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En 1972, L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) fait le constat que les patrimoines naturel et culturel sont menacés par la destruction, pour des raisons naturelles et à cause du mode de civilisation contemporain. Or, pour l’UNESCO, « certains biens du patrimoine culturel et naturel présentent un intérêt exceptionnel qui nécessite leur préservation en tant qu’élément du patrimoine mondial de l’humanité tout entière ». En ce sens, l’UNESCO adopte le 16 novembre 1972 la convention du patrimoine mondial de l’UNESCO qui reconnaît « l’obligation d’assurer l’identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patrimoine culturel et naturel » [1].
Au Moyen-Orient, plusieurs sites sont classés patrimoine mondial de l’UNESCO, en raison de leur « valeur universelle exceptionnelle ». Ils sont situés :
– En Arabie Saoudite, le site archéologique d’al-Hijr et le district d’at-Turaif à ad-Diriyah.
– A Bahreïn, il s’agit de Qal’at al-Bahreïn, ancien port et capitale de Dilmun.
– En Egypte, les sites sont ceux d’Abou Mena, la zone Sainte-Catherine, le Caire historique, les monuments de la Nubie d’Abou Simbel à Philae, Memphis et sa nécropole, Thèbes antique et sa nécropole, Wadi al-Hitan (vallée des Baleines).
– En Irak, le site d’Assour, Hatra et la ville archéologique de Samarra.
– En Israël, la cité blanche de Tel-Aviv, la route de l’encens, la vielle ville d’Acre, les lieux saints baha’is à Haïfa et en Galilée occidentale, les tells bibliques (Megiddo, Hazor, Beer-Sheba), Masada.
– A Jérusalem, la vieille ville et ses murs.
– En Jordanie, Pétra, Qusair Amra et Um er-Rasas.
– Au Liban, Anjar, Baalbek, Byblos, Ouadi Qadisha et Tyr.
– En République arabe syrienne, l’ancienne ville d’Alep, l’ancienne ville de Bosra, la vieille ville de Damas, le Krak des Chevaliers et Qal’at Salah el-Din, Palmyre [2].
Le site archéologique d’al-Hijr est au patrimoine mondial depuis 2008. Il est le plus ancien site conservé de la civilisation des Nabatéens et est constitué de monuments dont un ensemble de puits et de 111 tombes, directement taillés dans le grès du paysage.
Le district d’at-Turaif à ad-Diriyah est entré au patrimoine mondial en juillet 2010. Il est la capitale de la dynastie saoudienne, fondée au XV ème siècle et est situé dans le centre du pays, au nord-ouest de Ryad.
Le site de Qal’at al-Bahreïn, au patrimoine mondial depuis 2005, est un tell, c’est-à-dire une colline créée par les occupations humaines successives, de 2300 avant J.-C. au XVI ème siècle de notre ère. Au sommet de ce tell se trouve un château fort construit par les Portugais, lors de leur occupation de Bahreïn. Ce site est celui de l’ancienne capitale de Dilmun.
Abou Mena, inscrite au patrimoine mondial en 1979, est une ville sainte paléochrétienne construite sur la tombe du martyr Ménas d’Alexandrie mort en 296.
La zone Sainte-Catherine, sur laquelle est érigé un monastère orthodoxe, est consacrée aux trois religions : le christianisme, l’islam et le judaïsme. Le monastère est en fonction depuis le VI ème siècle. La zone Sainte-Catherine est au patrimoine mondial depuis 2002.
Le Caire historique, fondé au X ème siècle, est inscrit au patrimoine mondial en 1979. Dans le centre historique, l’on compte 600 monuments classés, datant du VII ème au XX ème siècle.
Les monuments de la Nubie, d’Abou Simbel à Philae, sont au patrimoine mondial depuis 1979. Ils sont situés dans la zone allant d’Assouan à la frontière avec le Soudan. Dans cette région exceptionnellement riche sur le plan archéologique, l’on trouve notamment les temples de Ramsès II à Abou Simbel et le sanctuaire d’Isis à Philae.
Memphis, au patrimoine mondial depuis 1979, est la capitale de l’ancien Empire d’Egypte au III ème millénaire avant J.-C. Les pyramides de la région étaient utilisées comme nécropole. Près de Saqqarah fut construite la première grande pyramide en pierre, mausolée du pharaon Djoser ; au sud, on trouve la nécropole de Dahchour où fut construite la Pyramide rouge ; au nord, la pyramide de Gizeh.
