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Le mandat du président Camille Chamoun (1952-1958) : Le Liban dans la tourmente des relations internationales (2/2)

Par Yara El Khoury
Publié le 05/07/2011 • modifié le 15/03/2021 • Durée de lecture : 14 minutes

En 1957 à Beyrouth : le président Chamoun (droite), le Shat d’Iran Mohamad Reza Pahlavi (deuxième droite), l’épouse du Shat, Souraya, le Premier ministre libanais Sami al-Solh (à gauche) et son épouse Zalfa.

AFP

Lire la partie 1 :
Le mandat du président Camille Chamoun (1952-1958) : Le Liban dans la tourmente des relations internationales (1/2)

Dès le début de son mandat, le président Camille Chamoun se tourne vers les pays arabes et entreprend de nouer des relations amicales avec eux. Au cours de l’année 1953, il se rend successivement en Arabie Saoudite, en Irak et en Egypte. Le Caire vit depuis le coup d’Etat du 23 juillet 1952 à l’ombre du régime des Officiers libres. La République égyptienne proclamée le 18 juin 1953 est dirigée par le général Mohammed Néguib, mais c’est un colonel du nom de Gamal Abdel Nasser, encore inconnu du peuple égyptien, qui tient en réalité les rênes du pouvoir [1].

Les coups d’Etat de Syrie et d’Egypte sont le fruit de complots fomentés par un nombre limité d’officiers mécontents contre les régimes en place. Ils n’ont donc pas bénéficié d’un assentiment populaire véritable, ni de l’adhésion de forces civiles présentes dans la société. C’est ce qui explique que la Syrie a vu se succéder trois coups d’Etat en une année. De leur côté, les Officiers libres d’Egypte se maintiennent au pouvoir en interdisant les partis politiques et toute forme de contestation organisée. Leur révolution parvient à s’installer dans la durée à partir du moment où le colonel Gamal Abdel Nasser s’arroge la totalité du pouvoir, en octobre 1954.

Toujours est-il que ces putschs n’ont rien d’exceptionnel. A l’époque, un changement de régime qui survient à Damas ou au Caire n’est pas forcément destiné à avoir des retombées sur la région du Moyen-Orient. Cependant, ces coups d’Etat seront investis d’une importance surdimensionnée par rapport à leur véritable nature du fait de la situation plus globale des relations internationales où prédomine la guerre froide. Décidées à se forger une légitimité par le moyen d’un double combat pour l’indépendance nationale et contre l’Etat d’Israël, les nouvelles équipes au pouvoir à Damas et au Caire se tournent vers les Etats-Unis et l’Union soviétique, en raison de leur passé non-colonial, et recherchent appui diplomatique et militaire auprès de ces puissances [2]. Dès lors, la rivalité idéologique entre le capitalisme libéral et le communisme gagne le Moyen-Orient et s’y implante au milieu des années 50. En raison de sa constitution politique et sociale fragilisée par l’existence de communautés religieuses qui ne partagent pas une lecture commune de l’histoire et du devenir du Liban, ce dernier se mue en caisse de résonance de tous les repositionnements politiques qui ont cours au Moyen-Orient. Secoué successivement par le Pacte de Bagdad, la doctrine Eisenhower et l’union syro-égyptienne, le pays devient le théâtre de dissensions internes de plus en plus prononcées qui culminent avec la guerre civile du printemps-été 1958.

Le Pacte de Bagdad

Le 6 novembre 1952, Dwight David Eisenhower est élu à la présidence des Etats-Unis. La nouvelle Administration républicaine instaure le principe de l’aide active accordée aux Etats qui font face à la menace communiste, notamment par l’établissement de pacte régionaux destinés à encercler le territoire soviétique. De leur côté, craignant l’expansionnisme plus audacieux qui marque la politique de l’URSS depuis la mort de Staline en mars 1953, certains pays du Moyen-Orient cherchent à nouer des alliances qui les mettraient à l’abri des ambitions de Moscou. C’est dans ce contexte que naît le Pacte de Bagdad.

