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Le jeu des alliances irano-américaines au Moyen-Orient : des pactes et des actes

Par Emile Bouvier
Publié le 24/07/2019 • modifié le 27/02/2020 • Durée de lecture : 13 minutes

Le Président américain Donald Trump, entouré de ses faucons anti-Iran John Bolton et Mike Pompeo, respectivement conseiller à la Sécurité nationale et secrétaire d’Etat, semble de plus en plus tenté par une confrontation militaire avec l’Iran. Coup de bluff ou non, il avait dans tous les cas annoncé, le 21 juin, avoir annulé au dernier moment une campagne de frappes sur des positions militaires iraniennes.

Les alliés européens des Etats-Unis essayent, a contrario, d’apaiser les tensions et de sauver ce qui peut l’être du traité sur le nucléaire iranien signé en 2015, mais dont les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018. Tokyo, allié fidèle des Etats-Unis et touché par les incidents en mer d’Oman (1), prône aussi l’apaisement et a même exprimé des doutes quant à l’intérêt des vidéos diffusées par les Américains montrant, selon ces derniers, les équipes amphibies iraniennes posant et enlevant des mines sur des pétroliers mouillant au large d’Oman (2).

Si les alliés traditionnels des Etats-Unis que sont le Canada ou l’Europe semblent aussi réticents face à la politique de Donald Trump vis-à-vis de l’Iran, qu’en est-il de ses alliés dans la région et quelle serait leur position en cas de conflit ? L’Iran, isolé sur la scène internationale et profondément empreint d’une logique obsidionale, est-il également en mesure de compter sur des alliés au Moyen-Orient ? Le présent article montrera que, si les Américains ont mis en place un vaste système d’alliances dans la région, celles-ci résistent difficilement à la realpolitik ; l’Iran, a contrario, dispose de peu d’alliés mais de proxies fidèles et résilients.

La présence américaine au Moyen-Orient : entre amitiés, alliances et clientélisme

Si la Russie monte en puissance au Moyen-Orient et que l’Iran, l’Arabie saoudite ou encore la Turquie tentent d’y élargir leur influence, l’omniprésence et la quasi-omnipotence américaines y sont incontestables. La carte ci-dessous montre ainsi combien le réseau d’alliances construit par Washington au fil des décennies est vaste et vient répondre aux différents enjeux stratégiques des Américains au Moyen-Orient.

La Turquie, tête de pont américaine au Moyen-Orient, est ainsi un allié de choix étant donné sa place dans l’OTAN, malgré les différends opposant actuellement les deux pays (3). La base aérienne d’Incirlik, au sud du pays, abrite ainsi une base militaire américaine majeure dans laquelle sont d’ailleurs stockées des armes nucléaires et leurs vecteurs stratégiques aériens (avions B-52 notamment). Sans être membre de l’OTAN, la Jordanie quant à elle tient également un rôle d’allié pour les Américains, qui ont pu compter sur le royaume hachémite pour héberger des bases aériennes de la Coalition et assurer une forme de modération dans le conflit israélo-palestinien.

Le Caire apparaît également comme un partenaire des Américains au vu des investissements militaires que ces derniers y concèdent. Conscients du rôle pivot majeur de l’Egypte dans l’équation sécuritaire régionale, les Etats-Unis y stationnent des troupes et financent massivement les forces de sécurité locales.

Le « bloc » du centre de la péninsule Arabique composé de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn, du Qatar et du Koweït apparaissent quant à eux comme les grands alliés des Etats-Unis dans la région. En raison des enjeux stratégiques majeurs et réciproques liant Washington à ces pays, au premier rang desquels le commerce pétrolier, la vente d’armes et la lutte contre l’influence iranienne, la diplomatie américaine est parvenue à créer de solides alliances. Si le Qatar est actuellement engagé dans une confrontation diplomatique majeure avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, ces trois pays s’accordent sur leur alliance avec les Etats-Unis. Electron libre permanent du Moyen-Orient, Israël fait également partie de ces alliés quasi-indéfectibles des Américains.

