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Résumé
L’accord de défense mutuelle, conclu entre le Pakistan et l’Arabie saoudite le 17 septembre 2025, est un partenariat stratégique à haute valeur symbolique qui élève le niveau de relations entre les deux pays qui entretiennent de longue date une coopération militaire croissante. Le fait que le Pakistan soit une puissance nucléaire suscite inquiétudes et interrogations. Des déclarations contradictoires d’Islamabad confirment la possibilité d’un parapluie nucléaire au bénéfice de Riyad, affirmations démenties ensuite. Ceci entretient une ambiguïté stratégique accrue du fait que les détails de l’accord n’ont pas été publiés.
La signification et la portée de ce pacte suscitent perplexité et interrogations. Selon certains, il crée un bouleversement de l’architecture régionale avec une redistribution des rôles et postures. D’autres experts voient dans ce texte un message adressé à Washington pour lui signifier que la crédibilité de la protection américaine est ébranlée (depuis un certain temps). De plus, les chocs successifs (frappes israéliennes, crise de Gaza, menaces iraniennes) inquiètent l’Arabie saoudite. Surtout, le risque que l’Iran ne décide, en réaction au retour des sanctions de l’Onu, d’entreprendre la fabrication de bombes atomiques, est une hantise chez les dirigeants saoudiens. Le royaume (qui a déjà un programme nucléaire civil) pourrait se lancer aussi dans la course à l’arsenal nucléaire et dans ce cadre pourrait chercher à obtenir l’aide du Pakistan (moyennant finances).
Le choc des frappes israéliennes sur le Hamas au Qatar est un élément de décomposition de l’ordre régional où s’affiche l’érosion de la crédibilité américaine. Face à cela, sous la houlette de l’Arabie saoudite, un sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique réuni à Doha a réfléchi à une coopération plus étroite pour la sécurité de la région et on y a évoqué un « OTAN islamique » dont les contours et l’organisation restent à définir. Au total, le Pacte saoudo-pakistanais (dont on peine à voir comment se concrétiseraient les actions de défense réciproques) ne change pas fondamentalement le paysage stratégique, ne crée pas une nouvelle architecture de sécurité régionale mais sert de révélateur au processus de décomposition de l’ordre sécuritaire (érosion de la crédibilité américaine) et de son éventuelle recomposition. De son coté, Israël étudie attentivement sans trop la commenter cette nouvelle situation. La surprise est venue de Téhéran. Alors que l’Iran est perçu par Riyad comme une menace (nucléaire), les deux pays ont affiché spectaculairement leur volonté de poursuivre et de renforcer leur détente et leur coopération initiées par leur accord (majeur) du 10 mars 2023 plus que jamais valide : une priorité stratégique.
L’executive order signé par Trump le 29 septembre 2025 garantissant la sécurité du Qatar (un statut sans équivalant au Moyen-Orient) est une véritable novation, par le statut qu’il confère à cet émirat. Il est plus qu’un message et une tentative de rétablir la confiance en la protection américaine. Est-ce le début d’une esquisse de recomposition d’une nouvelle architecture de sécurité régionale ?
Le 17 septembre 2025, le Premier ministre pakistanais, Muhammad Sharif, lors d’une visite d’état en Arabie saoudite, a signé avec Mohammad ben Salmane (MBS) un pacte stratégique dénommé « Accord Stratégique de Défense Mutuelle ».
La brève déclaration conjointe publiée séparément [1] par les deux parties se contente de principes généraux, les détails de l’accord sont restés confidentiels. Si l’on s’en tient au texte, ce dernier rappelle d’abord que l’accord est bâti sur un socle existant : « le partenariat stratégique qui s’étend du près de huit décades » [2]. Il est basé également sur « des intérêts stratégiques partagés et une coopération étroite en matière de défense entre les deux pays ». Il vise à renforcer cette coopération, mais va plus loin. Un objectif nouveau est introduit : « renforcer la dissuasion commune contre toute agression ». Il est assorti d’un engagement qui en constitue la véritable novation : « l’accord énonce que toute agression contre l’un quelconque des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux ». Cette disposition montre que ce texte constitue un tournant d’une grande importance dans la relation bilatérale en ne se limitant pas à une amplification de la coopération actuelle ; elle introduit non seulement un saut stratégique dans cette dernière mais affecte fortement le rapport de forces régional (et au-delà), et surtout met en lumière le bouleversement géopolitique en cours dans le Golfe qui découle de la succession de chocs qui traversent cette vaste zone.
Pour mieux apprécier la portée de ce document qui a immédiatement retenu l’attention de maints décideurs, il nous faut d’abord décrire rapidement le contexte dans lequel il est apparu, avant d’en analyser la signification et la portée réelle qui ne concernent évidemment pas que les deux signataires. Or, d’autres signaux de poids contribuent au diagnostic porté sur la portée stratégique et les suites de cet accord. Le 29 septembre Donald Trump signe un executive order qui accorde au Qatar une garantie inédite à sa sécurité : toute attaque contre le Qatar sera considérée par les Etats-Unis comme une menace à la paix et la sécurité des Etats-Unis [3]. Cet engagement sans précédent dans la région est une novation majeure. Nous en analyserons la signification et la portée. Elle contribue à sa façon à nous aider à qualifier l’accord saoudo-pakistanais : s’agit-il d’un « game-changer », d’une action qui en elle-même bouleverse le paysage géopolitique, ou bien d’un révélateur des profondes mutations en cours dans les rapports de force régionaux ? A défaut de trancher ce débat, nous en donnerons quelques clés de compréhension.
Ce nouveau ‘pacte’, et surtout son calendrier, ne relèvent aucunement du hasard. S’il est bâti sur un socle d’une coopération bien établie entre Riyad et Islamabad, il est largement la conséquence d’une série de chocs qui ont bouleversé le Golfe et au-delà, obligeant tous les acteurs concernés à réévaluer leur posture de sécurité. Le premier fait générateur, ‘père’ de ceux qui ont suivi, est à l’évidence l’attaque lancée par le Hamas le 7 octobre 2023. Elle a mis en lumière la vulnérabilité d’Israël, lui causant un traumatisme tel que l’Etat hébreu ne s’est pas contenté de se défendre et de riposter pour rétablir une sécurité ébranlée, mais a décidé d’engager un combat frontal pour l’anéantissement de ses ennemis immédiats (Hamas, Djihad islamique, Hezbollah) mais plus lointains (Iran). En sus, répondant - de façon opportuniste - à l’occasion offerte par cet impératif, Israël entend apporter une solution « définitive » au « problème palestinien », perçu comme un péril existentiel - non sans raison au vu des objectifs des massacres revendiqués par le Hamas [4]. Celle-ci passe par la réduction physique d’une partie de la population de Gaza et l’expulsion de l’autre. Non seulement Netanyahu joue sa survie politique, menacé, pour cause de corruption, d’incarcération avec son épouse par ses ‘alliés’ extrémistes qui le tiennent comme la corde tient le pendu, mais l’armée (dont les échelons supérieurs sont plus idéologisés que dans le passé), doit prendre une revanche après l’humiliation subie. En sus, au-delà des groupes ultras et des colons, une fraction non négligeable de la population partage ce sentiment. Le Premier ministre israélien est d’autant plus soutenu dans cette option que Donald Trump avait un plan de réaménagement de Gaza (vidée de ses habitants) en une riviera dont il tirera profit [5]. Du coup, on comprend l’acharnement de Netanyahu à poursuivre jusqu’au bout l’offensive d’anéantissement du Hamas malgré les réserves d’une partie des responsables de Tsahal.
Or, cette ambition se heurte à un obstacle : d’une part les pays arabes (singulièrement l’Egypte et la Jordanie) refusent d’accueillir ces expulsés dont le flux menacerait leur sécurité, mais l’Arabie saoudite, qui exerce un leadership tant au niveau du Conseil de coopération du Golfe que de la Ligue arabe, et à l’Organisation de la Conférence Islamique (dont elle a convoqué les sommets), s’y oppose formellement. Cette impasse [6] nourrit chez le Premier ministre israélien qui exclut tout Etat palestinien (il a vertement réagi aux annonces d’Emmanuel Macron reconnaissant l’Etat palestinien et de plusieurs autres pays et il pourrait annexer tout ou partie de la Cisjordanie, asphyxier financièrement les Palestiniens) la tentation de « régler » un autre « problème » : l’Iran, dont il voudrait provoquer un changement de régime. L’esquisse de Plan de paix sur la Palestine en 21 points proposé le 23 septembre par Donald Trump [7] aux dirigeants arabes (qui en ont approuvé le principe) en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, est assortie de l’interdiction américaine à Israël d’annexer la Cisjordanie [8]. Le 29 septembre, Trump dévoile le véritable plan (en 20 points) suivi d’une conférence de presse conjointe avec Netanyahu, qui laisse paraître le consentement de ce dernier. Il exige du Hamas l’acceptation rapide de ce plan par le Hamas, sinon il laissera Netanyahu « finir le travail ». Ce texte comporte beaucoup d’ambiguïtés et de ‘trous’ et tous les protagonistes n’en font pas la même lecture même si l’Etat de Palestine et plusieurs pays arabes se sont félicités des ‘efforts de Trump’ [9]. Ce dernier présidera le comité provisoire de gouvernance (« conseil de la paix ») qui suivra la gestion de cet accord (avec Tony Blair). Pour Netanyahu qui affiche sa satisfaction, il n’est pas certain que les ultras de sa coalition acceptent ce compromis qu’ils considèrent comme une défaite [10]. Au cas où (sous pression américaine) ils se résoudraient à y consentir (ce qui n’empêcherait pas le Premier ministre d’en saboter l’exécution) et à ne pas provoquer la démission de ‘Bibi’, ils pourraient lui imposer de jouer une autre carte pour afficher (enfin) une ‘victoire’ : ‘punir ‘ l’Iran. Le retour des sanctions de l’Onu à la suite du snapback du 28 septembre lui en offre l’occasion. Le Hamas, menacé de « l’enfer » par Trump s’il n’approuve pas le plan sous 3 ou 4 jours, a fait savoir qu’il acceptait des négociations indirectes au Caire pour la libération des otages. Elles ont débuté le 6 octobre, mais des désaccords subsistent sur les autres chapitres.
Le prétexte brandi ad nauseam serait d’anéantir plusieurs sites nucléaires iraniens pour bloquer le programme atomique de Téhéran alors que les frappes déjà infligées montrent qu’une destruction totale est hors de portée et contre-productive. Dès lors, l’objectif réel serait de cibler des infrastructures critiques (raffineries, ports, etc) afin de mettre l’Iran à genoux et d’obtenir un changement de régime. La tentation est d’autant plus grande que les frappes israéliennes successives en Syrie, au Liban, puis en Iran, ont porté un coup redoutable au Hezbollah libanais dont l’appareil militaire a été décapité, les positions anéanties. La République islamique a vu s’effondrer sa dissuasion conventionnelle. Outre la réduction du Hezbollah, la chute du régime syrien la prive d’un espace essentiel et a coupé le circuit d’approvisionnement militaire de la milice chiite. Ses services sécuritaires et sa hiérarchie militaire ont été pénétrés par le Mossad, elle a subi non seulement de lourdes pertes, mais a découvert une vulnérabilité critique (Israël peut frapper n’importe où face à une défense anti aérienne impuissante), voire existentielle qui découlerait de la décapitation du sommet de sa hiérarchie militaire (sans parler de ses spécialistes nucléaires), de la destruction d’infrastructures critiques et de l’élimination d’échelons les plus élevés du pouvoir [11]. Ce risque n’est pas théorique, puisque d’abord Ali Shamkhani (le très influent ancien secrétaire du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale) a survécu de très peu à un tir lors des frappes du 13 juin qui visaient surtout les sites nucléaires, mais surtout, le 16 juin, un autre tir a ciblé une réunion des membres de ce Conseil (qui prend les principales décisions de sécurité extérieure) qui ont également échappé de très peu au sort prévu [12]. Si l’opération avait réussi, les actions iraniennes extérieures auraient été sévèrement handicapées alors que le Guide est contraint de se cacher et a délégué une part de ses responsabilités à un comité militaire, ce qui atteste la prééminence des Gardiens par rapport au clergé en déclin [13]. En revanche, le Guide a émis un message fort (indiquant sa préférence pour la diplomatie et la prudence par rapport à la défiance) en nommant à la tête du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale le pragmatique conservateur Ali Larijani partisan du dialogue et de la détente [14].
La vulnérabilité iranienne s’est accrue d’abord avec la participation de Washington à la défense d’Israël contre les missiles iraniens en avril et en octobre 2024. Ensuite sont intervenues les frappes israéliennes sur le site de Natanz (et l’élimination de plusieurs spécialistes nucléaires iraniens) le 13 juin 2025. Puis les frappes américaines sur les sites nucléaires iraniens de Natanz, Ispahan et Fordow le 21 juin suivant, ont provoqué des dégâts importants bien qu’une incertitude persiste sur leur bilan exact. Contrairement à des évaluations initiales, seul le site de Fordow aurait été quasiment détruit [15]. Le sort du stock d’uranium enrichi à 60% dont disposerait l’Iran nourrit de fortes tensions : la République islamique refusait jusqu’il y a peu (mais envisagerait d’y consentir si des négociations reprennent avec l’AIEA) de révéler sa localisation, ce qui a nourri les pressions occidentales, en particulier le lancement de la procédure de ‘snapback’ par le trio européen. La riposte iranienne, le 23 juin, par un tir de missiles sur la base américaine d’Al Udeid, n’a certes pas causé de pertes humaines (Washington a été prévenu par Téhéran), mais des dégâts soigneusement ciblés [16]. Ils ont contribué à entretenir non seulement au Qatar, mais chez ses voisins saoudiens [17], un sentiment d’insécurité croissante bien que l’Iran ait affirmé ne pas viser le Qatar.