Le 2 avril 1954, un traité de coopération et de défense mutuelle est signé à Ankara entre la Turquie, pays membre de l’OTAN, et le Pakistan. Le 13 janvier 1955, Bagdad et Ankara annoncent leur décision de conclure un accord similaire. D’autres pays sont invités à s’y joindre, et les deux gouvernements ne tardent pas à entreprendre des contacts dans ce sens. Ainsi, du 15 au 18 janvier 1955, Beyrouth reçoit le premier ministre turc Adnan Mendéres et son ministre des Affaires étrangères Fouad Coprulu. Les dirigeants libanais souhaitent en savoir plus sur le traité turco-irakien qui ne leur apparaît pas comme menaçant, car le président Chamoun a d’excellentes relations avec le pouvoir irakien, tout comme le Premier ministre Sami el-Solh et le ministre des Affaires étrangères Alfred Naccache. Les deux responsables turcs exposent aux Libanais les avantages de l’alliance avec l’Occident dans le cadre de l’OTAN et du Pacte atlantique, et placent le traité à venir sous le signe de la défense contre l’Etat d’Israël. Le Liban officiel répond avec prudence à l’invitation turque, préférant ne pas prendre de décision sans consultations préalables avec les autres pays arabes. De fait, le Caire et Riyad sont mises au courant très rapidement de la teneur des entretiens qui se sont déroulés à Beyrouth.

Au Caire, l’accord turco-irakien suscite la colère de Gamal Abdel Nasser qui y voit la violation par un pays arabe du pacte de défense commune. Le 22 janvier 1955, à sa demande, les chefs de gouvernements des Etats de la Ligue arabe se réunissent au Caire, en l’absence du représentant de l’Irak. Mises à demeure par Nasser de renoncer au projet d’accord avec la Turquie sous peine de quitter la Ligue arabe, les autorités irakiennes refusent d’obtempérer.

Le Liban s’interdit de prendre parti et tente plutôt une médiation entre Bagdad et le Caire, mais ceci n’empêche la polémique suscitée par l’accord turco-irakien de se répercuter sur la vie politique libanaise. A Beyrouth, l’opposition se rallie à la politique de Nasser, et c’est un pays désormais divisé qui reçoit le 20 février 1955 le ministre égyptien de l’Orientation nationale, le major Salah Salem. Il expose aux dirigeants libanais le nouveau projet de pacte de défense arabe prôné par Nasser, un projet qui comprend la création d’un commandement militaire arabe commun avec interdiction aux dirigeants des pays membres de nouer des alliances avec d’autres Etats sans l’accord de leurs pairs arabes. Les responsables libanais font un accueil réservé aux propositions de leur interlocuteur égyptien ; les réactions sont en revanche plus enthousiastes du côté de l’opposition.

Le 24 février 1955, la Turquie et l’Irak signent le Pacte de Bagdad, prévu pour une période de cinq ans renouvelables et ouvert à tous les autres Etats de la région. La réponse des pays arabes opposés à cette alliance est annoncée quelques jours plus tard, début mars : l’Egypte et la Syrie s’unissent dans un nouveau pacte de sécurité interarabe, bientôt rejoint par l’Arabie saoudite, et qui s’appellera le Pacte Tripartite. Une copie du texte est transmise au pouvoir libanais qui l’examine en conseil des ministres et réserve sa réponse. Le président Chamoun oppose le même refus poli aux dirigeants turcs qui réitèrent leur invitation au Liban d’adhérer au pacte de Bagdad lors de la visite qu’il effectue à Ankara. Cette visite est très mal accueillie tant par les médias égyptiens que par les milieux de l’opposition libanaise qui y voient une atteinte au principe de neutralité dont se réclame le Liban.

En avril 1955, le leadership de Nasser acquiert une envergure nouvelle suite à sa participation à la conférence de Bandoeng et sa décision d’acheter des armes à la Tchécoslovaquie afin de faire face à la brusque montée des tensions avec Israël. La crise de Suez achèvera de le transformer en une figure héroïque, porte-étendard d’un nationalisme arabe revigoré. Le 26 juillet 1956, lors d’un discours à Alexandrie, Nasser annonce la nationalisation de la Compagnie universelle du canal de Suez, une compagnie à intérêts français et britanniques. Les deux puissances s’estiment lésées du fait de cette décision unilatérale et décident de mener une intervention militaire contre l’Egypte.

