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Par Anne-Marie Eddé
Publié le 16/03/2011 • modifié le 15/04/2020 • Durée de lecture : 12 minutes

Statue de Saladin à Damas

Crédit photo : Anne-Marie Eddé

Le nom de Saladin (1174-1193) évoque, en Occident, la croisade, l’esprit chevaleresque, la générosité et la magnanimité. En Orient, son image est également celle du héros, réunificateur des Arabes et conquérant de Jérusalem. Mais qui est-il vraiment ? Un souverain doté d’un grand sens politique et paré de toutes les vertus ? Un usurpateur dénué de scrupules, comme certains ont voulu le décrire ? Dans les diverses sources parvenues jusqu’à nous, du XIIe siècle à nos jours, comment faire la part entre le panégyrique et la description fidèle, entre la légende et la réalité ?

Usurpateur ou sultan légitime ?

Même si Saladin (Salâh al-Dîn) est aujourd’hui une icône pour les Arabes, il n’est pas d’origine arabe, mais kurde. Né à Takrît, en Irak, vers la fin de l’année 1137, au sein d’une famille de notables, il grandit et se forme au métier des armes à Baalbek (Liban actuel) et à Damas (Syrie), sous la houlette de son père Ayyûb (d’où le nom de sa dynastie, les Ayyoubides) et de son oncle Shîrkûh. En 1154, lorsque le prince turc Nûr al-Dîn Ibn Zengi (1146-1174) unifie la Syrie sous son autorité, Saladin et sa famille comptent parmi ses plus fidèles soutiens. Entre 1164 et 1169, il est envoyé à plusieurs reprises, avec son oncle Shîrkûh, en Égypte afin de conquérir cette région convoitée par les Francs et dominée par la dynastie déclinante des Fatimides chiites, rivaux des Abbassides sunnites de Bagdad. En 1169, il parvient à se faire nommer vizir du dernier calife égyptien avant de mettre fin à sa dynastie en 1171. Il rétablit alors la suzeraineté du califat abbasside au Caire et consolide son pouvoir sur l’Égypte, la Cyrénaïque, le Yémen et la mer Rouge. A la mort de Nûr al-Dîn, en 1174, il doit encore lutter une dizaine d’années pour imposer son autorité à toute la Syrie et la Haute-Mésopotamie, au détriment du fils héritier de Nûr al-Dîn et de sa famille zenguide.

N’ayant pas de légitimité dynastique, Saladin va rechercher, pour imposer son pouvoir, la reconnaissance du calife de Bagdad. En terre d’Islam, à cette époque, la légitimité repose, en effet, sur le respect d’un système hiérarchique de délégation de l’autorité. Le calife tient son pouvoir de Dieu. Il en délègue une partie au souverain (sultan, prince, grand émir) qui lui-même nomme ses représentants pour exercer en son nom la justice, contrôler l’administration, faire régner l’ordre et défendre le territoire. Pour convaincre le calife, Saladin met en avant ses succès religieux et militaires, notamment le renversement des Fatimides et le rétablissement de l’orthodoxie sunnite en Égypte. Il insiste également sur la nécessaire unification musulmane, condition essentielle d’un jihad victorieux contre les Francs, qu’il affirme être le seul à pouvoir conduire. Il accuse enfin ses adversaires musulmans d’être des traîtres, de soutenir les hérétiques et de pactiser avec les « infidèles ». Autant d’arguments qui lui valent d’obtenir, dès le début de son règne, en 1175, la reconnaissance du calife al-Mustadî’ (1170-1180), gagnant ainsi une légitimité politique et religieuse au moins aussi forte que la légitimité dynastique dont se réclame la famille de Nûr al-Dîn.

