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« Le Moyen-Orient à l’heure du Golfe », Colloque organisé par le GREMMO (CNRS-Lyon2 et IEP de Lyon) et l’IEP de Grenoble, les lundi 3 et mardi 4 novembre 2014 à Lyon

Par La rédaction
Publié le 28/10/2014 • modifié le 20/04/2020 • Durée de lecture : 9 minutes

Lieu du colloque :
Grand amphithéâtre de l’Université Lyon 2,
Quai Claude Bernard,
69007 Lyon

Entrée libre

Les causes internes des révoltes dans le pays arabes ont été largement étudiées au cours des trois dernières années. Il convient aujourd’hui de changer d’échelle et de s’interroger sur les déterminants régionaux et la géopolitique internationale. Dans le contexte de l’affaiblissement de la politique de la puissance américaine dans la région, mais aussi de l’éventuel redéploiement de cette puissance si l’Iran est réintégré dans le concert international, plusieurs des pays du Golfe ont déployé un fort activisme diplomatique autour d’acteurs très différents, avec des ressources diplomatiques et financières variables, d’abord autour du Qatar, puis de l’Arabie saoudite quand celle-ci reprend à l’évidence la main courant 2013. Cet activisme semble avoir réintroduit au Moyen-Orient une véritable "nouvelle guerre froide", autour d’un affrontement indirect avec l’Iran, dont l’espace principal est la Syrie, où le conflit ouvert au printemps 2011 s’est très vite régionalisé et internationalisé.

Les politiques de développement et le dirigisme économique qui caractérisaient les pays du Proche-Orient, excepté le Liban, ont été interrompus dans les années 1980 et ces pays se sont alors engagés résolument dans la voie libérale (accords MEDA, zone de libre-échange avec l’Union Européenne, GAFTA). Avec la montée des prix du pétrole, à partir de 2002, les pays du Golfe sont devenus le principal pourvoyeur d’IDE au Proche-Orient. Le dynamisme de leur économie domestique a attiré des flux croissants de migrants, notamment en provenance du Proche-Orient. A travers les importantes remises des migrants, ces flux migratoires ont renforcé la dépendance financière aux pétromonarchies des pays fournisseurs de main-d’oeuvre.

La crise économique mondiale et ses répercussions dans le Golfe ont cependant obligé les pétromonarchies à réduire leurs investissements dans les pays du Proche-Orient, tandis qu’une partie des immigrés étaient privés d’emplois, et contraints au retour. Peut-on considérer que ce facteur a contribué significativement au « Printemps arabe », et qu’il y aurait là l’effet conjoncturel qui a précipité le déclenchement d’une crise structurelle ?

Le Golfe n’exporte pas que ses capitaux, mais aussi son modèle économique, culturel, religieux et politique. Les télévisions satellitaires, al-Jezira et al-Arabya, sont de puissants instruments pour diffuser leur influence, comme nous avons pu le constater lors des printemps arabes, chaque chaîne relayant le discours du régime qui la contrôle. Le Qatar promeut et instrumentalise les Frères musulmans, tandis que l’Arabie saoudite appuie les courants salafistes contre les Frères, soutient les régimes conservateurs, et combat les régimes alliés à l’Iran. La concurrence entre les deux acteurs géopolitiques se manifeste dans les pays déstabilisés : en Egypte, Riyad soutient massivement les militaires qui ont renversé le président Morsi et traquent les Frères, au grand dam de Doha ; en Syrie, Qatar et Arabie Saoudite financent chacun des groupes rebelles radicaux mais antagonistes, et rivalisent pour prendre le contrôle de la Coalition Nationale Syrienne. Ces choix divergents entraînent, au printemps 2014, de fortes tensions au sein du Conseil de coopération du Golfe.

