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Histoire des putschs et tentatives de coups d’Etat en Turquie : l’armée turque, du statut de gardienne du kémalisme à celui d’outil politique (2/4). Le coup d’Etat du 12 mars 1971, entre relance et continuité du putsch de 1960

Par Emile Bouvier
Publié le 16/09/2020 • modifié le 17/09/2020 • Durée de lecture : 11 minutes

Istanbul, the largest city in Turkey and the country’s trade, industrial and cultural center and the main port. View of the Blue Mosque or Sultan Ahmed Mosque. 04/01/1972.

Yuryi Abramochkin / Sputnik / Sputnik via AFP

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1. Contexte du putsch

Durant les années 1960, la Turquie reste frappée, de façon croissante, par une violence et une instabilité rampantes. Une forte récession économique, à la fin des années 1960, est venue initier une vague de mouvements sociaux incluant des manifestations, des grèves mais aussi des assassinats politiques ; en parallèle, des mouvements d’ouvriers de gauche et d’étudiants se forment afin de faire face aux assauts répétés des groupes islamistes et des militants de groupes nationalistes turcs. Les organisations armées de gauche conduisent des attentats à la bombe, des vols et des enlèvements, mais ne s’avèrent pas les seuls à commettre de telles violences ; fin 1968, et plus particulièrement encore en 1969 et 1970, la violence des mouvements d’extrême-gauche trouve son pareil par les actions commises par l’extrême-droite, notamment les dénommés « Loups Gris » [1].

Sur le front politique, le parti de centre-droit « Parti de la justice » du Premier ministre Süleyman Demirel remporte à nouveau les élections en 1969 mais connaît de nombreuses turbulences internes et même des scissions : plusieurs factions au sein du parti font défection et forment des groupes rivaux au Parlement, concurrençant le Parti de la Justice, réduisant sa majorité parlementaire et conduisant ainsi à une paralysie de l’action politique [2].

En janvier 1971, la Turquie apparaît dans un état de véritable chaos. Les universités ont cessé de fonctionner ; les étudiants, imitant les mouvements guérilleros d’Amérique latine, cambriolent les banques et s’en prennent à des intérêts américains en Turquie, voire enlèvent des personnels militaires américains [3]. Les domiciles de professeurs d’université critiques de l’action gouvernementale sont également pris pour cible par des groupes d’extrême-droite qui les saccagent, voire les incendient [4]. Les usines connaissent pratiquement toutes un mouvement de grève et fonctionnent au ralenti, quand elles ne sont pas stoppées. Le mouvement islamiste devient quant à lui de plus en plus offensif, sinon agressif, et l’activisme de son parti, le « Parti de l’ordre national », qui rejette ouvertement l’héritage d’Atatürk et le kémalisme, provoque l’ire des forces armées turques. Le gouvernement de Demirel, fragilisé par les défections, semble paralysé face aux violences parcourant la Turquie et se montre incapable de faire adopter par le Parlement la moindre réforme sociale ou économique, y compris celles prévues par le coup d’Etat de 1960.

C’est dans cette atmosphère que le 12 mars, le Chef d’Etat-major, Memduh Tağmaç, remet un mémorandum au Premier ministre dont le contenu s’apparentait, à bien des égards, à un ultimatum de l’armée turque. Il lui était demandé de pourvoir à la « formation, dans le cadre des principes démocratiques, d’un gouvernement fort et crédible, qui neutralisera la situation anarchique que traverse actuellement la Turquie et qui, inspiré par la vision d’Atatürk, implémentera les réformes nécessaires prévues par la Constitution » afin de « mettre un terme à l’anarchie, aux luttes fratricides et à l’instabilité socio-économique » [5]. Si les demandes de l’armée n’étaient pas satisfaites, cette dernière « exercerait son devoir constitutionnel » et prendrait alors le pouvoir. A l’issue d’une réunion de trois heures avec son cabinet, Demirel démissionnera de son poste de Premier ministre.

Les raisons précises de l’intervention de l’armée restent aujourd’hui encore sujettes à débat ; toutefois, trois raisons principales font l’unanimité [6]. Premièrement, les officiers généraux de l’armée turque estimaient que Demirel avait perdu le contrôle de sa majorité parlementaire - et donc de son pouvoir - et se montrait incapable, en conséquence, de mettre fin au désordre social et au terrorisme politique régnant alors en Turquie.

Deuxièmement, de nombreux officiers semblent s’être montrés réticents à assumer la responsabilité des violences commises par le gouvernement contre les manifestants, à l’instar de la répression brutale des grévistes d’Istanbul de juin 1971, qui fera de nombreux blessés dans les rangs des protestataires ; un nombre croissant d’officiers pensait ainsi que la coercition seule ne pourrait pas mettre un terme aux soulèvements populaires et à l’expansion des mouvements marxistes. Pour eux, il était nécessaire de mettre réellement en œuvre les réformes économiques et sociales promises par le coup d’Etat de 1960 [7].

