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Les organisations révolutionnaires d’extrême-gauche en Turquie : une histoire particulièrement riche et encore vivace aujourd’hui (2/2)

Par Emile Bouvier
Publié le 26/10/2020 • modifié le 26/10/2020 • Durée de lecture : 9 minutes

Turkish leftists chant slogans as they hold pictures of late head of the outlawed Revolutionary People’s Liberation Party-Front (DHKP-C) Dursun Karatas, during his funeral commemoration in Istanbul on August 15, 2008.

AFP PHOTO/SAYGIN SERDAROGLU

Lire la partie 1

I. De 1980 au milieu des années 1990 : une recomposition générale des mouvements révolutionnaires

Le 12 septembre 1980, un nouveau coup d’Etat Histoire des putschs et tentatives de coups d’Etat en Turquie : l’armée turque, du statut de gardienne du kémalisme à celui d’outil politique (3/4). Le coup d’Etat du 12 septembre 1980, un putsch aux bouleversements socio-économiques profonds pour la Turquie vient changer la donne pour les mouvements révolutionnaires turcs : le nouveau gouvernement intensifie brutalement ses opérations contre les insurgés d’extrême-gauche et écrase la plupart des poches insurgées [1]. Seuls Dev Sol et le TKP-ML parviennent à ne pas disparaître au cours des opérations militaires turques et s’affirment comme les deux dernières grandes organisations poursuivant la lutte armée [2].

Le paysage des mouvements révolutionnaires turcs est pourtant profondément bouleversé par ce nouveau coup d’Etat et l’offensive gouvernementale déclenchée dans les mois qui ont suivi le putsch. Le mouvement des « urgentistes » disparaît et, face aux divergences qu’expriment les révolutionnaires quant à la nouvelle conduite à tenir, un grand nombre de groupes fait scission et crée des nouveaux groupes ou des sous-groupes. En-dehors de Dev Sol et du TKP-ML précédemment cités, coexiste une myriade de petits groupes issus des premiers mouvements révolutionnaires turcs (THKO et THKP-C notamment). Une dizaine d’organisations continuent de se battre et environ une trentaine de sous-groupes se revendiquent de ces groupes [3]. En tout, trois grandes tendances se distinguent alors : celles restées fidèles aux lignes directrices de la THKO de Deniz Gezmiç ; celles s’inscrivant dans la continuité du THKP-C de Mahir Çayan ; celles se revendiquant du TKP-ML d’Ibrahim Kaypakkaya.

La tendance THKO maintient le fait que l’Etat turc est capitaliste et féodal ; pour le THKO, il n’est pas nécessaire de créer de véritable parti, mais de créer avant tout un mouvement populaire qui entraînerait avec lui, mécaniquement, une révolution. L’idéologie de la tendance THKO se teinte alors de plus en plus de hoxhaïsme, c’est-à-dire des idées d’Enver Hoxha, dirigeant de l’Albanie, qui prônait un antirévisionnisme strict, c’est-à-dire, dans la pensée communiste, un rejet des différentes interprétations ou adaptations de la pensée marxiste-léniniste et un respect inconditionnelle de cette dernière [4].

Le Parti communiste révolutionnaire de Turquie (TDKP), créé le 2 février 1980, s’inscrit dans cette tendance THKO, tout en refusant, toutefois, de participer à la lutte armée. Le parti évoluera au fil des années vers un modèle de plus en plus pacifique, délaissant la guérilla pour l’affrontement politique légal. Le 25 novembre 1996, le TDKP devient d’ailleurs le Parti du Travail (EP), qui rejette officiellement la lutte armée et affirme au sujet du TDKP qu’il était « le parti révolutionnaire illégal de la classe ouvrière ». En réaction, un pan du TDKP refusera de prendre part à l’EP et formera le TDKP/Leninist, qui deviendra lui-même le parti « Ekim » (« Octobre ») puis le Parti communiste ouvrier de Turquie (TKIP) en novembre 1998 afin de poursuivre la lutte armée.

Née en 1978 avant le coup d’Etat de 1980, la « Ligue révolutionnaire communiste de Turquie » (TIKB), également de tendance THKO, prospère réellement à partir de la période post-putsch. Soutenant la lutte armée sans y prendre part, elle s’investit particulièrement dans la propagande et l’endoctrinement des jeunes [5].