Les bouleversements énergétiques que connaît la région semblent jouer à plusieurs échelles dans les conflits actuels. Les découvertes d’hydrocarbures dans le bassin méditerranéen oriental constituent un nouvel enjeu : à la fois pour les acteurs locaux, qui se disputent sur le tracé des eaux territoriales et des zones d’exploitation économique (Israël, Palestine, Liban, Syrie, Chypre, Turquie) ; et pour les acteurs extérieurs qui cherchent à contrôler l’exploitation et le transport de ces hydrocarbures afin de ménager leurs propres intérêts (pays du Golfe, Russie, Turquie, Etats-Unis, Europe de l’Ouest). A terme, ces ressources peuvent-elles constituer un facteur d’autonomisation du Proche-Orient par rapport au Golfe ? Dans l’immédiat, il convient d’analyser les stratégies des Etats proche-orientaux face à ces perspectives énergétiques.
Ce colloque se propose donc de réfléchir aux relations qu’entretiennent les pays arabes de la Méditerranée orientale (Egypte, Syrie, Liban, Jordanie, Palestine), mais aussi la Turquie, et les puissances du Golfe (Iran et Conseil de Coopération du Golfe, voire l’Irak) à travers les aspects économiques et politiques, confessionnels et culturels. Il convient dans un deuxième temps de s’interroger sur les conséquences de cette influence sur les mutations et les crises actuelles dans les pays de la Méditerranée orientale (Egypte, Syrie, Jordanie, Liban).

Programme

Lundi 3 novembre 2014

9 h Accueil des participants

9 h 30 0uverture du colloque
Jean Luc Mayaud, président de Lyon 2, Jean Marcou (IEP Grenoble), Fabrice Balanche (GREMMO – Lyon 2)

10h – 12h Séance 1 : Quelles sont les stratégies des pays du Golfe (Iran et CCG) à l’égard du Moyen-Orient et comment sont-elles mises en œuvre ?

Les pays du Golfe ne regardent pas que vers les pays arabes mais vers le monde entier : c’est très clair pour les pays du CCG, un peu moins pour l’Iran. Les deux modèles divergent car l’Iran, principalement à cause de contraintes géopolitiques, ne déploie pas la même stratégie d’insertion économique sur les marchés mondiaux que les pays du CCG. Les deux pôles géopolitiques de la région sont donc en compétition avec comme outsider la Turquie, dont la politique au Proche-Orient a été contrée par les « printemps arabes ». L’objectif de cette séance est de comprendre les logiques de l’Arabie saoudite et de l’Iran dans la région, dans le cadre de leur géopolitique globale et les concurrences qu’ils subissent de la part d’autres acteurs régionaux et internationaux.

 Lucas Oesch, Post-doctorant, Université Lyon 2, GREMMO : Le Golfe et les migrants du Proche-Orient

 Guillaume Fourmont, Directeur de la revue Moyen-Orient, chargé de cours à l’IEP de Grenoble : Le retour d’une « grande puissance » au Moyen-Orient ?

 Jamal Abdullah, Chercheur, Al Jeziraa Center, Doha : La Politique Etrangère de l’Etat du Qatar sous Sheikh Tamim : Influence ou Médiation ?

 Haoues Taguia, Chercheur, Al Jeziraa Center Doha : Arabie Saoudite – Iran : enterrer la hache de guerre ? 

14h-15h30 Séance 2 : Les paradigmes des révoltes au Moyen-Orient

La déstabilisation des pays du Moyen-Orient a plusieurs causes internes et externes. Il ne faut pas négliger le conflit israélo-arabe bien sûr, mais le sujet ayant été abondamment traité, il convient de s’intéresser à la résultante des objectifs et des modes d’action de l’Iran et du CCG au Proche-Orient arabe. Qu’est-ce qui est commun aux différents pays, qu’est-ce qui est spécifique ? Quels sont les paradigmes des révoltes ? Les explications ne font pas consensus. Le qualificatif de guerre civile en Syrie n’est pas accepté par tous les chercheurs, le caractère « communautaire » du conflit l’est encore moins. Mais c’est précisément ce qui nous intéresse et qui nous permettra d’avancer dans la compréhension de cette crise en ouvrant un débat entre chercheurs sur les causes des crises, les éléments qui la rattachent aux autres mouvements du monde arabe et ceux qui la rendent spécifiques. On peut distinguer trois paradigmes explicatifs, souvent opposés :
L’échec d’une trajectoire de développement et la remise en question des pratiques de l’Etat
La résurgence ou la permanence du communautarisme
La place particulière de la région dans la géopolitique mondiale

 Eric Verdeil, Chercheur, Environnement Ville et Société, CNRS, Lyon : Quels paradigmes ?

