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Ouverture du musée permanent de l’Institut du monde arabe

Par Lisa Romeo
Publié le 28/02/2012 • modifié le 30/01/2018 • Durée de lecture : 4 minutes

Après avoir consacré durant toutes ces dernières années son attention sur les arts de l’Islam, la direction a préféré se concentrer dorénavant sur la culture du monde arabe afin d’en faire mieux connaitre sa richesse et sa diversité. Grace à un long travail de réflexion, le musée, qui s’étend sur quatre étages, s’organise aujourd’hui autour de cinq thèmes : les Arabies, berceau d’un patrimoine commun ; le sacré et les figures du divin ; les villes ; l’expression de la beauté ; « un temps pour vivre ».

On traverse tout d’abord une allée de miroirs où des scènes de rue quotidienne dans différentes villes arabes sont projetées avant d’être plongées directement au cœur d’une civilisation de nomades et de sédentaires marquée par une grande tradition agraire et commerciale. On observe des stèles gravées ou encore des statuettes représentant des hommes et des chameaux.

La culture de l’Arabie antique est ensuite illustrée à travers le royaume de Nabatène qui s’étend, à son apogée au Ier siècle de notre ère, de Damas jusqu’au Hedajz, la cité de Palmyre/Tadmor et l’île de Bahreïn, plate forme commerciale incontournable dans la région. Les inscriptions gravées sur des stèles révèlent la diversité des langues et alphabets utilisés dans l’Arabie antique. On découvre, par ailleurs, des ustensiles (pince nez, poids, filets…) utilisés pour l’exploitation des perles dans le Golfe qui étaient expédiées vers l’Inde ou l’Europe et dont la pratique est restée quasiment inchangée jusqu’au début du XXème siècle. On remarque également des équipements guerriers ainsi que des sacs colorés servant à transporter le nécessaire à thé des tribus nomades.

La visite se poursuit avec le thème du sacré par la présentation de différents objets symbolisant les trois religions monothéistes de la région (judaïsme, christianisme et islam) comme des icones, des croix en fer forgées venant d’Egypte ou un chandelier à huit branches destiné à célébrer la fête de Hanoukka provenant du Maroc. On contemple, par ailleurs, de magnifiques exemplaires de livres saints comme une Torah écrite en arabe, un Nouveau Testament rédigé en bahaïrique, une version de la langue copte décoré de miniatures et d’annotations en arabe ainsi qu’un Coran provenant d’Egypte. Trois vidéos expliquent ensuite l’évolution de l’arabe classique, son alphabet, composé de consonnes et de voyelles brèves ou longues, et sa prononciation. Le parcours continue sur une mezzanine réservée à des expositions-dossiers où des compositions contemporaines viennent faire écho aux œuvres exposées dans le musée.

Le thème de l’esthétique et de la beauté est ensuite présenté. Chaque objet ou support offre en effet à l’artisan d’innombrables possibilités de création. Plusieurs vêtements de cérémonies sont d’abord exposés ainsi que des ports de poignard recourbés qui symbolisent une condition sociale élevée dans les pays du Golfe. On contemple également des parures de bijoux, des coiffes, des ceintures pour femme, des coiffes en bois, de magnifiques tapis de Constantine et d’Iran ainsi que de la vaisselle de différentes régions décorée de rosaces, d’inscription ou de décor floral.

Dans l’espace présentant la thématique de la ville, l’on peut admirer, dans un premier temps, des pièces de monnaie ornées de formule pieuses et frappées du nom du souverain avant de découvrir différentes jarres de pharmaciens et de stockage ainsi que d’autre objets appartenant à différents corps de métier : des ustensiles ottomans pour la calligraphie et des plaquettes sur lesquelles de jeunes étudiants s’entrainaient à écrire des versets du Coran.

Les sciences sont également mises en valeur avec l’exposition de plusieurs astrolabe-quadrant datant du XVème et du XVIIIème siècle, d’un ouvrage d’astronomie de 1844 et des cadrans solaires. Des objets religieux (étui de Torah de Fès, croix de dévotion byzantine du VIIIème siècle, mosaïques de la façade de la Grande Mosquée de Damas édifiée par le calife omeyyade al-Walid Ier…) rappellent par ailleurs la coexistence entre les trois principales religions au cœur même de la ville.

Une dernière salle est consacrée aux objets du quotidien. On peut alors admirer des bijoux, des tissus, des chaussures de hammam ou encore des plats et des carafes joliment décorés. Sur fond musical, on découvre également plusieurs instruments de musique pratiqués depuis de nombreux siècles.

Ainsi l’Institut du monde arabe propose-t-il une large sélection d’œuvres datant du IIIe millénaire avant notre ère à aujourd’hui en provenance de régions très variées. Le musée met en valeur l’incroyable richesse de cette partie du monde souvent méconnue. De nombreuses vidéos et supports sonores viennent illustrer et éclairer le visiteur sur certains éléments culturels tout en apportant un dynamisme à l’ensemble pensé par le scénographe italien Roberto Ostinelli. L’IMA offre aujourd’hui au visiteur l’opportunité d’élargir sa vision et sa connaissance du monde arabe.

Publié le 28/02/2012


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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