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Autrefois petite ville côtière du sultanat d’Oman, Duqm est aujourd’hui au cœur d’un projet économique d’envergure. Débouchant sur la mer d’Arabie et situé à l’extérieur du détroit d’Ormuz, son port offre aux puissances mondiales une opportunité stratégique sans précédent. À l’instar de ses voisins du Golfe, Oman, pays rentier, cherche à accélérer sa diversification économique, en insistant sur les secteurs de la logistique, du transport et de la pêche. Si le projet de Duqm paraît prometteur, il pourrait à l’avenir réorganiser les rapports de force économiques et diplomatiques de la région, en accentuant une concurrence déjà rude entre les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe – tous à la recherche d’investissements étrangers. En outre, Duqm a rapidement été monopolisé par la puissance chinoise, qui cherche de nouveaux points d’appui dans le cadre des « Nouvelles Routes de la Soie » [1]. Localisé à mi-chemin entre les ports de Gwadar (Pakistan) et de Djibouti (Djibouti), le port omanais permet à Pékin de renforcer sa présence en mer d’Arabie. Cependant, cette expansion inquiète les États-Unis et l’Inde, qui voient en la stratégie chinoise une menace pour leurs intérêts propres. Rapidement alertés par la progression de la Chine, les deux pays ont resserré leurs liens – surtout militaires – avec le sultanat d’Oman. À l’avenir, le port de Duqm pourrait être au centre de luttes d’influence entre puissances concurrentes. Dès lors, qu’est-ce que le projet du port de Duqm et pourquoi est-il aujourd’hui au cœur de rivalités mondiales ?
On verra que Duqm bénéficie d’une situation géographique extrêmement intéressante, permettant au gouvernement omanais et aux investisseurs étrangers d’envisager le développement d’un hub logistique et commercial de taille. En outre, le projet est au cœur de la politique de diversification économique et de rééquilibrage territorial d’Oman, portée par le sultan depuis les années 1990. Pourtant, le pouvoir ne finance que peu le projet de Duqm, préférant attendre les investissements étrangers. En ce sens, le port est rapidement devenu le point d’entrée des « Nouvelles Routes de la Soie » dans le Golfe, alors que les États-Unis et l’Inde voient d’un mauvais œil la progression de Pékin au Moyen-Orient.
Duqm offre à la région un nouveau point d’appui stratégique. Si le port de Jebel Ali (Dubaï, Émirats arabes unis) fait aujourd’hui office de hub régional – et devrait le rester à moyen terme – sa localisation peut parfois s’avérer problématique. Bien qu’épisodiques, les tensions entre l’Iran, les pays du Golfe et les États-Unis paralysent parfois le commerce maritime, alors même que 30% du pétrole mondial transitent par ce détroit [2]. En outre, le projet de développement de Duqm sert particulièrement la politique de diversification économique du pays, entamée depuis les années 1990. À l’instar de ses voisins du Golfe, le sultanat mise sur les secteurs du transport, de la logistique, de la pêche et du tourisme pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures.
De par sa localisation, le port de Duqm revêt une importance stratégique non-négligeable. Situé sur la façade maritime sud-est du sultanat d’Oman, il bénéficie d’un accès direct aux eaux internationales et, par conséquent, à la route commerciale entre l’Asie et l’Europe. Il est de même localisé dans l’une des quatre Zones Économiques Spéciales (ZES) du pays [3] – territoire dans lequel les lois économiques sont plus avantageuses pour les entreprises que dans le reste du pays. En outre, la ZES de Duqm, qui couvre près de 2000 km2 et 90 km de côte (mer d’Oman), est la plus grande de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, et l’une des plus grandes du monde [4]. Au sein du Golfe – où de nombreuses ZES se concurrencent [5] – celle de Duqm détient un avantage conséquent, qu’est celui de se situer à l’extérieur du détroit d’Ormuz, parfois instable. Si ce point stratégique voit transiter près de 21 millions de barils de pétrole par jour [6], il est historiquement au cœur des rivalités géopolitiques de la région. Entre 1984 et 1988, en pleine Guerre Iran-Irak (1980-1988), la « Guerre des tankers » fait couler près d’un demi-millier de pétroliers dans le détroit [7]. Plus récemment encore, il est le théâtre des rivalités entre l’Iran, l’Arabie saoudite et les États-Unis, notamment durant la « campagne de pression maximale » exercée par Donald Trump à l’encontre de Téhéran. En juin 2019, l’attaque de deux pétroliers au large des Émirats arabes unis conduit à la multiplication par dix du coût pour assurer un tanker transitant par le détroit [8], désavantageant donc les entreprises et investisseurs. Pourtant, la plupart des hydrocarbures exportés depuis cette zone ont comme destination les pays asiatiques, avec qui l’Iran souhaite conserver de bonnes relations. La réalisation des menaces de fermeture d’Ormuz par Téhéran est donc peu probable, même si les différents incidents entraînent un ralentissement des échanges et poussent donc investisseurs et puissances mondiales à trouver des alternatives [9], dont Duqm fait partie. En plus de contourner le détroit d’Ormuz, Duqm est à mi-chemin entre les ports de Gwadar (Pakistan) et de Djibouti (Djibouti), déjà investis par la Chine dans le cadre des « Nouvelles Routes de la Soie ». Si historiquement, Pékin « utilisait le Yémen comme centre de transbordement » [10], la situation interne du pays et la piraterie dans le golfe d’Aden le contraignent à trouver un nouveau point d’appui. Au cœur du « projet du siècle » [11], Oman s’aligne donc avec le futur de l’économie mondiale.
