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Frédéric Pichon est diplômé d’arabe et docteur en Histoire contemporaine. Ancien élève de l’IEP de Paris, il a vécu à Beyrouth et séjourne régulièrement au Proche-Orient depuis 2002, en particulier en Syrie. Il enseigne l’ Histoire et la Géopolitique en classes préparatoires aux grandes écoles.
Auteur d’une thèse sur la Syrie, il est chercheur associé à l’Equipe Monde Arabe Méditerranée de l’Université François Rabelais (Tours).
J’ai toujours pensé et dit qu’elle n’aurait pas lieu, y compris dans les jours qui ont suivi la révélation de l’utilisation d’armes chimiques dans la banlieue de Damas. En effet, les Américains conservent un très mauvais souvenir de la séquence de 2003 au conseil de Sécurité où les armes chimiques avaient servi de prétexte à une intervention en Irak, qui rétrospectivement a été un échec cuisant pour les Etats-Unis. D’autre part, après le Kosovo et l’Afghanistan, le concept de frappes chirurgicales a fait long feu. On sait bien que toute action militaire fait des morts et parfois des victimes innocentes.
Il est clair que le maintien du régime syrien est vital pour assurer à l’Iran une influence stratégique qui ne se cantonne pas au golfe Persique mais se prolonge jusqu’en Méditerranée jusqu’au Sud Liban. C’est d’ailleurs pour casser cet axe « chiite » que les puissances sunnites du Golfe, et notamment l’Arabie saoudite, mettent toutes leurs forces dans le soutien à la rébellion.
En fait, la solution russe est depuis le début incontournable. Echaudés par l’interprétation qu’ont fait les Occidentaux de la résolution 1973 en Libye, ils ont clairement fait du problème syrien une question de principe : le temps de l’ingérence et des interventions unilatérales est révolu. Cela arrive à un moment où les Etats-Unis n’ont plus ni les moyens ni l’envie de s’embourber dans de nouvelles problématiques au Moyen-Orient. En réalité, on voit comment les Russes ont réussi à se rendre indispensables et ont même réussi à expliquer qu’il y allait de l’intérêt même de l’Occident d’enrayer la constitution d’une autre zone grise aux portes d’Israël et de l’Europe. On a bien vu, plus récemment, comment les Américains (et les Français) se sont ralliés avec soulagement à l’idée russe d’un démantèlement de l’arsenal chimique de l’Etat syrien.
Le territoire syrien assure au Hezbollah une profondeur stratégique qui lui permet d’être approvisionné depuis l’Iran. C’est un axe vital pour lui sans quoi il se retrouverait à la merci d’Israël.
Le conflit syrien s’est plaqué sur le Liban avec la facilité que lui procure la diversité des communautés libanaises, notamment musulmanes. Ainsi, l’attentat perpétré contre le Hezbollah dans son propre fief à Beyrouth visait sa participation aux combats en Syrie, notamment à Qusayr. Tout naturellement, lui a répondu un attentat dans le fief des sunnites libanais, à Tripoli. Oeil pour oeil, dent pour dent.
C’est au Liban et en Irak que l’on trouve les plus importantes communautés chiites. En Syrie, ce sont les alaouites d’abord qui sont menacés mais aussi les chiites. Il n’y a guère qu’au Pakistan que l’on retrouve d’aussi importantes communautés chiites, et elles sont déjà engagées dans une spirale d’attentats et de violence avec les sunnites.
Frédéric Pichon
Frédéric Pichon est diplômé d’arabe et docteur en Histoire contemporaine. Ancien élève de l’IEP de Paris, il a vécu à Beyrouth et séjourne régulièrement au Proche-Orient depuis 2002, en particulier en Syrie. Il enseigne l’ Histoire et la Géopolitique en classes préparatoires aux grandes écoles.
Auteur d’une thèse sur la Syrie, il est chercheur associé à l’Equipe Monde Arabe Méditerranée de l’Université François Rabelais (Tours).
Consultant médias pour la crise syrienne et le Moyen-Orient, il donne régulièrement des conférences sur les sujets en lien avec la géopolitique de la région.
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