Le 29 octobre 1956, l’agression tripartite débute par une offensive israélienne, suivie par l’entrée en lice des troupes françaises et britanniques. Si la plupart des pays arabes rompent leurs relations diplomatiques avec la France et la Grande-Bretagne, le Liban vit difficilement ce nouvel événement : choisissant de ne pas porter atteinte aux relations diplomatiques avec les puissances occidentales, le pouvoir libanais n’en condamne pas moins officiellement leur action militaire et proclame sa solidarité entière avec l’Egypte. Pour parer à d’éventuels débordements, la rue musulmane s’étant enflammée dans les principales villes du pays, le gouvernement décrète l’état d’urgence et nomme le général Fouad Chéhab gouverneur militaire. Fin octobre, le président Chamoun appelle à une réunion de la Ligue des Etats arabes, une proposition qui recueille les suffrages de se pairs arabes. La polémique au sujet du lieu du sommet en retardera la tenue.

Suite à des pressions américano-soviétiques [3], la guerre de Suez prend fin le 6 novembre 1956. Les 11 et 12 novembre 1956, le sommet des chefs d’Etats arabes finit par se tenir à Beyrouth, après la cessation des combats sur le sol égyptien. Pendant le sommet, les ministres Saeb Salam et Abdallah al-Yafi menacent le président Chamoun de quitter le gouvernement s’il ne rompt pas les relations diplomatiques avec la France et la Grande-Bretagne. De fait, les deux ministres démissionnent le 16 novembre 1956 et rejoignent le camp de l’opposition acquise à l’Egypte de Nasser. Camille Chamoun charge Sami el-Solh de former un nouveau gouvernement.

La doctrine Eisenhower

Au mois de novembre 1956, le président Eisenhower est réélu à la Maison Blanche. En janvier 1957, il expose devant le Congrès sa doctrine qui propose une aide économique et militaire aux pays du Moyen-Orient désireux de se soustraire à l’hégémonie soviétique. Il préconise également l’intervention militaire de son pays à la demande des Etats menacés directement par Moscou.

Au Liban, le président Chamoun et son équipe optent pour le ralliement à la doctrine Eisenhower, et, le 16 mars 1957, l’accord libano-américain est paraphé par le ministre des Affaires étrangères Charles Malek et l’ambassadeur James Richards, envoyé spécial du président Eisenhower. Le Liban reçoit la promesse d’une aide économique américaine que le gouvernement entend mettre à profit pour mener à terme différents projets de développement. Il est également question d’une aide militaire complémentaire à celle que Washington accorde déjà aux forces armées libanaises. A part le Liban, l’Arabie Saoudite, l’Irak, la Jordanie, la Turquie et l’Iran adhèrent aussi aux propositions américaines. Encerclé de toutes parts par des pouvoirs pro-américains, Damas resserre son alliance avec Moscou. Le 6 août 1957, un accord de coopération économique et technique est signé dans la capitale russe entre la Syrie et l’Union soviétique.

Pour l’opposition, le gouvernement vient de violer le Pacte national de 1943 qui établit la neutralité du Liban. Les médias égyptiens alimentent une vive tension en s’attaquant ouvertement aux choix de l’Etat libanais. Pourtant, le clivage qui scinde la population libanaise en deux clans opposés ne saurait être taxé de confessionnel car l’opposition, qui prend le nom de Front d’unité nationale, compte dans ses rangs de nombreuses personnalités chrétiennes. Le patriarche maronite Pierre-Paul Méouchy dit regretter un accord qui isole le Liban sur la scène arabe et apporte sa caution aux opposants. S’exprimant pour la première fois depuis son départ du pouvoir, l’ancien président Béchara el-Khoury appelle les Libanais à retourner à l’esprit du Pacte national.

Les revendications de l’opposition sont exprimées à la Chambre à partir du 18 mars 1957. Elles comportent la révision de la loi électorale ainsi que le départ du gouvernement. Le 28 mars 1957, l’Assemblée présidée par Adel Osseirane entame les débats sur la nouvelle loi électorale, et le député Hamid Frangié prend la parole le 2 avril au nom de l’opposition pour plaider en faveur des amendements revendiqués. Le 3 avril, le vote a lieu conformément au vœu du gouvernement qui proposait d’augmenter le nombre de députés à 66 et non à 88 comme le voulait l’opposition. Au sein de l’Assemblée, le pouvoir dispose d’une majorité suffisante qui lui permet de faire prévaloir sa volonté.