Les chocs se succèdent sans discontinuer : Israël a continué de bombarder des sites militaires en Syrie malgré la chute de Bachar el Assad, au motif qu’ils pourraient continuer de servir au Hezbollah ou à Téhéran (à moins qu’ils ne servent aux factions islamistes armées du nouveau régime), et surtout n’a pas hésité à envahir une tranche supplémentaire du Golan (territoire syrien) tout en intervenant en faveur de tribus druzes. Cette attitude accroît sensiblement la tension de cette région, contrariant l’action stabilisatrice de Riyad et des monarchies du Golfe, de la Turquie, et des Occidentaux. A notre sens, l’impact de cet interventionnisme territorial ne doit pas être sous-estimé. Il ne manque pas de susciter des inquiétudes en Arabie saoudite et chez les autres monarchies du Golfe [18]. Israël devient fauteur de troubles dangereux pour leur sécurité [19]. Nous verrons plus loin combien ceci est justifié.
Les chocs armés ne sont pas les seuls à menacer l’Arabie saoudite. Le royaume redoute plus que tout l’apparition d’un arsenal nucléaire iranien. Il considère que ce dernier représenterait une menace directe pour sa sécurité, l’exposant aux pressions déstabilisatrices, voire chantages de son voisin. Le prince Mohammed ben Salmane a été parfaitement clair sur ce point. Il a déclaré dès 2018 que « si l’Iran développe une bombe nucléaire, nous suivrons aussi vite que possible » [20]. Depuis, le royaume n’a pas varié de position [21]. On se souvient de ce que l’Arabie saoudite avait exercé des pressions sur les négociateurs de l’Accord nucléaire (JCPOA) du 14 juillet 2015 conclu avec Téhéran, redoutant que le laxisme des Occidentaux ne permette à la République islamique de reprendre la constitution d’un arsenal nucléaire. Par ailleurs, le royaume a lancé un programme nucléaire ambitieux officiellement pour répondre à ses besoins et dans la perspective de la diversification de son économie dans le cadre du projet Vision 2030. Ce programme théoriquement civil présente aux yeux de nombreux observateurs de graves ambiguïtés qui alimentent de longue date un sérieux doute à son sujet. Il naît de ses caractéristiques, mais aussi de la transparence très insuffisante par rapport aux exigences de l’AIEA, l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique. Riyad se contente d’un accord ‘de base’ et refuse notamment de signer le Protocole Additionnel du Traité de Non Prolifération Nucléaire et le Code 3.1 modifié qui permettent à l’AIEA de remplir ses missions de contrôle. Le comportement du royaume nourrit les inquiétudes à ce sujet [22] : par exemple, sa volonté de maîtriser tout le cycle nucléaire, sa recherche de collaboration technologique avec des partenaires peu regardants dont Pékin. Surtout, MBS poursuit des démarches auprès de Trump (qui y est très favorable) pour obtenir des Etats-Unis non seulement la fourniture de centrales (un marché juteux pour Washington), mais surtout des transferts de technologie nucléaire ultra-sensible permettant de procéder à de l’enrichissement d’uranium, mais refuse obstinément de signer (conformément à la législation américaine) des engagements obligatoires (le fameux Protocole 123) qui empêchent l’utilisation de ces technologies à des fins militaires. Trump a fait pression sur le Congrès pour obtenir qu’il ne s’y oppose pas. Or, même les Républicains ne peuvent y consentir, d’autant qu’Israël avait fait savoir [23] à ce dernier qu’il est inenvisageable qu’un pays voisin se dote d’un arsenal nucléaire… Le Secrétaire d’Etat à l’énergie Chris Wright essaie de contourner la difficulté en prétendant préparer un texte ‘proche du protocole 123, mais il ne semble pas qu’il résolve cet obstacle. Le refus de MBS de souscrire ces garanties n’est pas très crédible dans la mesure où les Emirats arabes unis ont non seulement signé le protocole 123 mais également un autre engagement, le Gold Standard, assurant ainsi une volonté de pleine conformité et de transparence, dans l’acquisition des installations nucléaires américaines et dans l’usage de leur technologie.
Il se trouve que les frappes israéliennes et américaines contre l’Iran que nous venons d’évoquer ont exposé la grande vulnérabilité des pays du Golfe et l’incertitude de la protection américaine. Nour Eid, dans une remarquable analyse détaillée du programme nucléaire saoudien [24] dans le contexte actuel, montre que ces chocs sont de nature à accroître la tentation pour l’Arabie saoudite de se doter d’un arsenal nucléaire. Officiellement, le royaume n’a pas abandonné sa position de ne pas y recourir sauf si l’Iran décidait de se lancer dans la fabrication de bombes atomiques. Au passage, l’auteur de cette étude solide et très documentée estime, contrairement à des opinions répandues ici et là [25], que Riyad ne cherche pas à s’en procurer auprès du Pakistan, malgré d’amples rumeurs à ce sujet. Elle considère qu’une telle démarche risquait fort de priver le royaume de la coopération et de l’assistance américaine. Ce raisonnement est assez séduisant. En effet, on sait qu’en dehors de la perspective de gros contrats pour l’industrie américaine (un des objectifs prioritaires de Trump), ce dernier veut à tout prix éviter que son allié ne se fournisse auprès de la Chine (une hantise), et même auprès d’autres sources comme la Corée du Sud et le Japon. Cet argument pourrait sembler recevable mais d’une part le contexte régional déjà décrit est de nature à changer l’attitude saoudienne, mais un élément nouveau vient également d’intervenir dans ce dossier.
Après que le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA ait adopté le 12 juin 2025 une résolution [26] constatant, à la suite des deux rapports trimestriels de l’Agence du 31 mai 2025, que l’Iran a manqué à ses obligations, les EU3 (le trio France, Allemagne, Angleterre) sous le leadership de Paris, déclenchent [27] le 28 août suivant la procédure de snapback prévue aux articles 11 à 13 de l’accord nucléaire du 14 juillet 2015 (JCPOA transcrit dans la résolution 2231), qui réintroduira dans les 30 jours de son adoption les sanctions du Conseil de Sécurité que cette résolution a gelées [28] ; le trio européen a ouvert la possibilité d’un sursis de 6 mois si Téhéran remplit 3 conditions : un accord avec l’AIEA pour permettre à l’Agence de remplir sa mission, en particulier inspections (que l’Iran a interrompues après les bombardements américains dans la nuit du 21 au 22 juin), communiquer la localisation du stock d’uranium hautement enrichi dont il dispose, et un accord avec les Etats-Unis. Or, les EU3 considèrent que l’accord préliminaire conclu au Caire entre l’Iran et R. Grossi, le directeur général de l’Agence, est insuffisant ; la localisation et l’éventuelle inspection du stock d’uranium enrichi restent à préciser, et bien que Téhéran aurait formulé des propositions d’accord à Washington, rien n’est conclu.
Il faut savoir que l’adoption de la Résolution a suscité une grave crise entre l’AIEA et Téhéran qui accuse R. Grossi de partialité et d’avoir manqué à l’obligation de protester contre les bombardements frappant ses sites nucléaires. La République islamique décide de cesser toute coopération avec l’Agence. A partir de là, et surtout si un compromis n’est pas trouvé pour reporter le snapback, voire pour l’interrompre une fois déclenché, l’Iran menace de réagir vigoureusement. Des pressions politiques violentes de la part des durs du régime poussent à des positions extrêmes. Alors qu’un accord-cadre (dont les détails restent à préciser faute d’un consensus complet sur la portée des inspections) a été signé le 9 septembre au Caire entre Abbas Araqchi, ministre iranien des Affaires étrangères, et Rafael Grossi, le directeur général de l’Agence, pour reprendre les inspections en Iran [29], les durs du régime au sein du Parlement s’y opposent avec énergie. Ils veulent faire adopter une loi qui prévoit la sortie de l’Iran du Traité de Non- Prolifération Nucléaire (TNP). Ils considèrent que cette mesure est la seule carte entre les mains de Téhéran et ils ont lancé une polémique [30] en prétendant que les plus hautes instances de l’état n’ont pas autorisé Araqchi à signer avec l’AIEA. Or, le Conseil Suprême de la Sécurité Nationale a confirmé avoir expressément validé cette négociation en précisant toutefois que la coopération cesserait en cas de retour des sanctions de l’Onu [31]. Une telle validation a par nature reçu l’aval du Guide, ce qui contraint les durs à ne pas la contester. Or, dès que les sanctions de l’ONU (détail essentiel) seraient rétablies, il sera plus aisé à ces derniers d’imposer l’interruption de cette coopération. S’agirait-il d’une interruption partielle ou totale, temporaire ou définitive ? Seront-ils autorisés à faire voter et appliquer une loi de retrait du TNP ? C’est une décision autrement plus lourde pour Ali Khamenei. Celui-ci a opté pour l’heure en faveur de la prudence. A l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations unies, Araqchi a rencontré Rafael Grossi et le trio européen tandis que le président iranien a échangé avec Emmanuel Macron. Bien que l’Iran ait répété ne pas vouloir de bombe atomique, les discussions n’ont pas permis de progresser, les interlocuteurs de Téhéran considérant les engagements iraniens insuffisants. En désespoir de cause les autorités iraniennes ont proposé aux Eu3 d’ouvrir l’accès au site de Natanz si le trio appuyait une résolution sponsorisée par la Russie et la Chine qui accorderait un délai de 6 mois pour l’entrée en vigueur du snapback. Or elle a été repoussée le 26 septembre par un vote de 4 voix pour, 9 contre et 2 abstentions. Les dés sont jetés. Le 28 septembre, les sanctions que la résolution 2231 avaient « éteintes » sont rétablies [32] ; la première réaction iranienne a été de rappeler ses ambassadeurs à Londres, Paris et Berlin.
Une crise est donc ouverte. Les autorités iraniennes étudient soigneusement leur riposte et surtout leur dosage, entre options extrêmes (retrait du TNP [33], reprise officielle du programme nucléaire, interruption provisoire ou définitive de la coopération avec l’AIEA, expulsions d’inspecteurs, démonstrations de missiles, etc) et mouvements symboliques de mauvaise humeur, et négociations plus ou moins discrètes. De leur côté les EU3 annoncent qu’ils vont se concentrer sur l’application de ces sanctions [34] mais affirment qu’ils veulent persévérer dans la voie de la diplomatie et des négociations [35]…
Pour l’Arabie saoudite cet épisode très préoccupant pour sa sécurité, avec cette déstabilisation et le risque que l’Iran renonce à sa doctrine de non construction/possession de la bombe atomique est un défi majeur. On avait noté que Riyad avait salué l’accord conclu au Caire entre l’AIEA et l’Iran en vue de la reprise d’une coopération [36]. Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan al-Saoud avait plaidé pour une solution diplomatique au dossier nucléaire iranien [37]. A notre sens le risque de retour du snapback faisait partie des calculs saoudiens au fur et à mesure que le dossier nucléaire iranien se dégrade à l’AIEA. Le royaume a certainement anticipé les différents scénarios possibles. Et par conséquent, il a dû se préparer à plusieurs options, dont celui de l’accès à l’arme atomique. A notre sens, ce facteur (négligé des observateurs) est déterminant dans la formalisation d’une relation nucléaire entre le Pakistan et Riyad pour qui la perspective d’un arsenal nucléaire iranien est une hantise. Une crise est ouverte. L’Arabie saoudite comme les autres monarchies du Golfe est naturellement en train de suivre de près les réactions concrètes de l’Iran (au-delà des discours martiaux des durs du régime) pour ajuster sa propre position. On risque peu de se tromper en estimant que Téhéran va certainement, comme à son habitude, calibrer sa réaction qui n’exclura pas des mesures à caractère symbolique. A notre sens, cette péripétie ne modifie pas la priorité absolue qu’accorde l’Iran à la diminution de la tension avec Riyad depuis l’accord irano-saoudien du 10 mars 2023 conclu sous la pression de Pékin, et qui a inauguré une phase de rapprochement sensible des deux pays vers un modus vivendi et des terrains de coopération. Pour les deux signataires, cette baisse de tension est un enjeu stratégique tant pour leur sécurité que pour leur développement économique (dimension souvent méconnue des observateurs). Le Royaume s’est déclaré hostile aux frappes qui ont ciblé l’Iran, aux menaces proférées contre la ‘nation-sœur’ [38]. Les exercices navals conjoints, les visites successives du chef d’Etat-major saoudien des armées et du ministre de la Défense du royaume en Iran en sont le témoignage concret [39]. C’est dire si la République islamique tentera certainement de rassurer son voisin quant à sa doctrine nucléaire. Ce dernier sera-t-il convaincu ? Ceci dépend de l’attitude iranienne et de son dialogue avec Riyad. Mais quoiqu’il en soit, l’Arabie saoudite, inquiète, veut prendre des précautions pour sa sécurité et se sentira motivée dans son choix de conclure un pacte avec le Pakistan qui pourrait lui faciliter la constitution ou l’accès à un arsenal nucléaire, en tout cas une coopération dans ce secteur dont le périmètre reste à définir.
Le 9 septembre, Israël frappe le siège du Hamas à Doha (Qatar) où des responsables de la formation palestinienne travaillaient sur des négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza. L’objectif de liquider la direction du Hamas a échoué mais le choc est grand pour le Qatar. Quelques jours après, le 17 septembre, est signé le pacte saoudo-pakistanais. La tentation est grande d’opérer un rapprochement entre les deux événements, il convient d’y résister. Le pacte a été, à l’évidence, préparé de longue date, fruit de minutieuses négociations et les péripéties et chocs successifs ont nourri la réflexion stratégique saoudienne engagée depuis longtemps sur un programme nucléaire civil comportant une option militaire, évoqué plus haut.
