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Mahomet (محمّد en arabe) est le fondateur de l’Islam. Il est né à La Mecque en 570 après Jésus-Christ et serait mort à Médine en 632. En 610, alors qu’il s’est retiré dans une grotte aux environs de La Mecque, Mahomet entend une voix, celle de l’ange Gabriel qui lui demande de « réciter » la parole de Dieu.
Peu à peu, Mahomet fait part de ses révélations et est rejoint par de nombreuses personnes. En 622, Mahomet et ses partisans quittent La Mecque pour l’oasis de Yathrib, l’ancien nom de la ville de Médine. Cet événement que l’on appelle l’Hégire est très important parce qu’il marque le début du calendrier musulman. Par ailleurs, l’Hégire souligne le rôle prophétique de Mahomet qui consiste à faire connaître la parole de Dieu. Ainsi, l’Islam rassemble de plus en plus de fidèles : à la mort de Mahomet, en 632, la péninsule arabique est majoritairement islamisée.
D’après le Coran, Mahomet aurait envoyé des ambassadeurs pour appeler les pays voisins à se convertir à l’Islam. Le gouverneur des Coptes en Egypte, Muqawqas, aurait reçu une lettre l’enjoignant à la conversion. Cependant, cette lettre demeure sans réponse et c’est par une expédition militaire, entamée après la mort du prophète, que commence la diffusion de l’Islam en Egypte. Les historiens ont souligné la rapidité de la conquête arabe. Cette rapidité s’expliquerait par la conjugaison de deux facteurs, à savoir le génie militaire des Arabes et l’affaiblissement des Empires qu’ils eurent à affronter. En effet, l’Empire byzantin auquel appartient l’Egypte est en récession. A la rapidité de la conquête, s’ajoute un phénomène d’arabisation de la société égyptienne, phénomène qui se manifeste dans différents domaines.
Longtemps avant l’arrivée des Arabes, l’Egypte a cessé d’être autonome politiquement. Elle est annexée à l’Empire romain après la bataille d’Actium [1], puis à l’Empire byzantin, en 330. Ce n’est donc pas un Etat souverain que les Arabes conquièrent mais la riche province d’un Empire. En effet, l’Egypte, depuis l’Antiquité, est une terre fertile et sa domination permet l’acquisition d’une certaine sécurité alimentaire. Grenier à blé du bassin méditerranéen, l’Egypte suscite la convoitise de ses voisins.
C’est dans ce contexte qu’en 638, quatrième année du règne du calife Omar, qu’un congrès se réunit en Palestine. Le calife, venu de Médine, préside ce conseil de guerre au cours duquel est décidée la conquête de l’Egypte. La promesse d’un riche butin ainsi que le zèle religieux des Arabes expliquent, d’après Gaston Wiet [2], cette décision et son application rapide [3]. En effet, dès l’année suivante, en 639, la campagne militaire visant à conquérir l’Egypte commence. Elle est confiée au général Amr Ibn El-As. Compagnon de Mahomet, celui-ci entame la conquête de l’Egypte par l’ancienne route de la Syrie. C’est-à-dire qu’il conquiert d’abord Péluse (Basse-Egypte), Babylone d’Egypte près des ruines de la ville antique de Memphis, avant de s’attaquer à Alexandrie, capitale des Byzantins et ville dans laquelle ils se sont repliés. La légende attribue au général Amr Ibn El-As l’incendie qui a brûlé les derniers manuscrits de la bibliothèque d’Alexandrie. Cependant, comme l’a démontré Gaston Wiet dans son Histoire de la Nation égyptienne, l’incendie est antérieur à l’arrivée des Arabes à Alexandrie, ceux-ci ne pouvant donc pas être impliqués dans la perte des ouvrages. Enfin, après avoir pris Alexandrie, Amr Ibn El-As s’empare de la Basse-Egypte puis de la Nubie. En 641, l’Egypte est conquise. Les Byzantins parviennent à reprendre Alexandrie en 643 mais doivent à nouveau céder la ville en 646. La fulgurance de l’expédition s’explique sans doute par les motivations arabes mais aussi par le fait que les Byzantins étaient persuadés que l’expédition n’était pas une entreprise de conquête mais une razzia. Enfin, l’aide apportée aux Arabes par la population égyptienne locale n’est pas à négliger. En effet, les Coptes – dont le mot tire son origine de l’arabe qibt, une forme abrégée et altérée du grec Aïgyptios qui signifie « égyptien » - excédés par la longue occupation byzantine, ont laissé faire les Arabes dans leur entreprise de conquête. Gaston Wiet écrit à ce sujet que les Arabes « profitèrent des tendances séparatistes agressives de la population chrétienne qui ne se trouvait aucun lien de solidarité avec les maîtres byzantins, dont elle ne parlait pas la langue ni ne partageait intégralement les croyances. Les autochtones acceptèrent donc avec indifférence, sinon avec soulagement, les stipulations d’un accord, anodines en apparence, qui ne modifiaient guère leur statut et paraissaient même l’améliorer. »