Duqm semble donc pouvoir concurrencer les grands hubs régionaux, notamment émiriens (Khalifa à Abu Dhabi et Jebel Ali à Dubaï), aussi clés de voûte de la politique de diversification économique des Émirats arabes unis. Cependant, le rayonnement du port omanais ne peut être possible qu’avec la réalisation du « Train du Golfe » – projet consistant en l’agrégation d’infrastructures ferroviaires nationales pour relier les six économies des pays du Conseil de Coopération du Golfe. Prenant comme extrémités le Koweït (Nord) et Oman (Sud), il passerait par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Bahreïn. Ce réseau serait particulièrement bénéfique pour le sultanat puisqu’il constituerait une « opportunité pivot » [12]. Les marchandises seraient alors acheminées en Oman en vue de leur exportation par voie maritime, rôle aujourd’hui attribué au port de Jebel Ali (Dubaï) [13]. Si la construction des infrastructures a déjà commencé dans la plupart des pays du Golfe, elle reste rythmée par les tensions internes au Conseil et les limites des budgets nationaux. En 2016, Oman « retarde » ses études pour la construction de plus de 2 000 kilomètres de voie ferrée, reliant Salalah, Duqm et Sohar, puisque d’autres pays ont temporairement suspendu leurs projets [14]. Au niveau national, la chute du prix du baril, entre 2014 et 2016 – qui passe de 110 à 35 dollars [15] – ralentit les économies rentières. Au niveau régional, les tensions entre les pays du Golfe, illustrées par la crise de 2017, semblent éloigner le projet d’économies plus connectées. Le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte annoncent la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, et rappellent leurs ambassadeurs. Les pays adressent treize conditions pour la levée du blocus, avec une date butoir fixée au 2 juillet 2017. Parmi elles, la rupture des liens diplomatiques avec l’Iran, la reconnaissance du Hezbollah, des Frères musulmans, d’Al-Qaïda ou encore du Hamas comme « groupes terroristes », la fermeture définitive de la chaîne Al-Jazeera, accusée d’interférence dans les affaires internes des pays concernés, et surtout, la fin de la présence militaire turque au Qatar. Finalement levé le 5 janvier 2021, cet embargo a considérablement entaché les relations des pays du Golfe. Par ailleurs, les politiques de diversification économiques propres à chaque État sont en concurrence, et la réalisation de ce vaste réseau – à l’avantage d’Oman – pourrait connaître des réticences, notamment de la part des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. Riyad reproche notamment au sultanat sa trop grande complaisance à l’égard de l’Iran, son rôle de médiateur dans le dossier nucléaire iranien, son soutien à Doha lors de l’embargo en 2017, ainsi que son refus de participer à l’intervention au Yémen, à partir de 2015 [16]. La concurrence grandissante pour le développement de nouveaux secteurs comme la logistique, le transport ou le tourisme pourrait finalement aboutir à un repli en interne des États rentiers et donc, l’éloignement de projets de mise en commun des marchés.
Le projet du port de Duqm et de sa ZES est à insérer dans un contexte plus global. Il s’inscrit dans une stratégie de diversification économique, incarnée par la Vision 2040 du sultanat. Le pays reste, en effet, extrêmement dépendant de la rente des hydrocarbures. En 2019, le secteur pétrolier représentait 57% des recettes budgétaires et le secteur gazier, 19% [17]. En tout, les hydrocarbures représentent toujours près de 30% du PIB [18], alors que les réserves prouvées de pétrole d’Oman s’élèvent à 5,4 milliards de barils (2017) – soit moins de 15 années d’exploitation. De plus, en 2016, la chute du prix du baril a fait grimper le déficit budgétaire du pays à près de 13,8 milliards de dollars, soit 20% du PIB [19].
