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Entité « au corps romain, à l’esprit grec et à l’âme orientale » [1], l’Empire byzantin s’est caractérisé tant par sa longévité - quelque onze siècles - que par son activité culturelle foisonnante, dont une large partie nous est parvenue aujourd’hui. Qu’il s’agisse de prouesses architecturales comme la basilique - aujourd’hui mosquée - Sainte-Sophie à Istanbul, d’arts sacrés comme les mosaïques - à l’instar de celles visibles dans la Basilique Saint-Vital de Ravenne - ou de fresques - en particulier celles de Cappadoce -, l’art byzantin a ouvert de nouveaux champs artistiques et développé considérablement d’autres encore, tels que les poèmes et récits épiques. Parmi ceux-ci se trouvent les chants acritiques [2], dont l’un des exemples les plus célèbres est celui de l’épopée fictive de Digenis Akritas, écrit probablement au XII ème siècle durant la période de « Renaisse byzantine » sous le règne de Manuel 1er Comnène [3] et considéré par plusieurs spécialistes comme l’une des œuvres fondatrices de la littérature grecque moderne [4].
L’histoire de Digenis Akritas se déroule dans le contexte des guerres arabo-byzantines (du VII ème au XII ème siècle), soit la période durant laquelle le nouveau monde arabo-musulman entre en contact avec l’Empire byzantin et, avec lui, le monde chrétien. Cette période est source de nombreux bouleversements dans la société byzantine qui connaîtra de nombreux cycles de crises et renouveaux profonds au contact de cette nouvelle civilisation. A cet égard, l’histoire de Digenis Akritas apparaît fort intéressante : fils d’un émir musulman et d’une noble grecque chrétienne, le héros est donc - aux yeux de la société byzantine - « bi-racial » (« digenis ») ; il opère par ailleurs à la frontière (« akra ») orientale de l’Empire, soit la ligne de contact entre les mondes byzantin et arabe, en tant qu’akrite (« akritēs »), c’est-à-dire ces soldats chargés de protéger les frontières anatoliennes du territoire byzantin. D’une apparence fortement similaire à celle du héros grec Héraclès, Digenis Akritas est décrit dans les textes nous étant parvenus comme luttant avec une force surnaturelle contre des bêtes sauvages, des monstres, des brigands voire même, lors de son dernier combat, contre la Mort elle-même.
Digenis Akritas, par son nom comme par son histoire, apparaît ainsi évocateur d’une époque particulière et, surtout, s’impose comme la matérialisation littéraire des dynamiques sociopolitiques provoquées au sein de la société byzantine par ce contact permanent avec le monde arabe, source d’insécurité militaire et de syncrétisme culturel. Le présent article entend ainsi détailler dans un premier temps l’histoire de Digenis Akritas (I) avant d’en venir au contexte de la rédaction de cette épopée - et celui durant lequel se déroule l’histoire - (II) afin de mieux en comprendre le rapport singulier entretenu par l’Empire byzantin avec un monde arabo-musulman qui, progressivement, s’imposera - notamment au détriment de Constantinople - à travers la région et façonnera ce que nous appelons aujourd’hui le Moyen-Orient.
L’épopée de Digenes Akritas est généralement considérée comme ayant été compilée pour la première fois aux alentours du XII ème siècle après J.-C., sur la base de documents antérieurs provenant essentiellement de sources orales. L’existence de l’épopée à cette époque est mentionnée dans un poème de Théodore Prodrome [5] adressé à l’empereur Manuel I Komnenos. Au cours des XIX ème et XX ème siècles, six manuscrits de l’épopée seront découverts et traduits [6], le plus ancien datant de la fin du XII ème siècle et du début du XII ème siècle. Chacun de ces manuscrits constitue une version différente de la même histoire médiévale ; en effet, il était rare durant l’Empire byzantin que les copies d’œuvres littéraires soient parfaitement identiques et il est ainsi habituel que ces dernières comportent un certain degré de variation entre elles.
L’œuvre comprend deux parties. La première narre l’histoire des parents de Digenis Akritas. Dans la région historique de la Cappadoce de l’Empire byzantin, un certain prince Doukas nommé Andronikos et sa femme Anna, qui avaient déjà cinq fils, prièrent pour avoir une fille. A la naissance de leur fille Eirene, les devins prédirent qu’elle serait un jour emportée hors de l’empire par un émir arabe. Dès son plus jeune âge, Eirene fut dès lors placée dans un palais et grandit entourée d’une compagnie de gardes et de nourrices. Un jour, alors que son père est parti en expédition, Eirene quitte le palais avec ses servantes et part pique-niquer à la campagne. C’est le moment où un jeune prince syrien nommé Mousour, qui avait envahi la Cappadoce, trouva la princesse et ses compagnes et les emmena. Lorsque ses cinq frères eurent connaissance de l’incident, ils quittèrent l’empire à la recherche de leur sœur. L’émir se rendit aux frères et avoua son amour pour Eirene, promettant de devenir chrétien s’ils les autorisaient à se marier. Mousour fut finalement baptisé et, après leur mariage, Eirene donna naissance à leur fils qui fut nommé Basile Digenis Akritas.