Enfin, une minorité d’officiers supérieurs estimait que le progrès au sein d’un système démocratique libéral était impossible, et que l’autoritarisme résulterait en une Turquie plus égalitaire, indépendante et « moderne ». D’autres officiers estimaient quant à eux qu’il était de leur devoir d’agir afin d’empêcher leurs collègues les plus radicaux de prendre le pouvoir [8].

En raison de tous ces éléments, le coup d’Etat ne serait ainsi pas apparu comme une surprise pour les Turcs mais la direction exacte qu’il allait prendre semblait quant à elle plus incertaine, en raison des visions divergentes au sein de l’appareil militaire turc. L’intelligentsia libérale espérait que les franges réformistes fidèles à la Constitution de 1961 et aux promesses du coup d’Etat de 1960 l’emporteraient, notamment en la personne du commandant de l’Armée de l’Air Muhsin Batur [9]. Leurs espoirs seront toutefois déçus par la victoire du haut commandement interarmées, en permanence animé par le spectre de la menace communiste, au détriment des officiers loyaux vis-à-vis du mémorandum de 1960. Des rumeurs courront à l’époque sur la proactivité du haut commandement, qui aurait agi au plus vite afin de prendre de court les officiers « juniors » restés fidèles aux promesses de 1960 [10].

2. Déroulé du putsch

Le jour du coup d’Etat, le 12 mars 1971, les officiers supérieurs annoncent leur souhait de « restaurer l’ordre et la loi » et s’emploient pour cela, le même jour, à réprimer tout groupe de gauche ou suspecté de l’être. Le Parti des Travailleurs de Turquie, principal parti communiste dans le pays, est ainsi accusé de « propagande communiste » et de soutien aux séparatistes kurdes ; à ce titre, une instruction judiciaire est ouverte à son encontre. L’intégralité des associations politiques de jeunes, à l’instar de Dev-Genç, la Fédération des jeunes révolutionnaires de Turquie, sont fermées, interdites et accusées de violences et « d’agitation urbaine » [11].

La police conduira ainsi de nombreuses perquisitions dans les bureaux des professeurs d’université et dans ceux des clubs de réflexion ; ces actions encouragent les jeunes nationalistes turcs des Loups Gris, la branche jeunesse du « Parti de l’action nationale » (MHP, au pouvoir dans une coalition en Turquie aujourd’hui). Les enseignants provinciaux et les militants du Parti des Travailleurs de Turquie deviennent les cibles privilégiées de ces jeunes nationalistes, qui n’hésitent pas à recourir à des techniques d’intimidation mais, surtout, à la violence. Au-delà de l’aspect purement idéologique, la motivation principale des putschistes à neutraliser les mouvements de gauche aurait consisté à vouloir affaiblir considérablement les syndicats et, avec eux, les revendications pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

Les officiers ayant pris le pouvoir se sont toutefois montrés réticents à l’exercer directement, craignant de se retrouver face aux mêmes difficultés que la junte exerçant alors son joug en Grèce qui, non-préparée à exercer un pouvoir bureaucratique, avait dû faire face à de nombreuses tensions internes portant sur la répartition des rôles et des postes. Les putschistes turcs font ainsi le choix de gouverner le pays à travers la façade parlementaire d’une assemblée dominée par des partis conservateurs et anti-réformistes. Les responsables de la junte ne donneront ainsi des ordres qu’en coulisses, sous le couvert de la Grande Assemblée nationale turque [12].

Afin de diriger le nouveau gouvernement, les putschistes choisissent le professeur Nihat Erim, un compromis idéal tant pour les parlementaires du Parti de la Justice que ceux de la faction conservatrice du Parti républicain des Peuples (parti fondé par Atatürk), qui dominaient alors la chambre basse [13]. Nihat Erim met rapidement sur pied un cabinet technocratique issu de milieux extérieurs à l’establishment turc traditionnel afin de mener à bien le programme réformiste des responsables du putsch.

Les mois suivants le coup d’Etat seront ainsi ceux d’une gouvernance particulièrement atypique de la Turquie : le régime repose sur un équilibre instable de répartition du pouvoir entre civils et militaires, au sein d’un gouvernement qui n’est ni élu, ni ne s’apparente non plus à un pouvoir entièrement dictatorial puisque l’opposition parlementaire est malgré tout prise en compte.

3. L’après-putsch

En avril, le programme de réformes est suspendu, puis repoussé au-delà de 1973, lorsqu’une nouvelle vague de terrorisme frappe la Turquie. Ces attentats, nombreux et spectaculaires, sont revendiqués par l’Armée de libération du peuple, qui conduit également des enlèvements et procèdent à de réguliers braquages de banques [14]. Des sources issues des services de renseignement turcs affirment alors que les officiers juniors écartés par le haut commandement lors du putsch piloteraient directement cette nouvelle force insurrectionnelle [15].

Le 27 avril, l’état d’urgence est déclaré dans onze des soixante-sept provinces turques, dont un grand nombre de centres urbains majeurs et l’intégralité des régions de peuplement kurde du sud-est anatolien. Au sein des régions concernées, les mouvements de jeunes sont bannis, les réunions syndicales interdites, les publications de gauche proscrites (mais pas celles de l’extrême-droite nationaliste) et les grèves déclarées illégales [16]. Après l’enlèvement du consul israélien Efraim Elrom [17] le 17 mai 1971, des centaines d’étudiants, de jeunes universitaires, d’écrivains, de syndiqués et d’activistes du Parti des Travailleurs de Turquie sont arrêtés et torturés [18]. Le consul est finalement abattu par balle quatre jours plus tard, tandis qu’un couvre-feu diurne est annoncé dans les provinces placées sous le coup de l’état d’urgence.