La deuxième tendance est celle du THKP-C. Si son idéologie « urgentiste » maintient que la Turquie est une « néo-colonie » et qu’une révolution est plus nécessaire que jamais, cette tendance se démarque principalement par sa radicalité et les contacts qu’elle a pu nouer à l’étranger : elle organisera par exemple le 13 avril 1985, avec le groupe d’extrême-gauche français Action Directe, une attaque à l’explosifs contre la banque israélienne Leumi à Paris [6]. Le THKP-C/HDÖ prendra part à cette action ; il s’agira toutefois de l’un des derniers grands coups d’éclat des « urgentistes » turcs. Dev Sol continuera de son côté à s’inscrire dans les pas de la tendance THKP-C mais s’affaiblira rapidement en raison de substantielles dissensions internes.

Enfin, la dernière tendance est celle du TKP-ML : plus qu’une tendance, il s’agit d’une véritable renaissance du parti qui, à partir des années 1980, parvient à se reformer et à prendre une ampleur tout à fait notable, notamment dans la région kurde alévie de Dersim où il est encore actif aujourd’hui [7]. Si une scission scinde le TKP-ML en deux nouveaux partis en 1987 (le TKP-ML DABK pour « TKP-ML Comité régional d’Anatolie orientale » et le TKP/ML 3. Konferans pour « TKP-ML troisième conférence »), les deux entités se réunifient toutefois en 1992.

L’année 1991 marque le début d’une nouvelle ère pour les groupes révolutionnaires turcs : l’intervention militaire initiée par les Américains lors de l’opération Tempête du Désert (du 17 janvier au 28 février 1991) durant la première Guerre du Golfe (du 2 août 1990 au 28 février 1991) redonne de l’ampleur au discours anti-capitaliste et anti-impérialiste des révolutionnaires turcs. La répression policière et militaire s’allège quant à elle nettement, octroyant aux groupes clandestins davantage de marges de manœuvre militantes et insurrectionnelles. Dev Sol est dissous pour réapparaitre le 30 mars 1994 sous les traits du Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), sous l’impulsion, là encore, de Dursun Karataş.

II. Du milieu des années 1990 à nos jours : l’émergence fulgurante du DHKP-C et l’omniprésence du PKK

Durant la dernière décennie du XXème siècle, le DHKP-C porte le flambeau de la cause révolutionnaire communiste en Turquie et gagne en popularité - ainsi qu’en activité. Tout comme Dev Sol avant lui, le DHKP-C se démarque par ses actions audacieuses et spectaculaires, et privilégie notamment les assassinats à forte portée médiatique : le 13 août 1991, les révolutionnaires abattent Andrew Blake, représentant de la Chambre de commerce britannique à Istanbul [8]. Le 9 janvier 1996, ils assassinent trois hommes d’affaires turcs dont Özdemir Sabancı, un magnat économique de l’époque. Ce dernier est assassiné dans son bureau par les révolutionnaires qui ont pu passer les contrôles de sécurité avec succès grâce aux accès fournis par une employée d’Özdemir Sabancı, militante du DHKP-C [9].

Bénéficiant d’un soutien populaire croissant, le DHKP-C parvient à assembler une vaste foule à Istanbul lors du 1er mai 1996. Là encore, la police ouvre le feu, tuant trois manifestants [10]. Encore très actif aujourd’hui, le DHKP-C n’aura eu de cesse, depuis sa création, de multiplier les actions d’éclat : citons par exemple l’attentat-suicide devant l’ambassade américaine à Ankara le 1 février 2013 (un mort) [11] ou encore, en septembre de la même année, l’attaque à la roquette du quartier-général du Directorat général de la sécurité (un mort) [12].

Le MLKP parvient de son côté à attirer et unifier les restes de nombreux mouvements et sous-mouvements révolutionnaires devenus moribonds et s’impose comme l’une des forces révolutionnaires incontournables en Turquie, aux côtés du TKP-ML qui parvient également, dans les campagnes, à conquérir à nouveau de nombreux sympathisants et militants.

Ces groupes se font connaître également par leur activisme et notamment par les grèves de la faim menées dans les prisons turques. Ces actions, fortement médiatisées, le seront exponentiellement à partir de 2001 où, durant plusieurs mois, plusieurs centaines de prisonniers révolutionnaires jeûneront, jusqu’à la mort pour 42 d’entre eux [13]. Ce mode d’action est actuellement toujours très répandu au sein de l’extrême-gauche turque : ainsi plusieurs centaines de prisonniers kurdes initieront une grève de la faim en 2019 pour demander la libération du fondateur du PKK, Abdullah Öcalan [14] et, plus récemment encore, ce sont les chanteurs İbrahim Gökçek et Helin Bölek du groupe de musique folklorique turque « Grup Yorum », régulièrement accusé par les autorités turques de connivence avec le DHKP-C [15], qui sont décédés des suites de leur grève de la faim, respectivement les 7 mai et 3 avril 2020.