La deuxième partie de l’œuvre commence avec le développement du jeune héros et ses exploits. Enfant, Digenis part à la chasse avec son père et, comme le jeune Heraclès, apprend à vaincre les animaux sauvages sans armes. Il tue plusieurs animaux à mains nues, dont un lion et deux ours. Jeune homme, il affronte les « apelatai », un groupe de bandits flibustiers, parfois ennemis des akritai, et vainc leurs trois chefs en combat singulier. En grandissant, Digenis tombe amoureux et s’enfuit avec Eudocia, la fille d’un général byzantin et, après avoir réussi à vaincre ses persécuteurs - les frères d’Eudocia et leurs soldats -, il l’épouse. Vivant avec sa nouvelle famille aux marges orientales de l’empire, il pacifie la région en chassant les bandits et divers monstres. L’empereur byzantin lui-même rend visite à Digenis pour constater ses exploits et sa force physique. Lors de son duel avec la guerrière amazone Maximο, Digenis vainc son adversaire mais finit par céder à ses avances sexuelles, celle-ci lui déclarant qu’elle avait fait vœu de conserver sa virginité jusqu’au jour où elle rencontrerait un homme plus vaillant qu’elle. Ayant finalement vaincu tous ses ennemis et ramené la paix aux frontières, Digenis se fait construire un luxueux palais au bord de l’Euphrate ; sa réputation le précédant, les Arabes ne s’approchent désormais plus des frontières de l’Empire et, en guise de remerciement, l’empereur Nicéphore Phocas lui fait parvenir tous les ans de riches présents.
La mort de Digenis Akritas varie suivant les versions. Si certaines le font mourir paisiblement dans son palais au bord de l’Euphrate, d’autres le font affronter la Mort elle-même en combat singulier. Selon une version chypriote, Charon, le passeur du Styx, le convoque en combat singulier, « là où Charon le prit, le sang jaillit ; mais là où Digenis le saisit, il lui broya les os. Ils luttèrent et combattirent pendant trois jours et trois nuits. Digenis vainquit Charon ». Dieu interviendra toutefois afin de reprocher à Charon de se divertir par le combat au lieu de s’acquitter de sa charge de prendre les âmes. Charon se transforma alors en aigle doré, se plaça sur la tête de Digenis et creusa avec ses ongles pour lui arracher l’âme. Une version pontique se montre plus sobre : « Digenis lutta, lutta, - et Charon ne fut pas vaincu ». Quelle que soit la version, Digenis est donc finalement défait par la Mort.
Aujourd’hui encore, l’épopée de Digenis Akritas se retrouve dans les anciens territoires byzantins dont la géographie les a préservés en grande partie des affres de la guerre. Il en va ainsi des îles de Chypre et de Crète. En effet, historiquement, l’île chypriote (aujourd’hui divisée entre la République turque de Chypre nord [RTCN] et l’Etat de Chypre au sud) a servi de bastion à l’Empire byzantin pendant l’expansion islamique et a joué un rôle clé en tant que frontière entre les cultures chrétienne et islamique. Sa situation géographique a fait de l’île un important centre de production et de révision des chants héroïques byzantins. Ainsi, Digenis, dont la force était souvent élevée au rang de surnaturelle, était reconnu dans les traditions locales chypriotes et crétoises comme le protecteur des îles. La légende veut que Digenis se soit par exemple emparé de la chaîne de montagnes de Kyrenia (également appelée « Pentadaktylos ») au nord de Nicosie, sautant en Anatolie puis en Crète à la poursuite de pilleurs sarrasins. Le sommet de la chaîne de montagnes Pentadaktylos (« cinq doigts ») représenterait dès lors l’empreinte de la main de Digenis. Une version similaire existe concernant la montagne Psiloritis en Crète, qui porterait également l’empreinte de Digenis. Selon une autre légende, Digenis aurait un jour lancé un gros rocher à travers Chypre afin d’éloigner les navires sarrasins qui l’envahissaient. Le rocher, lancé depuis le massif de Tróodos, aurait atterri à Paphos sur le site de la maison natale d’Aphrodite, connue à ce jour sous le nom de Pétra tou Romioú (« Rocher du Grec ») ; une roche voisine est également connue sous le nom de « Rocher des Sarrasins ».