 Haoues Seniguer, Docteur en sciences politiques, chargé de cours à l’IEP de Lyon : Le discours de quelques figures religieuses chiites et sunnites au prisme des révoltes arabes

 Jérôme Maucourrant, Maître de conférences, Université de Saint Etienne, Triangle, et Akram Kachee, chercheur associé au GREMMO, chargé de cours à l’IEP de Lyon : Syrie, un conflit communautaire : une perspective post Khaldounienne

 Karim Zouach, Maître de conférences, Université de Saint Etienne, GATTE

16h-17h30 Séance 3 : Quelles nouvelles perspectives énergétiques et quelles recompositions possibles de la rente pétrolière ?

Quelles sont les perspectives énergétiques au Moyen-Orient ? Certains pays pourront-ils passer de la rente indirecte à la rente directe grâce aux gisements en Méditerranée orientale ? Quelles conséquences pour la relation entre le Golfe et le Proche-Orient ? Les gaz de schiste en Jordanie peuvent-ils sortir ce pays de la dépendance ? Quel est l’avenir des gisements d’hydrocarbures du Golfe ?
La découverte de gisements pétroliers et gaziers en Méditerranée a-t-elle le potentiel de remettre en cause les relations de dépendance des pays du Levant par rapport à ceux du Golfe ? Pourrait-elle favoriser de nouvelles relations dans une logique de coopération autour de la mise en valeur de ces ressources, ou attisera-t-elle les concurrences ? La prospection autour de nouvelles énergies (nucléaire, renouvelables mais aussi hydrocarbures on conventionnels, comme en Jordanie) peut-elle avoir des effets identiques ?

 Eric Verdeil, Chercheur, Environnement Ville et Société, CNRS, Lyon, et Eliott Ducharme, étudiant Lyon 2 : La crise syrienne et son impact sur les services publics dans les pays d’accueil des réfugiés. Le cas de l’eau en Jordanie

 Olgu Okumus, Post-doctorante, Sciences Po - Paris : Dans l’ombre de la Syrie : les relations énergétiques entre l’Iraq et la Turquie

 Bernard Cornut, Expert énergie dans les pays du Sud de la Méditerranée, Agence Française pour le Développement : Ressources et passages : enjeux d’empires avant 1914, atouts de consolidation régionale en 2014 ?

 David Amsellem, Chercheur, Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8 : Découverte de gaz en Méditerranée orientale : enjeux locaux et régionaux

18h –19h30 : Les Etats Unis et le Moyen-Orient : les enseignements de l’été 2014

 Henri Barkey, Professeur, Lehigh University, Bethlehem, Etats Unis

Mardi 4 novembre

9h-10h45 Séance 4 : Syrie – Irak : la démocratie est-elle toujours un objectif pertinent dans la région ?

Le printemps syrien a fait naître de nombreux espoirs de démocratisation qui contrastent aujourd’hui avec le conflit chaotique qui règne dans le pays et avec la possible victoire du régime de Bachar el-Assad. Les minorités confessionnelles craignent une démocratisation qui se traduirait par la dictature de la majorité et leur exclusion du pays. Comment les rassurer aujourd’hui alors que les mouvements islamistes radicaux dominent la rébellion ? Le cas syrien interroge sur les voies et moyens de transitions démocratiques dans les sociétés fragmentées du Moyen-Orient, dont l’Irak. Ce pays traverse une crise majeure, dix après la chute de Saddam Hussein, qui provoque la division du territoire sur des lignes ethnico-confessionnelles. S’agit-il d’un processus lié à la démocratisation du pays ou aux jeux des puissances régionales ? La décomposition de l’Irak annonce-t-elle ce qui va se produire en Syrie ?

 Fabrice Balanche, Maître de Conférences, Université Lyon 2, GREMMO : La Syrie entre autoritarisme et terrorisme

 Philippe Droz Vincent, "L’armée syrienne et la révolte de 2011 : vers la fin de l’armée syrienne ?"

