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Dans le cadre du conflit israélo-arabe et dans celui de la recherche de la paix, alors que les Etats-Unis et l’Union soviétique sont en train d’organiser une conférence à Genève, le président égyptien Anouar el-Sadate, pressé de parvenir à une paix rapide avec Israël pour des raisons de politique intérieure, décide d’agir. Le 19 novembre 1977, il reconnaît l’Etat d’Israël dans une allocution prononcée à la Knesset (Parlement israélien) et demande en échange le retrait israélien des territoires conquis en 1967 ainsi que la reconnaissance des droits des Palestiniens, c’est-à-dire de leurs droits fondamentaux, notamment le droit à l’autodétermination et la mise en place d’un Etat indépendant.
Après un moment d’embarras, l’initiative de Sadate est saluée par la diplomatie américaine, et le président Carter décide d’accompagner l’Egypte et Israël dans leur volonté de paix. Mais cette paix ne se fait pas sans heurts, car le Premier ministre israélien Menahem Begin bute sur la question de la reconnaissance des droits des Palestiniens. Il faut toute la persuasion du président Carter pour faire aboutir la paix israélo-égyptienne.
Celle-ci se fait en plusieurs étapes. Du 14 au 22 décembre 1977, une conférence se déroule au Caire, réunissant des représentants égyptiens, israéliens et américains. Aucune avancée n’est réalisée. Dans le même temps, le 16 décembre, Carter rencontre Menahem Begin à Washington. Ce dernier accepte que l’armée quitte le Sinaï (occupé depuis la guerre des six jours) mais refuse le départ des colonies juives implantées dans le désert égyptien. En revanche, il ne souhaite pas régler la question de la Cisjordanie et de Gaza dans l’immédiat. Les 25 et 26 décembre, Sadate et Begin se rencontrent sur le canal de Suez à Ismaïlia, mais la rencontre se solde par un échec, Begin ne voulant pas restituer tous les territoires acquis en 1967. Le 5 janvier 1978, Sadate et Carter évoquent la question de la Palestine, souhaitant faire aboutir les négociations qui sont au point mort, Israël bloquant notamment sur la reconnaissance des droits des Palestiniens. La médiation américaine se poursuit pendant toute l’année 1978, mais les objectifs des Israéliens divergent de ceux des Américains et des Egyptiens : les Israéliens reprennent leur interprétation de la résolution 242, selon laquelle ils n’envisagent pas de retrait de tous les territoires occupés depuis 1967 ni ne reconnaissent les droits du peuple palestinien tandis que les Américains et les Egyptiens proposent pour leur part le retrait d’Israël des territoires occupés depuis 1967 (Sinaï égyptien Golan syrien, Cisjordanie et Bande de Gaza), le droit à la souveraineté et à l’intégrité, le droit pour les Palestiniens à l’autodétermination.
Le président Carter convie alors Sadate et Begin à Camp David, résidence d’été des présidents américains, du 5 au 17 septembre 1978. Les négociations sont difficiles mais aboutissent finalement le 17 septembre par la signature du président égyptien et du Premier ministre israélien de deux documents dont la référence est le texte de la résolution 242 : un traité portant sur le « cadre de paix au Proche-Orient » et l’autre sur la « conclusion d’un traité de paix » entre Israël et l’Egypte. Le premier traité prévoit la « pleine autonomie administrative » de Gaza et de la Cisjordanie pour cinq ans, période pendant laquelle la présence militaire d’Israël sera maintenue, sans que soient créées des colonies de peuplement. Le second traité prévoit que l’Egypte récupère le Sinaï, territoire sur lequel les colonies juives se retirent également et qu’un traité de paix soit signé dans les trois mois. Quant à Israël, il obtient, outre sa reconnaissance par l’Egypte et la mise en place de relation diplomatique (ambassades), le rétablissement des échanges dans le golfe d’Akaba ainsi que dans la zone du canal.
Du côté arabe, les réactions sont vives. Les accords de Camp David sont condamnés lors du IXème congrès arabe qui se tient à Bagdad du 2 au 5 novembre 1978.
A la suite des accords de Camp David, la signature de la paix entre Israël et l’Egypte doit s’effectuer dans un délai de trois mois. Alors que le traité de paix inclut, outre la paix avec l’Egypte, la question des territoires palestiniens, Israël décide de ne prendre en compte que la paix avec l’Egypte et refuse d’avancer sur la question de la Cisjordanie et de Gaza. En dépit des interventions du président Carter, les négociations n’aboutissent pas sur la question palestinienne, et seul le traité de paix est signé entre l’Egypte et Israël le 26 mars 1979 à Washington. Les dernières colonies juives quittent le Sinaï le 25 avril 1982. Dans le même temps, en Cisjordanie et à Gaza, les implantations juives se poursuivent de façon soutenue (5000 colons en 1977 à environ 50 000 en1985).
Bibliographie :
J. B. DUROSELLE, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Dalloz, Paris, 1993, 1038 pages.
Philippe RONDOT, Le Proche-Orient à la recherche de la paix 1973-1982, PUF, Paris, 1982, 212 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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