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Les pyramides d’Egypte

Par Emilie Polak
Publié le 15/04/2014 • modifié le 07/03/2018 • Durée de lecture : 7 minutes

Egypt, El Cairo, Gizeh, Kheops, Khefren and Mykerinos pyramids.

PHOTONONSTOP / FREDERIC SOREAU / AFP

La plus connue est bien entendu la pyramide de Gizeh, construite par Khéops, que l’on peut admirer aujourd’hui lorsque l’on se rend au Caire. Elle fait partie des sept merveilles du monde antique [1] et est d’ailleurs la seule de ces merveilles encore visible de nos jours.

Longtemps, les pyramides intriguent. De l’historien grec Hérodote qui affirme que cent mille ouvriers ont bâti les pyramides en vingt ans à Napoléon Bonaparte qui s’écria pendant l’expédition d’Egypte : « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent », retour sur un vieux mystère.

Méthodes de construction des pyramides

Conçues comme de gigantesques tombeaux, les pyramides sont destinées à abriter le corps d’un pharaon pour l’éternité. Le choix de la forme pyramidale n’est pas encore parfaitement déterminé par les archéologues. Certains avancent le fait que les lignes de la pyramide, qui partent d’un point unique dans le ciel représenteraient les rayons du soleil tombant sur la terre. Le soleil rappelle le dieu qui lui correspond, Amon, sans doute le plus important des dieux de la mythologie égyptienne. L’explication, quelque peu semblable à celle qui prévaut pour l’obélisque, qui lie la pyramide aux rayons du soleil, est la plus communément admise. A moins que la pyramide ne symbolise la montée au ciel du pharaon ou bien l’image de la colline primordiale qui rappelle les mythes cosmogoniques égyptiens.

Des blocs de calcaire ont été utilisés pour la construction des pyramides. La pierre est exploitée dans les carrières les plus proches des sites de construction puisqu’un bloc pèse en moyenne 2,5 tonnes (cette moyenne est sans doute plus élevée : il est impossible de connaître le poids des pierres qui forment la partie centrale de la pyramide). La pyramide étaient ensuite recouverte d’un revêtement blanc [2] afin d’unifier la surface.

Les méthodes exactes de transport des blocs de pierre restent un mystère : si l’on pense que les blocs étaient amenés jusqu’au site de construction tiré par des esclaves sur des rampes de rondins de bois, la manière dont des blocs de pierre de plus de deux tonnes ont été élevés aussi haut demeure une énigme. Des rampes ont été utilisées pour amener certains blocs, ainsi que des sortes de grues assez rudimentaires, mais les techniques exactes pour élever les blocs de pierre aussi haut sont inconnues. A titre d’exemple, la grande pyramide de Khéops s’élevait à l’origine à 146 mètres.

Malgré leurs hautes tailles, les pyramides contiennent peu d’éléments : un long couloir, aussi appelé grande galerie, qui mène jusqu’à la chambre dans laquelle repose le pharaon. Dans la pyramide de Khéops, la grande galerie est longue de 46,7 mètres et haute de 8,74 mètres. Les assises de pierre des parois sont en encorbellement. On trouve aujourd’hui encore des trous dans les parois. Les archéologues supposent que des poutres étaient placées dans ces trous lors de la construction pour maintenir en place de gros blocs de pierre. Une fois la pyramide bâtie, les ouvriers cassaient les poutres. Ainsi, les gros blocs de pierre que retenaient les poutres tombaient, scellant le passage jusqu’à la chambre mortuaire. La chambre funéraire est située au cœur de la pyramide. Souvent, en raison du poids des pierres au-dessus, les maçons ménageaient plus haut des chambres de décharge. Dans la chambre, on trouve le sarcophage royal, généralement de granit rouge. Ces sarcophages sont vides de nos jours, des pillards s’étant dès l’Antiquité emparés de leur contenu.

Les pyramides sont construites par des équipes d’ouvriers qualifiés. En échange de leur contribution à la construction d’une pyramide, l’ouvrier et sa famille sont logés et nourris. Les travaux sont supervisés par des architectes, ingénieurs et maîtres d’œuvre qui emploient des calculs mathématiques particulièrement précis.

Typologie des pyramides égyptiennes

Les pyramides les plus connues, les pyramides de Gizeh, aujourd’hui aux portes du Caire en raison de l’extension de l’agglomération ces dernières décennies, sont construites pendant la IVème dynastie de l’Ancien Royaume (2686-2181 avant Jésus-Christ). Elles sont les tombeaux des pharaons Khufu (Kheops), Khafre (Khephren) et Menkaure (Mykérinos). Ces pyramides appartenaient à un vaste complexe funéraire. Si celui-ci est aujourd’hui disparu, des vestiges attestent de son existence, à commencer par les pyramides elles-mêmes. On y trouvait alors un temple au bord du Nil, pour accueillir la dépouille du roi, de petites pyramides pour les reines – chaque épouse royale a la sienne – et le monument royal.