Dans la conduite de son gouvernement, Saladin est d’abord soutenu par les membres de sa famille (ses frères, ses neveux et plus tard ses fils) qui lui apportent une aide militaire, financière et souvent morale. Ils en sont le plus souvent remerciés par l’octroi de postes et de territoires importants, formant ainsi une vaste confédération familiale. Mais pour obtenir l’adhésion des populations, Saladin a aussi besoin de l’appui des élites religieuses et militaires. Son attitude très respectueuse de la religion et de la loi musulmanes lui permet de rallier la plus grande partie des oulémas dont l’influence sur le peuple est grande grâce à leurs fatwas, leurs jugements, leur enseignement et leurs sermons. Et si quelques rares émirs (officiers) préfèrent l’abandonner pour soutenir ses adversaires, le sens de la négociation de Saladin, son pragmatisme et ses généreuses concessions territoriales lui permettent en général d’obtenir leur très fidèle soutien. Les nombreuses guerres qui jalonnent son règne vont toutefois épuiser les ressources de ses territoires et même s’il tente d’introduire en Égypte, avec l’aide d’anciens fonctionnaires fatimides passés à son service, quelques réformes fiscales et monétaires, il ne parvient pas à construire un véritable État structuré et efficace.

Le combattant du jihad

Une fois les territoires musulmans du Proche-Orient unifiés sous son autorité, en 1186, Saladin se retourne contre les trois Etats francs qui subsistent dans la région, le royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli et la principauté d’Antioche. Mais c’est surtout sur la ville de Jérusalem, occupée par les Francs depuis 1099, que Saladin va concentrer ses efforts. Troisième ville sainte de l’islam après La Mecque et Médine, Jérusalem est associée au souvenir d’Abraham, David, Salomon et Jésus, tous vénérés par les musulmans qui considèrent que c’est dans cette longue lignée de prophètes pré-islamiques que s’inscrit le Prophète Muhammad. La « mosquée très éloignée (al-Aqsâ) » mentionnée dans le Coran (XVII, 1) est identifiée par les exégètes à Jérusalem. C’est vers elle que Dieu envoya son Prophète pour qu’il entreprît son voyage nocturne vers les cieux et c’est aussi dans sa direction que Muhammad demanda aux premiers musulmans de prier. « Mourir à Jérusalem c’est presque comme mourir au ciel » dit une tradition (hadith) musulmane.

De 1187 à sa mort, Saladin remporte d’importantes victoires contre les Francs sans parvenir toutefois à mettre fin à leur présence dans la région. En juillet 1187, sa victoire écrasante à Hattîn, à l’ouest du lac de Tibériade, lui ouvre la route de Jérusalem. Le roi, Guy de Lusignan et de très nombreux chevaliers – dont le bouillonnant Renaud de Châtillon – ayant été faits prisonniers, le royaume est désormais sans défense. Après avoir rapidement conquis toutes les places fortes du littoral (à l’exception de Tyr), depuis Jubayl (Byblos) au nord jusqu’à Ascalon et Gaza au sud, Saladin s’empare de Jérusalem, le 2 octobre 1187. Les Francs obtiennent l’autorisation de quitter la ville, sains et saufs, en échange d’une rançon de dix pièces d’or par homme, cinq par femme et deux par enfant. Ceux qui ne peuvent payer sont vendus comme esclaves. L’année suivante, un grand nombre de forteresses franques de Syrie du Nord tombent également entre ses mains. Saladin est alors au sommet de sa gloire.

Saladin à Damas, crédits photo : Anne-Marie Eddé
Saladin à Damas, crédits photo : Anne-Marie Eddé

Toutefois, la résistance des Francs à Tyr et surtout l’arrivée de la Troisième Croisade (1189-1192) conduite par les rois d’Angleterre et de France, Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste, vont freiner ses ambitions. Les Francs récupèrent la ville d’Acre, en juillet 1191, et Saladin est forcé d’accepter la signature d’un traité en septembre 1192 avec Richard Cœur de Lion. Une trêve de trois ans et huit mois est instaurée et les musulmans reconnaissent aux Francs la possession du littoral de Tyr à Jaffa. Sur son lit de mort, en mars 1193, malgré ces dernières concessions et un pays appauvri par les guerres, Saladin peut toutefois se vanter d’avoir redonné Jérusalem à l’Islam et d’avoir reconquis une grande partie des territoires francs.