Après la conquête, l’Egypte devient un protectorat arabe. Le pays est géré par des préfets dépendants du califat. Cependant, en s’installant dans le pays, les Arabes n’ont que peu bouleversé les institutions égyptiennes, réalisant les changements au fur et à mesure que le besoin se faisait sentir. Dans le domaine religieux, en revanche, l’islamisation est massive et l’on considère que plus de la moitié des Egyptiens sont musulmans à la fin du VIIème siècle. En effet, de nombreux Arabes se sont installés en Egypte, en raison de la politique de colonisation de l’Egypte (ceux qui s’implantent en Egypte vivent du produit de la terre), expliquant en partie l’accroissement de la population musulmane. Par ailleurs, la mise en place d’impôts spéciaux, réservés aux chrétiens moyennant l’autorisation de pratiquer leur culte et de conserver leurs églises, justifie en partie la conversion de nombreux coptes à l’Islam. Enfin, l’épiscopat copte est trop faible à l’époque pour empêcher les conversions vers une autre religion. Paradoxalement, de nombreux coptes, plutôt que de se convertir à la religion musulmane, se font moines. L’essor du monachisme en Egypte, qui a laissé de nombreux vestiges, procède d’un raisonnement identique à celui des conversions : une partie des conversions tout comme le goût pour la vie monastique peuvent s’expliquer par la volonté d’échapper à un système fiscal peu avantageux pour les non-musulmans, selon Gaston Wiet, mais cela ne suffit pas à expliquer les engouements monachistes massifs.
Toutefois, l’installation des Arabes en Egypte ne se limite pas à l’islamisation du pays. Plus largement, l’Egypte a connu une arabisation. Ce phénomène s’est d’abord manifesté dans l’usage de la langue. Le copte tendait à disparaître. Dès 706, les documents administratifs devaient être obligatoirement rédigés en langue arabe. Par cet acte, le calife de l’époque, Walid Ier, fait de l’Arabe la langue officielle de l’Egypte. Désormais, le copte n’est guère employé que dans la liturgie chrétienne. Il faut remarquer que ce mouvement de diffusion de la langue arabe ne se limite pas à l’Egypte. Tous les territoires conquis par les Arabes sont soumis à ces influences. Ainsi, la Syrie adopte l’arabe comme langue officielle au même moment que l’Egypte. L’arabisation de l’Egypte s’explique par la nécessité de maintenir ce pays dans l’Empire des Arabes.
La conquête arabe a mis l’Egypte au cœur de l’Empire musulman. Par sa situation géographique et son passé historique, l’Egypte connaît un essor industriel et commercial pendant la période d’occupation. Les Arabes ont utilisé les connaissances coptes, notamment dans le travail du bois et de la métallurgie, afin de développer leur Empire. Ainsi, des charpentiers coptes ont contribué à la construction navale dans des arsenaux comme Tunis ou Saint-Jean-d’Acre. D’après Gaston Wiet, « l’Égypte a donc contribué à faire de la Méditerranée, le lac byzantin de Justinien, une mer musulmane. » La conquête arabe, si elle étonne par sa rapidité, est aussi marquée par l’héritage qu’elle laisse à l’Egypte mais aussi au reste de la Méditerranée.
Bibliographie :
– BEAUMONT Hervé, Le guide des civilisations égyptiennes. Des Pharaons à l’Islam, Paris, Editions Marcus, 2001.
– CHAGNON Louis, La conquête musulmane de l’Égypte (639-646), Paris, Economica, 2008.
– Conquête arabe, califes et croisés en Égypte (Passion de l’Égypte), Paris, Editions Atlas, 2004.
– WIET Gaston, Histoire de la Nation égyptienne, Paris, Plon, 1937.
– Gaston WIET, « ÉGYPTE - L’Égypte arabe », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 février 2014. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/egypte-l-egypte-arabe
Emilie Polak
Emilie Polak est étudiante en master d’Histoire et anthropologie des sociétés modernes à la Sorbonne et à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm où elle suit également des cours de géographie.
Notes
[2] Gaston Wiet (1887-1971) est un orientaliste français. Professeur au Collège de France où il a occupé une chaire de langue et littérature arabe, il a légué de nombreux travaux sur l’histoire de l’Egypte.
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