En revanche, l’Afghanistan, l’Irak, le Yémen et le Pakistan apparaissent comme les alliés clientélistes des Etats-Unis, dépendants de ses aides financières et politiques, et pouvant jouer un double jeu diplomatique. L’Irak, par exemple, n’a pas oublié l’occupation américaine de 2003 à 2011 et prête une oreille très attentive à l’Iran, encore plus maintenant que les milices chiites Hachd al Chaabi (4), soutenues par le régime des Mollah, ont été à l’origine du coup d’arrêt de l’offensive de Daech contre Bagdad en 2014 et représentent la colonne vertébrale des forces de sécurité irakienne, encore aujourd’hui.

Ainsi, si les Etats-Unis ont déployé un vaste réseau de bases militaires au Moyen-Orient et d’alliances très étendues, ces dernières apparaissent fortement plurielles tant dans leur nature que dans leur robustesse. La crise que traversent actuellement les relations irano-américaines le mettant particulièrement en évidence.

Les alliances américaines à l’épreuve de la crise iranienne

L’Arabie saoudite apparaît comme l’allié le plus notablement rangé aux côtés des Américains. Tout en affirmant ne pas chercher la confrontation, le prince Mohamed bin Salman (MBS) a affirmé que le royaume « n’hésiterait pas à traiter toute menace tournée contre notre peuple, notre souveraineté ou nos intérêts vitaux ». MBS entretient une rhétorique guerrière directe ou indirecte contre l’Iran, et un journal saoudien dont le frère de MBS est propriétaire appelait par exemple en juin les Etats-Unis à réaliser des « frappes chirurgicales » contre Téhéran, tandis que son rédacteur en chef renchérissait sur Twitter par un « Frappez-les durement ! 

Cette rhétorique belligérante s’accompagne également d’un engagement militaire réel : pour la première fois depuis 1991, l’Arabie saoudite s’apprête, à nouveau, à accueillir sur son sol des forces américaines, dans le cadre d’un accord passé entre les Etats-Unis et le royaume wahhabite le 19 juillet dernier. L’armée américaine s’est ainsi installée dans la base aérienne « Prince Sultan » délaissée après la première guerre du Golfe, sur laquelle devraient stationner, à terme, environ 500 hommes et des dizaines d’avions militaires (chasseurs notamment). L’Arabie saoudite devrait également bénéficier du déploiement des systèmes de missiles sol-air Patriot. Le Pentagone, métonymie du Départ de la Défense américain, a justifié cet envoi de troupes par l’existence de « menaces émergentes et crédibles dans la région ».

En plus de l’Arabie saoudite, les Etats-Unis savent pouvoir compter sur Israël. En effet, son Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé sa volonté de faire front uni avec les Américains face à toute agression iranienne. La Primature de l’Etat hébreu appelle en effet depuis de longues années à une intervention militaire en Iran afin de l’empêcher d’acquérir l’arme atomique. Toutefois, certains médias, à l’instar du New York Times, font état de la grande réserve de l’état-major de Tsahal, l’armée israélienne, face à une confrontation armée avec l’Iran : en effet, la présence des 20 à 25 000 combattants du Hezbollah en Syrie et au Liban (5), à proximité immédiate d’Israël et significativement soutenus par l’Iran (6) représentent une menace pour l’Etat hébreu (7).

Toutefois, malgré ces deux alliés partageant une animosité commune et notoire contre l’Iran, l’accroissement des tensions entre Washington et Téhéran a mis à rude épreuve le système des alliances des Etats-Unis au Moyen-Orient. En effet, hormis Riyad et Tel Aviv, la plupart des chancelleries de la région ont préféré jouer la carte de l’apaisement et de la médiation, voire rester neutres.