Thèbes antique et sa nécropole sont au patrimoine mondial depuis 1979. Thèbes fut la capitale de l’Egypte pendant le Moyen Empire et le Nouvel Empire. De cette époque datent les temples et le palais de Karnak et de Louqsor, les nécropoles de la Vallée des Rois et de la Vallée des Reines.
Wadi al-Hitan (vallée des Baleines) situé dans le désert occidental égyptien, est au patrimoine mondial depuis 2005. Dans cette vallée se trouvent des fossiles très anciens de baleines, témoins de leur évolution et de leur passage de l’état de mammifère terrestre à celui de mammifère marin.
L’antique cité d’Assour, au patrimoine mondial depuis 2003, se situe dans le nord de l’Irak, sur les rives du Tigre, et a été fondée pendant le III ème millénaire avant J.-C. Première capitale de l’empire Assyrien du XIV ème au IX ème siècle avant J.-C., Assour est un carrefour commercial prépondérant. Capitale des Assyriens, la ville est détruite par les Babyloniens mais renait aux I et II siècles après J.-C.
Depuis 1985, la cité de Hatra est au patrimoine mondial. Elle se développe entre le Ier et le III ème siècle de notre ère et est la capitale d’un royaume regroupant plusieurs tribus nomades. Hatra est confronté à deux reprises aux invasions romaines, en 116 et en 198.
Samarra, au patrimoine mondial depuis 2007, est une cité archéologique créée au V ème millénaire. Elle devient la capitale des Abbassides de 836 à 892, où ils construisent des palais et des mosquées. Samarra est célèbre pour sa mosquée construite en 847, dont le minaret est en spirale.
La cité blanche de Tel-Aviv, au patrimoine mondial depuis 2003, est fondée en 1909 et se développe sous le mandat britannique en Palestine. De 1930 aux années 1950, la cité blanche se développe selon les principes d’urbanisme moderne de sir Patrick Geddes. Les bâtiments sont conçus par des architectes formés en Europe, qui créent un ensemble architectural moderne.
La route de l’encens ou villes du désert du Néguev entrent au patrimoine mondial en 2005. Les quatre villes d’Avdat, Haluza, Mamshit et shivta sont situées sur les routes allant vers la Méditerranée, lieu d’arrivée de la route des épices et de l’encens. Cette route commerciale entre le sud de la péninsule arabique et la Méditerranée fut très prospère entre le III ème siècle avant J.-C. et le II ème siècle après J.-C.
La vieille ville d’Acre, au patrimoine mondial depuis 2001, est une ville portuaire dont les vestiges remontent aux croisés, et sur lesquels les Ottomans ont construit une ville fortifiée au XVIII ème siècle et au XIX ème siècle.
Les lieux saints baha’is à Haïfa et en Galilée occidentale sont au patrimoine mondial depuis 2008. La religion baha’ie, religion monothéiste, est fondée au XIX ème siècle en Perse par Baha’u’llah. Les lieux saints baha’is de Haïfa et de Galilée occidentale sont au patrimoine mondial en raison de leur valeur spirituelle. Le site d’Haïfa comprend le sanctuaire de l’un des fondateurs et celui d’Acre le sanctuaire de Baha’u’llah. Ils sont les lieux les plus sacrés de la religion baha’ie.
Les tells bibliques de Megiddo, Hazor et de Beer-Sheba, depuis 2005 au patrimoine mondial, abritent des vestiges de cités ayant des liens bibliques, à l’exemple de Megiddo, l’une des plus puissantes villes de Canaan et d’Israël.
Massada, éperon rocheux dans le désert de Judée, est depuis 2001 au patrimoine mondial. Massada est le symbole de la lutte des juifs contre l’armée romaine et dernier lieu de leur résistance à la fin de la guerre judéo-romaine en 73.
La vieille ville de Jérusalem, au patrimoine mondial depuis 1981, a une très grande valeur symbolique, car elle est la ville sainte pour le judaïsme, pour l’islam et pour le christianisme. Plusieurs monuments ont une importance particulière pour chacune des religions : le mont du Temple et le Mur occidentale pour les juifs ; le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa pour les musulmans ; l’église du saint Sépulcre pour les chrétiens.