En-dehors du DHKP-C, du MLKP et du TPKP-ML toutefois, les autres organisations révolutionnaires turques se sont fortement affaiblies, tant en raison des nombreuses scissions en leur sein que de la captation, par le DHKP-C essentiellement, de la cause révolutionnaire armée. Il est à noter également qu’en raison des évolutions doctrinales du PKK et de son succès croissant [16], celui-ci s’est également imposé comme l’un des acteurs « monopolistiques » de l’insurrection armée d’extrême-gauche en Turquie. La bienveillance des autres organisations révolutionnaires turques à son égard est par ailleurs évidente, tant en raison de la formation, à la mi-1998, d’un prédécesseur du Mouvement révolutionnaire uni des peuples (HBDH) précédemment mentionné [17] incarné par la « Plateforme des forces révolutionnaires unies » - BDGP (le DHKP-C refusera naturellement d’y prendre part et le BDGP s’effondrera lors de l’arrestation d’Abdullah Öcalan en février 1999) [18]. La même année, une attaque menée par le PKK et le DHKP-C dans la même province contre un complexe industriel conduira à la mort de trois responsables turcs [19]. Ces actions s’inscrivaient, de fait, dans le cadre de la formation en décembre 1995 d’un front commun entre le PKK et le DHKP-C [20].

Toutefois, à partir de la fin des années 1990 et de la nette montée en puissance du PKK, le DHKP-C semble vouloir se détacher du mouvement kurde et proposer une voie révolutionnaire alternative. En effet, en mai 1998, le DHKP-C annonce l’échec de l’alliance avec le PKK, déclarant que le PKK « utilisait des méthodes qui ne peuvent être utilisées dans le cadre de relations révolutionnaires » (sic) [21]. Plus aucune forme de coopération opérationnelle ou financière n’est relevée, et les quelques initiatives avancées, à l’instar du HBDH, essuient un refus de la part du DHKP-C. Globalement, aujourd’hui encore, les dissensions entre les deux groupes tiennent essentiellement à une guerre de prestige et à des divergences idéologiques ; le PKK et le DHKP-C ne se sont toutefois jamais affrontés militairement, ni n’ont cherché à nuire indirectement.

Conclusion

Ainsi, l’histoire synthétisée ici des mouvements révolutionnaires clandestins d’extrême-gauche turcs se montre particulièrement riche. En évolution permanente, ces partis ont représenté la principale forme d’opposition armée à Ankara jusqu’à l’apparition du PKK ; aujourd’hui, si leur ampleur et leur nombre sont bien moindres, leur existence reste réelle. Les attaques menées régulièrement pas le HBDH en Turquie le prouve, tout comme l’investissement de ces groupes au profit du PKK en Syrie. Le 24 avril 2019, une brigade de Syriens ethniquement arméniens, membre des Forces démocratiques syriennes (dont le PYD, filiale syrienne du PKK, est la clé de voûte), renommait leur unité en « Brigade du martyr Nubar Ozanyan », du nom d’un commandant turc d’origine arménienne, membre de la TIKKO, mort au combat lors d’affrontements contre Daech à Raqqa en 2017. La porosité entre groupes révolutionnaires turco-kurdes, déjà forte auparavant, ne fait désormais que s’accroître. Le PKK semble en revanche s’imposer, définitivement, en chef de file de l’insurrection armée d’extrême-gauche opposée à Ankara.

Lire sur Les clés du Moyen-Orient :
 Le PKK, un mouvement résolument transfrontalier. Partie 1 : l’Irak, une base arrière majeure pour le PKK
 Revitalisation d’une coalition de groupes armés clandestins par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)
 Terrorisme et contre-terrorisme en Turquie en 2016 (1/2)
 Kemal et le communisme
 Extrême droite et extrême gauche en Turquie (1970-1983)