Ainsi, les Emirats arabes unis, qui marchent pourtant souvent dans l’ombre de Riyad, semblent hésitants. Abou Dhabi a préféré affirmer avec pondération que les récents développements dans le golfe Persique requerraient de « sages esprits dans la région et dans le monde pour enclencher une désescalade de la situation ». En effet, en cas de confrontation militaire, de par le positionnement géographique de l’Emirat - son littoral s’étendant sur une large part du golfe Persique et du golfe d’Oman - les revenus issus du pétrole et du tourisme chuteraient (8).

Quant au Qatar, l’isolement dont il a fait l’objet de la part de ses voisins péninsulaires (9) l’a poussé à se rapprocher davantage de Téhéran ces deux dernières années. Pour autant, Doha se trouve aujourd’hui face à un dilemme : d’une part, ses exportations de gaz, cruciales pour son économie, passent par le détroit d’Ormuz et dépendent donc de la stabilité régionale. D’autre part, le Qatar abrite le plus important contingent américain de la région, avec près de 11 000 hommes et une centaine d’appareils militaires installés sur la base aérienne d’Al-Udeid. La diplomatie qatarie appelle donc au calme et à la retenue avant qu’un conflit irano-américain ne la mette dans une situation très délicate, tant d’un point de vue politique qu’économique (10).

L’Irak, Bahreïn et le Koweït, dont les exportations d’hydrocarbures dépendent elles aussi de la stabilité de la région et en particulier du golfe Persique (11), sont restés très mesurés dans leur propos, voire ne se sont pas exprimés : par exemple, dans le cas de l’Irak, les revenus tirés du pétrole couvrent près de 95% des dépenses de l’Etat (12) ; Bagdad n’a donc aucun intérêt à ce que son seul débouché économique se retrouve perturbé par des affrontements armés. Bagdad n’a que peu réagi au tir de missile sur une installation d’ExxonMobil à Bassorah le 19 juin par exemple, et dont la paternité n’a pas été revendiquée mais porte la marque d’un proxy régional de l’Iran ; cela d’autant plus que cette frappe ne visait pas Bassorah elle-même, mais bien le géant américain du pétrole qui y est stationné.

Les autres pays de la région, qu’il s’agisse de la Jordanie, de l’Egypte ou encore de la Turquie, se sentent moins concernés par cette crise dans la mesure où leur économie n’est pas aussi vitalement corrélée à la stabilité politico-militaire du détroit d’Ormuz que leurs voisins du golfe Persique ; cela d’autant plus que, si certains pays comme la Turquie avaient encore le droit d’importer du pétrole iranien sans encourir de sanctions américaines, cette prérogative est désormais caduque depuis le 2 mai dernier (13). Ils gardent donc, pour le moment, une posture d’observateurs attentifs.

Le dispositif diplomatico-militaire de Téhéran : des alliés peu nombreux mais fidèles et déterminés

En raison de son isolement diplomatique, imposé en grande partie par les Etats-Unis et les grandes puissances sunnites du Moyen-Orient, au premier rang desquelles l’Arabie saoudite, la République islamique d’Iran n’a que peu d’alliés dans la région. Les nombreux conflits et guerres civiles ayant éclaté ces dernières années au Moyen-Orient ont pourtant été autant d’occasions pour Téhéran de contourner cet isolement et de créer des alliés fidèles.

Le conflit au Levant s’est avéré significatif à cet égard pour Téhéran, qui a apporté un soutien substantiel aux régimes en place. En Syrie, le régime iranien est venu en aide à celui de Bachar el-Assad en 2012 au moment où les rebelles syriens et l’Etat islamique étaient sur le point de renverser le pouvoir alaouite. Afin de parvenir à ce résultat, Téhéran a pu compter sur ses forces armées, mais surtout sur le Hezbollah libanais, acquis à la cause iranienne depuis sa création en 1985 et que Téhéran subventionne massivement tant financièrement que militairement, comme évoqué précédemment, afin de garder un proxy dans la région du stratégique littoral méditerranéen.

