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Entretien avec Nadine Méouchy – En finir avec les idées reçues sur la Syrie

Par Mathilde Rouxel, Nadine Méouchy
Publié le 13/12/2018 • modifié le 13/12/2018 • Durée de lecture : 13 minutes

Square minaret above a small courtyard with Roman ruins, Umayyad Mosque, 705 AD, Damascus, Syria.

Manuel Cohen / AFP

Pouvez-vous revenir sur le mouvement de révolte qui survient en Syrie en 2011 et comment le caractériseriez-vous ?

Le mouvement déclenché en 2011 en Syrie est extrêmement intéressant. Il s’inscrit d’une part dans la continuité historique des mobilisations syriennes et dans la modernité politique du XXe siècle, tout en s’affirmant en rupture totale à beaucoup d’égards avec ce même XXe siècle. Il donne à voir en particulier l’expérience historique spécifique à la société syrienne dans le cadre de la grande vague protestataire des printemps arabes. Dans les modalités de la contestation, c’est tout un capital historique de pratiques qui se trouve décuplé et élargi en 2011. La question de l’extension géographique de la mobilisation et de l’initiative des régions s’inscrit dans cette continuité historique.

L’initiative de la révolte dans le mouvement de 2011, à l’image des guérillas anticoloniales des années 1920, est partie des périphéries géographiques, des campagnes, voire de certaines périphéries sociales, pour couvrir rapidement la totalité des régions syriennes. Les villes d’Alep et Damas, comme ce fut le cas par le passé, mettent un certain temps à s’associer au mouvement - Damas notamment, prisonnière d’un strict contrôle du régime : les acteurs du premier rassemblement pacifique du 15 mars 2011, organisé à Damas pour la libération de prisonniers politiques, subissent une répression impitoyable qui signe déjà la volonté du régime de ne pas perdre le contrôle de la capitale. Il s’agit aussi pour le régime d’empêcher l’établissement d’un lieu symbolique de rassemblement comme le fut la place Tahrir du Caire. Ainsi, les deux grandes places de Damas, la place des Abbassides et la place des Omeyyades, sont bouclées et sécurisées complètement dès le printemps 2011.

Un autre aspect relatif aux lieux et s’inscrivant dans une continuité historique dès 2011, est la réelle solidarité entre les villes, jusque dans les lointaines Deir ez-Zor et Qamichli… Les villes se mobilisent en écho les unes des autres pour soutenir celles d’entre elles victimes de violentes répressions… La plupart des villes syriennes se sont mobilisées en avril 2011 en solidarité avec les enfants de Deraa, torturés par le régime et avec le petit Hamzé al-Khatib torturé sauvagement jusqu’à la mort. Si, depuis 2011, la barbarie dans la répression atteint une ampleur et des niveaux inégalés en Syrie, par contre, le principe de la solidarité s’exprimait déjà dans les années 1930, à l’époque du combat anti-français pour l’indépendance.

La mosquée constituait hier et constitue aujourd’hui encore un espace marqueur de la mobilisation - non pas comme espace religieux mais comme espace de regroupement. La vaste cour intérieure de la mosquée peut faire office de place publique dans des configurations urbaines qui en sont dénuées et elle dispose en outre d’une tribune pour haranguer la foule. Par ailleurs, traditionnellement, à l’époque des nationalistes arabes comme au temps de la grande révolte syrienne de 2011, les manifestations partent souvent de la mosquée. La situation politique est en effet souvent évoquée durant la prière, et il est classique que les gens en sortent en manifestations. Ils crient « Allahou akbar », sans que cela renvoie à une connotation islamiste, bien que nombre d’Occidentaux, manipulés par le régime (1), aient voulu y voir déjà la mainmise des islamistes. Ce n’est pas le cas. Les nationalistes séculiers des années 1930 faisaient aussi référence à Dieu, dans les manifestations comme dans les meetings.

Comme au XXe siècle, les femmes jouent un rôle important et plus encore que par le passé. En effet, au-delà des mobilisations dans la rue, des Syriennes sont à l’initiative ou à la direction des comités de coordination - tansikiyyat. On remarque donc en effet, une rupture en initiative et en importance du rôle des femmes. C’est aussi le cas des jeunes, suivant une dynamique que l’on observe d’ailleurs dans tout l’Orient arabe. De fait, la mobilisation touche un large éventail de catégories sociales, rurales et citadines, même si les jeunes sont peut-être les plus visibles surtout après 2012 et les arrestations et liquidations massives de manifestants et d’opposants séculiers. Ce qu’il faut retenir sans doute chez ces acteurs, c’est leur magistrale maîtrise de l’outil de la communication (y compris satellitaire) et ce, jusqu’à aujourd’hui, qui a permis de faire connaître l’extraordinaire créativité des Syriens et particulièrement des jeunes, dans le mouvement de révolte.