L’homme et son image

Aucun portrait contemporain de Saladin n’étant connu, il restera à jamais pour nous un souverain sans visage. Sa personnalité même gardera des zones d’ombre, car si ses biographes s’attardent volontiers à le décrire dans l’accomplissement de ses devoirs religieux et militaires, ils ne nous parlent que très peu de sa vie de famille, de ses loisirs ou de ses émotions. Quelques informations néanmoins filtrent ici ou là qui permettent d’éclairer une petite part de l’homme qu’il est vraiment. Elevé en Syrie, il parle, lit et écrit l’arabe et se plaît à suivre les cours de quelques professeurs réputés ou à suivre les débats de juristes et de théologiens. Décrit comme un souverain très respectueux de ses devoirs de croyant, il n’a pourtant jamais accompli le pèlerinage à La Mecque, sans doute par crainte de s’absenter durant plusieurs mois de ses territoires et de laisser ainsi le champ libre à ses ennemis. Un certificat de pèlerinage attestant qu’un cheikh soufi accomplit le petit pèlerinage (‘umra) pour son compte a néanmoins été retrouvé. Il arrivait assez fréquemment, en effet, qu’un musulman dans l’incapacité d’effectuer son pèlerinage à La Mecque rétribue l’un de ses coreligionnaires pour l’effectuer à sa place.

Entre deux combats, Saladin, comme beaucoup de ses contemporains, aime chasser et s’exercer au polo, deux sports considérés comme d’excellents exercices équestres et guerriers. De ses relations avec ses femmes et ses enfants, nous savons malheureusement peu de choses. En 1176, il épouse à Damas la veuve de Nûr al-Dîn, un mariage sans nul doute politique – Saladin reprend ainsi à son compte l’héritage de son prédécesseur et se situe dans sa lignée – qui se fait toutefois avec l’accord de la princesse et s’avère très heureux. Quand dix ans plus tard, son épouse meurt à Damas, Saladin en conçoit un profond chagrin. Il ne prendra jamais d’autre épouse, mais aura en revanche de nombreuses concubines qui lui assureront une importante descendance : dix-sept fils et une fille (sans compter les enfants morts en bas-âge). Absorbé par ses nombreuses campagnes, Saladin n’a que très peu de temps à leur consacrer et confie l’éducation de ses fils à des précepteurs, mais d’après ses biographes, il prend grand plaisir aux rares moments passés en leur compagnie et les associe dès l’âge de 15 ans à ses batailles.

Le mode de vie de Saladin rythmé par ses nombreux déplacements entre l’Égypte, la Syrie et la Mésopotamie du Nord, est toujours marqué par une grande simplicité. Il loge souvent sous la tente, partage le repas de ses hommes et lorsqu’il réside à Damas ou au Caire, il se refuse à vivre dans le luxe et préfère se vêtir de lin, de coton ou de laine plutôt que de soie. De même le cérémonial qui l’entoure est en général réduit à l’essentiel.

Si la véritable personnalité de Saladin ne nous est pas totalement révélée, l’image qu’il parvient à donner de lui-même et qui perdure jusqu’à nos jours présente des contours beaucoup plus nets. Une image construite et relayée par des membres de son entourage qui ne se contentent pas dans la correspondance officielle, les sermons, la littérature, de chanter ses louanges pour obtenir une position enviable. Leur discours est avant tout destiné à transmettre un message aussi bien politique que religieux. Saladin ayant pris le pouvoir en renversant la dynastie de son maître, il lui faut, en effet, légitimer son coup de force pour espérer se maintenir sur le trône. Cette légitimité que seul le calife peut lui donner, Saladin s’efforce de l’obtenir en mettant l’accent sur sa puissance militaire et ses qualités de souverain soucieux des intérêts de sa communauté, chef providentiel envoyé et guidé par Dieu, défenseur de l’orthodoxie et artisan de l’unité musulmane sans laquelle aucune victoire n’est possible contre les Francs.