De même, Téhéran a mobilisé en nombre des Afghans chiites, entre 10 000 et 20 000, sur la promesse de salaires substantiels et, surtout, de papiers iraniens pour eux et leur famille. Enrôlés au sein de la « Liwa Fatemiyoun » dès 2014 dans le but de renforcer les lignes de défense syriennes, ces Afghans souvent jeunes et sans réel entraînement militaire ont été envoyés dans les zones de combat les plus intenses (14) et ont subi de très lourdes pertes, avoisinant les 2000 morts et 8000 blessés.

En Irak, le rôle de l’Iran dans la sauvegarde du régime irakien aura certainement été aussi déterminant, à bien des égards, que celui de la Coalition internationale. En effet, le soutien apporté par Téhéran aux milices chiites Hachd al Chaabi a permis à ces dernières de stopper l’offensive de Daech à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad en juin 2014, puis à être le fer de lance des différentes offensives irakiennes visant à reprendre les territoires conquis par Daech : la bataille de Ramadi, première grande reconquête de l’armée irakienne sur Daech de 2014 à 2015, a fait entrer les milices chiites comme composante centrale du dispositif offensif irakien. Les batailles décisives de Rutbah en 2016, au cœur du désert de l’Anbar dont Daech s’était fait une base arrière, ou encore celle de Mossoul de 2016 à 2017, dont la portée stratégique était aussi forte que la portée symbolique (15), ont confirmé le rôle central des milices Hachd al Chaabi dans la lutte contre Daech. Ces dernières s’illustreront également lors de la reconquête, en septembre/octobre 2017, des territoires pris en 2014 par les Peshmergas et situés en-dehors de la région autonome du Kurdistan irakien.

De même, au Yémen, le régime iranien a poursuivi ce schéma de soutien à des groupes armés locaux afin d’en faire des proxies ; les chiites houthis, en guerre insurrectionnelle au Yémen depuis 2014 (16), obtiennent ainsi dès le début du conflit le soutien de Téhéran. Si celui-ci apparaît relativement discret au début (17), une adhésion des Houthis au régime iranien se révèle notable à partir de 2015 (18), année de l’intervention militaire de la coalition menée par l’Arabie saoudite.

Le potentiel soutien financier iranien n’est pas connu ou chiffré avec précision ; toutefois, il est notoire que l’Iran a équipé en armes les rebelles chiites (19). Ces derniers, qui ont tenté avec un succès en demi-teinte (20) de renverser en 2014 le pouvoir pro-saoudien en place, opposent une résilience toute particulière à la coalition menée par l’Arabie saoudite : malgré sa supériorité de puissance de feu (la totalité du spectre militaire est déployé par les Saoudiens contre les Houthis : forces terrestres, navales et aériennes), la coalition n’est pas parvenue à infliger aux Houthis de sérieux revers. Ces derniers entretiennent ainsi un conflit dans lequel les Saoudiens s’enlisent et qui aurait déjà provoqué la mort d’un millier de ses soldats ainsi que la destruction de matériels militaires de valeur, à l’instar des trois avions et neuf hélicoptères abattus par les Houthis depuis le début du conflit. Dès lors, le soutien que leur apporte l’Iran reste plus que jamais d’actualité, comme l’a montré, entre autres choses, le tir d’un missile houthi sur un aéroport saoudien le 12 juin dernier.

Conclusion

Ainsi, le jeu des alliances irano-américaines au Moyen-Orient montre que, malgré l’imposant dispositif militaire et diplomatique déployé par les Etats-Unis à travers la région, l’Iran est parvenu à se doter d’un réseau de proxies disséminé tant au Liban qu’en Syrie, Irak ou encore au Yémen. Toutefois, les tensions grandissantes entre l’Iran et les Etats-Unis ont montré que leurs alliés étaient globalement opposés à un conflit ouvert en raison des enjeux économiques vitaux liés au golfe Persique, et plus particulièrement au détroit d’Ormuz. Situé au centre géographique de la discorde, ce détroit large d’à peine quarante kilomètres est en effet l’un des poumons économiques actuels du monde ; sans substitut efficace à ce détroit, aucune des parties en présence ne prendra le risque de s’engager dans un conflit ouvert et d’enflammer la région.