Il est important de revenir aux vecteurs de mobilisation de ce mouvement, et de noter dans un premier temps qu’ils sont en rupture totale avec les idéologies du XXe siècle, qu’elles soient marxistes, nationalistes arabe, etc. On est là dans une posture parfaitement syrienne, qui revendique un attachement à la grande patrie, à la Syrie, mais aussi au quartier, au village, lequel est une unité de base de la mobilisation. Les valeurs qui sont mises en avant sont des valeurs traditionnelles de la culture arabo-islamique - principalement : le courage, l’honneur, la dignité, la fierté. Ces valeurs portaient déjà la mobilisation des moujahidines qui combattaient les Français au début des années vingt mais aussi celle des manifestations pour l’indépendance de la Syrie dans la décennie suivante. Dès 2011, les affirmations de formes d’allégeance qui soulignent une vision parfaitement séculière de cette « révolution » et qui ont mis en avant l’unité du peuple syrien, quelles que soient les appartenances communautaires, ont suscité une extrême violence de la part du régime contre cette volonté séculière : l’affirmation d’unité nationale sape de fait la légitimité que s’est créée de toute pièces le régime, en se présentant comme protecteur des minorités. Au regard de cela, les manifestants ont affirmé leur unité et leur égalité : « id ouahed », « une seule main ». Cette affirmation récurrente était marquée en 2011-2012. Après 2012, d’autres éléments entrent en ligne de compte - l’entrée en force des islamistes, l’armement de l’opposition pour répondre à l’extrême violence des attaques du régime, et le basculement progressif dans ce qui devient une guerre civile.

Quelles sont les caractéristiques de la présidence de Hafez al-Assad et de celle de son fils Bachar ?

Hafez al-Assad a pris le pouvoir au nom du nationalisme arabe mais avec un projet politique qui était plutôt un projet « grand syrien » (2). Il a voulu imposer la Syrie comme leader de l’ancienne Syrie dite historique - ce qui explique l’intervention militaire de juin 1976 au Liban et les ingérences politiques jusqu’à aujourd’hui. Pour mettre en place ce projet, voulu au service de sa famille, Hafez al-Assad a d’abord commencé par contrôler et clientéliser la montagne alaouite, c’est-à-dire sa propre société : développement économique privilégié, alliances entre des clans et les Assad : il a fait écarter les cheikhs et les notables qui ne lui étaient pas acquis et a remplacé les figures principales, notamment religieuses, de la société alaouite par des affidés. Fabrice Balanche montre très bien cela dans son livre sur la région alaouite (3). Hafez al-Assad a également instauré un maillage de toute la société et un contrôle total du pays, quadrillé par les redoutables services de renseignements. Toutes les institutions dites de la société civile, les syndicats de femmes, d’agriculteurs ou autres sont contrôlés par le parti Baath devenu un instrument du régime, lequel est lui-même dominé par les services de renseignements, qui contrôlent également l’armée. Enfin, pour assurer la pérennité sécuritaire et économique de son pouvoir, il a progressivement instauré Damas comme capitale économique de la montagne alaouite. Autrement dit, tenir Damas, c’est protéger la montagne alaouite. D’ailleurs en 2012, des rumeurs circulaient selon lesquelles Bachar pourrait se replier sur la montagne alaouite pour créer un État alaouite. Or la stratégie mise en place par Hafez al-Assad et poursuivie par son fils, est de contrôler, à partir de la montagne et de Damas, tout l’Ouest syrien ainsi que la frontière avec le Liban, particulièrement depuis que l’allié libanais, le Hezbollah, tient la Békaa et surveille toute la frontière avec la Syrie. En mai 2018, la loi no 10 permet la saisie des biens des Syriens déplacés en vue de la reconstruction du pays. La réalisation de la recomposition confessionnelle minoritaire de l’Ouest syrien se poursuit donc sans relâche.

