireux de confrontation avec l’Iran, et la volonté des Emirats arabes unis de créer un front contre le Qatar sous prétexte de sa proximité avec l’Iran.
Enfin, le Yémen, un « Vietnam séoudien » pour l’auteur (p. 37) achève d’envenimer. Selon Michel Makinsky, cependant, les difficultés économiques de l’Iran pourraient pousser le pays à se retirer du Yémen, qui ne représente, selon les propres mots du ministre Javad Zarif « aucun » intérêt stratégique pour l’Iran autre que d’ennuyer son rival séoudien (cité p. 38).
Dans une seconde partie (p. 42-57), l’auteur se livre à une analyse du discours particulièrement virulent de l’Arabie saoudite envers l’Iran, depuis le début de la crise yéménite et après la signature du JCPOA. Cette bataille de mots est montée d’un cran quand le président Rouhani a menacé de bloquer le détroit d’Hormuz en réponse aux sanctions américains. Enfin les dirigeants des deux pays en sont progressivement venus à constituer l’autre en ennemi essentiel : Mohammed Ben Salman reprend l’accusation traditionnellement réservée à Benjamin Netanyahu et compare Ali Khamenei à Hitler en avril 2018 ; le guide d’Iran Ali Khamenei appelle Mohammed Ben Salman « le petit Saddam ».
Cependant, et malgré cette situation défavorable, l’auteur tient à corriger le pessimisme par l’inventivité politique, et à chercher de potentiels rapprochements, souhaitables pour la région et le monde (p. 57-75). Tout d’abord, il fait remarquer que l’Iran a toujours été friand de relations apaisées avec son rival saoudien : Ahmadinejad était allé à Riyad en 2007 ; Rafsandjani avait été reçu par le roi Fahd en 1998, et Ali Shamkhani, une des principales personnalités du système militaire iranien, est un iranien arabe, et a reçu une décoration saoudienne en 2004. Ensuite, l’auteur envisage plusieurs pistes de réconciliation : la prise en main de la situation au Yémen par la communauté internationale, la négociation du retrait des troupes iraniennes de certaines zones, et la formation de groupes d’experts sur des questions comme les trafics (de drogue, d’humains), en vue d’un système de sécurité régionale. Enfin, un certain nombre de « mesures de confiance » (p. 66) sont envisageables : l’Iran pourrait régulariser son armée (une seule), l’Arabie saoudite cesser de surestimer le danger iranien, l’ONU jeter les bases d’une architecture de sécurité régionale.
Et ce, d’autant plus que la « victime collatérale » (p. 70) de la rivalité irano-saoudienne est le Conseil de coopération du Golfe, en raison du blocus contre le Qatar, malgré les tentatives de Donald Trump d’organiser un sommet du Conseil à Camp David, déjà reporté plusieurs fois en raison des dissensions.
Pour conclure son article, qui, ainsi que la situation le veut, est quelque peu pessimiste sur l’avenir de cette relation bilatérale, Michel Makinsky constate cependant que plusieurs analystes iraniens proches du pouvoir (Davoud Hermidas Bavand, Hossein Haberi Ansari, H. Moussavian) considèrent important de chercher des solutions diplomatiques, qui passeraient notamment par des dialogues à l’échelle technique (des hauts-fonctionnaires) et religieuse (rencontre des clercs musulmans).
De l’autre côté, à la suite de l’affaire Khasshoggi, et en raison du potentiel mécontentement de Donald Trump vis-à-vis d’un baril dont il souhaite le prix encore plus bas, qui pourrait le conduire à soutenir des sanctions contre l’Arabie saoudite, la monarchie du Golfe menace d’opérer un bouleversement complet (choc pétrolier, vente du pétrole à la Chine, alliance avec la Russie et l’Iran), qui rebattrait les cartes du Moyen-Orient.
Le second article, « La fragilité d’un royaume dans une transition dynastique à haut risque » (p. 77-122), par David Rigoulet-Roze, docteur en sciences politiques, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques, est consacré à la figure complexe du jeune prince hériter, Mohammad bin Salman bin Abdulaziz Al Séoud (MBS), prince héritier depuis le 21 juin 2017, qui attire sur sa personne toutes les interrogations et tous les doutes que suscite l’Arabie saoudite contemporaine.
