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Exposition au musée des Beaux Arts de Lyon, Le Génie de l’Orient, L’Europe moderne et les arts de l’islam, du 2 avril au 4 juillet 2011

Par Anne Coron
Publié le 28/04/2011 • modifié le 10/03/2018 • Durée de lecture : 3 minutes

Manufacture Jules Vieillard et Cie, Vase bouteille et son plat (d'après la bouteille Rothschild), vers 1878, Faïence et émail en relief cerné, H. 57 ; l. 41 cm.
Manufacture Jules Vieillard et Cie, Vase bouteille et son plat (d’après la bouteille Rothschild), vers 1878, Faïence et émail en relief cerné, H. 57 ; l. 41 cm.
Paris, musée d’Orsay © RMN (Musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda

L’architecture « orientale » suscite un vif intérêt de la part des Européens : des études minutieuses sont entreprises qui conduisent à la découverte d’un monde de formes insoupçonnées. L’analyse mathématique et technique, la rigueur géométrique des ornements et des constructions sont soulignées. Naît l’idée d’une unité esthétique de l’Islam, fondée sur l’accord entre l’art et la science. L’Alhambra (15e siècle) s’impose comme le paradigme de cette esthétique scientifique, où architecture et décoration ne font qu’un.

Les collectionneurs : Albert Goupil. Certaines pièces de sa collection sont acquises par le musée des arts décoratifs de Paris et le musée des Beaux Arts de Lyon lors de la dispersion de sa collection en 1888 à l’Hôtel Drouot.

La peinture orientaliste : fantasme des arts de l’islam, rêve exotique. L’exemple des Fortuny. Le peintre catalan Mariano Fortuny déploie tous les stéréotypes de la peinture orientaliste. Parallèlement, il étudie et collectionne les arts de l’Islam. Les créations textiles de son fils, Mariano Fortuny Madrazo, installé à Venise, sont très marquées par les arts de l’Islam aussi bien esthétiquement que techniquement, par le recours à des techniques spécifiques d’estampage.
Le domaine des arts décoratifs compte, et montre ici, d’autres références. Dans le contexte de la production industrielle, les modèles islamiques sont sollicités comme source d’inspiration ainsi que pour leurs qualités structurelles. Leur rationalité répond aux systèmes de production industriels. Sont aussi abordés les Arts & Craft de W. Morris, Owen Jones et sa Grammaire de l’ornement (1856) où les cultures islamiques occupent une place centrale. En France, l’exemple de Viollet-le-Duc, qui encourage et soutient à partir des années 1860 des études sur les traditions non-occidentales, est présenté. Il admire la parfaite simplicité des principes architecturaux et décoratifs islamiques. Ainsi de l’ouvrage de Léon Parvillée, Architecture et décoration turques au XVe siècle ; de celui de Jules Bourgoin, L’Art arabe ; qui vont jouer un rôle important dans la diffusion de ces arts. Les arts du feu – céramique et verre – sont également très tournés vers les arts islamiques avec Brocard, Deck, Gallé, De Morgan, etc.

John Henry Dearle (1860 – 1932), Tissu d'ameublement “Ispahan”, vers 1888. Laine tissée, H. 191 ; l. 132 cm
John Henry Dearle (1860 – 1932), Tissu d’ameublement “Ispahan”, vers 1888. Laine tissée, H. 191 ; l. 132 cm
Victoria & Albert Museum © V&A Images/Victoria and Albert Museum, London

La question de la figuration est également abordée, en lien avec la conception répandue au XIXe d’un art islamique hostile à la figuration (représentation des être animés). L’on note l’intérêt des peintres de la génération romantique pour les miniatures persanes qui y trouvent l’occasion de rêveries iconographiques ainsi qu’un enseignement esthétique du point de vue de la couleur et du dessin, comme le montrent les études de Delacroix, de Chassériau, de Jules Laurens, de Gustave Moreau dont la Salomé dansant, dite Salomé tatouée, vers 1874-1876 (musée Gustave Moreau, Paris) figure dans l’exposition, mettant en lumière la tension existant chez lui entre figuration et ornement.
L’exposition se termine par le regard porté par deux grands peintres du XXe siècle sur les arts islamiques, Matisse et Klee, qui dans le contexte de remise en cause de la mimésis, y ont puisé chacun à leur manière un encouragement à transformer de façon radicale le rapport occidental avec les images, en dépassant l’opposition traditionnelle entre décoration et représentation.

Henri Matisse, Les Tapis rouges , Été 1906, Huile sur toile
Henri Matisse, Les Tapis rouges , Été 1906, Huile sur toile
Musée de Grenoble © Succession H. Matisse

Parallèlement à l’exposition, le musée des Beaux Arts de Lyon présente du 2 avril au 19 septembre 2011 une exposition dossier sur le thème : Lyon et les arts de l’islam. Celle-ci met en lumière le rôle joué par la ville au XIXe dans la découverte des arts de l’islam. D’importantes collections particulières d’arts islamiques ont vu le jour à Lyon, ces amateurs ont contribué à la constitution par les musées de la ville de collections d’art oriental et à l’organisation d’expositions. La richesse de la collection a été une réelle découverte.

Musée des Beaux Arts de Lyon
20 place de Terreaux
69 001 Lyon

Les clés du Moyen-Orient remercie le musée des Beaux Arts de Lyon pour ses visuels.

Publié le 28/04/2011


Anne Coron est docteur en histoire de l’art contemporain. Elle travaille à l’Agence France-Muséums, chargée du projet du Louvre Abou Dabi.


 


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