Le règne de Hafez al-Assad a été le règne d’un stratège qui a gouverné avec une idée qui était celle de la grandeur de la Syrie au service de son clan ; une Syrie qui, pour lui, n’est donc pas arabe bien qu’il ait utilisé le nationalisme arabe comme étendard. Cette caractéristique était claire en 1980-1988, au moment de la guerre Iran-Irak. Les pays arabes et les Palestiniens ont pris position aux côtés de Saddam Hussein. Assad, lui, a soutenu l’Iran. Durant la crise du Golfe (1990), il n’a pas pris position pour Saddam Hussein, choisissant le côté des alliés occidentaux. Ses intérêts sont clairs. Ils vont vers des puissances qui peuvent lui servir - comme l’Iran : depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les Alaouites, pour se rapprocher du pouvoir et alors qu’ils niaient auparavant toute appartenance à l’islam, se revendiquent d’une appartenance chiite. Les relations privilégiées entre l’Iran et la Syrie sont ainsi très anciennes, remontant précisément au début des années 1980. Bachar al-Assad s’est fortement inscrit dans la continuation de cette politique.

La politique de Hafez al-Assad, officiellement d’inspiration socialiste, avec une économie dirigiste construite en plans quinquennaux, affichait des formes de redistribution minimale des richesses. Le prix du pain, de la farine étaient bloqués, les produits alimentaires de base étaient accessibles aux plus pauvres, et l’on trouvait, grâce à une pléthore de fonctionnaires mal payés, le moyen d’assurer un minimum de revenus à la population ; de son côté le clan Assad en profitait au-delà de toute mesure et au prix d’une répression impitoyable. Mais, dès les années quatre-vingts, le régime prend des mesures éparses de libéralisation pour combler le manque d’investissements. Lorsque Bachar al-Assad arrive au pouvoir après la mort officielle de son père, le 10 juin 2000, il se présente d’abord comme un héritier du père et annonce qu’il va libéraliser le pays. Il accélère et élargit la libéralisation de l’économie du pays qui est largement remise dans les mains des membres de sa famille - comme son cousin Rami Makhlouf - ou de son clan, et des fils des membres du régime. En libéralisant l’économie, il libéralise aussi le prix de certaines denrées de première nécessité. Cette libéralisation est accompagnée d’un tour de vis politique. Le fameux Printemps de Damas - qui s’est d’ailleurs déroulé à l’automne - a duré à peine quelques semaines.

Sur le plan politique, les choses étaient donc claires. Sur les plans social et économique, l’un des résultats de la croissance démographique et l’une des caractéristiques du règne du fils Assad fut une augmentation inédite du chômage chez les moins de vingt-cinq ans, en particulier dans les régions autour de Damas. Il s’agit de régions paupérisées sunnites où les jeunes ne trouvent plus à s’embaucher. Les emplois publics sont prioritairement réservés aux Alaouites ; dans l’armée, le véritable pouvoir de décision revient aux officiers alaouites. Le taux de chômage dans les banlieues sunnites pauvres atteignait 70% avant la crise. Cette situation était en passe de devenir explosive sur le plan social. La période de la gouvernance de Bachar al-Assad, avant 2011, tout en étant aussi répressive que celle du père, marginalise complètement les catégories sociales défavorisées, majoritairement sunnites.

L’appareil de renseignement mis en place par la famille Assad est très efficace. Le fils Assad va l’utiliser sans retenue. Le régime sait donc très bien, au vu des révoltes arabes, en Tunisie et particulièrement en Égypte, qui ont été suivies avec passion par les Syriens, que la Syrie n’est pas à l’abri d’un mouvement de contestation. Il va convoquer dès le mois de janvier 2011 des personnes identifiées comme étant des opposants pour leur notifier qu’il n’est pas question que la Syrie connaisse les mêmes troubles. Il n’est pas question de trahir le pays comme les Égyptiens ou d’autres ont pu le faire, ce serait répondre à des complots qui viennent de l’extérieur. La thématique du complot extérieur, chère aux dictatures, est très utile pour les dédouaner de leurs responsabilités et elle permet, en outre, de condamner sans preuve les opposants ou supposés tels.

Il y a enfin une différence entre le père et le fils sur le fait qu’avec le fils, toutes les limites sont aujourd’hui dépassées (4).

Comment expliquez-vous les positions des minorités en général et en particulier chrétiennes et alaouites face au mouvement de révolte ?