Sultan juste, pieux, généreux, bon envers les déshérités, soucieux de la veuve et de l’orphelin, aimant l’austérité, sachant s’entourer de bons conseillers, pourfendeur des hérésies, vainqueur des infidèles, aimé de ses sujets mais sachant se faire craindre et respecter, telle est l’image que ses proches, qui sont aussi ses biographes, répandent de lui. Une image qui reflète probablement certains traits de sa personnalité, mais qui relève aussi d’une double tradition : celle du saint homme et du souverain idéal. La littérature hagiographique de cette époque abonde en récits sur les vertus et les miracles de saints personnages qui présentent d’étonnantes similitudes avec les biographies de Saladin. De même, le genre littéraire des « Miroirs des princes », répandu en Orient comme en Occident, qui offre de nombreux conseils de bon gouvernement et dessine les contours du souverain idéal, a certainement influencé les proches du sultan.

La recherche d’exemplarité et de modèles très présente dans le monde musulman – il suffit de rappeler l’importance de la Sunna du Prophète, c’est-à-dire l’ensemble de ses dires et de ses gestes, dans l’élaboration du droit – est également un élément essentiel dans la construction de l’image de Saladin. Il est ainsi souvent comparé à Joseph ou Salomon, deux figures bibliques très populaires en Islam. Cette comparaison est destinée à rapprocher Saladin d’un modèle de sainteté – les saints étant souvent présentés comme les héritiers d’un ou de plusieurs prophètes – à lui donner un modèle à suivre et à affirmer sa légitimité et son autorité aux yeux d’une population très sensible à cette forme de piété populaire.

Saladin, entre légende et actualité

L’image de Saladin commence donc à se façonner dès son vivant. Mais paradoxalement, c’est en Occident qu’est née la légende de Saladin. Dès la fin du XIIe siècle, les Occidentaux ont tenté de trouver des explications aux nombreux succès du sultan. Si celui-ci a d’abord pris dans l’imagination populaire l’allure d’un fléau envoyé par Dieu pour punir les chrétiens de leur impiété, il a très vite incarné, au contraire, l’idéal du chevalier preux, magnanime et généreux. Adoubé chevalier, descendant du comte de Ponthieu par sa mère ou même converti au christianisme, Saladin s’est retrouvé héros de romans de chevalerie et chansons de gestes. A l’origine de ces légendes, il y avait l’admiration qu’éprouvaient les Francs pour ses qualités guerrières. Dès lors que la victoire était interprétée comme l’expression de la volonté divine, il valait mieux, en effet, être battu par un homme vaillant et chevaleresque, animé par des valeurs partagées, que par un infidèle. Le développement, en Occident, d’une abondante littérature épique, courtoise et romanesque, en langue vernaculaire, destinée à distraire un large public avec le récit des aventures des croisés, a, de son côté, largement favorisé la diffusion de ces légendes.

Au fil des siècles, Saladin s’est ainsi retrouvé, malgré lui, au service des causes les plus diverses. « On dit qu’il laissa par testament des distributions égales d’aumônes aux pauvres mahométans, juifs et chrétiens ; voulant faire entendre par cette disposition, que tous les hommes sont frères, et que pour les secourir, il ne faut pas s’informer de ce qu’ils croient, mais de ce qu’ils souffrent. Peu de nos princes chrétiens ont eu cette magnificence » écrit Voltaire dans son Essai sur les mœurs (1756). Une manière comme une autre pour le grand philosophe du XVIIIe siècle de critiquer ses contemporains. Une vingtaine d’années plus tard, le dramaturge allemand Gotthold Ephraim Lessing livre dans sa pièce Nathan le Sage (1779), dont l’histoire est inspirée de la parabole des trois anneaux du Décaméron de Boccace, le portrait d’un Saladin humaniste, courtois et épris de vérité. Au début du XIXe siècle, le romancier écossais Walter Scott, dans Le Talisman ou Richard en Palestine (1825), éprouve à son tour une grande admiration pour un Saladin courageux, intelligent, fidèle à sa parole, généreux et compatissant qui s’oppose à un Richard Cœur de Lion beaucoup plus impitoyable. Il est amusant de constater que le cinéaste Ridley Scott s’est lui-même inspiré de l’ouvrage de son homonyme du XIXe siècle pour mettre en scène dans Kingdom of Heaven (2005) un Saladin bon, respectueux de la parole donnée et tolérant à l’égard du christianisme.

