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Jean-Paul Chagnollaud et Sid-Ahmed Souiah, avec la collaboration de Pierre Blanc, Atlas des Palestiniens, Un peuple en quête de sens

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 09/02/2011 • modifié le 25/04/2020 • Durée de lecture : 4 minutes

La problématique de l’atlas est la suivante : « Cet atlas raconte l’histoire du peuple palestinien qui, depuis le démantèlement de l’Empire ottoman et le mandat britannique en 1922, a cherché à être maître de son destin en exigeant l’avènement d’un Etat sur son territoire. Des décennies plus tard, cet objectif n’est toujours pas atteint et semble même plus inaccessible que jamais ». Afin de raconter cette « histoire », l’ouvrage s’articule autour de quatre thèmes portant sur « histoire et politique », « population et société », « les territoires », « la paix dans l’impasse ». Des cartes, des tableaux et des graphiques illustrent les propos des auteurs.

« Histoire et politique » retrace les grandes étapes de l’histoire de la Palestine : à l’époque ottomane quand elle fut une province arabe, la déclaration Balfour, la mise en place du mandat britannique. L’état de la population pendant la période mandataire est rappelée, croissance démographique, populations par villes, populations rurales et urbaines, début de l’installation des populations juives en Palestine ; ainsi que la question du partage de la Palestine, notamment la proposition de la commission dirigée par lord Peel, qui rend son rapport en 1937, prévoyant un Etat juif, un Etat arabe, une zone sous contrôle britannique. Mais, « aux yeux des Arabes, le partage de 1937 officialise la création d’un Etat juif et se situe en contradiction avec les promesse initialement faites ». Le plan Peel est ainsi refusé, aussi bien par les Arabes que par les juifs, ces derniers le considérant en effet « insuffisant par rapport aux revendications sionistes présentées à la conférence de paix de 1919 à Paris ». A la suite de la Seconde Guerre mondiale, un autre plan est voté par l’ONU le 29 novembre 1947, partageant la Palestine en un Etat juif, un Etat arabe et un corpus separatum dans la région de Jérusalem. Mais la proclamation de l’Etat d’Israël en mai 1948 et le premier conflit israélo-arabe qui s’en suit « se soldent par un affrontement armé et un nettoyage ethnique sans précédent ». La guerre de 1948-1949 fait alors émerger le nationalisme palestinien, « à la fois (…) prise de conscience identitaire et (…) quête d’un toit politique, c’est-à-dire d’un Etat ». Ce conflit, ainsi que la guerre des six jours, déterminent également la vie politique palestinienne : OLP, Conseil législatif palestinien, Hamas, Fatah. L’Autorité palestinienne et le portrait de Yasser Arafat complètent ce tableau de la vie politique palestinienne.

« Population et société » s’attache à décrire l’état actuel de la population, car « les indicateurs démographiques sont l’une des clés de compréhension du conflit israélo-palestinien », d’autant que « les protagonistes, Israéliens et Palestiniens, présentent des profils démographiques extrêmement contrastés ». De plus, la question démographique est essentielle sur le plan politique, en particulier pour Israël : les « gouvernements (…) successifs ont toujours accordé un intérêt majeur au peuplement juif de la Palestine ». A cet égard, la question des réfugiés palestiniens ayant quitté la partie du territoire qui allait devenir Israël est rappelée, ainsi que l’état de la diaspora dans le monde. La question des réfugiés soulève également celle des camps dans lesquels se sont réfugiés les Palestiniens, au Liban, en Jordanie, en Syrie, dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie. Les arabes israéliens, c’est-à-dire les descendants des Palestiniens qui sont restés en Israël à la suite de sa création, représentent 20% de la population israélienne. Comme le soulignent les auteurs : « S’ils s’affirment davantage aujourd’hui comme les Palestiniens d’Israël, ils continuent de penser que leur Etat est l’Etat d’Israël. C’est pourquoi ils revendiquent l’obtention des mêmes droits que les citoyens juifs ».

« Les territoires » fait état des problématiques auxquelles sont confrontés les Palestiniens : la colonisation, le mur de séparation, la ville d’Hébron, la notion d’occupation, la situation à Gaza, les ressources en eau et la politique israélienne sur ce sujet, la ville de Jérusalem.

« La paix dans l’impasse » traite de la question du processus de paix et en retrace les grandes étapes, qu’elles aient apporté une avancée pour la paix ou qu’elles se soient soldées par des échecs : Madrid et Oslo, Camp David et Taba, Genève. Le constat est négatif, au regard des résultats obtenus, au regard également de la seconde Intifada qui a débuté en 2000, et qui « a consacré l’impasse politique, voire marqué un retour en arrière ». Pour les auteurs, « dix-huit ans après les accords d’Oslo, les perspectives de paix sont quasi nulles. Israël, dirigé depuis février 2009 par une coalition qui comprend l’extrême droite, demeure en position de force ; les Palestiniens étant en outre désormais divisés entre le Fatah qui contrôle la Cisjordanie et le Hamas qui règne sur Gaza ».

La conclusion qui semble s’imposer pour les auteurs, au regard de leurs analyses, est la suivante : « Que peut-il se passer dans les mois et les années à venir ? D’une manière réaliste, on serait tenté de répondre : rien ». Ce constat est étayé par la situation dans laquelle se trouvent les acteurs, tant israéliens que palestiniens, ainsi que la volonté d’agir, ou non, de la communauté internationale. La solution, pourtant, semble évidente : « la solution des deux Etats est une évidence incontournable qui figure depuis bien longtemps dans tous les textes de droit international qu’il suffirait alors simplement d’appliquer ».

Jean-Paul Chagnollaud et Sid-Ahmed Souiah, avec la collaboration de Pierre Blanc, Cartographie Madeleine Benoit-Guyod, Atlas des Palestiniens, Un peuple en quête de sens, Paris, Autrement, janvier 2010, 80 pages.

Publié le 09/02/2011


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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