L’opposition est confrontée le lendemain à la proposition du chef du gouvernement de soumettre les choix de politique étrangère, autrement dit l’adhésion du Liban à la doctrine Eisenhower, à une motion de confiance. Prise de court par cette proposition qui ne figurait pas à l’ordre du jour de la séance, l’opposition réclame par la voix de Hamid Frangié et d’Abdallah al-Yafi que le vote soit reporté d’un jour. Le lendemain, 5 avril, les députés désormais qualifiés de loyalistes et leurs collègues opposants se retrouvent dans l’hémicycle. Les opposants refusent de passer au vote sous prétexte que le gouvernement ne les a pas consultés avant de s’engager auprès de l’Administration Eisenhower. Hamid Frangié propose de remplacer le vote par un référendum populaire. Comme le président de la Chambre maintient l’option du vote, sept députés de l’opposition décident de quitter la séance. Ce sont : Hamid Frangié, Abdallah al-Yafi, Rachid Karamé, Ahmad el-Assaad, Kamel el-Assaad, Sabri Hamadé et Abdallah el-Hajj. Leur départ n’empêche pas le gouvernement d’obtenir la confiance de la Chambre par trente voix contre une. Le 9 avril 1957, les mêmes députés présentent leur démission à Adel Osseirane et s’en expliquent dans un manifeste publié dans les colonnes du journal Le Télégraphe.

Les élections législatives ont lieu au Liban tout au long du mois de juin 1957. La campagne électorale se déroule dans un climat tendu où se multiplient les actes de violence perpétrés par l’un ou l’autre camp. Le processus électoral débouche sur une hécatombe pour l’opposition, ses principaux ténors se retrouvant battus dans leurs circonscriptions. Tel sera le sort de Saeb Salam et Abdallah al-Yafi à Beyrouth, d’Ahmad el-Assaad dans le Sud (dimanche 9 juin pour les deux circonscriptions), de Kamal Joumblatt et Fouad Ammoun au Mont-Liban (dimanche 16 juin). Ce même dimanche 16 juin, dans la circonscription de Zghorta, le clan Frangié-Moawad qui fait partie de l’opposition affronte le clan Doueihy-Karam fidèle au pouvoir à l’intérieur de l’église du village de Meziara, faisant vingt-quatre morts et trente blessés.

Le 23 juin, l’opposition remporte un succès dans la Békaa avec l’élection de Sabri Hamadé et tous ses colistiers. De même, le 30 juin, Hamid Frangié et René Moawad sont réélus à Zghorta, et Rachid Karamé à Tripoli. Le pouvoir aura la satisfaction de voir réélire Charles Malek dans le Koura, et la nouvelle Assemblée lui est en général très favorable dans sa composition. Les leaders battus de l’opposition accusent l’Etat d’avoir organisé une vaste fraude électorale qui a conduit à leur déroute.

La naissance de la République arabe unie (RAU)

La Syrie est à l’origine de l’union avec l’Egypte. Elle gagne à ses vues Nasser qui voit très vite les avantages qu’il peut retirer de cette première concrétisation du rêve d’unité arabe. Le 1er février 1958 naît la République arabe unie et, le 18 février, Nasser en devient le président [4]. Le 24 février, il effectue une visite triomphale à Damas. Au cours de son séjour dans la capitale syrienne, il reçoit un télégramme de félicitations de la part du président Chamoun et une délégation d’évêques envoyés par le patriarche Méouchy. Il reçoit aussi toutes les personnalités de l’opposition libanaise qui feront le voyage jusqu’à Damas, tout comme de très nombreux citoyens libanais. Sur la route qui mène de Beyrouth à Damas, certains sont interceptés par des partisans du président Chamoun au niveau de la commune chrétienne de Kahhalé. A la vue des stigmates des rescapés de ces altercations, et s’étant renseigné sur le lieu où elles ont été commises, le président Nasser aurait comparé Kahhalé à une nouvelle ligne Maginot.

