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Par Oriane Huchon
Publié le 23/03/2017 • modifié le 26/02/2020 • Durée de lecture : 3 minutes

Le Moyen-Orient et le Maghreb poursuivent la course aux armements

Le rapport annuel du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) sur les transferts d’armements dans le monde, paru le 20 février 2017, rend compte d’une croissance de 8,4% des ventes d’armes en dix ans. Cette tendance est mondiale. La période 2012-2016 marque le plus haut niveau des ventes depuis la fin de la Guerre froide. L’Asie est le continent qui importe le plus d’armements, suivie par les pays du Golfe puis par le Maghreb. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Algérie font partie des cinq premiers importateurs mondiaux d’armement.

Les pays du Golfe sont de gros clients pour les exportateurs d’armements. L’Arabie saoudite est de loin le principal importateur d’armements de la région. La guerre que la dynastie des Saoud mène au Yémen a en effet conduit à une importante hausse des achats d’armements pour le royaume ces cinq dernières années. Le budget militaire saoudien dans son ensemble s’élevait en 2015 à 81,9 milliards de dollars. Les Etats-Unis sont les premiers fournisseurs de l’Arabie saoudite. Le Qatar, les Emirats arabes unis et la Turquie suivent l’Arabie saoudite comme principaux importateurs du Moyen-Orient. La France réalise près de 40% de ses exportations militaires au Moyen-Orient, notamment auprès des Emirats arabes unis.

Le Maghreb poursuit également sa course à l’armement. L’Algérie est le 5e plus gros importateur d’armes au monde, ses commandes représentent à elles seules 46% des commandes de l’Afrique entière. Le Maroc quant à lui compte pour 15% des commandes africaines.

Carte : Les dépenses militaires en 2015 – Afrique du Nord et Moyen-Orient


Une région sous tensions

Cette course aux armements illustre un sentiment d’insécurité partagé par les Etats de la région. Les tensions interétatiques sont exacerbées entre pays voisins, et les Etats sont en compétition sur le plan militaire, dans un objectif de dissuasion. On perçoit cette méfiance au sein même d’organisations régionales comme le Conseil de coopération du Golfe : les sept Etats qui le composent consacrent une part considérable de leur PIB aux dépenses militaires.

Dans certains cas, comme en Irak, la souveraineté de l’Etat est directement menacée ; les dépenses militaires sont alors importantes afin de répondre à cette menace sur le champ de bataille. La prolifération des groupes armés non-étatiques à l’instar de l’Organisation de l’Etat islamique, du Hezbollah ou des mouvements kurdes en Turquie, en Syrie et en Irak incite les gouvernements à moderniser leurs armées.

De son côté, Israël demeure l’Etat avec l’armée la mieux équipée, la plus moderne et la plus opérationnelle. Etat se sentant intrinsèquement menacé, Israël est aujourd’hui en mesure de contenir la menace du Hamas et du Hezbollah, et serait assez puissant pour mener une offensive unilatérale contre l’Iran.

Dans le cas de l’Algérie, les autorités politiques justifient l’important budget militaire avec l’insécurité liée à l’activité terroriste interne, à la situation chaotique en Libye et au nord-Mali. A ces raisons il faut ajouter la situation cristallisée du Sahara occidental, qui explique en partie les investissements marocains et algériens dans le matériel de défense.

Effectifs des armées régionales

Les effectifs des armées de la région sont variables. Le recrutement des soldats ne répond pas partout à la même logique. Dans certains Etats, la conscription fournit d’importants effectifs de soldats. Dans d’autres, l’armée est professionnalisée.

Tableau : Les effectifs des armées régionales


Source : The Military Balance, (2016) Modernising military capabilities ; familiar security challenges

Lire sur ce thème sur Les clés du Moyen-Orient :

Géographie des forces militaires au Moyen-Orient

Cartographie des groupes armés non-étatiques au Moyen-Orient

Sources et sitographie :
 The Military Balance, (2016) Modernising military capabilities ; familiar security challenges
 SIPRI Military Expenditure Database 2016, https://www.sipri.org/databases/milex
 Eric Piermont, “Armes : Qui vend ? Qui achète ?”, RFI, 20 février 2017
 « L’Algérie parmi les 5 plus grands importateurs d’armes au monde », Le matin d’Algérie, 21 février 2017
 Jean-Michel Gradt, « La course aux armements atteint un niveau inédit depuis la Guerre froide », Les Echos, 20 février 2017

Publié le 23/03/2017


Oriane Huchon est diplômée d’une double licence histoire-anglais de la Sorbonne, d’un master de géopolitique de l’Université Paris 1 et de l’École normale supérieure. Elle étudie actuellement l’arabe littéral et syro-libanais à l’I.N.A.L.C.O. Son stage de fin d’études dans une mission militaire à l’étranger lui a permis de mener des travaux de recherche sur les questions d’armement et sur les enjeux français à l’étranger.


 


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