Comme évoqué précédemment, le contexte de l’épopée de Digenis Akritas s’inscrit dans celui des guerres arabo-byzantines. Si l’Empire byzantin n’a pas manqué d’adversaires, tant en nombre qu’en variété, les Arabes incarneront l’une des menaces les plus marquantes de l’histoire byzantine. Les frontières orientales de l’Empire seront, de fait, parmi les plus instables et mouvantes du territoire impérial, avec des affrontements majeurs entre armées opposées comme d’actes de banditisme quotidiens. La vie dans ces marges de l’Empire (appelées « thèmes », c’est-à-dire des régions militaires constituant des divisions administratives byzantines) se démarquera dès lors singulièrement de celle du reste du territoire byzantin, où le faste de la vie constantinopolitaine paraîtra bien loin : les récits héroïques, réels ou fictifs comme celui de Digenis Akritas, abonderont dans ces thèmes orientaux et viendront répondre au besoin d’évasion et d’espoir d’une population vivant en permanence au rythme des combats et raids menés à travers ces thèmes orientales, que l’autorité impériale ne parvient que difficilement à atteindre. La création des « akritai » - dont Digenis Akritas est l’une des incarnations -, c’est-à-dire ce corps de garde-frontières composés de soldats-paysans grecs entretenus par des loyers qui leur étaient versés par Constantinople faute de pouvoir y déployer des troupes régulières de façon pérenne, témoigne de la dynamique sociale, politique et sécuritaire singulière des thèmes orientales de l’Empire.
De fait, dès le VII ème siècle, l’expansion arabe au Moyen-Orient s’est faite au détriment de l’Empire byzantin et de l’Empire sassanide. En effet, outre l’affaiblissement de ces derniers durant les guerres perso-byzantines (610-633) dont les Arabes sauront tirer parti, ces deux puissances se partageaient, peu ou prou, l’essentiel des territoires composant actuellement la région moyen-orientale d’aujourd’hui - à l’exception notable des zones désertiques de la péninsule Arabique, notamment le Rub al-Khali et l’an-Nafud, et la chaine de montagnes du Hedjaz, où est né l’islam. L’expansion arabe au sein des territoires byzantins et perses a été immédiate, notamment sous le commandement du général Khalid ibn al-Walid : à la fin du VII ème siècle, la quasi-totalité du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord est tombée aux mains des armées musulmanes, à l’exception notable de l’Asie mineure et de l’Anatolie, fermement tenues par les Byzantins.
S’engagera dès lors, du VIII ème siècle au XI ème siècle, une stabilisation relative : les forces byzantines et arabes ne cesseront de s’affronter, enlevant quelque forteresse ou pillant quelque contrée adverse, sans toutefois chercher - ou réussir - à conquérir des villes stratégiques ou de vastes pans de territoires. En contact permanent, les mondes byzantin et arabe apprendront dès lors à se connaître, par de nombreux canaux. L’un d’eux, récemment étudié par le monde universitaire [7], est celui des échanges de prisonniers : inconnue du monde romain, cette pratique déjà connue des Grecs antiques sera remise au goût du jour par Constantinople en 769, lorsque Byzantins et Arabes échangeront pour la première fois leurs prisonniers, inaugurant une pratique qui se poursuivra jusqu’au X ème siècle et qui permettra, par le récit des captifs de retour chez eux, de diffuser la connaissance de l’autre. De fait, Arabes et Byzantins ne fantasmeront par leur civilisation respective : « les frontières culturelles et politiques [des deux empires] ne coïncidaient que rarement, voire jamais ; en effet, les habitants des périphéries des deux empires ont développé une culture frontalière commune qui incluait une tradition partagée de poésie épique. De fait, la semi-porosité permanente des frontières a permis l’échange d’idées et de normes, de manières et de coutumes, de langues et de littératures. Le résultat de cette interpénétration a été la diffusion de la culture, des idées et des institutions politiques, des techniques militaires, des biens matériels et des méthodes de production économique [entre les empires byzantin et arabe] ; Byzance n’était donc en rien un monde merveilleux et fantasmé » [8].
Les thèmes orientaux de Byzance apparaîtront ainsi comme un espace singulier de l’Empire, d’où émergeront tant une multitude de récits héroïques qu’une forme de syncrétisme entre civilisations byzantine et arabe : Digenis Akritas, le héros « bi-racial » des frontières orientales de l’Empire, mi-Arabe mi-Grec, en est ainsi l’une des incarnations littéraires les plus éloquentes et témoigne de l’imbrication culturelle des mondes chrétien et musulman, à travers les conflits comme les siècles.
A lire sur les Clés du Moyen-Orient :
– Les Croisades (1096-1291) : le choc de la rencontre entre deux mondes (1/3)
– La Sicile islamique
– Qui était Khalid ibn al-Walid, le « Sabre dégainé d’Allah » ?