Commençons par le commencement : le fait minoritaire est un fait historique et, au Proche-Orient, il est lié à l’apparition des grands empires de l’Antiquité et ensuite de l’empire musulman. Le terme de minorité apparaît officiellement dans la seconde moitié du XIXe siècle et trouve sa fortune dans l’essor du mouvement des nationalités. L’influence des idées européennes permet aux minorités d’envisager la création d’un État à leur image. Jusque-là, dans un empire d’Ancien Régime, le concept d’égalité n’existe pas et le statut différencié des groupes sociaux relève de l’ordre des choses et non pas d’une discrimination spécifique visant tel ou tel groupe. L’égalité est un concept qui apparaît avec la modernité politique au moment des Réformes de l’Empire ottoman au milieu du XIXe siècle mais la question posée jusqu’à ce jour est celle de savoir si ce concept est « passé » dans la culture politique locale.

Le XXe siècle voit pour la première fois dans l’histoire du Proche-Orient l’accession de deux minorités, les Maronites et les Alaouites, à la tête de deux États modernes, le Liban et la Syrie. Les Chiites suivront avec leur domination sur l’État au Liban. On remarque qu’aucune de ces minorités n’a tenté de conduire une construction nationale et que toutes ont travaillé à leur mainmise sur les institutions de l’État et, dans le cas des Chiites et des Alaouites, à la mise en place d’un appareil sécuritaire destiné à contrôler les rouages de l’État et la société.

Le fait pour les minorités confessionnelles de porter désormais un projet d’accession au pouvoir politique, les a conduites à chercher dans leur identité communautaire, le fondement d’une identité politique et à construire leur récit historique sur le thème de la victimisation car « les minorités sont fabriquées de façon historique » (5). L’idée de la persécution permanente appelle une compensation sans fin et une éternelle revanche sur l’histoire. La peur de ces minorités d’un Islam imaginé, virtuel, - l’Islam sunnite de l’Empire - est profondément ancrée et dissimulée dans les sous-bassements de leur conscience et de leur mémoire. Cette conscience minoritaire, que les intéressés ne maîtrisent pas, est la « botte secrète » du régime syrien qui la manipule et l’active comme il le veut. Il suffit qu’il mette en scène ou incite à des provocations confessionnelles pour faire remonter les peurs et la structure binaire de la conscience minoritaire : la bonne minorité contre la dangereuse majorité musulmane.

Les chefs minoritaires, politiques et religieux, ne sont pas intéressés à la modernité politique telle que l’Europe l’entend : d’une part parce qu’une société de citoyens (c-a-d d’individus) conduit à la désintégration du groupe communautaire sur les plans juridique, social et politique et d’autre part parce que les minorités ont bâti leur relation aux Musulmans sunnites dans l’État moderne sur la base d’une mémoire et d’une culture ottomanes. Autrement dit, les minorités cherchent leur protection non pas dans la démocratie mais dans l’exercice d’un pouvoir fort et/ou d’une intervention étrangère. Dès lors, la porte à la guerre civile est ouverte. D’ailleurs, quand les minorités constituent un obstacle à la construction nationale, comme au Proche-Orient, elles préfèrent souvent détruire le pays plutôt que d’abandonner le pouvoir.

Il est vrai que les tensions confessionnelles se sont développées en Syrie depuis le début de la crise. Il faut bien en comprendre les raisons : d’abord, le discours nationaliste arabe, encore dominant, renie toutes les identités sociales de base (communautés, tribus, familles, etc.) et enlève ainsi un élément-clé d’analyse tant aux acteurs eux-mêmes qu’aux observateurs, notamment arabes : en effet, ces identités n’ont pas disparu avec le nationalisme arabe, elles se sont formulées autrement. Ensuite, le régime a exploité la peur des minorités, l’a encouragée également, notamment chez les Alaouites et les chrétiens ; enfin, l’appropriation par l’opposition du leitmotiv principal du régime - protection des minorités et unité nationale - légitimant sa dictature, a provoqué des réactions très défensives du régime qui a travaillé à augmenter la peur des minorités en agitant la menace de l’Islam radical.

Les islamistes radicaux qui ont occupé la scène militaire depuis 2013 surtout, ne sont évidemment pas représentatifs des aspirations du mouvement de 2011. La radicalisation islamiste a été voulue par le régime pour les raisons que je viens de dire. Les exemples sont multiples : libération des prisonniers islamistes dès le 11 avril 2011, retrait des troupes syriennes de Palmyre devant l’avancée de Daech, etc.
La présence de l’État islamique a permis au régime de dire à tous : « c’est moi ou la barbarie jihadiste ».
La répression de nature confessionnelle du régime, associée aux pratiques tout autant confessionnelles de ses alliés islamistes, l’Iran et le Hizbollah, est largement responsable de la radicalisation d’une partie de l’opposition syrienne.