Si les frappes israéliennes n’ont pas été le ‘détonateur’ qui a poussé Riyad à conclure un accord de défense mutuelle avec une éventuelle contribution nucléaire pakistanaise, à coup sûr le bouleversement stratégique causé par le choc israélien a conforté le royaume dans son choix. Pour les Etats du Golfe et leurs voisins arabes, voire au-delà, cet épisode oblige à une réévaluation stratégique fondamentale et à en tirer les leçons. La plus évidente, qui fait consensus chez la communauté des analystes, est : pendant plusieurs décades, l’Amérique a été sans conteste considérée comme le garant de la sécurité des pays du Golfe. Les bases américaines, l’armement américain, rassurent. Bien plus, ces Etats ont intensifié leur interdépendance (y compris économique) avec les Etats-Unis au point qu’ils sont devenus des contributeurs de la puissance américaine. Ils se sont insérés dans la politique des Etats-Unis à l’égard d’Israël (coopération, voire accords d’Abraham), etc. Or cette sécurité était déjà fissurée, avec la défaillance de Washington à secourir promptement l’Arabie saoudite [40] lors de l’attaque iranienne en septembre 2019 sur les sites pétroliers d’Abqaiq et Khurais. Le royaume en a tiré les leçons par une diversification de ses appuis et une priorité accrue à son intérêt national, et une stratégie de sécurité plus autonome et équilibrée. Et Israël apparaît comme un acteur capable de l’exercice solitaire et impuni de la force. La passivité de Washington devant les frappes sur Doha est perçue comme une complicité [41]. Le fait que les Etats-Unis se soient associés à la condamnation de ces frappes par le Conseil de Sécurité des Nations unies [42] n’efface pas le malaise ainsi créé notamment du fait que l’exécutif américain a prétendu avoir prévenu le Qatar avant le début des frappes [43], alors que les autorités qataries affirment avoir été informées alors qu’elles avaient déjà commencé…
Sans surprise, des voix iraniennes ont appelé les pays arabes à non seulement affirmer leur solidarité mais à adopter des mesures militaires concrètes. Mohsen Rezaee, membre du Conseil du Discernement, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, adjure : « la seule solution est de former une coalition militaire ». Les durs du régime plaident pour une sorte d’alliance, un « Otan islamique » à l’image du religieux Jalal Razavi-Mehr, qui va jusqu’à plaider pour une « armée islamique unique » qui partagerait les doctrines défensives et offensives. Une proposition que le ministère des Affaires étrangères a écartée, notant sobrement « qu’il était ‘trop tôt’ pour formaliser un pacte mais que les conditions étaient ‘plus favorables que dans le passé’ [44]. Pour autant, l’idée est dans l’air et le projet d’Otan islamique a été discuté au sommet de Doha que nous évoquons ci-après, et le Pakistan « a également exhorté l’organisation d’une task-force conjointe pour surveiller les actions d’Israël et adopter des mesures dissuasives et offensives coordonnées ». Le Premier ministre pakistanais, qui s’est concerté avec MBS à Doha, a en outre soutenu l’appel de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à suspendre la participation d’Israël à l’Onu [45]. De son côté, l’Egypte presse, selon le même observateur, de créer un commandement militaire conjoint basé au Caire.
Les réactions concrètes des pays arabes étaient impatiemment attendues. Le 15 septembre, l’OCI a en effet réuni en urgence son Conseil Suprême pour une Session extraordinaire dans la capitale qatarie. Le communiqué publié [46] à l’issue de la réunion affirme la solidarité des membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) avec le Qatar, condamne fermement les actions d’Israël qui « constituent une menace directe contre la sécurité commune du Golfe et contre la paix et la stabilité régionale ». Il rappelle que selon les statuts du CCG et l’Accord commun de défense, toute attaque contre l’un des membres du CCG ‘est une attaque contre tous’ [47], et confirme que ces derniers sont disposés à contribuer à la protection du Qatar. Il appelle la communauté et les instances internationales à prendre leurs responsabilités face à cette situation. Le communiqué en profite pour condamner vertement les crimes génocidaires commis par Israël à Gaza. Ces proclamations constituent assez largement des déclarations d’intention et les véritables décisions semblent timides [48]. Mais, pour ce qui nous intéresse ici, elles témoignent (en termes prudents) d’une prise de conscience. Notons toutefois la décision du CCG de convoquer son Conseil Mixte de Défense précédé d’une réunion du Haut Comité Militaire. Selon le communiqué, le but est « d’évaluer la posture de défense des Etats membres et les sources de menace à la lumière de l’agression israélienne contre l’Etat-sœur du Qatar et de demander au Commandement Militaire Unifié d’adopter les mesures d’exécution nécessaires pour activer les mécanismes mixtes de défense et les capacités de dissuasion du Golfe » [49]. Il faut croire que ce mouvement inquiète sérieusement puisque Netanyahu (sous pression américaine qu’une fâcherie avec le Qatar contrarierait considérablement) a présenté lors d’un appel téléphonique conjoint [50] ses excuses à l’Emirat à l’occasion de l’officialisation du Plan de paix de Trump. De son côté, la Turquie s’inquiète (en raison de sa proximité avec le Hamas) des menaces israéliennes après le raid sur Doha [51].
Téhéran a plaidé au cours du sommet pour que la réaction des participants aille au-delà des mots et tire les leçons de la situation ainsi créée. Mais les analystes de l’excellent Amwaj.media [52] constatent que parmi les pays arabes, certains entretiennent des relations solides avec Israël qu’ils n’ont pas l’intention de sacrifier malgré les exhortations proférées en Iran. Bien plus, la présence de bases militaires américaines est un sérieux frein à des actions concrètes.
Plus encore, l’Iran affiche de façon très visible sa volonté de conforter après cet épisode sa relation avec l’Arabie saoudite, confirmant ainsi la priorité de Téhéran à la diminution des tensions bilatérales engagée depuis l’accord du 10 mars 2023. A cet égard, la République islamique s’emploie à engranger des dividendes de l’attaque israélienne sur Doha, et à promouvoir l’idée que c’est Israël le dangereux trublion régional et que la protection américaine est peu fiable. A l’occasion du sommet de l’OCI, le président iranien avait rencontré MBS. Le lendemain,16 septembre, Ali Larijani, secrétaire du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale accompagné de plusieurs conseillers (dont Ali Bagheri-Kani, Mohammad Ali Bek) ainsi que l’ambassadeur iranien à Riyad, Alireza Enayati, a rencontré à Riyad non seulement le prince héritier saoudien, mais aussi son ministre de la Défense, le prince Khalid ben Salman lui aussi entouré notamment de son conseiller à la sécurité Nationale Musaed Al-Alban, et de Khalid Al-Humaidan, directeur Général à la direction des Renseignements. Les hasards du calendrier de cette visite (entre le sommet de l’OCI et la signature de l’accord saoudo-pakistanais) en attestent l’importance. Cette visite intervient aussi au moment où Téhéran et Riyad doivent traiter des dossiers sensibles, en particulier celui de l’avenir du Liban [53] et de l’Irak où les deux acteurs sont en compétition d’influence et sont à la recherche d’un ‘modus vivendi’ entre eux pour la partager. C’est pourquoi Ali Larijani a d’abord fait escale à Beyrouth puis à Bagdad avant de se rendre dans le royaume [54]. Les conversations ont couvert un vaste spectre, non seulement sur les questions de sécurité mais sur la coopération économique bilatérale. Sur la signification de cette visite, il existe un consensus des analystes : elle intervient dans un contexte ou la méfiance réciproque demeure encore malgré les progrès enregistrés ; l’Iran veut préserver la détente bilatérale malgré les violences en cours ; il s’agit aussi de maintenir un canal de communication crucial pour éviter des conflits. Sachant que l’accord saoudo-iranien du 10 mars 2023 vise, parmi d’autres buts, à réactiver l’accord de coopération de sécurité conclu en 2001 (jamais appliqué), notons que Larijani a déclaré que des discussions sur une collaboration en matière de défense ont été menées et que « l’application d’accords précédents a été revue et devrait se poursuivre par des groupes de travail » [55]. Cette visite soulève également une hypothèse intéressante quant à l’attitude de l’Iran sur le pacte saoudo-pakistanais. Le sujet a certainement été mis sur la table. D’aucuns se demandent si Téhéran qui cherche de son côté à améliorer ses relations (délicates) avec le Pakistan, alors que Riyad (qui dispose de plus d’avantages par son poids économique sur l’économie pakistanaise) s’emploie à approfondir et structurer son alliance avec Karachi, ne tente pas de négocier avec les Saoudiens un ‘gentlemen agreement’ dans leur approche de ce pays. Une sorte de ‘déminage’ diplomatique.
Ce texte est avant tout porteur de messages multidimentionnels. Il n’est pas une réponse précipitée à des chocs récents et s’il s’insère dans une coopération bilatérale engagée de longue date, il a une signification propre. Si le paysage moyen-oriental est bouleversé par les initiatives israéliennes soutenues par Trump, il ne faut pas oublier que l’accord intervient quelques mois après les affrontements entre le Pakistan et l’Inde [56], auxquels s’ajoutent les bouleversements stratégiques au Moyen-Orient. Un haut responsable saoudien confirme [57] : « Ce n’est pas une réplique à des pays déterminés ni à des événements spécifiques mais une formalisation d’une longue et profonde coopération entre nos deux pays ». Il ajoute qu’il s’avère nécessaire d’équilibrer les relations entre le Pakistan et l’Inde, qui est aussi une puissance nucléaire : « notre relation avec l’Inde est plus robuste qu’elle ne l’a jamais été. Nous continuerons de faire croître cette relation et cherchons à contribuer à la paix régionale par tous les moyens à notre disposition » [58]. Cette précision rappelle que la stabilité régionale est la grande priorité saoudienne dans le cadre de son Plan Vision 2030.
Un observateur avisé [59] souligne que « ce pacte de défense mutuelle a été préparé ces quelques années » selon des responsables saoudiens au Financial Times, mais que les intérêts militaires des deux pays sont liés depuis des décades. Il en décrit l’historique et rappelle l’ampleur de l’assistance financière saoudienne à Islamabad (la plus importante aide du royaume en dehors du monde arabe), en particulier quand le Pakistan se dotait d’un arsenal nucléaire (que Riyad a encouragé), qui témoignent de l’intensité des relations bilatérales. On ne peut affirmer que l’aide financière de Riyad avait un lien direct avec le programme nucléaire, mais elle est intervenue au moment où il se développait et a permis qu’il se poursuive. Un expert pakistanais, le général Feroz Khan (cité par la même source), auteur de ‘Eating Grass, the Making of the Pakistani Bomb’, confirme qu’il n’y a jamais eu d’écrit conditionnel liant les financements saoudiens au programme nucléaire pakistanais. Au surplus, lorsque le ministre saoudien a visité en 1999 l’usine d’enrichissement d’uranium au Pakistan, le royaume a demandé au Pakistan « de partager de la connaissance technique et scientifique » pour un programme nucléaire. Or il s’est vu opposer un refus. Mais Khan ajoute : « s’il y a un Iran nucléarisé et un Israël complètement hors contrôle, le Pakistan a son utilité alors que l’Arabie saoudite se prépare pour le long terme » [60].
Même s’il s’inscrit dans un continuum de relations bilatérales, cet accord présente des caractères exceptionnels. Selon l’analyste Umair Jamal, pour le Pakistan, « c’est le pacte formel de défense le plus significatif depuis des décades et le premier accord de cette sorte qu’un pays arabe du Golfe ait signé avec un partenaire doté de l’arme nucléaire » [61]. Le même expert poursuit : « du point de vue Pakistanais, il y a un intérêt croissant à encourager les nations arabes à aligner leurs schémas de sécurité avec le Pakistan, ce qui peut ouvrir des opportunités économiques et diplomatiques pour Islamabad ». Il rappelle à cet égard que le ministre pakistanais des Affaires étrangères a soutenu l’idée d’une force mixte de sécurité arabe après l’attaque israélienne contre Doha. En sus, il signale que « le Pakistan paraît intéressé à construire des accords similaires avec d’autres Etats du Golfe comme le Qatar et les Emirats arabes unis ». Il s’agit par ailleurs de rivaliser l’Inde qui « essaie de cultiver stratégiquement ses relations économiques et de défense avec l’Arabie saoudite ces dernières années » [62]. Selon Umair Jamal, il faudra surveiller « si cet accord forme la fondation d’un pacte de défense Pakistan CCG plus large ou s’il reste un accord bilatéral saoudo-pakistanais destiné à contrer les menaces potentielles provenant d’Israël et d’autres acteurs ». Il estime que « les responsables saoudiens voudraient probablement montrer cet accord comme un affichage massif de soutien de la part du Pakistan en cas d’attaque sur leur sol. De même le Pakistan considérerait l’accord comme une avancée stratégique contre l’Inde et Israël qu’il perçoit comme des menaces contre sa sécurité nationale ». Tim Willasey-Wilsey estime que « la valeur réelle de l’accord est qu’il ajoute un niveau supplémentaire (et donc un degré de dissuasion) pour la prochaine fois que New Delhi envisage une action militaire contre le Pakistan ».
Au cœur de ce partenariat, l’engagement de défense mutuel suscite maintes spéculations quant à sa portée à deux égards : s’agit-il d’une défense automatique sur le modèle de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord ? Et comporte-t-il un ‘parapluie nucléaire’ au bénéfice de l’Arabie saoudite ? Le libellé de l’engagement (« l’accord énonce que toute agression contre un pays sera considéré comme une agression contre les deux ») a été scruté par maints observateurs. Le vocabulaire utilisé fait penser à l’article 5 du traité de l’Otan, qui implique une solidarité automatique, obligatoire des membres de l’Alliance en cas d’agression contre un membre. Comme pour l’Otan, l’alliance entre Islamabad et Riyad est clairement défensive et non agressive (le duo proclame qu’il veut la sécurité et la paix dans la région). Mais la ressemblance est trompeuse, une analyse plus fine permet de ne pas assimiler les deux dispositifs. Le pacte saoudo-pakistanais ne semble pas prescrire qu’en cas d’agression [63] contre l’un des deux partenaires, l’autre a l’obligation quasi-automatique d’intervenir militairement à ses côtés. Le Pacte en fait est peu disert sur cet engagement. Comme le signale Ayesha Chaudhry, les deux partenaires n’ont pas fourni de détails sur celui-ci, dont les modalités sont certainement confidentielles [64]. Certes, Khawaja Asif, ministre pakistanais de la Défense, a qualifié l’accord de « NATO-like ». Cela dit, le même expert rappelle que même dans le cadre de l’Otan, « chaque Etat a le droit d’adopter toute action qui lui semble nécessaire », ce qui signifie flexibilité et adaptabilité. Toutefois, l’auteur ne voit pas une telle flexibilité dans l’accord au vu de la rédaction de la déclaration conjointe qui paraît fixer une règle « pas d’exception, pas de limite ». Ce caractère absolu porte en germe de très lourdes difficultés si une situation amenait un des deux signataires à solliciter l’autre. Du coup, cette disposition peut être interprétée, selon Chaudhry, de deux façons : soit les deux partenaires entendent véritablement être inconditionnellement tenus, soit le langage utilisé est plus fort que la réalité. Le fait que l’accord complet soit largement confidentiel permet de le supposer. Dans cette seconde hypothèse, le langage fort serait avant tout destiné à afficher détermination et force à un adversaire éventuel. Dans ce cas, l’accord devrait être surtout destiné à envoyer des messages. A notre sens, on peut parler d’ambiguïté stratégique, une approche particulièrement pertinente pour la dissuasion nucléaire comme on va le voir ci-après.