Avant d’en arriver au complexe funéraire de Gizeh, les pyramides ont connu de nombreuses évolutions. Avant les pyramides, les pharaons des premières et des deuxièmes dynasties se faisaient enterrer dans des mastaba. Le mot mastaba vient de l’arabe ????????? qui signifie « banc ». Le nom de mastaba a été donné au XIXème siècle par les Egyptiens qui trouvaient que les vestiges ressemblaient aux bancs que l’on pouvait trouver devant les riches demeures de l’époque. De fait, les mastabas sont de formes rectangulaires et sont assez peu élevés en général. Les plus récents ont une base évasée, un peu sur le modèle des pyramides. Les mastabas sont le plus souvent des tombes familiales. A l’intérieur, on trouve une chapelle funéraire ainsi que des puits creusés dans le sol. C’est au fond de ces puits que sont enterrés les différents sarcophages. Au fil du temps, la place manque pour enterrer les différents membres de la famille. C’est pourquoi, un deuxième étage, moins haut que le premier, est construit au dessus du mastaba. Peu à peu, on passe du mastaba aux pyramides dites à degrés. La pyramide à degrés est ensuite pensée par les architectes. Ainsi la pyramide de Djéser à Saqqarah, le plus bel exemple de pyramide à degrés, a été édifiée par l’architecte Imhotep. Les degrés de la pyramide symbolisent les différentes étapes de l’ascension du défunt.

Le but de l’étape suivante est d’arriver à construire une pyramide à la surface lisse. Les motifs du passage de la pyramide à degrés à la pyramide à faces lisses sont obscures : les faces lisses étaient-elles plus en accord avec l’idée d’élévation du souverain ? Evoquaient-elles plus facilement les rayons du soleil ? En tous les cas, l’édification d’une pyramide à faces lisses a connu des balbutiements. La pyramide dite « rhomboïdale » construite pour le pharaon Snéfrou à Dahchour, témoigne encore des difficultés techniques dont les architectes égyptiens ont du s’affranchir pour bâtir les pyramides de Gizeh, les plus abouties d’un point de vue architecturale. En effet, la pyramide rhomboïdale est à mi-chemin entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses. D’une hauteur de 105 mètres, cette pyramide est caractérisée par sa forme en double pente. A la base, la pyramide a une pente plus douce, la pente est bien différente au sommet, ce qui crée une coupure à peu près à mi-hauteur de l’édifice. Sa forme particulière serait due à un changement de plans au cours des travaux. Arrivés à la fin de la construction, il semblerait que les Egyptiens aient voulu augmenter la taille initialement prévue de la pyramide. Cependant, le poids supplémentaire induit par l’augmentation de la hauteur a produit l’affaissement de la partie supérieure de la pyramide. Les ouvriers ont donc du reconstruire une partie de celle-ci. La reconstruction s’est sans doute opérée à la hâte puisque les pierres utilisées dans la partie supérieure de la pyramide sont de nettement moins bonne qualité. Afin de diminuer la charge des pierres, l’angle d’inclinaison a été également modifié, d’où le fait que l’on observe deux pentes d’inclinaison différente sur cette même pyramide. Néanmoins, cette étape est essentielle pour aboutir aux pyramides à faces lisses, comme celle de Khéops, qui est d’ailleurs le fils de Snéfrou.

La pyramide de Khéops représente sans doute l’ouvrage architectural de l’Antiquité le plus abouti. Elle est le fruit de plusieurs siècles de réflexion dans les domaines de l’architecture et de la maçonnerie. Haute de 146 mètre, avec une base de 230 mètres, elle était à l’origine surmontée d’un pyramidion doré. Si les pyramides évoquent la grandeur des pharaons de l’Egypte antique, elles témoignent également de leurs richesses. Ainsi les pyramides ont-elles été pillées à peine les travaux achevés et le sarcophage déposé en son centre.

Afin d’éviter de voir leurs sépultures profanées, les pharaons des dynasties suivantes ont cessé de recourir aux grandes pyramides. Trop voyant, ces monuments attiraient les voleurs à la recherche de l’or avec lequel les pharaons étaient enterrés. Les tombeaux pharaoniques deviennent alors plus discrets, tout au moins à l’extérieur. A partir de Thoutmôsis Ier (-1504, -1492), les pharaons égyptiens sont enterrés dans la vallée des rois [3]. Dans cette vallée, les tombes sont creusées à même la roche. D’une certaine manière, le creusement des tombes renoue avec l’ancienne pratique du mastaba. En effet, dans les mastabas, les sarcophages étaient déposés dans des puits creusés dans le sol. L’inscription dans un élément minéral semble donc essentielle dans les pratiques de sépulture égyptiennes. Le déplacement des tombeaux pharaoniques vers la vallée des rois n’a cependant pas empêché de nombreux pillages. Seule la tombe de Toutânkhamon est parvenue intacte jusqu’au XXème siècle.

Bibliographie :
 AUFRERE Sydney, GOLVIN Jean-Claude, L’Egypte restituée, tome 3. Sites, temples et pyramides de Moyenne et de Basse Egypte, Paris, Errance, 1997.
 JACQ Christian, Voyage dans l’Egypte des pharaons, Paris, Perrin, 2004.
 ROUSSEAU Jean, Mastabas et pyramides d’Egypte ou la mort démembrée, Paris, L’Harmattan, 1994.
 SERRA Carla, BOMBELLI Silvia, Le tour du monde en 80 merveilles, Paris, Editions White Star SAS, 2006.
 WILKINSON Philip, Architecture, Les chefs-d’œuvre de l’art, Paris, Flammarion, 2012.

Publié le 15/04/2014


Emilie Polak est étudiante en master d’Histoire et anthropologie des sociétés modernes à la Sorbonne et à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm où elle suit également des cours de géographie.


 


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