De plus, le régime encourage l’armement de civils minoritaires - notamment alaouites du jabal et chrétiens de Damas - sous le prétexte d’assurer leur sécurité et, en fait, pour leur permettre d’intervenir et d’attaquer tout de suite le moindre rassemblement. Tout cela est assorti d’un encouragement appuyé à la délation de triste mémoire.

La question minoritaire, fille du confessionnalisme politique, est donc au centre de la crise syrienne : elle est à la base de la légitimité du pouvoir des Assad et a été instrumentalisée par le régime et par presque tous ses alliés. La majorité de la société syrienne, toutes communautés confondues, qui s’est soulevée contre la dictature l’a compris par la promotion de l’unité nationale et le rejet des allégeances confessionnelles. Dès lors, elle savait que le régime lui livrerait une guerre sans merci.

Notes :
(1) À travers la presse et les réseaux sociaux partisans ou alliés du régime. En France, cette assimilation d’une référence religieuse quotidienne à l’islam politique est favorisée par les discours anti-musulmans de la droite et anti-religieux de la gauche « laïcarde » française.
(2) La « Grande Syrie », ou Syrie historique, est une dénomination développée à partir du XIXe siècle et qui renvoie comme espace au Bilad al-Cham des géographes arabes, à cette différence près qu’il porte une identité revendiquée comme non-arabe officiellement depuis la fin de l’Empire ottoman. La Grande Syrie comprend une vaste région située entre la Méditerranée à l’ouest, Palmyre à l’est, le mont Taurus au nord et la Palestine au sud. Le nationalisme syrien s’est donc affirmé en opposition au nationalisme arabe.
(3) Balanche 2006.
(4) Se reporter au livre cité en bibliographie : Dans la tête de Bachar al-Assad.
(5) Appadurai 2007, p. 72.

Petite bibliographie complémentaire
 Appadurai Arjun 2007, Géographie de la colère - La violence à l’âge de la globalisation, Petite Bibliothèque Payot, Paris.
 Balanche Fabrice 2006, La région alaouite et le pouvoir syrien, Les éditions Karthala, Paris.
 Chroniques de la révolte syrienne - des lieux et des hommes (2011 -2015), 2018, traduction de l’arabe par N. Bontemps, éditée par The Creative Memory of the Syrian Revolution et les Presses de l’Ifpo, Beyrouth.
 Hadidi Subhi, Majed Ziyad et Mardam bey Farouk 2018, Dans la tête de Bachar al-Assad, Essai, Solin/Actes Sud, Paris.
 Méouchy Nadine 2016, « Minorités et construction nationale dans la Syrie des Assad », Horizons Maghrébins-le droit à la mémoire 74, 32e année, p. 37-53.
 Méouchy Nadine 2016, « État et société dans la Syrie d’aujourd’hui. Une histoire d’impensés et d’impasses », dans Anna Bozzo et Pierre-Jean Luizard (dir.), Vers un nouveau Moyen-Orient ? États arabes en crise entre logiques de division et sociétés civiles, Roma Tr E-Press, Rome.

Publié le 13/12/2018


Suite à des études en philosophie et en histoire de l’art et archéologie, Mathilde Rouxel a obtenu un master en études cinématographiques, qu’elle a suivi à l’ENS de Lyon et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban.
Aujourd’hui doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle sur le thème : « Femmes, identité et révoltes politiques : créer l’image (Liban, Egypte, Tunisie, 1953-2012) », elle s’intéresse aux enjeux politiques qui lient ces trois pays et à leur position face aux révoltes des peuples qui les entourent.
Mathilde Rouxel a été et est engagée dans plusieurs actions culturelles au Liban, parmi lesquelles le Festival International du Film de la Résistance Culturelle (CRIFFL), sous la direction de Jocelyne Saab. Elle est également l’une des premières à avoir travaillé en profondeur l’œuvre de Jocelyne Saab dans sa globalité.


Nadine Méouchy, historienne, est spécialiste du Liban et de la Syrie. Elle a vécu et travaillé pendant plus de vingt ans entre le Liban, la Syrie et la Jordanie. Elle a fondé à Damas en 1997 le premier programme français d’études sur le Mandat au Liban et en Syrie et a créé en 2008 les Presses de l’Ifpo, sur le double site de Beyrouth et de Damas, qu’elle a dirigées jusqu’en 2019.


 


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