Le pacte saoudo-pakistanais a soulevé d’amples interrogations pour déterminer s’il offre une garantie (un ‘parapluie’) nucléaire à Riyad. La déclaration conjointe est muette sur ce point : le mot nucléaire en est absent. Ce point est important mais insuffisant pour clore le débat. En revanche, le texte énonce que l’Accord vise à « renforcer la dissuasion commune contre toute agression ». Le mot ‘dissuasion’ a une connotation nucléaire mais il ne suffit pas à l’introduire d’autant qu’en soi une dissuasion peut être conventionnelle. L’exemple de l’effondrement de la dissuasion conventionnelle de l’Iran est parlant. L’ambiguïté a été introduite par des déclarations pakistanaises qui ont été comprises comme étendant au nucléaire cette dissuasion, suivies de propos contradictoires [65] qui sèment une certaine confusion. Le 18 septembre, Khawaja Asif, ministre pakistanais de la Défense, affirme que les moyens nucléaires de son pays pourraient être disponibles pour l’Arabie saoudite : « laissez-moi clarifier un point au sujet de la capacité nucléaire du Pakistan : cette capacité a été constituée il y a longtemps quand nous avons mené des tests. Depuis lors, nous avons des forces entraînées pour la bataille ». Il a ajouté : « ce que nous avons, et les capacités en notre possession, seront rendues disponibles à (l’Arabie saoudite) selon cet accord ». Mais par ailleurs, dans une interview à l’agence Reuters, il a démenti que l’armement nucléaire rentrait dans le champ de l’accord : Il est « hors du radar » [66]. Il a cultivé l’ambiguïté en éludant la question dans une autre interview sur la chaîne Zeteo où on lui demandait si l’Arabie saoudite est protégée par le parapluie nucléaire pakistanais dans l’accord bilatéral : « Je me garderai d’entrer dans les détails, mais c’est un pacte de défense et les pactes de défense ne sont normalement pas discutés en public ». Puis il a répondu qu’il n’a pas l’intention de vendre des armes nucléaires à l’Arabie saoudite : « non. Nous sommes des gens très responsables ».
Les observateurs sont partagés quant à l’existence de ce parapluie nucléaire. Certains considèrent cette hypothèse comme crédible en se référant aux déclarations précitées en ce sens de Khawaja Asif. Ils rapportent [67] dans le même sens les propos de l’analyste saoudien Ali Shihabi le 21 septembre 2025 : il confirme que les armes nucléaires pakistanaises pourraient être utilisées pour défendre l’Arabie saoudite : « oui, c’est le cas ». Il précise : « le nucléaire fait partie intégrante de cet accord, et le Pakistan se souvient que le royaume a largement financé son programme nucléaire et l’a soutenu lorsqu’il était sous sanctions » et ajoute enfin : « l’Inde comprendra les besoins sécuritaires de l’Arabie saoudite. Le royaume entretient d’excellentes relations avec l’Inde » [68]. Cette dernière énonciation est intéressante car elle confirme en effet que Riyad ne cible pas l’Inde dans cet accord (même si le Pakistan y pense) mais affiche la nécessité de se protéger contre ceux qui menacent vraiment le royaume. Par ailleurs, un responsable saoudien (anonyme) interrogé par l’Agence Reuters sur l’inclusion du parapluie nucléaire dans l’accord, a répondu : « c’est un accord global qui inclut tous les moyens militaires » [69]. Ces propos, qui n’engagent pas les autorités du royaume, suffisent-ils à dissiper les doutes ?
Les experts sont nuancés à cet égard. Riyad fait face à deux menaces caractérisées : 1) l’Iran qui pourrait changer de doctrine et se doter d’un arsenal nucléaire (scénario brandi ad nauseam mais dont la crédibilité est médiocre) et 2) Israël (doté d’un arsenal nucléaire clandestin) et qui, plus est, est devenu un important perturbateur régional. Le royaume a affiché sa détermination (avec son allié pakistanais) de renforcer sa dissuasion. Il n’existe pas de réponse à la question de la forme d’une coopération nucléaire. Le Pakistan pourrait-il fournir des bombes atomiques alors que celles-ci, rappelle un expert pakistanais, en petit nombre, ciblent l’Inde [70] ? Et au vu du déclin de la confiance du royaume dans la défense américaine, Hasan Alhasan, expert auprès de l’International Institute for Strategic Studies, conclut sur l’accord : « dans une perspective saoudienne, il est destiné à combler le déficit de dissuasion stratégique et conventionnelle vis-à-vis d’Israël doté de l’arme nucléaire » [71]. Gil Mihaely appelle à de la prudence face aux affirmations de parapluie nucléaire : « rien ne permet d’affirmer qu’il fasse partie de l’accord ». De même il réfute toute similarité avec l’article 5 de l’Alliance Atlantique : « il est très improbable que Riyad envoie ses chasseurs F15 soutenir lslamabad dans un conflit avec l’Inde. De la même manière le Pakistan n’a ni la volonté ni les moyens d’offrir une protection nucléaire à l’Arabie saoudite » [72]. Rabiah Akhtar [73] invite à ‘dépassionner’ le débat. Après avoir rappelé, comme d’autres, que l’accord ne mentionne pas le nucléaire et qu’une savante ambiguïté perce des déclarations, il fait remarquer que « Islamabad serait extrêmement méfiant sur tout engagement qui dilue son contrôle sur son arsenal nucléaire ou l’implique dans des conflits au-delà de sa priorité première ». In fine, il pointe que les accords de défense, « surtout entre partenaires asymétriques, servent souvent à ‘exprimer l’unité et à dissuader des menaces communes’ plutôt que d’engager chaque partie dans une action militaire automatique dans tout scénario ». Le vocabulaire de l’Accord reflète en effet une volonté de dissuasion commune dans la région par un affichage de solidarité. Il observe justement (ce qui nie l’automatisme d’un appui militaire) qu’au nom de son intérêt national, le Pakistan a refusé de participer à l’intervention saoudienne au Yémen en 2015. Même si le contexte a changé depuis les responsables militaires pakistanais resteront prudents.
Pour l’Inde, l’accord entre son voisin et le royaume est un sujet de grande inquiétude et de perplexité. Malgré la tension permanente et les épisodes explosifs entre New Delhi et Islamabad, l’Inde n’a pas précipitamment affiché une posture de défi hostile et se donne le temps d’évaluer la situation de façon réaliste et calculée [74]. Assurément, l’Inde peut être soucieuse d’un pacte de défense mutuelle signé 4 mois après les incidents des 7 et 10 mai 2025. Il ne peut logiquement être dirigé que contre elle. Comment a-t-il pu être signé le jour du 75ème anniversaire de Narenda Modi, Premier ministre indien, alors que l’Inde et l’Arabie saoudite entretiennent d’étroites relations ? Seraient-elles sacrifiées ? Rien n’est moins sûr. L’Inde est le second partenaire commercial du royaume [75], les visites des deux dirigeants attestent leur proximité (le 22 avril 2025 MBS et Modi ont co-présidé à Riyad le second sommet du partenariat stratégique indo-saoudien), le projet de corridor IMEC qui est destiné à relier l’Inde à l’Europe via le royaume (et Israël) est une priorité pour Modi. En clair, les deux pays entretiennent une relation étroite d’importance stratégique avec des enjeux économiques considérables. En réalité plusieurs arguments tendent à minorer l’impact réel de ce choc. L’Arabie saoudite ne va pas mettre en péril son partenariat économique et stratégique avec l’Inde. En second lieu, l’Accord (tel que connu) ne comporte pas de dispositions opérationnelles ciblant spécifiquement l’Inde. Enfin, l’expérience montre que lors des crises indo-pakistanaises, Riyad a opté pour une neutralité pragmatique, évitant de pencher pour un des protagonistes. Si certains commentateurs s’alarment ou s’irritent de ce pacte, surtout en raison d’une éventuelle dimension nucléaire (« Riyad savait que l’Inde considérerait le Pacte saoudo-pakistanais comme une menace directe contre sa sécurité »… « Le pacte est un grave faux-pas qui aura un impact sur la sécurité nationale »), le gouvernement indien se borne à souhaiter que le partenariat stratégique entre l’Inde et le royaume permettra de « conserver à l’esprit les intérêts et sensibilités réciproques ». Traduction : n’oubliez pas l’essentiel !
D’autres analystes, beaucoup moins alarmistes, estiment que le défi ne se pose pas vraiment pour la défense indienne mais réside plutôt dans le risque d’une future alliance « OTAN islamique » [76] qui perturbera la stratégie indienne qui se trouverait face à une coalition d’Etats islamiques. En plus, le renforcement de la posture pakistanaise est un challenge pour l’Inde qui s’est employée à renforcer ses liens avec les pays du Golfe et des Occidentaux comme la France [77]. Cela étant, cet épisode non seulement contraint l’Inde à réévaluer sa posture stratégique dans la région (même si ceci ne conduira pas à une altération sérieuse de ses relations avec Riyad en dépit d’interrogations sur la confiance politique réciproque) et l’encouragera à renforcer sa coopération en matière de défense (déjà solide) avec Israël. Dans le contexte actuel israélo-saoudien compliqué, les deux acteurs pourraient accélérer un partenariat stratégique entre eux [78]. L’Inde a moins à craindre une implication militaire directe du royaume dans le conflit indo-pakistanais qu’un soutien politique de Riyad à Islamabad, un appui à valeur symbolique dans la crise du Cachemire. Plus gênant serait un important financement saoudien pour la modernisation de l’armement pakistanais.
Scruter les réactions régionales à l’accord saoudo pakistanais est instructif. L’Egypte en a félicité les deux signataires et l’a qualifié de « jalon important » et les ministres des Affaires étrangères égyptiens et pakistanais ont réaffirmé leur volonté de développer leur coopération [79]. Mais la conclusion du pacte contrarie une des ambitions égyptiennes : la formation d’une force du genre OTAN pour défendre les pays arabes contre les menaces qui pèsent sur eux. L’Egypte est contrariée du fait que Riyad a choisi Islamabad plutôt que Le Caire. Au sommet de Doha, le 16 septembre, le président Abdel Fattah Al Sissi avait plaidé pour un mécanisme de ce type, une revendication formulée depuis 2015, qui devait « s’appuyer sur le Traité de Défense et de Coopération économique de 1950 en vue de créer une alliance de réaction rapide pour protéger les états membres de menaces extérieures, en particulier Israël » [80]. En fait, selon les mêmes sources, l’opposition est venue surtout du Qatar et les Emirats, le désaccord provenant du fait que « l’Arabie saoudite voulait en exercer le commandement alors l’Egypte prétendait être la mieux placée étant donné sa longue expérience militaire ». Le mécontentement est grand en Egypte. Sur le plan militaire, d’aucuns remarquent que pour Riyad, un partenariat avec l’Egypte est moins avantageux en dépit de la taille des forces conventionnelles égyptiennes équipées de matériel américain, car celle-ci est dépourvue d’un arsenal nucléaire ; en plus, cette dernière est bien engagée dans des collaborations multilatérales, ce qui réduit pour MBS l’intérêt d’un partenariat bilatéral [81].
Israël étant au cœur de toutes les attentions, et bien que les protagonistes du Pacte de défense affirment qu’il n’est pas dirigé contre un état-tiers [82] (Israël compris ?), il convient de guetter les réactions de l’Etat hébreu. Assurément, ce ne sont pas les frappes sur les responsables du Hamas à Doha [83] qui ont provoqué sa signature. Mais il est clair que la succession de chocs déstabilisateurs infligés par Israël fait partie des facteurs qui l’ont encouragée, comme nous l’avons expliqué plus haut. Les commentaires des experts israéliens sont rares et prudents. Visiblement ces derniers évitent de se prononcer hâtivement afin de procéder à une évaluation sérieuse de la nouvelle situation. Le chercheur Yoel Guzansky, dans un commentaire du Jerusalem Post, se veut rassurant et considère que cette ‘alliance’ n’est pas « un pacte hostile contre Israël » [84]. Il la place comme un élément de continuité dans la relation entre les deux pays. Quant à la dimension nucléaire de l’accord, sujet le plus sensible pour Israël, il insiste sur l’ambiguïté volontaire du texte, l’absence de référence à un quelconque armement nucléaire, et le fait que l’arsenal nucléaire pakistanais est uniquement destiné à dissuader l’Inde. Il concède que le contexte régional volatil (risque d’affrontements entre l’Iran et Israël, attaques des Houthis) pèse sur le paysage stratégique. Selon lui, au total, cet accord de défense est avant tout « une déclaration politique : un signal aux adversaires, une réassurance pour les auditoires internes et un rappel à Washington que le Golfe est en train d’explorer des options de sécurité alternative ». Pour notre part, ce dernier élément nous semble le plus évident des objectifs. Dans un autre commentaire Guzansky souligne que la révélation succincte de l’accord apporte une novation stratégique : une levée partielle d’ambiguïté [85] : l’engagement bilatéral affirme une volonté forte de peser dans la défense commune aux deux partenaires mais en laissant cachée une part substantielle du contenu de l’engagement, il maintient une forte dose d’ambiguïté. Selon l’auteur, c’est une nouvelle réalité à prendre en compte. Cette réaction s’explique du fait qu’Israël ne reconnaît pas officiellement son propre arsenal nucléaire dont l’existence ne fait guère de doute.