A lire sur Les clés du Moyen-Orient :
 À Manama, le volet économique du plan de paix américain controversé sur fond de renforcement de l’axe anti-Iran dans la région
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 Crise dans le Golfe persique : le face-à-face irano-américain
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Crise-dans-le-golfe-Persique-le-face-a-face-irano-americain.html
 Entretien avec Thierry Coville : « L’Iran a montré qu’il respectait le droit international, pas les États-Unis »
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Thierry-Coville-L-Iran-a-montre-qu-il-respectait-le-droit.html
 Entretien avec Clément Therme – Comprendre la montée des tensions entre les Etats-Unis et l’Iran
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Notes :
(1) L’un des pétroliers sur lesquels des mines-ventouses avaient été posées le 13 juin 2019 était un tanker japonais, le Kokuka Courageous.
(2) Un membre haut placé du gouvernement japonais a affirmé que « les explications américaines ne nous ont pas aidé à aller au-delà de la simple spéculation ».
(3) Si la Turquie et les Etats-Unis ont pu compter fidèlement l’un sur l’autre durant plusieurs années, les différends s’accumulent concomitamment à l’évolution politique du Président Recep Tayyip Erdogan et de la montée en puissance de la Russie dans la région. Les crispations sont telles que les Etats-Unis envisagent aujourd’hui d’adopter des sanctions contre la Turquie en raison de son achat du système d’armes sol-air russe S400. En outre, Turcs et Américains se disputent aujourd’hui autour des milices kurdes syriennes des YPG/YPJ, partenaires incontournables des Etats-Unis sur le terrain, que la Turquie considère comme des terroristes. Le cas du prédicateur turc Fethullah Gülen constitue également une pierre d’achoppement majeure entre les deux alliés de l’OTAN : actuellement réfugié en Pennsylvanie, ce ressortissant turc est devenu la bête noire d’Ankara et serait à l’origine de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
(4) Ces milices ne forment pas un ensemble homogène : elles sont en réalité composées d’une dizaine de groupes différents, mais partageant tous la même obédience au régime iranien.
(5) Selon des chiffres en date de 2017.
(6) Bien qu’il soit impossible d’obtenir des chiffres précis et à jour du soutien financier de Téhéran au profit du Hezbollah, certaines données américaines publiées en 2004 estiment ce soutien à un total de 200 millions de dollars environ. En plus de l’aide financière iranienne, le Hezbollah a également bénéficié de son soutien militaire avec, par exemple, la livraison de missiles sol-sol Fateh-110 de manufacture iranienne en 2018.
(7) Preuve de la réalité de cette menace, un commandant du Hezbollah a ainsi annoncé qu’une partie de ses forces étaient redirigée vers le sud syrien, où Israël partage une frontière commune avec la Syrie.
(8) En effet, avec plus de 15 millions de visiteurs en 2018, la plus grande ville émiratie, Dubaï, se positionne comme la septième ville la plus visitée dans le monde, par exemple.
(9) Pour rappel, en juin 2017, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte coupaient leurs relations diplomatiques avec le Qatar et lui imposaient un blocus économique en raison, officiellement, de son soutien à des groupes terroristes et de ses relations relativement bienveillantes avec l’Iran. Il s’agissait en réalité, plus largement, d’un conflit d’influence majeur entre Doha et Riyad, qui voyait en son petit voisin du Golfe un concurrent croissant tant en terme économique que politique et, plus encore, religieux.
(10) Le Ministre qatari des Affaires étrangères Sheikh Mohammed bin Abdulrahman al Thani a d’ailleurs tenté de s’imposer comme médiateur de la crise et se serait rendu à Téhéran au cours du mois de juin pour s’entretenir à ce sujet avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.
(11) Le pétrole représentait environ 90% des revenus du Koweït en 2018 et 19% de celui de Bahreïn la même année.
(12) Selon des chiffres publiés en 2018 par l’OPEC (Organization of the Pétroleum Exporting Countries).
(13) L’un des nombreux déclencheurs de la crise irano-américaine a consisté en la suppression des autorisations exceptionnelles accordées par les Etats-Unis à une poignée de pays (Turquie, Corée du Sud, Japon, Inde et Chine notamment) de continuer à importer du pétrole iranien, alors sous sanctions économiques.
(14) Les Afghans se sont notamment illustrés lors de la bataille pour la reprise d’Alep en 2016 et celle de Deir Ez Zor en 2017.
(15) Mossoul, deuxième plus grande ville d’Irak, était tombée en quatre jours aux mains de Daech en 2014 après que les soldats irakiens aient fui face à l’avancée djihadiste ; Daech en avait alors fait son fief irakien.
(16) Si ce conflit est désormais analysé sous un angle confessionnel, ses racines tiennent davantage d’une confrontation entre des mouvements tribaux et un pouvoir central que d’un conflit purement religieux ou ethnique. La question de la redistribution des richesses et du pouvoir est également centrale dans la compréhension de ce conflit.
(17) Certains articles témoignent du soutien peu apparent de Téhéran aux Houthis ; Le Monde estimait quant à lui en 2015 que ce soutien était « difficile à évaluer », sans en contester l’existence.
(18) Un commandant houthi annonçait ainsi à Reuters, en 2015, que l’Iran et les Houthis partageaient le dessein d’une confrontation avec « les projets américains ».
(19) Les Houthis disposent d’armements de plus en plus sophistiqués, et de personnels entraînés à leur utilisation. Si l’usage des missiles anti-char Kornet pourrait n’être qu’une coïncidence, celui, de plus en plus régulier, de drones Qasef-1 de manufacture iranienne ou de missiles Burkan-2, eux aussi de conception iranienne.
(20) Les milices houthis sont parvenues, en 2014, à prendre la capitale Sanaa. Toutefois, le régime yéménite s’est déporté à Aden, depuis lequel il continue le combat avec le soutien des Saoudiens.

