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Conférence de la paix (délégations syriennes et libanaises)

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 09/03/2010 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 3 minutes

Lloyd George (G), Vittorio Orlando (2ème G), Georges Clémenceau (2ème D) et Woodrow Wilson le 18 janvier 1919

AFP

Parmi les 32 Etats qui ont gagné la guerre, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Etats-Unis et le Japon s’occupent du programme des délibérations, écoutent les revendications et les solutions proposées. Mais cette structure étant trop lourde à gérer et n’étant pas assez efficace pour que soient prises des décisions, les président et chefs de gouvernement des Etats-Unis (Wilson), de la France (George Clemenceau), de la Grande-Bretagne (Lloyd George) et de l’Italie (Orlando) se réunissent entre eux, formant le Conseil des Quatre. Ce Conseil élabore les traités de paix, conclus entre 1919 et 1920, qui fixent le statut de l’Europe, des empires et des colonies allemandes. Ainsi, le traité de Versailles du 28 juin 1919 règle le sort de l’Allemagne, le traité de Saint-Germain du 10 septembre celui de l’Autriche, le traité de Neuilly du 27 novembre celui des Balkans et le traité de Trianon du 4 juin 1920 celui de la Hongrie. Le 11 août 1920, le traité de Sèvres dissout l’Empire ottoman.

Concrètement, dans le même temps que sont étudiés et conclus les traités de paix, des délégations de l’émir Fayçal et des délégations syriennes et libanaises se rendent à la conférence de la paix afin de faire entendre leurs revendications. La correspondance Hussein-MacMahon, l’intervention de Hussein de La Mecque et de ses fils à la révolte arabe déclenchée le 10 juin 1916, l’entrée triomphale du fils ainé de Hussein, Fayçal, à Damas aux côtés des Britanniques le 3 octobre 1918, légitiment la venue de Fayçal à la conférence de la paix à Paris. Celui-ci s’y rend avec l’appui de Lloyd George et défend à plusieurs reprises le projet hachémite de réalisation de l’unité arabe sous un gouvernement chérifien, par deux mémorandums des 1er et 29 janvier 1919, par une intervention à la conférence le 6 février et par une rencontre avec Clemenceau le 16 avril. Son projet rencontre l’hostilité de la France, déjà présente militairement en Syrie, et dont les intérêts ont été reconnus par les accords Sykes-Picot de 1916. Fayçal quitte alors Paris et rentre à Beyrouth.

En parallèle des négociations de Fayçal, une délégation syrienne se rend également à la conférence de la paix. Le Comité national syrien, présidé par Chukri Ghanem, refuse toute intégration de la Syrie au royaume hachémite et prône au contraire l’unité historique de la Syrie, c’est-à-dire de la Syrie, du Liban et de la Palestine. Le Comité national syrien défend devant la conférence le 6 février l’unité syrienne avec l’aide de la France, protectrice des chrétiens d’Orient mais également puissance musulmane par ses possessions en Afrique du Nord. La proposition du Comité national syrien n’est pas retenue par la Grande-Bretagne.

Se rend aussi à la conférence de la paix une délégation libanaise, composée du druze Négib Abdel Malek, du musulman Abdul Halim Hajjar, du grec-orthodoxe Abdullah Khoury Saadi et des maronites Emile Eddé et Daoud Ammoun. Ils revendiquent le 15 février 1919 devant la conférence de la paix la création d’un Grand Liban restauré dans ses frontières historiques (et non plus constitué du seul Mont Liban), composé des trois villes de Tripoli, de Beyrouth et de Saïda, ainsi que des districts du Akkar, de Baalbeck, de Hasbaya, de Rachaya, de Saïda et de Merjayoun. Ils revendiquent également la protection de la France.

Une autre délégation libanaise arrive également à la conférence de la paix, afin de plaider la cause libanaise. Elle est constituée du patriarche maronite Hoyek, d’un évêque grec-catholique et de trois évêques maronites. Cette délégation est reçue par le président français Poincaré le 28 août et par le président du Conseil Clemenceau le 5 octobre. Clemenceau dit approuver le programme de la délégation libanaise : indépendance du Liban et restauration dans ses limites historiques. Cette reconnaissance par Clemenceau est suivie de la création du Grand Liban, proclamé le 1er septembre 1920.

Bibliographie
Anne-Lucie CHAIGNE-OUDIN, La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie-Liban 1918-1939, L’Harmattan, Paris, 2006, 323 pages.
Lyne LOHEAC, Daoud Ammoun et la création de l’Etat libanais, Nautal, Dar’oun, 1994, 199 pages.
Edmond RABBATH, La formation historique du Liban politique et constitutionnel, Librairie orientale, Beyrouth, 1973, 586 pages.

Publié le 09/03/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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