L’annonce de l’accord a infléchi la perception israélienne des rapports de force. Selon Ahmed El Gendy qui a observé les réactions qui ont suivi, ce sont les déclarations pakistanaises laissant entendre ou affirmant que les ‘capacités’ du programme nucléaire pourraient rentrer dans le cadre de la protection de l’Arabie saoudite en cas de nécessité, qui ont surtout retenu l’attention [86]. Selon ce commentateur, les analystes israéliens voient dans l’accord une étape nouvelle dans les relations sécuritaires qui existent depuis longtemps. Si des précédents existent, la novation réside dans le fait que l’Arabie saoudite est (au moins symboliquement) également obligée de défendre le Pakistan. Or, (toujours selon la même source), lors des précédents affrontements entre l’Inde et le Pakistan, l’Arabie saoudite a accru son aide financière et son soutien diplomatique à ce dernier mais ne s’est pas associée à ses opérations militaires. El Gendry souligne le fait que le pacte « soit intervenu moins de deux semaines après les frappes israéliennes sur Doha, que Washington a préalablement approuvée » et que « ceci a suscité des doutes sur la fiabilité des garanties de sécurité américaine ». El Gendy relève que « pour Israël, l’alliance soulève des risques et des paradoxes ». Le Pakistan « qui a déclaré son hostilité à Israël, se décrit comme un bouclier nucléaire pour les pays arabes. En même temps, l’Arabie saoudite continue d’explorer des canaux secrets avec Israël et lie la normalisation à des progrès sur le problème palestinien ». Selon notre auteur, ceci correspond à délicat jeu d’équilibre du royaume.
Cet analyste constate qu’Israël a considéré cet épisode sous deux angles connexes : l’un est « pratico-technique », l’autre est « symbolique/stratégique ». D’un point de vue technique, les responsables israéliens de la défense et de la sécurité, comme d’autres, doutent de la capacité du Pakistan de s’engager dans des actions militaires aux côtés de Riyad, en raison des problèmes logistiques et politiques que ceci pose. En revanche, le discours symbolique est un vrai sujet d’inquiétude. Selon lui, ils y voient un signal de Riyad qui chercherait des alternatives à la protection américaine et ce signal s’adresserait aussi bien à Washington qu’à Israël pour qui les bases de la dissuasion unilatérale dans la région sont reconfigurées. Ceci a aussi un impact sur Israël « qui s’est stratégiquement appuyé sur son rapprochement avec les pays du Golfe comme une valeur ajoutée pour isoler l’Iran ». La nouvelle alliance, de surcroît, « pourrait diminuer l’envie de l’Arabie saoudite de normaliser si Riyad croit pouvoir se sécuriser via des alliances alternatives, ou au moins, diminuer la nécessité d’engagement critique avec Tel-Aviv et moins dépendant (d’Israël) comme partenaire de sécurité ». Pour l’heure El Gendy observe que l’Etat hébreu affiche un calme prudent et se garde de commenter ces péripéties, pendant que les services de renseignements surveillent de près la concrétisation de la coopération militaire entre Karachi et Riyad alors que les dirigeants israéliens s’emploient à la poursuite de la coopération et de la coordination politique avec Washington. Ils veulent éviter tout écart dans les garanties américaines de sécurité au moment où l’Amérique affiche sa satisfaction quant au nouvel accord [87].
La réaction de l’Iran était attendue. Une certaine logique aurait conduit à ce que la République islamique s’insurge contre un accord qui est au moins en partie guidé par la crainte qu’elle inspire, comme nous l’avons expliqué plus haut. La menace d’un Iran qui se doterait de la bombe atomique, les actions armées de l’Iran (et celles de ses alliés houthis et irakiens, sans parler du Hezbollah affaibli), les risques d’affrontements avec Israël, voire une crise régionale justifient pour une Arabie saoudite inquiète la diversification de ses appuis. Téhéran a donc quelques raisons de se sentir visé par ce dispositif. Or, lors de l’Assemblée Générale des Nations unies, le président iranien s’est au contraire félicité de la conclusion de cet accord : « l’Iran salue le pacte défensif entre les deux pays musulmans frères, le Royaume d’Arabie saoudite, et la République islamique du Pakistan, comme le début d’un système régional de sécurité avec la coopération de pays musulmans d’Asie de l’Ouest dans les domaines de la sécurité politique et de la défense » [88]. Bien plus, le général Yahya Safavi, un des conseillers du Guide, a déclaré à la télévision iranienne que le pacte saoudo-pakistanais était positif et a suggéré que l’Iran se joigne à lui : « l’Iran, l’Arabie saoudite, le Pakistan et l’Irak peuvent se joindre à un pacte de défense collective » [89].
On notera que l’Iran multilatéralise le dossier, évitant de souligner des problèmes bilatéraux. Assurément un message clair même si l’accueil de l’Iran dans un tel dispositif n’est pas envisageable à horizon visible, beaucoup de mesures de confiance étant encore nécessaires pour rassurer ses voisins. Notamment sur le vieux différend [90] qui oppose Téhéran et les Emirats arabes unis sur les îlots d’Abou Moussa, de la Petite et de la Grande Tunb que l’Iran refuse obstinément contre toute logique de soumettre à la Cour Internationale de Justice ou à arbitrage. L’approbation iranienne s’explique facilement. A l’égard de l’Arabie saoudite, il s’agit de dissiper la méfiance et de rassurer Riyad sur la volonté de poursuivre la politique de détente (et éventuellement de coopération) engagée depuis le 10 mars 2023. Téhéran veut aussi en profiter pour encourager une prise de distance entre le royaume et Israël (les perturbateurs dangereux ne sont pas ceux que l’on pense), accentuer le doute sur la fiabilité de la protection américaine, et se repositionner comme acteur régional ‘responsable’. Sur ce dernier point, l’Iran a encore un sérieux handicap à combler. Mais c’est sur le terrain de la détente avec le Pakistan que Téhéran entend progresser. En positivant sur l’accord Riyad-Islamabad, l’Iran accélère le délicat processus de détente engagé avec son voisin nucléaire. Un stock de tensions pèse sur les relations des deux pays. Visiblement, ils veulent tourner progressivement cette page. Le 15 septembre 2025, la commission économique mixte réunie à Téhéran après 3 ans d’interruption, a décidé de lancer un programme pour dynamiser les échanges bilatéraux [91]. Le 17 septembre, Muhammad Reza Hayat Harraj, ministre fédéral pakistanais pour la production (dans le secteur) de la défense [92], a confirmé que son pays entend développer et étendre la coopération de défense avec l’Iran. Il a relevé que l’ambassadeur iranien à Islamabad a insisté sur la volonté de Téhéran de « renforcer la coopération économique et régionale avec Islamabad ». De son côté, Khawaja Muhammad Asif, ministre pakistanais de la Défense, qualifiant les relations entre le Pakistan d’« étroites et fraternelles », a indiqué que son pays est disposé à atténuer les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis [93], alors que le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a rencontré Donald Trump à la Maison-Blanche et qu’Islamabad poursuit « ses efforts pour promouvoir la paix régionale ». L’ancien ministre pakistanais de la Défense, le général Khalid Naeel Lodhi, a par ailleurs vivement dénoncé l’attitude du trio européen EU3 qualifié de complice des Américains pour avoir lancé la procédure de snapback pour rétablir les sanctions de l’Onu contre l’Iran [94].
Elargissant le spectre de l’évaluation, l’éditorialiste du media réformateur Etemad Ali Ahangar [95] souligne que d’une certaine façon, ce pacte renforce la posture chinoise. Il rappelle qu’une part significative de l’armement indien est d’origine chinoise, alors que l’Arabie saoudite a également une coopération avec la Chine en matière d’armement. A Pékin où cet accord est scruté attentivement, l’impression est qu’il ouvre des perspectives favorables pour la Chine qui y voit l’affaiblissement de l’influence américaine [96]. En raison des liens forts entre Islamabad et Pékin et le renforcement constant de la coopération et des investissements saoudo-chinois [97], d’aucuns estiment que Pékin pourrait tirer profit de l’accord pour proposer des réacteurs nucléaires à l’Arabie saoudite [98]. Ceci reste à démontrer quand on connaît l’opposition radicale de Washington à une telle fourniture.
Les présentes réflexions attestent sans nul doute que nous assistons à un changement important du paysage stratégique né au Moyen-Orient, comme les chocs que nous avons évoqués l’attestent. Ce n’est pas un scoop ! Point n’est besoin de longues considérations à l’image des lignes qui précèdent pour s’en convaincre. La difficulté provient de deux défis : identifier la nature véritable de ces changements et tenter d’en imaginer le développement. Nous avons essayé de cerner quelques facteurs qui ont contribué à la nécessité pour le Pakistan (qui n’est pas partie du Moyen-Orient) et l’Arabie saoudite, de conclure un accord. Au terme - provisoire - de cet examen, nous esquisserons un diagnostic sur ce qui a été perçu comme un véritable séisme par certains analystes. A l’instar des tsunamis, nous voyons que les effets d’une secousse sismique dépassent de loin la zone où elle est née. Et de même nous pouvons penser que des répliques (à l’heure actuelle imprévisibles) succéderont. Il nous faut à présent non pas conclure mais poser quelques repères utiles.
Pour cela il faut prendre garde aux titres accrocheurs des analyses (d’inégale qualité) qui ont fleuri dans divers supports : « Le pacte de défense saoudo-pakistanais reconfigure la géopolitique régionale ». Au-delà des mots forts, un premier constat s’impose : Asfandyar Mir, chercheur au Stimson Center, qualifie l’accord de moment critique pour les deux partenaires. En effet, selon lui jusqu’ici « le Pakistan n’avait pas de pacte formel de défense réciproque » [99]. En second lieu, Muhammad Faisal, chercheur à l’université technologique de Sydney, envisage « que ce deal serve de modèle pour le Pakistan pour s’engager dans de la coopération bilatérale similaire avec les Emirats et le Qatar, deux partenaires-clés du Golfe » [100]. M. Faisal croit que dans un premier temps le pacte consolidera la coopération existante et que de nouvelles perspectives pourraient s’ouvrir, via des entraînements communs, les productions militaires, et il n’exclut pas que soit examinée l’expansion de la présence de contingents pakistanais en Arabie saoudite. Un autre analyste, Sahar Khan, pointe qu’Islamabad devra clarifier vis-à-vis de Washington que son programme nucléaire et de missiles reste concentré vers l’Inde et que malgré les relations fortes avec Riyad « il ne se battra pas dans les guerres saoudiennes mais, au lieu de cela, fournira seulement un appui » [101].
Si l’accord bilatéral change quelque chose dans le paysage, c’est la nature de la relation entre ces deux partenaires ; elle se place, comme déjà dit, dans un continuum de collaboration, mais via la qualité de leur engagement elle le hausse à un niveau d’alliance stratégique. Comme le relève un ancien ambassadeur saoudien auprès d’Islamabad, le pacte insiste sur « l’intérêt stratégique partagé ». Il élève la relation au niveau d’une ‘alliance stratégique’. S’il fallait chercher une véritable novation à cet épisode, c’est là où elle se situe [102]. Comme le note Joshua White, les responsables militaires pakistanais ont un besoin crucial de diversifier leurs appuis et veulent éviter de devenir trop dépendants de la Chine, un des grands partenaires du Pakistan. « La réduction de l’aide américaine, et les efforts de l’Inde pour développer - avec succès - ses relations avec le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), ont laissé Islamabad isolé » [103]. J. White nous invite malgré tout à la prudence. Pour lui, il faut se demander ce que ceci va réellement signifier pour les deux partenaires in concreto. Il avoue : « la réalité est que nous n’en savons rien pour l’instant. Mais une part de la signification d’un pacte de ce genre est qu’il crée une structure et une logique publique intelligible qui peut être étendue et systématisée par les deux parties sur la durée ». Ce cadre est aussi une incitation à coopérer davantage en maints domaines. Comme le rappelle notre auteur, il y a un ample espace pour la coopération dans la défense conventionnelle. Pour lui, le poids du secteur militaire au Pakistan, doté d’une armée très professionnelle qui contrôle son budget, la véritable institution puissante du pays, est un facteur éminemment favorable pour ce faire. En face Riyad aimerait dépasser son statut actuel de simple acheteur de matériel étranger très couteux et investir dans le capital humain. Trop d’armement chinois finit par poser problème. Pour ce qui est d’une solidarité nucléaire, en dépit de certains discours emphatiques pakistanais, la prudence s’impose. White estime que « l’ambiguïté sur la dimension nucléaire de l’arrangement sécuritaire génère sa propre espèce de dissuasion qui peut être utile aux deux parties » et laisse davantage ouverte la porte à une coopération en la matière. Bien entendu, l’émergence de ce qui apparaît comme un nouveau pôle n’est pas à l’abri de maints aléas : il est exposé à ne pas prendre autant de substance qu’escompté ou être remis en question tant par des facteurs internes aux deux parties qu’à des aléas extérieurs.