David Rigoulet-Roze fait le point sur les débuts de l’ascension « progressive et inexorable » de MBS : surnommé aujourd’hui « Mister everything » : il est ministre de la Défense en janvier 2015 dès la succession de son père, lance l’opération contre le Yémen le 25 mars 2015, alors à la tête du Conseil des Affaires économiques et du Développement (CAED), et devient vice-prince héritier le 29 avril 2015. A ce moment-là, l’entourage de MBS commençait à accéder au pouvoir : son frère cadet est nommé ambassadeur aux Etats-Unis, le 2 mai 2015, il devient président d’un Conseil qui supervise Aramco. Enfin, le 21 juin 2017, MBS devient prince hériter à la place de Mohammed Ben Nayed. David Rigoulet-Roze met en avant la dimension symbolique difficile à comprendre de ces événements : la cérémonie d’allégeance est organisée lors de la 27ème nuit du Ramadan (Laylat al-Qadr, une des plus importantes du calendrier islamique).
L’auteur explique que l’objectif de MBS est de profiter des quantités colossales d’argent pouvant être accumulées par la rente pétrolière pour en préparer la fin, grâce au plan « Vision 2030 » de transition économique à marche forcée, nécessaire puisque le déficit séoudien a considérablement grandi en raison de la baisse du prix du brut, et que l’Etat pourrait faire faillite en quelques années. De plus, la population pourrait atteindre 40 millions d’habitants en 2025, ce qui impliquerait, pour maintenir le système actuel, un baril à 90$ (et non à 60$).
David Rigoulet-Roze montre finalement le caractère autoritaire des purges menées par le jeune prince héritier, et dresse la liste des principales personnes arrêtées lors de celle de novembre 2017, qui aurait permis à la monarchie de récupérer près de 100 milliards de dollars. Ce document, que l’on trouve p. 108-109, est particulièrement utile à qui souhaite faire le point sur les profils des personnes arrêtées.
Par ailleurs, David Rigoulet-Roze tente d’expliquer les mesures libérales que le prince héritier a déjà mises en place, et les oppositions internes qu’il rencontre : augmentation de la part des femmes dans l’emploi, notamment public (aujourd’hui 5%) ; autorisation de conduire pour les femmes ; accès mixtes aux stades ; réformes culturelles (concert de hip-hop, de Mohammad Abdo, le « McCartney » saoudien (p. 99), malgré l’opposition du Grand moufti) ; ouverture des cinémas.
Un second article de David Rigoulet-Roze, « La spécificité dysfonctionnelle du système dynastique séoudien » (p. 123-133), permet d’éclairer les lecteurs désireux de comprendre le fonctionnement éminemment complexe de la dynastie saoudienne, entre la succession d’Ibn Séoud, mort en 1953, la loi fondamentale du roi Fahd de 1992 sur la succession, qui ouvre l’accession à la succession au trône du « meilleur » des prétendants, et enfin l’ordre royal d’octobre 2006 du roi Abdallah, qui fonde le Comité de l’allégeance.
Les deux articles suivants permettent de comprendre les fondements économiques des difficultés que rencontrent les deux pays, et qui renforcent la volonté de confrontation par le sentiment de fragilité.
Dans « les défis économiques de l’Iran », (p. 133-152), Sarah Bazoobandi, maître de conférence en économie politique internationale à la Regent’s University de Londres, présente les trois principaux défis économiques auxquels l’Iran contemporain est confronté.
Le premier défi est la réforme du secteur bancaire (p. 133- 137). Les banques iraniennes, coupées du système international depuis 2012 (en raison de sanctions) est le principal obstacle au développement économique : absence de transparence (pas de respect des normes GAFI), risques (25% de prêts non productifs) ; taux d’intérêt élevés (18/21%) ; fraudes, institutions illicites créées sous Ahmadinejad, blocage d’une partie de la classe politique.
Le second défi économique est l’imminence d’une crise des retraites, dont les caisses auraient un déficit de 11 milliards de dollars. Or, la proportion de personnes de plus de 65 ans devrait passer de 5% en 2016 à 25% en 2049. Ces prévisions s’expliquent par l’âge minimal de la retraite en Iran, actuellement de 50 ans, un des plus bas au monde.