Bibliographie :
 MOHAMMED, Ahmed Anwer et MOORTHY, Ravichandran. SAUDI-IRAN RIVALRY IN THE MIDDLE EAST : IMPLICATION TO NATIONAL SECURITY. e-Bangi, 2019, vol. 16, no 1.
 HIRO, Dilip. Cold War in the Islamic World : Saudi Arabia, Iran and the Struggle for Supremacy. Oxford University Press, 2019
 GHOBLE, Vrushal T. Saudi Arabia–Iran Contention and the Role of Foreign Actors. Strategic Analysis, 2019, vol. 43, no 1, p. 42-53.
 HABIB, Yasir. Religious Diplomacy. 2018.
 PERTHES, Volker. Conflict and realignment in the Middle East. Survival, 2018, vol. 60, no 3, p. 95-104.
 NASR, Vali. Iran Among the Ruins : Tehran’s Advantage in a Turbulent Middle East. Foreign Aff., 2018, vol. 97, p. 108.
 MATTIS, Jim. Summary of the 2018 national defense strategy of the United States of America. Department of Defense Washington United States, 2018.
 DeVore, M. (2012). Exploring the Iran-Hezbollah Relationship : A Case Study of how State Sponsorship affects Terrorist Group Decision-Making. Perspectives on Terrorism, 6(4/5), 85-10
 Juneau, Thomas. (2016). Iran’s policy towards the Houthis in Yemen : A limited return on a modest investment. International Affairs. 92. 647-663. 10.1111/1468-2346.12599.