Dans la société libanaise déjà divisée autour de la question de la doctrine Eisenhower, deux nouveaux motifs de dissension apparaissent : la RAU et la question de la reconduction du mandat du président Chamoun, une éventualité sur laquelle le principal intéressé reste très vague [5]. Entre les deux blocs antagonistes, une poignée de personnalités modérées tentent de prémunir le pays contre une rixe généralisée. Ils se donnent le nom de Troisième force. Le président Chamoun prend très mal leur requête de ne pas reconduire son mandat. A l’issue de leur rencontre houleuse avec lui, les membres de la délégation de la Troisième force publient un communiqué dans lequel ils annoncent que le président a refusé leur demande et entend par conséquent s’arroger un nouveau mandat. A la parution du communiqué dans la presse, l’opposition réagit violemment et les partisans du président Chamoun manifestent leur satisfaction.

La guerre civile de 1958 et la fin du mandat de Camille Chamoun

Le 8 mai 1958, Nassib Matni, directeur du journal d’opposition Le Télégraphe, est assassiné dans la rue alors qu’il se rendait à pied de son bureau à son domicile. Sa mort donne le signal de départ d’une insurrection généralisée qui gagne toutes les régions libanaises. Le commandant en chef de l’armée, le général Fouad Chéhab, n’obtempère pas à l’ordre que lui donne le président Chamoun de faire intervenir la troupe [6]. Il ne veut pas entraîner l’armée dans des troubles internes, afin de ne pas prendre le risque de la perdre, car elle est à l’image de la société libanaise, multiconfessionnelle, et risque d’être gagnée par les dissensions en cours. En effet, les partisans du président Chamoun appartiennent presque exclusivement à la communauté chrétienne et le parti Kataëb s’est investi de la mission de défendre le chef de l’Etat. Pourtant, le patriarche Méouchy manifeste son opposition au projet de reconduction du mandat présidentiel.

Le 22 mai 1958, le gouvernement libanais dépose une plainte auprès de l’ONU contre la RAU que le Liban accuse d’intervenir dans ses affaires intérieures. Le 10 juin 1958, une mission onusienne d’observateurs est envoyée à Beyrouth où les insurgés parviennent à prendre d’assaut le palais présidentiel dans le quartier de Qantari. Camille Chamoun se défend l’arme à la main contre cette attaque qui le vise personnellement. Le domicile du Premier ministre est incendié. Le 5 juillet 1958, la mission de l’ONU se conclut sur un rapport qui infirme les accusations d’ingérence formulées par le pouvoir libanais à l’encontre de la RAU. Les Etats-Unis, sollicités par le président Chamoun, hésitent eux aussi à intervenir. Mais le coup d’Etat sanglant qui renverse la monarchie irakienne le 14 juillet 1958 décide Washington à envoyer ses soldats au Liban. Le 15 juillet 1958, les Marines de la VI° Flotte débarquent à Beyrouth, et les combats s’arrêtent.

Le 31 juillet 1958, l’élection présidentielle a lieu au Liban. Une quasi unanimité s’est forgée autour de la personne de Fouad Chéhab, un choix qui correspond au vœu des Etats-Unis et qui a reçu l’aval du Caire. Tous les candidats potentiels s’abstiennent de faire acte de leur candidature, sauf Raymond Eddé qui maintient la sienne. Au cours de la séance électorale, le quorum est atteint à grand peine, les alliés du Premier ministre Sami el-Solh ayant souscrit à sa décision de boycotter la séance. Au premier tour, Fouad Chéhab obtient 43 voix soit moins des deux tiers, contre 10 pour Raymond Eddé et 3 abstentions. Au second tour, Chéhab est élu par 48 voix contre 7 pour Raymond Eddé.

Le 23 septembre 1958, dernier jour de son mandat, le président Chamoun remet les rênes du pouvoir au président Fouad Chéhab.

Publié le 05/07/2011


Yara El Khoury est Docteur en histoire, chargée de cours à l’université Saint-Joseph, chercheur associé au Cemam, Centre D’études pour le Monde arabe Moderne de l’université Saint-Joseph.
Elle est enseignante auprès de la Fondation Adyan, et consultante auprès d’ONG libanaises.


 


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