Pétra, située entre la mer Rouge et la mer Morte, est au patrimoine mondial depuis 1985. Ce site spectaculaire, à la fois construit et à la fois taillé dans le roc, est fondé au VI ème siècle avant J.-C. par les Nabatéens. Plusieurs monuments composent Pétra : le Trésor des pharaons ou Khaznah al-Faraun, une façade de 40 mètres taillée dans le roc ; le Mur du Roi composé de trois tombeaux : le tombeau de l’Urne, le tombeau Corinthien et le tombeau-palais.
Qusair Amra est au patrimoine mondial depuis 1985. Ce château, construit au VIII ème siècle, était à la fois une forteresse et une résidence pour les califes omeyyades. Il est extrêmement bien conservé, en particulier la salle de réception et les pièces composant le hammam.
Um er-Rasas, depuis 2004 au patrimoine mondial, est un site archéologique. Un camp romain a d’abord été construit sur ce site, puis une ville au V ème siècle.
Les ruines de la ville d’Anjar, au patrimoine mondial depuis 1984, ont été découvertes en 1949. Fondée au début du VIII ème siècle par le calife Walid Ier (705-715), la ville passe sous domination abbasside, puis tombe dans l’oubli.
Baalbek, entrée au patrimoine mondial en 1984, est une ville phénicienne sur laquelle les Romains, arrivés en Phénicie en 64 avant J.-C. construisent un sanctuaire, notamment des temples à Jupiter, à Vénus et à Mercure. Aujourd’hui, il subsiste du temple de Jupiter six colonnes encore debout.
Sur le site de Byblos, depuis 1984 au patrimoine mondial, se trouvent plusieurs vestiges de civilisations successives. La cité est construite à l’époque du néolithique, est brûlée vers 2150 avant J.-C. par les Amorites, envahie par les Hyksos vers 1725 avant J.-C., puis passe sous les dominations assyrienne, babylonienne, achéménide, grecque et romaine. Elle commence à décliner à partir de l’époque byzantine.
La vallée de la Qadisha entre au patrimoine mondial en 1998. Ce site est connu pour ses monastères très anciens et pour son paysage exceptionnel, proche des forêts de cèdres.
La cité phénicienne de Tyr, au patrimoine mondial depuis 1984, aurait été fondée en 2750 avant J.-C. Célèbre pour son commerce et très prospère, elle est envahie par Alexandre le Grand en 332 avant J.-C., puis passe sous contrôle romain en 64 avant J.-C. Sa notoriété diminue après les croisades et la ville est détruite par les Mamelouks à la fin du XIII ème siècle.
L’ancienne ville d’Alep est au patrimoine mondial depuis 1986. Probablement fondée au III ème millénaire avant J.-C., elle devient prospère dès cette époque, étant au carrefour de plusieurs routes commerciales. Elle est successivement occupée par les Hittites, les Assyriens, les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Mongols, les Mamelouks et les Ottomans. Alep est connue pour son château, sa muraille et ses sept portes fortifiées, sa grande mosquée et ses souks.
L’ancienne ville de Bosra, au patrimoine mondial depuis 1980, a été la capitale de la province romaine d’Arabie. On y trouve un théâtre romain spectaculaire entouré par les murs d’une citadelle ; des ruines du début du christianisme ; des mosquées ; une cathédrale achevée en 513.
La vieille ville de Damas fait partie du patrimoine mondial depuis 1979. Fondée au III ème millénaire avant J.-C., elle est considérée comme la plus ancienne cité du monde. Elle devient capitale des Omeyyades en 636. Parmi ses nombreux monuments, la Grande Mosquée des Omeyyades, construite au VIII ème siècle, est le plus spectaculaire.
Le Krak des Chevaliers et Qal’at Salah el-Din sont des châteaux forts médiévaux. Ils sont au patrimoine mondial depuis 2006. Le krak des Chevaliers est construit par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et devient une forteresse croisée. Elle tombe en 1271. Quant à la forteresse Qal’at Salah el-Din, en ruine pour partie, elle est construite au X ème siècle. Les croisés l’occupent au XII ème siècle, puis les Ayyûbides en 1188 sous Saladin.
A Palmyre, au patrimoine mondial depuis 1980, l’on trouve les ruines spectaculaires d’une grande cité de l’antiquité, avec son théâtre, ses temples et son agora.
Sources :
Le Patrimoine mondial de l’UNESCO, le guide complet des lieux les plus extraordinaires, Editions UNESCO, septembre 2010, 840 pages.
Site de l’UNESCO, http://whc.unesco.org/fr/conventiontexte
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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