Sitographie :
 Grâce à la Syrie, le Hezbollah est devenu une armée régionale, Le Figaro, 16/02/2017
http://www.lefigaro.fr/international/2017/02/16/01003-20170216ARTFIG00307-grace-a-la-syrie-le-hezbollah-est-devenu-une-armee-regionale.php
 How U.S. Allies in the Middle East are Responding to Rising Tensions with Iran, The Time, 18/06/2019
https://time.com/5608930/pomepo-iran-saudi-uae-tankers/
 US plans coalition of allies to patrol waters off Iran and Yemen, The Guardian, 10/07/2019
https://www.theguardian.com/world/2019/jul/10/us-plans-coalition-of-military-allies-to-patrol-waters-off-iran-and-yemen-gulf
 Enemies or Allies in the New Middle East ? Turkey, Iran, and Saudi Arabia, Middle East Program, Wilson Center, 19/12/2011
https://www.wilsoncenter.org/event/enemies-or-allies-the-new-middle-east-turkey-iran-and-saudi-arabia
 Meet the Proxies : How Iran Spreads Its Empire through Terrorist Militias, The Tower, 01/03/2015
http://www.thetower.org/article/meet-the-proxies-how-iran-spreads-its-empire-through-terrorist-militias/
 Annual Statistical Bulletin, Organization of the Petroleum Exporting Countries, 2018
https://asb.opec.org
 How to Counter Iran’s Proxies, Atlantic Coucil, 18/06/2019
https://www.atlanticcouncil.org/blogs/menasource/how-to-counter-iran-s-proxies
 Israel Presses the Case Against Iran, but Not for War, The New York Times, 16/05/2019
https://www.nytimes.com/2019/05/16/world/middleeast/israel-iran-netanyahu-war.html
 As sanctions choke Iran, Hezbollah reportedly deploying for war on Israel border, Times of Israel, 2019
https://www.timesofisrael.com/as-sanctions-choke-iran-hezbollah-said-deploying-for-war-on-israels-border/
 Mission accomplished ? What’s next for Iran’s Afghan Fighters in Syria, War on the rocks, 2018
https://warontherocks.com/2018/02/mission-accomplished-whats-next-irans-afghan-fighters-syria/
 Afghan Official in Deep Water after Praising Role of Soleimani and Shiite Militias in Syria, Middle East Institute, 2017
https://www.mei.edu/publications/afghan-official-deep-water-after-praising-role-soleimani-and-shiite-militias-syria
 Exclusive : Iran steps up support for Houthis in Yemen’s war – sources, Reuters, 2017
https://www.reuters.com/article/us-yemen-iran-houthis/exclusive-iran-steps-up-support-for-houthis-in-yemens-war-sources-idUSKBN16S22R
 Iranian support seen crucial for Yemen’s Houthis, Reuters, 2015
https://www.reuters.com/article/us-yemen-houthis-iran-insight/iranian-support-seen-crucial-for-yemens-houthis-idUSKBN0JT17A20141215
 Comprendre les origines de la guerre au Yémen, Le Monde, 2015
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/17/comprendre-les-origines-de-la-guerre-au-yemen_4617215_4355770.html
 Les missiles des Houthis : prolifération balistique et groupes armés non-étatiques, Fondation pour la recherche stratégique, 2018
https://www.frstrategie.org/publications/recherches-et-documents/les-missiles-des-houthis-proliferation-balistique-et-groupes-armes-non-etatiques-11-2018
 Islamic Jihad hints it may strike Israel in case of US-Iran war, Times of Israel, 2019
https://www.timesofisrael.com/islamic-jihad-hints-it-may-strike-israel-in-case-of-us-iran-war/

Publié le 24/07/2019


Emile Bouvier est chercheur indépendant spécialisé sur le Moyen-Orient et plus spécifiquement sur la Turquie et le monde kurde. Diplômé en Histoire et en Géopolitique de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, il a connu de nombreuses expériences sécuritaires et diplomatiques au sein de divers ministères français, tant en France qu’au Moyen-Orient. Sa passion pour la région l’amène à y voyager régulièrement et à en apprendre certaines langues, notamment le turc.


 


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