– La conquête arabe de l’Egypte
– L’Empire byzantin face aux pouvoirs musulmans (VIIe-XVe siècle)
– L’Empire sassanide et la conquête arabe
Bibliographie :
– BONNER, Michael (ed.). Arab-Byzantine relations in early Islamic times. Routledge, 2017.
– CAMERON, Averil, CONRAD, Lawrence I., GEOFFREY, RD King, et al. (ed.). The Byzantine and Early Islamic Near East. Princeton : Darwin Press, 1992.
– GRÉGOIRE, Henri. Autour de Digénis Akritas : Les cantilènes et la date de la recension d’Andros-Trébizonde. Byzantion, 1932, vol. 7, no 1, p. 287-302.
– GRÉGOIRE, Henri. Le problème de la version “originale” de l’épopée byzantine de Digénis Akritas. Revue des études byzantines, 1948, vol. 6, no 1, p. 27-35.
– Hadjivassiliou, Vangelis ; Kaklamanis, Stefanos ; Kotzia, Elisabeth ; Petsopoulos, Stavros ; Tsirimokou, Elisabeth ; Yatromanolakis, Yoryis, eds. (2001). Greece : Books and Writers. Athens, Greece : National Book Centre of Greece, Ministry of Culture.
– JOUANNO, Corinne. Digénis Akritas, le héros des frontières : Une épopée byzantine. Brepols Publishers, 1998.
– KAEGI, Walter E. Byzantium and the early Islamic conquests. Cambridge University Press, 1995.
– MAGDALINO, Paul. The Empire of Manuel I Komnenos, 1143-1180. Cambridge University Press, 2002.
– MIKULSKI, Dimitri V. Arabs and Byzantines in the Arab-Muslim Dynasty Chronicles : Principles of The Alien’s Perception. Oriental Courier, 2020, no 1-2, p. 119-125.
– NORWICH, John Julius, « Histoire de Byzance », Perrin, 2022
– POLITIS, Linos. Digénis Akritas. Scriptorium, 1973, vol. 27, no 2, p. 327-351.
– RATLIFF, Brandie et EVANS, Helen C. (ed.). Byzantium and Islam : Age of transition, 7th-9th century. Metropolitan Museum of Art, 2012.
– SHBOUL, Ahmad MH. Arab Islamic perceptions of Byzantine religion and culture. Muslim Perceptions of Other Religions, 1999, p. 122-135.
Emile Bouvier
Emile Bouvier est chercheur indépendant spécialisé sur le Moyen-Orient et plus spécifiquement sur la Turquie et le monde kurde. Diplômé en Histoire et en Géopolitique de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, il a connu de nombreuses expériences sécuritaires et diplomatiques au sein de divers ministères français, tant en France qu’au Moyen-Orient. Sa passion pour la région l’amène à y voyager régulièrement et à en apprendre certaines langues, notamment le turc.
Notes
[1] NORWICH, John Julius, « Histoire de Byzance », Perrin, 2022.
[2] Les chants acritiques sont des poèmes épiques apparus dans l’Empire byzantin probablement aux alentours du IXe siècle. Ces chants célèbrent les exploits des Akritai, les gardes-frontières qui défendaient les frontières orientales de l’Empire byzantin. Le contexte historique de ces chants est celui des guerres arabo-byzantines presque ininterrompues entre le septième et le douzième siècle.
[3] MAGDALINO, Paul. The Empire of Manuel I Komnenos, 1143-1180. Cambridge University Press, 2002.
[4] Hadjivassiliou, Vangelis ; Kaklamanis, Stefanos ; Kotzia, Elisabeth ; Petsopoulos, Stavros ; Tsirimokou, Elisabeth ; Yatromanolakis, Yoryis, eds. (2001). Greece : Books and Writers. Athens, Greece : National Book Centre of Greece, Ministry of Culture.
[5] Ecrivain et poète byzantin du XIIème siècle, à l’origine d’une production littéraire particulièrement abondante.
[6] L’un d’eux sera notamment découvert dans l’ancien monastère de Sumela, dans la province turque de Trébizonde. Des manuscrits relatant les exploits de Digenis Akritas - ou des variantes locales - ont été retrouvés à travers l’intégralité du monde byzantin, des marges anatoliennes aux bords de la mer Noire, mais aussi du monde orthodoxe : des manuscrits ont été découverts par exemple dans des monastères russes.
[7] Voir par exemple : ROTMAN, Youval. Byzance face à l’Islam arabe, VIIe-Xe siècle : D’un droit territorial à l’identité par la foi. In : Annales. Histoire, Sciences Sociales. Cambridge University Press, 2005. p. 767-788.
[8] EL-CHEIKH, Nadia Maria. Byzantium viewed by the Arabs. Harvard CMES, 2004.
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