Enfin le troisième défi économique est la réforme des subventions étatiques, un des « piliers du régime » (p. 142-152). En effet, une des promesses de l’ayatollah Khomeiny était d’« apporter la richesse pétrolière à la table des gens » (cité p. 142). Les mécanismes de distribution de denrées nécessaires à la vie ont été renforcés par la nécessité de la décennie de guerre. Ainsi, ont été mises en place des politiques de subventions massives de l’énergie. Le problème était que les subventions favorisaient la surconsommation des ménages (en 2015, 41% de la consommation totale de gaz). En 2005 cependant, Ahmadinejad se fait élire en promettant de remplacer les subventions par des dons en espèce. Cela fait exploser les prix des carburants sans pour autant réduire la consommation et la pollution, et provoqua une inflation galopante.
Le second article économique, « Une dynamique nouvelle face à des contraintes multiples » (p. 153-166) de Pascal Devaux, économiste senior à BNP Paribas, en charge du Moyen-Orient et des Balkans de l’Ouest, est particulièrement intéressant car il propose un regard macro-économique sur les difficultés financières de l’Arabie saoudite.
Pascal Devaux explique que les deux grandes lignes du programme de transformation sont le plan « Vision 2030 », qui doit accélérer une transition planifiée vers la production de valeur depuis le secteur privé grâce à des investissements permis par une privatisation partielle d’Aramco, et le renforcement du fonds souverain, pour l’instant étonnamment faible par rapport aux autres pays pétroliers (34% du PIB, tandis que celui du Koweït ou du Qatar équivalent à plusieurs fois leurs économies).
L’auteur montre que ces réformes se heurtent, d’une part, à des contraintes structurelles, liées à l’importance de la rentre pétrolière, qui représente 45% du PIB, 85% des recettes budgétaires, 85% des revenus d’exportation. Dans cette situation, le secteur privé est surtout composé d’activités à faible valeur ajoutée et les rares industries n’existent que grâce au faible prix du pétrole. Cette dépendance à la rente pétrolière se double d’une dépendance à la main d’œuvre immigrée. 70% des Saoudiens sont employés dans le secteur public, tandis que 80% des travailleurs dans le privé sont des expatriés (6 millions). De l’autre côté, 30% des jeunes saoudiens sont au chômage, et 300 000 d’entre eux arriveront sur le marché du travail par an. Pour résoudre ce problème, l’Etat saoudien souhaite réduire le nombre de travailleurs expatriés ; cela risque cependant de poser problème, puisque les salaires dans le public sont plus élevés que dans le privé, et ceux des Saoudiens beaucoup plus élevés que ceux des expatriés.
Qui plus est, ces contraintes structurelles sont renforcées par des contraintes conjoncturelles, liées à l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché des hydrocarbures, comme les Etats-Unis, qui a fait perdre aux pays de l’OPEP leur capacité à mener des guerres des prix à la baisse. Dans cette situation qui limite les recettes, l’Etat saoudien a été contraint d’émettre de la dette publique, qui s’élèverait en 2017 à 19% du PIB. Même s’il s’agit d’une somme négligeable au regard des actifs du gouvernement, la dette pourrait se creuser si le prix du baril venait à se maintenir aussi bas. Enfin, l’économie saoudienne est rentrée en récession en 2017 (-0,8% de croissance). Or l’indexation du rial saoudien sur le dollar américain rend impossible de bénéficier de la flexibilité du taux de change.
Pour conclure, l’auteur montre que l’élément central des réformes, la privatisation partielle d’Aramco, a été repoussé, ce qui place tous les investisseurs potentiels dans l’expectative, et rend les réformes à peine sensibles. Et pourtant, l’auteur reste relativement optimiste, considérant que ces réformes seront lentes, mais devraient permettre « la transition, au moins partielle, vers une certaine diversification » (p. 165), comme le renforcement des industries liées au pétrole. Les services, en revanche, ne devraient pas connaître de modification profonde et rapide, en raison du manque de compétitivité de la main d’œuvre saoudienne.
La transition devrait donc, selon ses estimations, prendre une génération complète, à condition que le pays reste stable politiquement, et que le pétrole ne descende pas en dessous de 60$ le baril.
Dans le sixième article, « Des revendications nationalistes à une ‘’pluralité libre agissant’’ », (p. 167-185), Azadeh Kian, professeur de sociologie à l’Université Paris 7-Diderot, explique le paradoxe entre la critique de la politique étrangère de l’Iran au Moyen-Orient, durant les manifestations du début de l’année 2018, et la fierté que certains Iraniens, par nationalisme, tirent de cette politique.
