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L’intervention militaire américaine de juillet 1958 au Liban

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 10/03/2010 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 3 minutes

Marines américains débarquant près de Beyrouth le 15 juillet 1958

AFP

La guerre froide et le Moyen-Orient

Pour la première fois, des troupes américaines débarquent dans un pays du Moyen-Orient. Le contexte de la guerre froide, les aides militaires et financières du bloc soviétique à l’Egypte de Nasser, les ventes d’armes de l’URSS à la Syrie ainsi que les programmes de formation des militaires syriens, la crise de Suez de 1956 et le retrait de la France et de la Grande-Bretagne de la scène moyen-orientale, font craindre à la diplomatie américaine une possible contagion du communisme au Moyen-Orient.

L’événement qui met le feu aux poudres dans une région déjà très déstabilisée est la création le 1er février 1958 de la République Arabe Unie (RAU), union sur le plan politique de l’Egypte et de la Syrie. La création de la RAU relance le débat de l’unité, thème récurrent du nationalisme arabe, plus particulièrement au Liban et en Irak où les gouvernements pro-occidentaux se heurtent aux volontés d’unité arabe. Au Liban, le président de la République Camille Chamoun, favorable aux Etats-Unis, a accepté la proposition américaine connue sous le nom de doctrine Eisenhower, d’aider les Etats qui en feraient la demande sur le plan économique et militaire, afin de limiter le développement du communisme. La création de la RAU cristallise les oppositions entre les chrétiens favorables à l’occident et les musulmans désireux d’unir le Liban à la Syrie. En mai 1958, à la suite de l’assassinat du directeur du journal pro-syrien Telegraph, des émeutes éclatent dans tout le Liban. Les opposants au président Chamoun reçoivent de l’aide et de l’armement par la frontière syrienne. Les violences poussent Camille Chamoun à solliciter l’aide extérieure, la Ligue des Etats arabes ainsi que l’ONU, puis les Etats-Unis en vertu de la doctrine Eisenhower. Réticents au départ, les Etats-Unis décident finalement d’intervenir au Liban, en raison du changement politique en Irak. En effet, dans cet Etat membre du pacte de Bagdad, une révolte est déclenchée le 14 juillet 1958. Le roi et son Premier ministre Nouri Saïd sont massacrés et le général Kassem prend le pouvoir. La nouvelle de cette révolution fait craindre aux Etats-Unis une propagation du communisme, notamment au Liban, et une possible répercussion pour l’approvisionnement en pétrole.

L’intervention militaire américaine

Le 15 juillet, 15 000 marines américains débarquent sur la plage de Khaldé, près de Beyrouth. Ils ont pour mission de rétablir le calme en sécurisant les lieux stratégiques (port et aéroport de Beyrouth, routes et ponts). L’intervention américaine provoque les protestations de l’Union Soviétique, qui craint au final que celle-ci s’étende à la Syrie et à l’Irak. Le général de Gaulle, qui vient de revenir au pouvoir, marque sa désapprobation à l’intervention américaine en raison de l’ancienneté des liens entre la France et le Liban.
L’affaire est finalement portée devant l’ONU où la Ligue des Etats arabes décide le 21 août de ne pas prendre parti dans la guerre opposant les deux grands. Les troupes américaines évacuent le Liban en octobre 1958. Au Liban, le chef des armées, le général Fouad Chehab succède à Camille Chamoun à la présidence de la république et le chef de l’insurrection, Rachid Karamé est nommé Premier ministre.
Cette intervention met en évidence la capacité de réaction de la diplomatie américaine et sa détermination afin d’éviter la contagion du communisme à l’époque de la guerre froide au Moyen-Orient, ainsi que son intérêt pour une région productrice de pétrole. Le Liban compte en effet en 1958 deux terminaux pétroliers : le pipe-line de Tripoli au nord et celui de Saïda au sud (fermé en 1975).

Bibliographie
Edouard de TINGUY, « Qu’allaient faire les Américains au Liban ? » In L’Histoire, numéro 337, décembre 2008, pages 20-21.
Henry LAURENS, Le grand jeu, Orient arabe et rivalités internationales, Paris, Armand Colin, 1991, 447 pages.

Pour aller plus loin avec les articles publiés dans Les clés du Moyen-Orient :
 Article sur le mandat du président Camille Chamoun (1952-1958) : Le Liban dans la tourmente des relations internationales, PREMIERE PARTIE
 Article sur le mandat du président Camille Chamoun (1952-1958) : Le Liban dans la tourmente des relations internationales, DEUXIEME PARTIE
 Article sur la crise de Suez de 1956
 Article sur la Ligue des Etats arabes
 Fiche pays Liban
 Fiche pays Syrie
 Fiche pays Egypte
 Fiche pays Irak
 Biographie de Camille Chamoun
 Biographie de Nasser

Publié le 10/03/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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