Durant les deux années suivantes, la répression continuera et s’intensifiera, concomitamment au renouvellement bimestriel de l’état d’urgence et de la loi martiale. Des réformes seront bien conduites, mais s’éloigneront parfois de l’esprit du coup d’Etat de 1960 : certaines lois autoriseront ainsi le gouvernement à s’affranchir des droits fondamentaux en cas « d’abus », sans que les modalités exactes de ces « abus » ne soient précisément définies [19]. L’Organisation nationale du renseignement (MIT) transformera quant à elle la villa Ziverbey [20] en centre de torture, employant des méthodes coercitives tant physiques que psychologiques. Le département « Contre-guérillas » du MIT, également installé dans la villa, conduisait des interrogatoires avec des officiers formés par l’Agence centrale de renseignement (CIA) américaine ; si aucun chiffre précis n’a été déterminé quant à l’ampleur des actions commises dans la villa Ziverbey, les historiens s’accordent sur la mort et les blessures à vie de plusieurs milliers de prisonniers [21]. Parmi les prisonniers se trouvait le journaliste Uğur Mumcu, arrêté peu de temps après le putsch, qui écrira à sa sortie de la villa Ziverbey que ses tortionnaires l’auraient informé que « même le Président ne pouvait pas les atteindre » [22].

En avril 1972, un nouveau technocrate civil est désigné comme Premier ministre, en la personne de Ferit Melen ; face à ses résultats médiocres, il est remplacé l’année suivante, le 15 avril 1973, par Naim Talu [23], dont la tâche principale consistait à préparer le pays aux prochaines élections, prévues pour le 14 octobre de la même année. En effet, à l’été 1973, les putschistes estimaient avoir atteint l’essentiel de leurs objectifs politiques : la Constitution avait été amendée de telle sorte que le pouvoir étatique ressortait renforcé face à la société civile ; des « tribunaux spéciaux » avaient été établis afin de couper court à toute forme de dissidence rapidement (ces cours jugeront 3 000 personnes avant leur abolition en 1976 [24]) ; les universités ont fortement perdu en autonomie afin de décourager la politisation et la radicalisation de leurs étudiants ; la radio, la télévision, les journaux et la cour constitutionnelle ont été muselés ; le Conseil de la sécurité nationale [25] a été rendu plus puissant qu’il ne l’a jamais été ; et, une fois le Parti des Travailleurs de Turquie dissous en juillet 1971, les syndicats ont été pacifiés et laissés dans un état de vide idéologique [26].

L’interdiction en mai 1971 du parti d’extrême-droite « Parti de l’ordre national » de Necmettin Erbakan [27] permettra au gouvernement de se vanter de l’équité de traitement dont il fait preuve en matière de lutte anti-terroriste, qu’il s’agisse de mouvements d’extrême-gauche comme de droite ; le Parti de l’ordre national ne fera toutefois pas l’objet de poursuites judiciaires et sera autorisé à reprendre ses activités en octobre 1972. Le Parti de l’action nationale et les autres mouvements terroristes d’extrême-droite gravitant dans son giron ne seront, quant à eux, jamais inquiétés.

Le 14 octobre 1973, Bülent Ecevit, leader du Parti républicain du peuple (CHP), connaît une victoire à la Pyrrhus aux élections législatives, avec 66,8% de participation et 33,3% des suffrages exprimés [28]. Les militaires se retirent du pouvoir et laissent l’essentiel du jeu démocratique reprendre son cours en Turquie. Toutefois, les mêmes problèmes que ceux ayant motivé les putschistes de 1960 de passer à l’acte persistent : un système politique partisan et fragmenté, des gouvernements instables tenus en otage par une galaxie de petits partis conservateurs, une situation économique - et donc sociale - toujours critique, et une escalade des tensions entre mouvements d’extrême-droite et d’extrême-gauche. Le terrorisme politique connaîtra de fait son apogée au cours des années 1970, tant de la part des organisations révolutionnaires d’extrême-gauche turques et kurdes que de celles des mouvements d’extrême-droite nationalistes et fascistes qu’incarneront par exemple les Loups Gris [29]. En 1980, cherchant à rétablir à nouveau l’ordre, l’armée turque procèdera, sans surprise, à un nouveau coup d’Etat.

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Publié le 16/09/2020


Emile Bouvier est chercheur indépendant spécialisé sur le Moyen-Orient et plus spécifiquement sur la Turquie et le monde kurde. Diplômé en Histoire et en Géopolitique de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, il a connu de nombreuses expériences sécuritaires et diplomatiques au sein de divers ministères français, tant en France qu’au Moyen-Orient. Sa passion pour la région l’amène à y voyager régulièrement et à en apprendre certaines langues, notamment le turc.


 


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