L’auteure revient sur les origines de l’aryanisme, construit dans le rejet des « Arabes », et surtout de leur langue, depuis le Livre des rois de 1010. Elle prolonge l’analyse, et montre que le rapport à la patrie, dans le nationalisme iranien moderne, est tributaire d’une symbolique érotique, où le politique (masculin) doit défendre la patrie essentiellement vulnérable (féminisée). Ce schéma se reproduit dans les interdictions sociales dont les femmes iraniennes sont victimes.
Or, l’article montre que les femmes iraniennes pâtissent d’autant plus de leur sort qu’elles constatent les progrès des pays voisins, pourtant très fermés : sept femmes ont été nommées ministres aux Emirats arabes unis, et les femmes saoudiennes ont désormais l’autorisation d’assister aux matchs de foot. Azadeh Kian revient alors sur l’évolution historique de la position des femmes dans la société iranienne. Selon l’auteure, la politique de construction de l’Etat nation de Reza Shah (1925-1941) a « étatisé le discours sur les femmes » (p. 175), avec une série de réformes par le haut pour l’égalité des sexes, qui aboutit à la fameuse loi d’interdiction du voile en 1936. Cependant, elle rappelle que les véritables améliorations du statut légal des femmes ont lieu sous le règne de Mohammed Reza Shah, avec les droits politiques donnés aux femmes en 1963, la loi de protection de la famille de 1967, et, à la fin des années 70, le droit à l’avortement.
Le régime islamique revient sur toutes ces mesures d’occidentalisation des droits de la femme, après la révolution, durant les mandats d’Ahmadinejad, et plus récemment, à partir de 2014, par la remise en cause de la planification familiale qui aurait contribué à réduire le nombre d’enfants par femme. L’auteure montre que, en dépit des déclarations, les seules avancées pour la situation des femmes sont le résultat des actions de la société civile, et non d’une évolution voulue par le pouvoir.
Sébastien Boussois, chercheur en sciences politiques, associé à l’université libre de Bruxelles, dans « Un an après le début de la crise du Golfe, la résilience du Qatar a payé » (p. 187-220), montre comment le blocus du Qatar était un rêve longtemps caressé par les trois pays alignés du Golfe (Arabie saoudite, Emirats, Bahreïn), qu’il a la complexité d’une crise internationale, et qu’il disloque « la seule organisation politique du monde arabe qui fonctionnait à peu près » (p. 188), le Conseil de Coopération du Golfe.
L’auteur explique la crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar par la nécessité, pour l’Arabie saoudite, de constituer un bouc émissaire de ses relatifs échecs régionaux et de sa rivalité croissante avec l’Iran, et de la volonté d’attaquer la chaîne d’’information Al Jazeera. La crise ne fut pas désastreuse pour le Qatar, qui dispose d’un fonds souverain de 335 milliards de dollars, d’investissements partout dans le monde, et a joui d’un soutien alimentaire iranien (350 tonnes de nourriture apportées une semaine après le blocage).
La résistance du Qatar a été rendue d’autant plus facile que les reproches que lui adressait l’Arabie saoudite pouvaient très facilement être compris comme l’expression d’une simple rivalité, et de la « jalousie » (p. 196) saoudienne. Cette position anti-Qatar est d’autant plus difficilement soutenable, que, derrière des critiques virulentes en parole, les Etats-Unis sont également proches stratégiquement du Qatar (accord d’armement en juin 2017, principale base américaine dans le Golfe à Al-Oudeid, au Qatar, plus de 10 000 hommes, ainsi que le Centcom).
Selon l’auteur, le Qatar l’a emporté, ce qui lui permet de poursuivre sa stratégie de soft power intensive à destination des Occidentaux. La première semaine de blocus, difficile, permit au Qatar de constater qu’il n’avait pas besoin d’importer les produits par le biais de Dubaï, et le Qatar en a profité pour renforcer les liens bilatéraux avec la Turquie, qui a pu, de son côté, remplacer les produits saoudiens sur le marché qatari. L’Iran a raflé également quelques parts de marché, tandis que la France a vendu 12 Rafale, 50 A321, et que la RATP/SNCF a obtenu un contrat d’exploitation du futur métro de Doha.
Pierre Ramond
Pierre Ramond, normalien, est directeur du programme Asie intermédiaire du Groupe d’Etudes Géopolitiques.
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