Question centrale des présentes réflexions, il est temps d’esquisser des pistes de réponse. Curieusement, c’est Mohammed H. Al-Qahtani, le dirigeant d’un important groupe d’investissements saoudien (et non pas un officiel ou un expert d’un think tank ou un universitaire), qui offre une réponse à une des facettes de cette interrogation [104]. Après avoir rappelé les origines de l’accord et son historique, il invite à scruter ce que ce dernier révèle de la nouvelle posture saoudienne. Pour lui, le royaume s’est décidé à agir seul pour plusieurs raisons : 1) les décisions du Conseil de Coopération du Golfe sont lentes et exigent un consensus, qui n’est pas nécessaire pour des accords avec des tiers ; 2) plusieurs pays du CCG abritent des bases américaines, ce qui limite leur liberté d’action, au contraire du royaume ; 3) l’Arabie saoudite a été le pays du Golfe qui a subi le plus de bombardements de drones et missiles depuis 10 ans, donc a besoin de renforcer sa sécurité (il considère que l’Iran - avant Israël - demeure sa principale menace stratégique) ; 4) Riyad dispose du poids politique et économique pour absorber les coûts d’une telle décision. Cet homme d’affaires ajoute quelques traits significatifs de la posture du royaume : il vante sa capacité d’agir vite quand les garanties attendues d’autrui tardent ; il cite la signature d’un partenariat stratégique avec le président Xi JinPing quand les relations avec Biden se sont dégradées. Il identifie une évolution de l’attitude des dirigeants du royaume : celui-ci serait passé du ‘silence stratégique’ du roi Abdulaziz (qui refusait les alliances majeures jusqu’à ce que le contexte international murisse) à une ‘patience stratégique’ consistant à attendre le stade où coûts et bénéfices s’équilibrent pour contracter un accord. En ce sens, le pacte saoudo pakistanais est le fruit d’une approche de long terme sans bruit ni impulsivité se traduisant par une action calculée au bon moment. Pour notre part, nous dirions plutôt que ceci reflète le tournant stratégique majeur du royaume qui, après les bombardements iraniens de septembre 2019 suivis d’une absence de soutien immédiat de Washington, a compris sa vulnérabilité et en a tiré toutes les conséquences (diversification de ses partenariats, signature de l’important accord saoudo iranien du 10 mars 2023). Au bout du compte, cet observateur conclut pertinemment : « l’accord n’annule pas le partenariat avec Washington mais en est complémentaire, il ne fragmente pas l’unité du Golfe mais y ajoute de l’équilibre ; il ne fait pas du Pakistan un pivot mais un partenaire dans une équation plus large ». Nous comprenons donc que l’accord consacre et accentue une évolution de ses deux signataires mais per se ne change pas fondamentalement le paysage stratégique régional lui-même en évolution.
Pourtant, d’autres analystes n’hésitent pas à le décrire comme « une nouvelle architecture régionale », allant jusqu’à clamer : « l’Arabie saoudite et le Pakistan [105] signent un pacte stratégique de défense mutuelle qui pourrait redessiner la carte de la sécurité régionale » [106]. Cet observateur, Amir Husain, entrepreneur américain d’origine pakistanaise du secteur de la technologie, poursuit « il n’est pas simplement symbolique, mais un changement stratégique dans les dynamiques de sécurité régionale avec des conséquences à long terme pour la dissuasion, les politiques d’alliance, et l’intégration économique ». S’agissant de la dissuasion, ce commentateur énonce que le Pakistan (nucléaire) garantit à présent formellement la sécurité saoudienne (« pour la première fois, l’Arabie saoudite bénéficie d’un parapluie nucléaire »), ce qui change les calculs israéliens. Ceci nous semble très exagérément affirmatif en l’absence d’engagement officiel : nous avons vu plus haut les limites possibles de cette garantie et la prudence israélienne. L’auteur estime que l’accord entre Riyad et Islamabad, en constituant un pôle d’unité, gêne Israël qui mise sur la fragmentation régionale. L’Etat hébreu serait entravé dans ses actions unilatérales. On voit mal comment cet accord empêcherait Israël de frapper par exemple la Syrie, le Liban, l’Irak, voire l’Iran. Amir Husain croit que du fait que le Pakistan assume un rôle de garantie, ceci contribuerait à diminuer le poids et la charge de la responsabilité américaine en la matière. L’executive order signé par Trump le 29 septembre (donc après la conclusion de l’accord Karachi-Riyad) garantissant la sécurité du Qatar, dément cette vision. En revanche, quand l’auteur avance que le pacte précité pourrait être la première étape d’un Otan régional, la suggestion est séduisante mais suscite deux objections : la promotion d’un Otan régional a connu une accélération lors du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique à Doha et il y a un désaccord entre les participants quant au commandement militaire de ce futur outil. Il y a surtout une différence de nature entre le caractère bilatéral des accords Islamabad-Riyad et le caractère multilatéral et surtout intégré d’un quelconque Otan islamique. Enfin, Amir Husain croit que l’accord favorisera le rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Nous dirions plutôt qu’il ne contrariera pas ce rapprochement déjà largement engagé et qui cherche à se conforter. Les appréciations que nous rapportons ci-dessus montrent à notre avis qu’il y a un risque de confusion par effet d’optique. Oui, des bouleversements profonds sont en cours sur la scène moyen-orientale, l’accord saoudo pakistanais en est en réalité que le reflet, pas le déclencheur.
Fondamentalement cet accord est le révélateur d’une mutation de l’architecture de sécurité régionale, dont les principaux éléments sont : l’érosion spectaculaire de la crédibilité de la protection américaine sur les pays du Golfe, l’évolution de la menace iranienne, et la posture d’Israël comme fauteur de troubles, sans oublier le facteur majeur de la crise palestinienne explosive et déstabilisatrice pour tout le Moyen-Orient encombré par d’autres tensions (Yémen, Irak, Syrie…) qui se répercutent sur des pays fragiles comme la Jordanie et l’Egypte. Comme le note un expert avisé dans Foreign Affairs (cité par Al Jazeera), « les Etats du Golfe se protègent. Un pacte de défense mutuelle avec un partenaire comme le Pakistan n’est pas seulement que de la dissuasion ; c’est une déclaration d’indépendance par rapport à un ordre de sécurité que beaucoup à présent voient brisé. Washington est maintenant confronté à une tâche peu enviable de traiter ensemble les relations avec Israël, l’Arabie saoudite, l’Inde et le Pakistan, chacun d’eux voit les autres avec une suspicion croissante… La Chine pourrait être le plus silencieux mais le plus gros gagnant stratégique ici » [107]. Cette érosion a largement préexisté à ce nouveau paysage. Le nouveau partenariat n’a pas créé ce dernier, il en est l’illustration. Il est très prématuré de dire qu’il contribuera significativement à une nouvelle architecture de sécurité régionale. Il faudra d’abord en surveiller l’application concrète. Il faudra naturellement suivre de près la concrétisation des orientations des vœux de réorganisation de la protection régionale émis au sommet de l’OCI à Doha, dont l’approche multilatérale est différente des partenariats bilatéraux, comme dit supra. En outre plusieurs facteurs préexistants ne semblent pas entravés ni modifiés par l’accord : l’unilatéralisme israélien, au premier chef.
Si un doute subsistait sur la mutation du paysage stratégique régional avant même l’accord saoudo pakistanais, un épisode hautement significatif vient de nous montrer que non seulement cette décomposition préexistait. L’accord de garantie de sécurité signé le 29 septembre est en soi exceptionnel. Mais il est aussi le cruel révélateur, par la radicalité inédite de l’engagement, de l’érosion de la confiance dans la sécurité américaine. Bien qu’intervenu plusieurs jours après le deal conclu le 17 septembre entre Riyad et Islamabad, il n’est en rien une conséquence de ce dernier ou une réaction pour en contrer les effets. Il nous semble que les véritables réactions du Qatar au bombardement israélien contre le Hamas à Doha le 9 septembre ont été largement sous-estimées. Non seulement le Qatar a exprimé en termes vifs son exaspération devant l’attaque d’Israël, mais a appelé les Etats de la région à réagir également [108]. Mais il est évident que cette exaspération s’adresse également contre Trump qui apparaît comme complice de l’opération [109]. Ce dernier s’est trouvé mis dans l’embarras devant la mobilisation massive qui dépasse les pays du Golfe car le sommet de Doha le 15 septembre a réuni les membres de l’Organisation de la Conférence islamique qui non seulement condamnent Israël mais brandissent la perspective d’un outil de défense collective devant l’absence de protection d’un allié de Washington dont la fiabilité déjà écornée encaisse un choc significatif. En plus, en pleine crise de Gaza, le Qatar menace de suspendre sa médiation. Le Qatar aurait pu se placer dans une posture de rupture avec Washington ; il avait sans doute beaucoup à perdre en ce cas. L’émirat a joué une carte subtile mais efficace. Nous ignorons de quels moyens de pression il a usé pour tirer de Trump des avantages inespérés. A-t-il menacé d’exiger la fermeture d’Al Udeid, la plus importante base américaine de la région, pion essentiel ? Nous l’ignorons. Toujours est-il que le Qatar a extorqué d’abord de Trump qu’il impose à Netanyahu une humiliation publique avec des excuses et la promesse de respecter l’intégrité territoriale (prix à payer pour que le Qatar accepte de reprendre son rôle de médiateur - à la demande expresse des conseillers de Trump), mais aussi un engagement de garantie de sécurité sans précédent dans la région. En soi ce texte est l’aveu de la dégradation de la crédibilité américaine à restaurer de toute urgence. Il stipule : « les Etats-Unis prendront toutes les mesures légales et appropriées - y compris diplomatiques, économiques et, si nécessaire, militaires - pour défendre les intérêts des Etats-Unis et l’Etat du Qatar et de restaurer la paix et la stabilité ». Sachant que les Etats-Unis traiteront « toute attaque armée contre l’émirat comme une menace contre la paix et la sécurité des Etats-Unis ». Le texte a été signé le jour de la visite de Netanyahu à la Maison-Blanche.
Il convient d’évaluer la portée de cet important document. C’est un engagement de sécurité explicite sans précédent parmi les pays arabes [110], note Mona Yacoubian, experte du CSIS, et qui renforce significativement les liens du Qatar avec les Etats-Unis. Ceci présentera des conséquences opérationnelles entre les deux pays. La même analyste signale que cette étape constitue une élévation notable du statut d’Allié Majeur Non Otan du Qatar que lui avait conféré Biden en 2022. De ce fait le Qatar occupe dans le Golfe une position privilégiée car aucun des grands partenaires des Etats-Unis n’a obtenu pareille situation. M. Yacoubian relève en particulier que l’Arabie Saoudite n’est pas parvenue à conclure un accord de défense mutuelle avec l’Amérique dans le cadre des discussions (enlisées) autour de la normalisation avec Israël. Elle ajoute que les autres pays arabes comme l’Egypte, Bahreïn, la Jordanie, ne bénéficient pas de garantie explicite américaine de sécurité. Quand on se souvient de la rivalité (avec des épisodes qui furent violents entre l’Arabie saoudite et le Qatar), on devine que ce dernier savoure une revanche sur un voisin qui a toujours prétendu régenter ses petits partenaires. Les Emirats arabes unis doivent aussi contempler cette nouvelle donne avec envie. Reconnu comme « allié indéfectible » le Qatar voit officiellement ses mérites reconnus comme médiateur et sa mission confirmée. On mesure le chemin parcouru par rapport à une période où (pour plaire à Netanyahu) le Qatar ‘complice du Hamas’ était marginalisé, dénigré, menacé. Cette position avantageuse du Qatar est un sous-produit de la décomposition de l’architecture de la sécurité régionale, mais aussi potentiellement un des éléments de sa recomposition. L’avenir le dira. En tout cas Trump lance un message fort à la région : l’Amérique soutient ses alliés. Certes, mais ceux qui ne bénéficient pas d’un executive order protecteur pourraient en réclamer un. Quelle sera la réaction du locataire de la Maison-Blanche ?
Cela étant, l’executive order qui accorde une garantie militaire au Qatar présente des fragilités. Il aurait dû en vertu du War Project Act faire l’objet d’une consultation du Congrès [111]. Sa légalité [112] pourrait de ce fait être contestée et il pourrait être reconsidéré, ou révisé par un futur président des Etats-Unis ; on ne peut exclure qu’il subisse des critiques de la part des élus Démocrates. Certains soutiens MAGA pourraient également le contester en raison de leur opposition aux engagements extérieurs. D’aucuns pourraient également demander si ce statut privilégié n’est pas en lien avec les intérêts privés de Trump et de son clan.
On ignore quelle suite ce texte connaîtra mais il a clairement a minima valeur de message. Parviendra-t-il à reconstituer de la crédibilité à la protection américaine ? Pour l’heure nous pouvons regarder l’accord saoudo pakistanais comme un message révélateur de la décomposition de l’ordre de sécurité régionale. L’executive order du 29 septembre favorisant le Qatar ne fait que le confirmer. Est-il simultanément l’annonciateur d’une tentative de recomposition de cet ordre ? Ce n’est pas certain car c’est un exemple de relation bilatérale, mode préféré de Trump qui est hostile à tout multilatéralisme.
A l’issue de cette série d’épisodes, une tendance se confirme : l’ambition de l’Arabie saoudite d’être un acteur majeur de l’architecture de la sécurité régionale. Cette ambition s’est vérifiée par le fait que le royaume a pour la première fois abrité du 30 septembre au 2 octobre des délégations de la Conférence de Munich [113]. Les rencontres d’Al Ula ont discuté du Plan de paix Trump pour Gaza et de la sécurité en mer Rouge [114]. C’est un symbole significatif. L’activisme israélien dans la région, mu par l’option de « l’hégémonisme » militaire excluant la recherche de compromis pour imposer une sorte de domination régionale, non seulement perturbe cette zone et même au-delà, mais vient menacer la sécurité du royaume qui est contraint de réévaluer sa posture. C’est ce que démontre Laure Foucher qui met en lumière dans une note solidement étayée [115] que l’Etat hébreu « ne mise plus sur une intégration régionale » et n’hésite pas à contrer les intérêts saoudiens en misant sans doute sur l’appui de Trump. Ce faisant, Netanyahu risque d’encourager Riyad et les autres pays du Golfe non seulement à obtenir comme le Qatar des réassurances du locataire de la Maison-Blanche, mais aussi à mutualiser et diversifier leurs appuis.
