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Le Front populaire de libération de la Palestine (fondé officiellement en 1967) constitue, avec le Fath, l’une des deux grandes organisations de résistance palestinienne. Ce mouvement est essentiel dans l’histoire de la gauche palestinienne. Il se caractérise par son positionnement critique à l’égard de l’Organisation de Libération de la Palestine et demeure marqué par la personnalité de Georges Habache, son fondateur.
L’histoire du Front de libération de la Palestine (FPLP) est associée à celle de son fondateur, Georges Habache (1926-2008). Sa famille s’est réfugiée à Beyrouth au moment de la première guerre israélo-arabe de 1948. Se voyant interdit de revenir dans son pays, il s’engage en politique et, en 1951, est l’un des co-fondateurs du Mouvement Nationaliste Arabe. Ce mouvement prône l’unité arabe et la lutte armée comme moyens de libération de la Palestine. L’éphémère République Arabe Unie (1958-1961) donne des espoirs à Georges Habache mais la défaite arabe de 1967 (Guerre de 1967) porte un coup sévère au panarabisme. C’est l’événement qui pousse Georges Habache à créer le Front populaire de libération de la Palestine.
Le Front populaire de libération de la Palestine est donc créé à Beyrouth en 1967 par Georges Habache. Selon Olivier Carré [1], Georges Habache agrège le commandement régional du Mouvement Nationaliste Arabe pour la Palestine, qu’il dirige depuis 1964, avec plusieurs groupuscules relativement récents : le Front de libération de la Palestine d’Ahmad Jibril, les Jeunesses de la vengeance de Nayef Hawatmeh et les Héros du retour. Le mouvement se présente comme marxiste, il fait de la lutte armée un moyen essentiel de libération de la Palestine. Sous la houlette de son chef Georges Habache, il développe un discours socialiste prônant la révolution de la société toute entière, en commençant par les camps de réfugiés, les populations arabes et même la société israélienne. « Les régimes arabes, tous bourgeois et réactionnaires, ou trop modérément révolutionnaires, doivent être la cible de la « révolution palestinienne », et, au sein de la « révolution arabe » générale, la résistance palestinienne représente l’avant-garde » [2]. La composante marxiste, dans le contexte des années 1970, est donc un élément essentiel de la définition du Front populaire de libération de la Palestine.
L’histoire du Front populaire de libération de la Palestine est aussi intimement liée à celle du Fath de Yasser Arafat, en tous cas via l’antagonisme qui oppose les deux mouvements de résistance palestinienne. Cette opposition est inscrite dans le programme d’action du FPLP dès sa création en 1967 : jugée « bourgeoise et réactionnaire » [3], la direction de l’OLP doit être renversée. Georges Habache n’y parviendra jamais, mais il continue de participer à l’OLP pour mieux l’influer. Septembre noir reste l’exemple le plus frappant de l’antagonisme entre le Fath/l’OLP et le FPLP. Selon Frédéric Encel [4], après la déroute de 1967, les différentes organisations vont se partager le terrain de la lutte contre Israël. Basé en Jordanie, Arafat s’occupe de l’achat d’armes et noue les contacts diplomatiques. Les organisations marxistes (le FPLP se scinde en 1969 et Hawatmeh fonde le Front démocratique de libération de la Palestine) sont quant à elles chargées de commettre des attentats, en Israël ou à l’extérieur. Il ne s’agit pas seulement d’une division des tâches au sein de la résistance palestinienne : « les objectifs fondamentaux sont différents » [5] : le FPLP combat non seulement Israël mais aussi les régimes arabes jugés réactionnaires et pro-occidentaux. C’est le cas de la Jordanie où s’est installée une très importante population palestinienne. Le FPLP va jouer un rôle majeur dans le déclenchement de Septembre noir en 1970 car c’est lui qui organise la double tentative d’assassiner le roi Hussein de Jordanie, qui provoque la répression des Palestiniens et leur exil vers le Liban. Dans une certaine mesure, c’est donc bien l’action du FPLP qui entraîne l’OLP dans une action « aventureuse » [6] en Jordanie, que Yasser Arafat souhaitait justement éviter. Le début de l’année 1970 avait été marqué par une radicalisation de l’action des fedayin proches du FPLP en Jordanie, ce qui avait entraîné l’arrêt du financement de l’OLP par certains Etats arabes. Dans un contexte de tensions croissantes entre l’OLP et le FPLP, en juin 1970, Georges Habache rejette un accord entre l’OLP et le roi Hussein de Jordanie.
Les dissensions entre Arafat et Habache, existantes depuis 1967, s’accroissent avec le temps. Les modes d’action, de stratégie, les différentes alliances ou rapprochements (avec l’Egypte ou la Jordanie, jugée trop proches des Etats-Unis et donc d’Israël) traduisent de profondes divergences, en Palestine, en Jordanie et au Liban en particulier. A la suite des attentats et des détournements d’avions pratiqués par le FPLP, le Liban condamne en effet le mouvement dans la crainte de représailles israéliennes. Néanmoins, devant la condamnation internationale des détournements, Georges Habache annonce publiquement en 1972 que le FPLP renonce à cette pratique.
La manière dont Arafat gère l’OLP est également au centre de la critique du FPLP. Habache plaide pour des procédés plus démocratiques et une organisation moins bureaucratique de l’OLP. C’est en ce sens qu’il constitue en 1974 un « front du refus » à l’égard de Yasser Arafat.
Habache rejoint l’opposition à Arafat de manière définitive après la signature des accords d’Oslo en 1993. Pour lui, la paix ne peut être durable qu’avec la création de Etat binational. Il critique également les accords d’Oslo, qui selon lui, marginalisent les réfugiés palestiniens. Néanmoins, le FPLP demeure au sein de l’OLP, afin de peser dans la prise de décision, mais Georges Habache en quitte la direction.
Au cours des quinze dernières années, le FPLP semble avoir perdu de son influence. « Le dépérissement des idéaux de gauche » [7] semble expliquer le faible impact électoral du mouvement dans les Territoires palestiniens. Néanmoins, pour Aude Signoles, la personne et le mouvement de Georges Habache « ont grandement contribué au débat d’idées au sein de l’O.L.P. »
Bibliographie
Olivier Carré, « Autorité palestinienne », Encyclopédie Universalis online 2011
Frédéric Encel et François Thual, Géopolitique d’Israël, Points Seuil, 2006, 486 pages.
Aude Signoles, « Georges Habache », Encyclopédie Universalis online 2011
Olivia Blachez
Olivia Blachez est étudiante à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où elle a suivi les cours du politologue libanais Joseph Bahout. Elle vit actuellement à Beyrouth et travaille au sein du journal L’Orient-Le Jour.
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