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Le 9 novembre 2010, les électeurs jordaniens ont été appelés à voter pour leurs représentants à la Chambre basse du Parlement. Cette élection a renouvelé le parlement dissout par le roi Abdallah II en novembre 2009, soit deux ans avant la fin de son mandat. La chambre élue en 2007 dans des circonstances frauduleuses était en effet critiquée pour son inefficacité et son illégitimité.
A la suite de cette dissolution, un gouvernement de transition dirigé par Samir Rifai a été nommé par le roi. Après que la date des élections ait été repoussée plusieurs fois par décret, c’est finalement un an plus tard, le jour du cinquième anniversaire des attentats revendiqués par le groupe du jordanien Abou Moussad Zaqaoui (d’Al Qaida Irak) contre trois hôtels de la capitale qui avaient fait 60 morts et de nombreux blessés, que les Jordaniens ont été appelés à élire leurs députés au parlement bicaméral. Cette Chambre basse élue pour un mandat de quatre ans est complétée par le Sénat composé de 60 membres nommés directement par le roi. Son pouvoir se limite généralement à amender, approuver ou rejeter des lois proposées par le cabinet sans toutefois en être véritablement l’initiateur, dans la plupart des cas.
2,5 millions de Jordaniens sur une population totale de 6,3 millions d’habitants ont donc choisi leurs députés en un seul tour parmi 763 candidats dont 134 femmes. 12 des 120 sièges à pourvoir sont automatiquement réservés aux femmes (au lieu de 6 lors des élections précédentes de 2007), 9 aux minorités chrétiennes et 3 aux Circassiens. Environ 40 000 policiers et militaires ont été déployés sur l’ensemble du territoire pour empêcher d’éventuels débordements et assurer le bon déroulement du scrutin. Par ailleurs, le gouvernement a affiché sa volonté d’organiser des élections exemplaires en acceptant, pour la première fois, la présence de 250 observateurs internationaux en Jordanie.
Mais c’est finalement sans réel suspens que se sont déroulées ces élections car le principal parti d’opposition, le Front de l’Action Islamique (FAI), proche des Frères musulmans, a boycotté le suffrage afin de marquer son désaccord avec le mode de scrutin en place dans le pays. En effet, les membres du FAI considèrent que la loi électorale uninominale donne trop d’avantages aux candidats pro-gouvernementaux et manque fortement de représentativité. Ils critiquent notamment la mise en valeur exagérée des provinces composées majoritairement de tribus fidèles à la monarchie par rapport aux principales villes où résident une importante population d’origine palestinienne et des factions plus aptes à soutenir les islamistes. Sept candidats du FAI ont néanmoins décidé de maintenir leurs candidatures. Outre les candidats du FAI, les Jordaniens avaient le choix entre différents candidats indépendants, hommes d’affaires et chefs tribaux proches du gouvernement.
Les élections ont donné une large majorité aux factions proches du pouvoir. Sur les 120 sièges, 78 sont dorénavant occupés par de nouvelles personnalités et un seul des sept membres du FAI a été élu. 17 d’entre eux appartiennent à des partis politiques. On note également l’arrivée de 13 femmes dans le nouveau parlement. Ainsi, en plus des 12 élues selon les quotas, l’économiste Reem Badrane, fille de l’ancien Premier ministre Moudar Badrane, a obtenu un siège supplémentaire. Par ailleurs, le taux de participation serait de 53% selon les sources officielles, chiffre contesté par les membres du FAI pour lesquels il n’a pas dépassé les 30 %. Des affrontements entre militants ont suivi l’annonce des résultats dans différentes villes du pays selon la police. Le 28 novembre le parlement est entré officiellement en fonction quelques jours après un remaniement ministériel qui conforte Samir Rifai au poste de Premier ministre.
Force est de constater que les élections législatives de 2010 n’annoncent pas de réels bouleversements dans la vie politique jordanienne. Le nouveau Parlement devrait donc se montrer assez flexible par rapport aux réformes gouvernementales.
Lisa Romeo
Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.
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