Michel Makinsky
Outre une carrière juridique de 30 ans dans l’industrie, Michel Makinsky est chercheur associé à l’Institut de Prospective et de Sécurité en Europe (IPSE), et à l’Institut d’Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA), collaborateur scientifique auprès de l’université de Liège (Belgique) et directeur général de la société AGEROMYS international (société de conseils sur l’Iran et le Moyen-Orient). Il conduit depuis plus de 20 ans des recherches sur l’Iran (politique, économie, stratégie) et sa région, après avoir étudié pendant 10 ans la stratégie soviétique. Il a publié de nombreux articles et études dans des revues françaises et étrangères. Il a dirigé deux ouvrages collectifs : « L’Iran et les Grands Acteurs Régionaux et Globaux », (L’Harmattan, 2012) et « L’Economie réelle de l’Iran » (L’Harmattan, 2014) et a rédigé des chapitres d’ouvrages collectifs sur l’Iran, la rente pétrolière, la politique française à l’égard de l’Iran, les entreprises et les sanctions. Membre du groupe d’experts sur le Moyen-Orient Gulf 2000 (Université de Columbia), il est consulté par les entreprises comme par les administrations françaises sur l’Iran et son environnement régional, les sanctions, les mécanismes d’échanges commerciaux et financiers avec l’Iran et sa région. Il intervient régulièrement dans les media écrits et audio visuels (L’Opinion, Le Figaro, la Tribune, France 24….).
Notes
[1] La version pakistanaise débute par un flot d’amabilités adressées à MBS : https://mofa.gov.pk/press-releases/joint-statement-on-the-state-visit-of-prime-minister-of-the-islamic-republic-of-pakistan-muhammad-shehbaz-sharif-to-the-kingdom-of-saudi-arabia ; la version saoudienne est plus sobre : https://www. spa.gov. sa/ en/w2399706
[2] Il n’existait pas de véritable Partenariat Stratégique entre les deux pays mais un entrelacs d’accords et une coopération militaire et économique très substantielle. Pour une synthèse, voir : https://en.wikipedia.org/wiki/ Pakistan%E2%80% 93Saudi_ Arabia_relations Voir aussi https://www.ft.com/content/a7f317cd-acb6-453b-bc1b-402c59343e1d. Et : https://www.arabnews.com/node/2617014
[3] Texte : https://www.whitehouse.gov/presidential-actions/2025/09/assuring-the-security-of-the-state-of-qatar/
[4] Voir notre analyse : La crise de Gaza au-delà des objectifs militaires, Les Clés du Moyen-Orient, 15 décembre 2023 ; https://www.lesclesdumoyenorient.com/La-crise-de-Gaza-au-dela-des-objectifs-militaires.html
[5] Plan révélé (et publié) par le Washington Post, confirmant ainsi de précédents échos : Gaza plan envisions ‘voluntary’ relocation of entire population, The Washington Post, 2 septembre 2025 ; https://www. Washingtonpost.com/national-security/2025/08/31/ trump-gaza-plan-riviera-relocation/. Pour mémoire, un plan de même nature avait déjà été élaboré par le Ministère israélien des renseignements : https://www.972mag.com/ intelligence-ministry-gaza-population-transfer/
[6] Clairement décrite par l’excellent expert Pierre Razoux : Opération terrestre à Gaza : « Israël ne veut plus contrôler la ville mais la rendre invivable », Le Figaro, 22 septembre 2025.
[8] https://www.politico.com/news/2025/09/24/trump-west-bank-annex-00578051 ; https://fr.timesofisrael.com/rencontrant-des-leaders-musulmans-trump-presente-un-plan-pour-mettre-fin-a-la-guerre-a-gaza/ Selon Axios, les participants ont approuvé ce plan qu’ils ont assorti de conditions. Ce plan comporte certains éléments qui avaient été travaillés avec Tony Blair. https://www.axios.com/2025/09/24/trump-israel-gaza-peace-plan-un ; dont voici les grandes lignes https://www.timesofisrael.com/ revealed-tony-blairs-us-backed-proposal-for-ending-the-gaza-war-and-replacing-hamas/ Netanyahu ne participait pas à cette réunion et ce projet est un redoutable défi pour lui.
[9] Texte : https://www.aljazeera.com/news/2025/9/29/heres-the-full-text-of-trumps-20-point-plan-to-end-israels-war-on-gaza Avec des commentaires ‘paraphrasés’ israéliens : https://www.timesofisrael.com/revealed-us-21-point-plan-for-ending-gaza-war-creating-pathway-to-palestinian-state/ Contexte : https://en.wikipedia.org/wiki/ Donald_ Trump%27s_ September_2025_Gaza_ Strip_proposal Conférence de presse commune Trump/Netanyahu https://rollcall.com/factbase/trump/transcript/donald-trump-press-conference-joint-benjamin-netanyahu-israel-september-29-2025/ Analyse préliminaire : https://theconversation.com/trumps-gaza-peace-plan-a-bit-of-the-old-a-bit-of-the-new-and-the-same-stumbling-blocks-266341 ; et : https:// theconversation.com/ the-5-big-problems-with-trumps-gaza-peace-plan-266355. https://www.axios.com/ 2025/09/30/trump-gaza-peace-plan-israel-changes-hamas-response . Une analyse détaillée : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/10/01/que-cache-le-plan-de-tony-blair-pour-gaza-texte-integral/ Le plan Trump/Blair franchit plusieurs lignes rouges inacceptables pour le Hamas à qui Trump a donné 3 ou 4 jours pour l’approuver sous peine de réactions sévères : https://amwaj.media/en/article/inside-story-hesitant-palestinian-no-to-trump-s-gaza-plan-raises-diplomatic-stake Netanyahu a fait sa propre ‘relecture’ du plan en hébreu dans une vidéo, pour une audience israélienne, une interprétation pas vraiment fidèle au plan… https://www. instagram. com/reel/ DPNfOtljESy/ Dans une déclaration officielle, l’Etat de Palestine a affirmé sa volonté de collaborer avec Washington en vue de parvenir à une solution durable (une lecture sans doute différente de celle de Netanyahu) https://french.wafa.ps/Pages/Details/236185 Plusieurs pays arabes se sont félicités de cet accord : https://www.mofa.gov.ae/en/MediaHub/News/2025/9/30/30-9-2025-uae-qatar
De façon inattendue, l’Iran a approuvé (prudemment) le plan de Trump pour éviter de paraître isolé. Ce dernier a vite réagi : « Nous avons même eu un signal, comme vous le savez, un signal très fort d’Iran. Ils aimeraient que ceci soit fait ».
https://amwaj.media/en/media-monitor/iranian-media-decry-trump-s-gaza-plan-as-
officials-stays-silent
[10] Smotrich parle d’échec diplomatique : https://www.ft.com/content/3e753192-12f3-4552-b606-96ea723fa17c
[11] L’élimination du Guide a fait partie des objectifs étudiés pour provoquer la chute du régime, aux côtés de destructions d’infrastructures civiles ; https://www.timesofisrael. com/a-historic-moment-leaked-transcripts-reveal-secret-deliberations-at-start-of-iran-war/
[13] https://www.turkiyetoday.com/region/irans-revolutionary-guard-takes-the-helm-what-khameneis-power-transfer-signals-for-th-3203141. L’ancien Général Mohsen Rezaei a tenu à affirmer que le Guide n’avait pas perdu le contrôle des décisions pendant la « guerre des 12 jours » : https://iranwire.com/en/news/145047-former-irgc-commander-claims-khamenei-actively-led-during-war-with-israel/
[14] Très importante et significative nomination. Voir : Raz Zimmt, Changes in Iran’s Supreme National Security Council : System Overhaul or Cosmetic Adjustment ? INSS INSIGHT n°2026, août 2025. https://www.inss.org.il/publication/snsc-changes/
[15] https://www.timesofisrael.com/trumps-iran-strikes-only-set-back-fordo-but-us-israel-mulling-resuming-job-report/ . https://thehill.com/homenews/5406516-trump-administration-rebukes-intelligence-assessment/ . https://www.middleeasteye.net/ news/us-strikes-only-destroyed-one-nuclear-site-two-others-could-restart-months-says-report
[16] https://www.bbc.com/news/articles/cdjxdgjpd48o ; https://www.businessinsider.com/ satellite-images-show-damage-us-base-iran-attacked-with-missiles-2025-7 ; https://www.axios.com/2025/06/23/iran-retaliation-trump-israel-war
[18] https://www.arabnews.com/node/2583175/saudi-arabia. https://www.aljazeera.com/ news/2024/12/9/qatar-saudi-arabia-iraq-condemn-israels-dangerous-land-grab-in-syria Et : Saudi Arabia denounces Israeli incursions into Syria, affirming support for Damascus ; https://www.middleeastmonitor.com/20250826-saudi-arabia-denounces-israeli-incursions-into-syria-affirming-support-for-damascus/
[19] https://www.mei.edu/publications/gulf-arabs-fear-israel-becoming-goliath. https://www.972mag.com/saudi-israeli-normalization-gaza-crisis/ . https://www.dohainstitute.org/en/PoliticalStudies/Pages/saudi-arabias-response-to-israels-new-security-doctrine-in-the-levant.aspx
[20] Interview CBS News, 15 mars 2018 ; https://www.cbsnews.com/news/saudi-crown-prince-mohammed-bin-salman-iran-nuclear-bomb-saudi-arabia/
[21] https://www.theguardian.com/world/2023/sep/21/crown-prince-confirms-saudi-arabia-seek-nuclear-arsenal-iran-develops-one
[22] Par exemple, les judicieuses remarques de Kelsey Davenport, spécialiste de l’Arms Control Association : https://www.armscontrol.org/act/2023-11/news/saudi-push-enrichment-raises-concerns
[24] Nour Eid, Saudi Arabia’s Nuclear Temptations, Lessons Learned from Regional Instability, IFRI MEMOS, 11 septembre 2025 ; file :///D :/T%C3%A9l%C3%A9chargements/ ifri_eid_saudi_ arabia_nuclear_ temptations_2025_0.pdf
[25] Notamment : https://www.bbc.com/news/world-middle-east-24823846 Ces échos sont repris dans une bonne synthèse : https://www.armscontrol.org/ act/2023-11/news/saudi-push-enrichment-raises-concerns Même si ces échos ne constituent pas des preuves absolues, des indices les confortent. Par exemple, le royaume a officiellement appuyé (y compris financièrement) le Pakistan quand celui-ci a testé une bombe atomique : https://www.arabnews.com/node/1453801/saudi-arabia
[27] https://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files/iran/news/article/joint-statement-by-the-foreign-ministers-of-france-germany-and-the-united-285302
[28] https://www.skadden.com/insights/publications/2025/09/un-iran-sanctions-at-risk-of-snapping-back
[29] François Diaz-Maurin, Iran signs a new agreement the IAEA. Then tries to sell it at home. Bulletin of the Atomic Scientists, 16 septembre 2025.
[30] Voir : Iran hardliners reject IAEA deal, but IRGC outlet voices support, Iran International, 16 septembre 2025.
[31] Communiqué officiel : https://www.mizanonline.ir/en/amp/news/2438
[32] https://press.un.org/fr/2025/cs16181.doc.htm Dans la foulée, Washington en a profité pour émettre des sanctions supplémentaires : https://www.state.gov/ releases/office-of-the-spokesperson/2025/10/supporting-snapback-of-un-sanctions-on-iran-with-additional-sanctions-2
[33] Certains durs promeuvent le retrait du TNP tout en affirmant que ceci ne signifie pas pour autant que l’Iran se dotera de bombes atomiques https://www.euronews. com/2025/09/28/iran-may-withdraw-from-nuclear-treaty-following-reimposition-of-un-sanctions-lawmaker-says
[34] Le 29 septembre l’Union européenne rétablit les sanctions qui avaient été suspendues du fait du JCPOA ; https://truthout.org/articles/trump-signs-executive-order-promising-response-to-attacks-on-qatar/
[35] https://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files/iran/news/article/activation-of-the-snapback-joint-statement-by-the-foreign-ministers-of-france
[36] https://en.yenisafak.com/news/saudi-arabia-welcomes-iran-iaea-deal-on-resuming-nuclear-inspections-3707731
[37] Saudi FM Urges Diplomatic Track for Iran Nuclear Program, Iranpress.com, 28 septembre 2025. Il a rappelé le droit de tout pays d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, une façon de répondre à l’exigence américaine de supprimer tout enrichissement.
[40] https://www.bakerinstitute.org/research/us-response-attacks-persian-gulf-oil-infrastructure ; https://www.dohainstitute.org/en/PoliticalStudies/Pages/Iran-Saudi-Crisis-Aramco-Attacks-and-Potential-Escalation.aspx
[41] Andreas Krieg, How Israeli Strikes are compelling shift in Gulf security thinking, Amwaj.media, 11 septembre 2025. https://amwaj.media/en/article/israeli-strikes-are-compelling-shift-in-gulf-security-environment ; vu la place centrale du Qatar dans le dispositif régional américain Washington aurait dû bloquer cette opération : Hussein Ibish, What is the US’s Role in the Middle East given the Qatar Strike ? The National, 10 septembre 2025.
[43] https://www.aljazeera.com/news/2025/9/9/white-house-says-trump-notified-qatar-ahead-of-israeli-strike-on-hamas
[44] Amir Daftari, Iran Calls for Islamic Nato, Newsweek, 15 septembre 2025.
[45] Doha summit : Pakistan seeks Arab-Islamic task force, suspension of Israel’s UN membership, Arab News, 15 septembre 2025.
[46] https://www.bna.bh/En/ExtraordinarysessionofSupremeCouncil ofGCCregardingIsraeliaggressiononQatarissuesfinalstatement.aspx ?cms=q8FmFJgiscL2fwIzON1%2BDjwkidH5V2Yk5dm85XDoK8E%3D
[47] Un vocabulaire que l’on retrouve dans la déclaration du pacte (bilatéral) saoudo-pakistanais.