 Akram Kachee, Chercheur associé, GREMMO, chargé de cours à l’IEP de Lyon : Pourquoi l’échec de l’opposition démocratique en Syrie ?

 Jordi Tejel Gorgas, Professeur, Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, Genève : Pour ne pas réifier les positions et les situations des acteurs minoritaires : le mouvement kurde en Syrie et en Irak depuis 2011

 Adel Bakawan, Docteur en sociologie et chargé de cours à l’Université d’Evry : Le mythe du Kurdistan indépendant.

11h15-13h Séance 5 : Egypte. Quels rapports entre la société, l’appareil d’Etat et l’armée ?

Le « Prophète et le Pharaon » (Gilles Kepel, 1984) reste-t-il une lecture toujours pertinente ? Après trois ans de tensions et de recompositions, où en sont les rapports entre l’Etat, l’armée et la société ? Comment la société égyptienne évolue-t-elle ? Peut-on mesurer l’impact des millions d’émigrés égyptiens dans les pays du Golfe sur les mutations sociales et les engagements politiques en Egypte ? Quel est désormais le rapport de force entre les groupes pro-occidentaux mondialisés et les Frères musulmans ? A travers le probable prochain président de la République, quelle place l’armée entend-elle reprendre dans le fonctionnement politique et sociétal du pays ?

 Clément Steuer, Post-doctorant, Institut oriental de l’Académie des Sciences de la République Tchèque : La répartition territoriale du vote comme grille de lecture des rapports Etat-société

 Marc Lavergne, Directeur de recherche, GREMMO, CNRS Lyon

 Sophie Pommier, Directrice du cabinet Meroe, Paris : De Washington à Riyad, l’Egypte vit elle une « révolution » diplomatique ?

 Stéphane Lacroix, Maître de conférences, IEP Paris, chercheur au CERI : Les islamistes égyptiens à l’heure de la restauration autoritaire : la stratégie du parti salafiste al-Nour

14h30-16h30 Séance 6 : Quels scénarios pour le Moyen-Orient ?

Cette dernière séance constituera la synthèse du colloque. Elle essaiera d’évaluer des scénarios sur l’avenir du Moyen-Orient. Sa place dans la nouvelle division du travail, car si les pays du Golfe sont riches, en revanche, ils sont improductifs et leur modèle rentier sclérose les activités productrices dans l’ensemble de la région. Après la réaction saoudienne en Egypte et l’écrasement des Frères musulmans, que reste-t-il des transitions politiques initiées en 2011-2012 ? L’Egypte peut-elle se réformer elle-même ? Le Liban peut-il continuer à s’intégrer de façon parasitaire dans le système-monde ? La Syrie et l’Irak pourront-ils maintenir leur unité territoriale ? Quel avenir pour l’islam politique à travers ses différentes versions au sein du sunnisme (Frères musulmans et salafistes), mais aussi du chiisme ? La confessionnalisation des débats et conflits politiques va-t-elle perdurer, dans le Golfe comme au Levant ? Enfin, bientôt quatre ans après le début des « printemps arabes », selon quels scénarios les rapports de forces entre l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie peuvent-ils être réévalués ?

 Barah Michael, Chercheur, FRIDE Madrid : Une fragmentation pluridimensionnelle ? Les scénarii du possible pour le Moyen-Orient

 Marc Lavergne, Directeur de recherche, GREMMO, CNRS Lyon : Le Moyen-Orient arabe : derrière l’apparent clivage, un même destin en devenir ?

 Jean-Paul Burdy, Maître de conférences, IEP-Grenoble : L’Iran dans le Golfe depuis 2011 : un acteur incontournable en voie de réhabilitation internationale’’

 Jean Marcou, Paris, IEP Grenoble : La Turquie comme acteur de la décomposition/recomposition de l’Irak depuis 2005 ?

 Jamal Abdullah, Chercheur, Al Jeziraa Center, Doha

 Sophie Pommier, Directrice du cabinet Meroe, Paris

Publié le 28/10/2014



 


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