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Par Lisa Romeo
Publié le 08/07/2011 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 3 minutes

Les origines des Maronites

L’Eglise Maronite descend de l’Eglise d’Antioche qui constituait, jusqu’au VIème siècle, un des principaux centres du christianisme. On fait généralement remonter ses origines au IVème siècle sous l’impulsion de Saint Maroun, prêtre de la vallée de l’Oronte dans la région d’Antioche en Syrie, qui mobilisa autour de lui un groupe de moines. Le mouvement tend ensuite à se déplacer plus vers le Sud où l’un des premiers disciples de Saint Maroun, Abraham de Cyrrhus, étend son influence. Le concile de Chalcédoine de 451 marque le début de l’éloignement entre les Maronites et l’Eglise d’Antioche. Les Maronites refusent également de se rattacher à l’Eglise byzantine. Ce choix leur vaudra la colère de l’empereur byzantin Anastase et le peuple sera victime de plusieurs vagues de persécution. Ils trouvent refuge dans les montagnes du Haut-Liban mais aussi vers Alep et Damas. Les conquêtes musulmanes entérinent leur isolement et poussent les Maronites à se rallier au courant monothélisme, compromis dogmatique sur la nature du Christ, encouragé par l’empereur Héraclius Ier soucieux de réconcilier les Chrétiens de son Empire. Ce mouvement est finalement condamné en 681 par le concile de Constantinople.

Le rapprochement avec l’Occident

Lorsque les Croisés débarquent en Orient, les Maronites choisissent de combattre à leurs côtés. Ils se rallient en 1162 à l’Eglise de Rome. Ils sont alors les seuls chrétiens de la région, avec les Arméniens de Cilicie, à avoir préféré coopérer avec les Occidentaux. Cette union est confirmée en 1449 lors du Concile de Florence. Ce rapprochement avec l’Eglise romaine a exercé une influence certaine sur la discipline maronite et a eu tendance à latiniser sa liturgie. Le rite maronite reste cependant de tradition et de langue syriaque même s’il a été fortement arabisé. Il a également importé du catholicisme occidental sa structure hiérarchique qui place en haut de la pyramide un patriarche élu. Ce « Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient » joue un double rôle sur la communauté : celui de chef religieux et de chef politique. Depuis 1823, un couvent accueille cette institution à Bkerké.

La participation active des Maronites dans l’histoire du Liban moderne

Au fil des siècles, les Maronites ont affirmé leur attachement à leur communauté et ont su conserver une certaine autonomie, sous les Ottomans notamment. Les relations avec les autres communautés religieuses n’ont pas toujours été évidentes. Concentrés essentiellement dans les hauteurs du Chouf depuis le XVIIIème siècle, ils doivent partager leur terre avec les Druzes. Cette cohabitation connait des heures sombres comme en témoignent les vagues de massacres de 1840 et de 1860 où des milliers de maronites trouvent la mort.

La formation du Liban mandataire par les Français favorise la communauté maronite et le Pacte national libanais de 1943 confirme leur position dominante dans la vie politique du pays. Le président doit en effet être maronite alors que le Premier ministre est obligatoirement sunnite. Pendant la guerre du Liban (1975-1990), les milices maronites groupées dans les Forces libanaises ont joué un grand rôle. Elle a cependant porté un coup à leur rayonnement. Les Maronites sont en effet loin d’être unis et quelques grandes familles se partagent leur influence comme les Frangié à Zghorta au nord du pays ou les Chamoun, les Eddé dans la région de la Bekaa, les Gemayel, fondateur des Phalanges.

Depuis les années 2000, l’action du patriarche Nasrallah Boutros Sfeir contre la présence syrienne au Liban a su mobiliser une bonne partie de l’opinion maronite. Après avoir dirigé l’Eglise pendant près de 25 ans, il a laissé sa place à Bechara Raï, élu le 16 mars dernier.

Bibliographie :
Pierre Dib, Histoire de l’Eglise maronite, Beyrouth, Edition « La Sagesse », Archevêché maronite de Beyrouth, 1962.
Jean-Michel Cadiot, Les Chrétiens d’Orient, Vitalité, souffrances, avenir, Paris, Salvator, 2010.
Alain Gresh, Dominique Vidal, Les 100 clés du Proche-Orient, Paris, Hachette Littératures, 2006.
Claude Lorieux, Chrétiens d’Orient en terre d’islam, Paris, Perrin, 2001.

Publié le 08/07/2011


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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