[48] Les conclusions du sommet ont suscité des réactions contrastées chez les commentateurs arabes, d’aucuns regrettant la timidité des actions concrètes qui révèlent des divisions. Arab-Islamic summit to counter Israel elicits divided Arab responses, Amwaj.media,19 septembre 2025 ; et : Mohamad Elmasry, Arab and Muslim leaders in defiant mood against Israel, but divisions stall action, Middle East Eye, 16 septembre 2025.
[49] Hussein Ibish note que les frappes israéliennes impunies montrent à quel point les pays du Golfe sont dépourvus de systèmes intégrés de défense anti-missiles et anti-drones. Ils ont réalisé qu’ils sont des cibles faciles qu’un attaquant peut aisément frapper avec des conséquences limitées pour lui. Ceci a créé un électrochoc. Oseront-ils passer à l’action et se doter de dispositifs intégrés d’alerte et de défense anti-missiles ? Il indique que ceci imposerait de créer des structures de commandement trans ou multinationales à actionner en temps de crise, ce qui suppose un niveau élevé de confiance réciproque : Israel’s Attack on Qatar Forces a Gulf Strategic Realignment, AGSI analysis, 24 septembre 2025.
[50] Le Qatar obtient que Netanyahu s’engage à ne plus frapper son territoire. https://www.axios. com/2025/09/29/israel-apologize-qatar-airstrike-netanyahu-trump.
[51] AP : Turkey wary of Israeli threat following airstrike on Hamas in Qatar, 14 septembre 2025.
[52] At rare Doha summit, Iran hopes words will turn into action against Israel, Amwaj.media, 16 septembre 2025.
[53] Iran, Saudi Arabia step up engagement amid rising concern over Israël, Amwaj.media, 19 septembre 2025.
[54] Selon Nournews, media proche du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale, la visite de Larijani à Riyad comprend un agenda plus large que l’intensification de la relation bilatérale, ce qui explique les étapes de son déplacement. Il s’agit dans ces discussions de poser le cadre de la stratégie régionale de l’Iran qui vise à bâtir avec ses voisins une nouvelle architecture de la sécurité régionale. Elle est multidimentionnelle, avec ses volets politiques, économiques, militaires, etc. : What Is Larijani Seeking in Riyad ?, Nournews, 16 septembre 2025 ; https://nournews.ir/en/news/245612/What-Is-Larijani-Seeking-in-Riyadh. Reste à savoir jusqu’où MBS (prudent) est disposé à converger.
[55] Sabbena Siddiqi, Iran and Saudi Arabia edge closer after Israel’s strike on Qatar, The New Arab, 24 septembre 2025. Nous reprenons ici l’essentiel de son analyse.
[56] Le Pakistan est déstabilisé car sa défense a été prise en défaut. Ceci a contribué à accélérer la signature de l’accord saoudo-Pakistanais : Tim Willasey-Wilsey, The Saudi-Pakistan Nuclear Agreement. The Same But Very Different, RUSI Commentary, 23 septembre 2025. https://www.rusi.org/explore-our-research/publications/ commentary/ saudi-pakistan-nuclear-agreement-same-very-different
[57] Saudi Arabia, nuclear-armed Pakistan sign mutual defence pact, Reuters, 18 septembre 2025.
[58] ibidem
[59] Roula Khalaf, Petrodollars and the ‘Islamic bomb’ : how a Saudi-Pakistan pact was forged, The Financial Times, 19 septembre 2025.
[60] ibidem
[61] Umair Jamal, Pakistan and Saudi Arabia Forge Strategic Defense Pact Amid Shifting West Asian Dynamics, The Diplomat, 19 septembre 2025.
[62] ibidem
[63] Un analyste remarque que l’Accord utilise le mot ‘agression’ dont le champ est plus large que celui couvert par les mots ‘attaques armées’ utilisé par l’article 51 de la Charte des Nations unies qui traite du droit des Etats à se défendre ; voir : A. L. A. Azeez, Shades of Collective Self-Defence in the Context of Saudi-Pakistan Agreement, IDN-InDepthNews, 21 septembre 2025.
[64] Ayesha Khalid Chaudry, More Absolute Than Nato : Understanding the Saudi-Pakistan Defence Pact, Swiss Institute for Global Affairs, 23 septembre 2025.
[65] Voir : Defence Minister’s contradictory take fuels conjecture over nuclear-angle in Saudi pact, Dawn, 20 septembre 2025 ; le 19 septembre, le ministère des affaires étrangères précisait que l’accord n’est dirigé contre aucun pays tiers : FO clarifies that Pak-Saudi defence agreement ‘not directed’ against any third country’, Dawn, 19 septembre 2025 ; voir aussi : Defence minister skirts ‘nukes’ question, says defense pact has formalized relationship between KSA, Pakistan, Dawn, 27 septembre 2025.
[66] Pak Defence minister Khawaja Asif gives contradictory statements on availability of Pak nukes for Saudi Arabia, The Sunday Guardian, 20 septembre 2025 ; https:// sundayguardianlive.com/world/pak-defence-minister-khawaja-asif-gives-contradictory-statements-on-availability-of-pak-nukes-for-saudi-arabia20250920102348-143619/
[67] Laurent Lagneau, L’Arabie saoudite se place sous la protection du parapluie nucléaire pakistanais, Zone militaire, 22 septembre 2025 ; et : L’Arabie saoudite désormais protégée par le parapluie nucléaire pakistanais, France 24, 22 septembre 2025. https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20250922-pakistan-parapluie-nucl%C3%A9aire-arabie-saoudite
[68] https://www.lefigaro.fr/international/le-pakistan-etend-son-parapluie-nucleaire-a-l-arabie-saoudite-20250921
[69] https://www.lefigaro.fr/international/le-pakistan-etend-son-parapluie-nucleaire-a-l-arabie-saoudite-20250921
[70] Saeed Shah and Maha El Dahan, Analysis - Saudi pact puts Pakistan’s nuclear umbrellas into Middle-East Picture, Al-Monitor, 19 septembre 2025.
[71] ibidem
[72] Gil Mihaely, L’accord Arabie saoudite-Pakistan : Une nouvelle donne stratégique ? Conflits, 25 septembre 2025.
[73] Beyond the Hype : Pakistan-Saudi Defense Pact Is Not a Saudi Nuclear Umbrella, Belfer Center, 18 septembre 2025 ; https://www.belfercenter.org/research-analysis/beyond-hype-pakistan-saudi-defense-pact-not-saudi-nuclear-umbrella-0
[74] Déclaration du ministère indien des Affaires étrangères : https://www.facebook.com/ QuickUpdate01/posts/india-responds-to-saudi-pakistan-defence-pact-says-national-security-remains-par/825661276642658/
[75] Les échanges commerciaux comme les investissements bilatéraux sont d’une ampleur considérable en constante expansion. Une tendance qui ne sera pas remise en question. Pour un panorama chiffré : https://economictimes.indiatimes.com/news/ defence/pakistan-saudi-arabia-defence-deal-shehbaz-sharif-india-trade-relations-strategic-partnership/articleshow/123971509.cms ?from=mdr En sus, le royaume est le troisième fournisseur de pétrole pour l’Inde.
[76] Sur un OTAN islamique, idée évoquée au Sommet de l’OIC à Doha, et qui se propage au Moyen- Orient et au-delà, voir : Islamic Nato ? Saudi Arabia-Pakistan defence pact-what it means for India, TIMESOFINDIA.COM, 18 septembre 2025. https://timesofindia. indiatimes.com/india/saudi-pakistan-defense-pact-saudi-pakistan-defense-pact-and-india-islamic-nato-pakistan-nuclear-weapons/articleshow/123978246.cms
[77] Why the Pakistan-Saudi Arabia defence pact is unsettling India, BBC, 22 septembre 2025.
[78] Eleonora Ardemagni et Nicola Missaglia, Saudi-Pakistan Mutual Defence Pact : Implications for India, IMEC ans Us Influence in the Gulf, ISPI Commentary, 19 septembre 2025.
[79] Egypt calls Saudi-Pakistan defense pact ‘important milestone’, Arab News, 19 septembre 2025.
[80] Exclusive : Egypt’s Nato-style Arab defence force proposal rejected at Doha summit, Middle East Eye, 20 septembre 2025. Un responsable anonyme d’une monarchie du Golfe a démenti que le Qatar et les Emirats ont repoussé la proposition égyptienne, mais que des divergences de vues sont apparues sur le commandement : https://www.middleeasteye.net/news/gulf-countries-deny-rejecting-egypts-defence-force-proposal-doha-summit
[81] Undermining an ‘Arab Nato’ ? Egypt is unhappy with the Saudi-Pakistan defence pact, the New Arab, 24 septembre 2025. https://www.newarab.com/news/egypt-unhappy-saudi-pakistan-defence-pact
[82] https://www.dawn.com/news/1943199 Ceci peut désigner aussi bien Israël que l’Iran tout autant que l’Inde.
[84] A complex reality : Saudi-Pakistani alliance is not a hostile pact against Israel, The Jerusalem Post, 22 septembre 2025.
[85] Yoel Guzansky, Saudi Arabia and Pakistan : an End to Ambiguity ? INSS, 18 septembre 2025.
[86] Israel and the Saudi-Pakistani Defense Agreement, The New Arab (en arabe), 28 septembre 2025.
[87] ibidem
[88] Iran welcomes Pak-Saudi defence deal as start of comprehensive regional security system », Dawn, 25 septembre 2025 https://www.dawn.com/news/1944366
[89] Khamenei adviser urges joining Saudi-Pakistan defense pact, Iran International, 28 septembre 2025.
[90] https://www.presstv.ir/Detail/2025/09/09/754656/Iranian-Foreign-Ministry-false-claims-Arab-League-meeting-final-statement-Persian-Gulf-islands. https://en.wikipedia.org/wiki/Seizure_of_Abu_Musa_and_the_Greater_and_Lesser_Tunbs
[91] Iran-Pakistan Joint Economic Commission holds meeting in Tehran, Nournews 15 septembre 2025.
[92] Pakistan eyes expanding defense coop. with Iran : minister, Nournews, 17 september 2025.
[93] Islamabad may help easing tensions between US, Iran, Nournews, 27 septembre 2025.
[94] Ex-Pakistani Defense Minister : Supporters of anti-Iran sanctions will regret their actions, Nournews, 20 septembre 2025.
[95] Ali Ahangar, Saudi Arabia’s Pact with Pakistan and China’s Security, NourNEWS, 20 septembre 2025.
[96] https://www.msn.com/en-in/news/India/strategy-is-to-china-welcomes-saudi-pakistan-defence-deal-sees-it-as-a-move-to-corner-india-and-israel/ar-AA1MS4iX
[97] https://www.msn.com/en-in/news/India/strategy-is-to-china-welcomes-saudi-pakistan-defence-deal-sees-it-as-a-move-to-corner-india-and-israel/ar-AA1MS4iX
[98] https://neutronbytes.com/2025/09/19/saudi-nuclear-defense-pact-with-pakistan-opens-the-door-for-china-to-build-its-hualong-one-pwrs-in-saudi-arabia/
[99] Abid Hussain, ‘Watershed’ : How Saudi-Pakistan defence pact reshapes region’s geopolitics, Al-Jazeera, 18 septembre 2025.
[100] ibidem
[101] ibidem
[102] Dr Ali Awadh Asseri, Saudi-Pakistan defense pact : A historic strategic alliance, Arabnews, 18 septembre 2025.
[103] Joshua White The signal and substance of the new Saudi-Pakistan defense pact, Commentary, Brookings, 24 septembre 2025.
[104] Saudi-Pakistan Defense Pact : A Geopolitical Shift in the Making, Linkedin, 19 septembre 2025 ; https://www.linkedin.com/pulse/saudipakistan-defense-pact-geopolitical-shift-making-al-qahtani-5ojvf/
[105] Amir Husain, The Saudi Pakistani Defense Pact : A New Regional Architecture, Medium, 19 septembre 2025 ; https://medium.com/@amirhusain_tx/the-saudi-pakistani-defense-pact-a-new-regional-architecture-4fde43153fc3
[106] Voir dans le même sens : Claude Leblanc, Le Pakistan et l’Arabie saoudite, scellent un pacte de défense inédit, L’Opinion, 22 septembre 2025. Cet observateur parle de modification de l’architecture de sécurité régionale, de remise en question de positionnements stratégiques.
[107] Islamic Nato ? Saudi Arabia-Pakistan defence pact-what it means for India, The Times of India ,18 septembre 2025.
[108] https://www.trtworld.com/article/336e7daed084 ; de fait les dirigeants arabes ont massivement affirmé leur solidarité, condamné Israël https://tomorrowsaffairs.com/ summit-of-arab-and-muslim-countries-a-response-to-the-israeli-attack-in-the-heart-of-qatar
[109] Les déclarations contradictoires de Washington ont sérieusement miné la crédibilité américaine ; https://www.aljazeera.com/news/2025/9/9/white-house-says-trump-notified-qatar-ahead-of-israeli-strike-on-hamas ; https://www.timesofisrael.com/netanyahu-told-trump-about-doha-strike-in-advance-he-didnt-say-no-report/
[110] Why Trump’s Executive Order on Qatar Marks a Historic Shift, CSIS critical questions, 2 octobre 2025.
[111] Trump’s pact to defend Qatar could shake up or shore up a fragile region, BBC, 2 octobre 2025.
[112] La légalité et la valeur juridique de cet executive order suscitent des discussions ; https://truthout.org/articles/trump-signs-executive-order-promising-response-to-attacks-on-qatar/
[113] https://securityconference.org/en/events/munich-leaders-meetings/. https://english.alarabiya.net/News/saudi-arabia/2025/10/01/saudi-arabia-hosts-munich-leaders-meeting-for-the-first-time
[114] https://english.aawsat.com/gulf/5192849-munich-security-conference-leaders-meet-alula-discuss-trump-gaza-plan-and-red-sea
[115] La reconfiguration régionale voulue par Israël : quelles implications pour les intérêts stratégiques français ?, Note de la Fondation pour la Recherche Stratégique,n°11/2025, octobre 2025. https://frstrategie.org/sites/default/files/documents/publications/ recherches-et documents/2025/R%26D%20112025.pdf
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