Si l’urgence est aujourd’hui à la diversification des secteurs économiques, Duqm s’inscrit d’abord dans un projet visant à développer et peupler les régions stériles du Sultanat d’Oman [20], la population se concentrant majoritairement dans les régions côtières, la plaine d’Al Batinah et Mascate. La région d’Al-Wusta, où se situe la petite ville portuaire, apparaît comme moins développée par rapport au Nord et au Sud – régions où le tourisme est déjà implanté. Ainsi, la création du port de Duqm est décidée en 1995, dans un plan de développement national [21]. Au fil du temps, il se voit dynamisé, mais fait l’objet d’un programme spécial dans le cadre du 9ème plan quinquennal (2016-2020) : le programme national pour l’amélioration de la diversification économique (TANFEEDH). Cinq secteurs sont ainsi sélectionnés par les autorités pour tenter de diminuer la dépendance du budget national aux hydrocarbures : l’industrie manufacturière, les transports et la logistique, le tourisme, la pêche et l’exploitation minière. Trois ports omanais – Duqm, Sohar et Salalah – sont désignés pour développer leurs infrastructures de transport et de logistique, mais la position géographique de Duqm lui donne un avantage important. Historiquement, le projet de développement de Duqm est le plus important du sultanat. Il comprend un port polyvalent, un aéroport international, une raffinerie, la plus grande cale sèche de la région, ainsi qu’un complexe touristique et résidentiel de luxe [22].
S’inscrivant dans l’ère du temps, Duqm souhaite aussi contribuer à l’investissement particulier de l’Europe en matière d’hydrogène propre. Dans le cadre du « Fit for 55 » – un ensemble de politiques européennes visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% pour 2030 – l’Union européenne a particulièrement insisté sur le développement de cette énergie. Cette dernière, fabriquée à partir d’un processus d’électrolyse de l’eau, est dite « verte » si elle est produite à partir d’électricité renouvelable, provenant donc de ressources inépuisables (eau, vent, soleil, biomasse et géothermie). En février 2022, le roi Philippe de Belgique a inauguré un projet énergétique avec le Sultan Haïtham ben Tariq, qui prévoit notamment la construction d’une usine à hydrogène vert [23]. Sa production sera possible grâce à des champs éoliens et solaires, étendus sur une zone de 150 km2 en Oman [24]. D’ici 2026, Oman souhaite devenir partie prenante du projet européen, lui ouvrant une nouvelle voie de diversification économique et une opportunité de renforcer sa position sur la scène internationale.
Malgré la volonté politique, le projet du port de Duqm fait l’objet de réticences, notamment de la part pêcheurs, qui craignent le bouleversement de leur environnement mais aussi la transformation de leurs méthodes de travail [25]. Les futures grandes infrastructures portuaires et les allers-retours des pétroliers pourraient avoir un impact négatif sur l’écosystème marin et pourraient raréfier les bancs de poissons. En plus, l’industrie de la pêche fait partie des secteurs clés du TANFEEDH, malgré le fait qu’en 2021, elle contribue à hauteur de 1,2% au PIB omanais [26]. Dans le cadre de sa vision 2040, le gouvernement souhaite lui faire atteindre une contribution de 10% du PIB et développe donc de nouvelles infrastructures. Pour se faire, le sultanat importe des savoir-faire étrangers, afin de moderniser des structures encore très traditionnelles (donc moins productives). En novembre 2021, le port de pêche de Keroman (Lorient) a remporté un appel d’offre auprès du gouvernement omanais, afin de concevoir et gérer un pôle de pêche à Duqm [27]. Aujourd’hui, 95% du secteur de la pêche en Oman est artisanal [28], transformant donc complètement la vie des pêcheurs locaux.
A terme, le port de Duqm pourrait concurrencer le port de Jebel Ali et redessiner les rapports de force entre les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe. Au niveau national, il contribuerait grandement à l’économie et la politique de diversification du pays, aujourd’hui incarnée par la Vision 2040 d’Oman. Au cœur d’une zone stratégique et en plein déplacement du centre de l’économie mondiale vers l’Asie du Sud-Est, le port de Duqm a rapidement été investi par la Chine, suivie de près par les États-Unis et l’Inde, soucieux de préserver une influence dans la région face à Pékin.
Lire également sur Les clés du Moyen-Orient :
– Le détroit d’Ormuz, un carcan géographique pour l’économie mondiale
– Contourner le détroit d’Ormuz : entre projets peu fructueux et plans trop ambitieux
Justine Clément
Justine Clément est étudiante en Master « Sécurité Internationale », spécialités « Moyen-Orient » et « Renseignement » à la Paris School of International Affairs (PSIA) de Sciences Po Paris. Elle a effectué un stage de 5 mois au Centre Français de Recherche de la Péninsule Arabique (CEFREPA) à Abu Dhabi en 2021, où elle a pu s’initier au dialecte du Golfe. Elle étudie également l’arabe littéraire et le syro-libanais.
