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Entretien avec Cyril Blin, chef de mission au Liban pour l’ONG « Solidarités International »

Par Cyril Blin, Mathilde Rouxel
Publié le 12/02/2015 • modifié le 21/04/2020 • Durée de lecture : 3 minutes

Cyril Blin

L’association française d’aide humanitaire Solidarités international est engagée depuis trente-cinq ans sur les terrains qui connaissent des conflits et des catastrophes naturelles. Elle aide les populations démunies en cherchant à couvrir les besoins vitaux, principalement dans les domaines de l’alimentaire et du logement. L’association s’engage également sur les questions sanitaires, en combattant les maladies liées aux conditions insalubres de certains territoires, en facilitant l’accès à l’eau potable et en aidant aux reconstructions et à la mise en place d’infrastructures permettant une sécurité alimentaire de ces populations.

Quelles actions menez-vous au Liban ?

Nous intervenons en réaction à la crise syrienne qui a forcé plus d’1 million 200 mille Syriens à chercher refuge au Liban, faisant de ce petit pays le premier pays d’accueil de réfugiés au monde. Nous intervenons en urgence pour couvrir les besoins vitaux (eau, nourriture, abris, protection, hygiène, assainissement) des populations les plus vulnérables, syriennes ou libanaises, tout en développant des actions de plus long terme sur les infrastructures pour aider ce pays et sa population qui supportent le poids de la guerre.

Avec l’hiver, quels nouveaux problèmes surviennent pour ces populations ? Comment pallier à la misère de ces familles ?

La première conséquence de l’hiver est bien sûr le froid, qui est aussi durement ressenti par les réfugiés qui habitent en plaine dans des caves ou des bâtiments en construction, que par ceux qui se trouvent dans les zones enneigées en altitude. La pluie fait aussi beaucoup de dégâts, car beaucoup de sites se trouvent dans des zones inondables ou en bord de mer ; et le Liban est victime tous les hivers de fortes tempêtes. Pour combattre ces effets, il faut préparer en amont les habitations contre les inondations et contre le froid, en aménageant les sites et en calfeutrant les pièces ouvertes aux quatre vents, et distribuer des couvertures, des matelas, des vêtements chauds pour les enfants et des poêles et du combustible.

La menace qui pèse sur le PAM de ne plus pouvoir subventionner leurs programmes d’aide inquiète beaucoup les réfugiés et les ONG. Que pouvez-vous nous dire sur ce sujet ? Quel impact dans votre organisation ?

Le programme du PAM est la première source d’aide pour la très grande majorité des réfugiés, il leur garantie le minimum d’apport calorifique par jour. Les difficultés rencontrées par le PAM pour financer ce programme ont un impact extrêmement important sur tous les autres programmes d’aide humanitaire puisqu’il nous oblige à revoir toutes les priorités des besoins des réfugiés et à modifier nos programmes de réponse.

Quels sont vos financements ?

Nous sommes financés par l’Union Européenne, UNICEF, DFID (UK AID - gouvernement britannique) et par des particuliers.

En ces moments de tension grandissante, comment êtes-vous perçus par les Libanais ? Pouvez-vous nous parler de l’engagement des Libanais face au problème syrien ?

Les libanais font preuve d’une très grande générosité à l’écart des réfugiés Syriens. Beaucoup ont organisé des collectes ou accueillis des réfugiés chez eux. Mais il est vrai qu’après 4 ans de guerre et alors qu’aucune solution ne se profile à court terme, le poids économique de la guerre et l’augmentation de la population dans un petit territoire aux infrastructures déjà précaires se font chaque jour plus dur pour les populations d’accueil. Dans leur très grande majorité, les Libanais comprennent que notre travail même s’il semble dirigé uniquement vers les Syriens permet d’améliorer les conditions de vie de toutes les populations qui habitent sur ce territoire.

Au vu de la conjoncture, l’aide humanitaire face à la guerre en Syrie doit être définie par une ouverture au soutien le plus durable. Quel est selon vous l’impact durable de votre action au Liban ?

L’impact durable est une réflexion constante quand nous écrivons et mettons en œuvre nos programmes. Nous rénovons des bâtiments laissés à l’abandon parfois depuis des années, nous agrandissons des réseaux d’eau et d’assainissement, nous protégeons les sources… De manière générale, nous ne développons aucun projet qui ne bénéficie pas à la communauté d’accueil des réfugiés. Même dans les programmes d’urgence purs, pour lesquels cet impact est le plus dur à obtenir, comme ceux de distribution (aide alimentaire, bien de première nécessité comme les couvertures ou les vêtements), nous achetons les produits localement pour que l’argent bénéficie aux commerçants locaux.

Lire également sur Les clés du Moyen-Orient :
Situation des réfugiés syriens au Liban et aides internationales

Plus d’informations sur l’association : www.solidarites.org

Publié le 12/02/2015


Suite à des études en philosophie et en histoire de l’art et archéologie, Mathilde Rouxel a obtenu un master en études cinématographiques, qu’elle a suivi à l’ENS de Lyon et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban.
Aujourd’hui doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle sur le thème : « Femmes, identité et révoltes politiques : créer l’image (Liban, Egypte, Tunisie, 1953-2012) », elle s’intéresse aux enjeux politiques qui lient ces trois pays et à leur position face aux révoltes des peuples qui les entourent.
Mathilde Rouxel a été et est engagée dans plusieurs actions culturelles au Liban, parmi lesquelles le Festival International du Film de la Résistance Culturelle (CRIFFL), sous la direction de Jocelyne Saab. Elle est également l’une des premières à avoir travaillé en profondeur l’œuvre de Jocelyne Saab dans sa globalité.


Après des études en sciences politiques, communication et histoire de l’art - poursuivies en parallèle, et tout en travaillant à côté - Cyril Blin se lance dans la vie active. Avant de s’orienter vers l’humanitaire, Cyril travaille pendant 14 ans, dont la moitié à l’étranger, et souvent dans des pays en voie de développement.
Pendant cette période il touche à tout, ou presque : la diplomatie, l’entreprise, les collectivités publiques, l’associatif et le journalisme.
Il rencontre des acteurs humanitaires en Thaïlande où il effectue un reportage et s’oriente peu après dans cette voie.
Il devient alors Logisticien/Administrateur puis rapidement Coordinateur Terrain pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL au Darfour (Soudan) de 2008 à 2009. Il part ensuite en République Démocratique du Congo (RDC) toujours pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL entre 2009 et 2010. Il quitte ensuite l’association pour une autre mais revient comme Chef de mission toujours en RDC de 2011 à 2013.
Il est actuellement chef de mission au Liban depuis le mois d’août 2014.


 


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