Sitographie :
 Turkish left-wing groups surveilled by German intelligence, ANF News, 10/07/2018
https://anfenglishmobile.com/news/turkish-left-wing-groups-surveilled-by-german-intelligence-28127
 ’Communist militants’ among US partners in Syria, The New Arab, 17/05/2019
https://english.alaraby.co.uk/english/indepth/2019/5/17/communist-militants-among-us-partners-in-syria
 TKP/ML-TİKKO Commander in Rojava falls a martyr, ANF News, 16/08/2017
https://anfenglish.com/news/tkp-ml-tIkko-commander-in-rojava-falls-a-martyr-21579
 Greek police detain 20 DHKP-C suspects, seize heavy arms in anti-terror operation, Daily Sabah, 19/03/2020
https://www.dailysabah.com/politics/war-on-terror/greek-police-detain-20-dhkp-c-suspects-seize-heavy-arms-in-anti-terror-operation
 Istabul rocket attack suspect killed in clash, Daily News, 23/01/2017
https://www.hurriyetdailynews.com/istabul-rocket-attack-suspect-killed-in-clash-108852
 Rise and fall of Communism in Turkey – 1 (1917-1980), The Circle, 06/05/2019
http://thecrcl.ca/rise-and-fall-of-communism-in-turkey-1-1917-1980/
 Deniz Gezmiş ve arkadaşları : Türkiye’nin Che Guevara’ları, Gerçek, 13/06/2010
https://gercekgazetesi.net/1968-dosyasi/deniz-gezmis-ve-arkadaslari-turkiyenin-che-guevaralari
 İsrail Başkonsolosu Ephraim Elrom’un İnfazı – "Çok Cesur Bir Adamdı. Sonuna Kadar Direndi.", LibraKitap, 2016
http://www.librakitap.com.tr/index.php?option=com_content&view=article&id=324&Itemid=105
 THKO ve THKP-C neden iki ayrı örgüttü ?, Engin Erkiner, 2012
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https://www.globalsecurity.org/military/world/para/dev_sol.htm
 Nihat Erim, Britannica, 2011
https://www.britannica.com/biography/Nihat-Erim
 Petit historique des organisations révolutionnaires en Turquie, Les Matérialistes, 14/03/2002
https://lesmaterialistes.com/petit-historique-organisations-revolutionnaires-en-turquie
 Notes on the History of MLKP and the Revolutionary Movement in Turkey, Marxists.org, 01/07/2000
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 Importants dégâts matériels, Le Monde, 15/04/1985
https://www.lemonde.fr/archives/article/1985/04/15/importants-degats-materiels_2747947_1819218.html
 TKP/ML-TIKKO guerrilla martyred in Dersim, ANF News, 04/06/2020
https://anfenglish.com/news/tkp-ml-tikko-guerrilla-martyred-in-dersim-44272
 DHKP-C, son 8 yılda 53 kişiyi katletti, Hürriyet, 01/05/2002
https://www.hurriyet.com.tr/gundem/dhkp-c-son-8-yilda-53-kisiyi-katletti-69030
 ’Sabancı suikastı’nın üzerinden 23 yıl geçti, Anadolu Ajansi, 09/01/2019
https://www.aa.com.tr/tr/turkiye/sabanci-suikastinin-uzerinden-23-yil-gecti/1359768
 Premier mai sanglants en Turquie, 1977 et 1996, Turquie européenne, 12/05/2011
http://www.turquieeuropeenne.eu/premier-mai-sanglants-en-turquie-1977-et-1996.html
 DHKP/C claims responsibility for the attack on U.S. Embassy, Hürriyet Daily News, 01/02/2013
https://www.hurriyetdailynews.com/dhkpc-claims-responsibility-for-the-attack-on-us-embassy-40308
 Silence… on meurt Les prisonniers turcs en grève de la faim, France Inter, 09/12/2001
https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-09-decembre-2001
 Turquie : des prisonniers mettent fin à leur grève de la faim en soutien à Öcalan, L’Express, 26/05/2019
https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/le-leader-kurde-ocalan-appelle-a-la-fin-des-greves-de-la-faim-dans-les-prisons-turques_2080370.html
 Grup Yorum şarkı sözlerini bile örgüt karargâhına onaylatıyormuş !, Sabah, 18/05/2020
https://www.sabah.com.tr/gundem/2020/05/18/grup-yorum-sarki-sozlerini-bile-orgut-kararghina-onaylatiyormus
 Tokat’taki pusu ilk değil, Cumhuriyet, 07/12/2009
https://www.cumhuriyet.com.tr/haber/tokattaki-pusu-ilk-degil-104008
 Turkish Press Review, 97-07-09, HRI, 07/09/1997
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Publié le 26/10/2020


Emile Bouvier est chercheur indépendant spécialisé sur le Moyen-Orient et plus spécifiquement sur la Turquie et le monde kurde. Diplômé en Histoire et en Géopolitique de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, il a connu de nombreuses expériences sécuritaires et diplomatiques au sein de divers ministères français, tant en France qu’au Moyen-Orient. Sa passion pour la région l’amène à y voyager régulièrement et à en apprendre certaines langues, notamment le turc.


 


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