En 2022 et 2023, Justine Clément repart pour un an au Moyen-Orient, d’abord en Jordanie puis de nouveau, aux Émirats arabes unis, pour réaliser deux expériences professionnelles dans le domaine de la défense.
Notes
[1] Les « Nouvelles routes de la soie » désigne un projet économique visant à relier la Chine à l’Europe par un réseau routier, ferroviaire et maritime. Surnommé le « projet du siècle » par le Président chinois Xi Jinping, il est lancé en 2013 et entend « ressuciter » la route caravanière historique de la soie qui reliait, il y a près de 2000 ans, Xi’an (Chine) et Antioche (Syrie médiévale, actuelle Turquie).
[2] Pierre Desorgues, « Iran/États-Unis : le détroit d’Ormuz, passage stratégique sous haute tension », TV5 Monde, 11 mai 2019.
[3] Quatre ZES sont actuellement opérationnelles en Oman : Duqm (Est, Mer d’Arabie), Sohar (Nord, Golfe d’Oman), Salalah (Sud, Mer d’Arabie) et Al Mazunah (Nord, à la frontière yéménite). Elles offrent aux investisseurs étrangers des incitations avantageuses, comme un faible quota d’omanisation et une fiscalité très basse. Une cinquième ZES, située dans la zone industrielle de Barka (Nord, Golfe d’Oman), est en cours de création.
[4] Arjun Gidwani, “The Duqm Port, Oman and the Three Global Powers : China, USA and India”, The Chennai Centre for China Studies (C3S), 7 mars 2020.
[5] La ZES « Dubaï Commodities Center » (Émirats arabes unis) est par exemple la plus attractive du monde.
[6] Armin Arefi, « Ormuz, le détroit où tremble le monde », Le Point International, 31 juillet 2019.
[7] Ibid.
[8] Sebastian Castelier, « Le « train du Golfe », une voie semée d’embûches », Orient XXI, 13 décembre 2021.
[9] Quentin Müller, « À Oman, un port stratégique pour contourner le détroit d’Ormuz », Orient XXI, 6 juin 2019.
[10] Analyse de Muhammad Zulfikar Rakhmat dans Quentin Müller, « À Oman, un port stratégique pour contourner le détroit d’Ormuz », Orient XXI, 6 juin 2019.
[11] Surnom donné au projet des « Nouvelles Routes de la Soie » par le Président chinois Xi Jinping.
[12] Sebastian Castelier, « Le « train du Golfe », une voie semée d’embûches », Orient XXI, 13 décembre 2021.
[13] Ibid.
[14] Ibid.
[15] Données tirées de l’Insee, « Indicateur – Prix du pétrole er des matières première importées », période 2014-2016.
[16] Sebastian Castelier, « Le « train du Golfe », une voie semée d’embûches », Orient XXI, 13 décembre 2021.
[17] « Le secteur des hydrocarbures en Oman », Ambassade de France en Oman, Service Économique, Direction Générale du Trésor, mars 2019.
[18] Ibid.
[19] Arjun Gidwani, “The Duqm Port, Oman and the Three Global Powers : China, USA and India”, The Chennai Centre for China Studies (C3S), 7 mars 2020.
[20] “Duqm, the Omani city rising from sand”, Gulf News, 07 août 2018.
[21] Jean-Paul Burdy, « Gwadar (Pakistan), Chabahar (Iran), Duqm (Oman) : trois projets portuaires ambitieux, mais contrariés, en mer d’Arabie », Questions d’Orient – Questions d’Occident, 1er octobre 2019.
[22] Quentin Müller, « À Oman, un port stratégique pour contourner le détroit d’Ormuz », Orient XXI, 6 juin 2019.
[23] Estelle De Houck, Danielle Welter, « Le roi Philippe inaugure un port à Oman, premier jalon d’un hub européen de l’hydrogène vert », RTBF, 04 février 2022.
[24] Ibid.
[25] Quentin Müller, « À Oman, un port stratégique pour contourner le détroit d’Ormuz », Orient XXI, 6 juin 2019.
[26] « Sultanat d’Oman : après le pétrole, la pêche comme nouveau pilier ? », France 24, 23 décembre 2021.
[27] Emilie Colin, « Lorient : le savoir-faire du port de pêche va s’exporter dans le sultanat d’Oman », France info, 16 novembre 2021.
[28] « Sultanat d’Oman : après le pétrole, la pêche comme nouveau pilier ? », France 24, 23 décembre 2021.
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