Dans le monde arabe, la légende ou plutôt le mythe de Saladin – étant donné sa dimension de construction politique – n’a commencé à prendre de l’ampleur qu’à la fin du XIXe siècle. L’attention portée à ce souverain accompagne d’une part l’essor des études consacrées aux croisades, et s’inscrit, d’autre part, dans un contexte politique marqué par la montée du nationalisme puis l’échec de l’unification arabe, la colonisation européenne, la création de l’État d’Israël, l’annexion de Jérusalem et enfin les multiples interventions américaines dans la région. Aux populations comme aux dirigeants, Saladin apparaît alors comme le libérateur par excellence, le résistant à l’occupation occidentale, le modèle du souverain ayant su redonner fierté et dignité aux Arabes. Ses origines kurdes s’effacent au profit de son « arabité » culturelle et linguistique, son attachement à l’islam, son respect des valeurs arabes. Des chefs d’État aussi différents que l’Égyptien Gamal Abdel Nasser et l’Irakien Saddam Hussein se sont identifiés à lui pour se poser en nouveaux chefs charismatiques des Arabes.

Le mythe de Saladin a donné lieu à de très nombreuses formes d’expression. La littérature comme le cinéma et la télévision s’en sont emparés. En Égypte, la pièce de l’écrivain Farah Antûn intitulée Le Sultan Saladin et le royaume de Jérusalem eut un grand retentissement au début du XXe siècle. Le Saladin triomphant, unificateur et libérateur du monde arabo-musulman qui y est décrit déplût tant aux Anglais, qui occupaient alors le pays, qu’ils tentèrent de l’interdire. Le cinéaste chrétien Youssef Chahine a lui aussi proposé sa vision du sultan dans son film Saladin (1963) dans lequel il est rappelé l’importance de l’unification arabe, quelles que soient les religions. Dans les territoires palestiniens, la grande voie traversant du nord au sud la bande de Gaza est appelée « Route de Saladin ». A Damas, son tombeau attire de nombreux visiteurs et pèlerins. En outre, sous la présidence de Hafez al-Asad, une immense statue de Saladin a été installée devant l’imposante citadelle médiévale. On y voit Saladin chevauchant, l’épée au poing, entourés de fantassins armés, écraser de toute sa hauteur Renaud de Châtillon et Guy de Lusignan assis sur une rocher à l’arrière du cheval. En Syrie comme en Jordanie, des billets de banque ou des timbres portent son effigie et en Irak, sous la présidence de Saddam Hussein, son nom fut introduit dans l’hymne national irakien avec ceux des Assyriens, des Babyloniens et du calife abbasside Hârûn al-Rashîd. En 1987, lors du huit centième anniversaire de la victoire de Hattîn, trois colloques se déroulèrent à la fois à Bagdad, au Caire et à Damas pour célébrer l’événement et nombreuses furent les publications sur Saladin qui virent le jour.

L’image de Saladin s’est donc façonnée et transformée, au fil des siècles, en fonction des époques et des lieux, des contextes politiques ou idéologiques. Aujourd’hui encore, il est significatif de voir resurgir avec force les références à Saladin chaque fois que le monde arabe se sent humilié ou attaqué par les pays occidentaux ou par l’État d’Israël.

Lire également :
Saladin

Bibliographie :
A.-M. Eddé, Saladin, Les Grandes Biographies, Paris, Flammarion, 2008.
L’Orient de Saladin, l’art des Ayyoubides, Exposition présentée à l’Institut du monde Arabe, Paris, du 23 octobre 2001 au 10 mars 2002, Paris, 2001.
J.-M. Mouton, Saladin, le sultan chevalier, Paris, Découvertes-Gallimard, 2001.
M. C. Lyons et D. E. P. Jackson, Saladin. The politics of Holy War, Cambridge University Press, 1982.

Publié le 16/03/2011


Anne-Marie Eddé, Directrice de recherche au CNRS, a d’abord été maître de conférences à l’université de Paris IV-Sorbonne (1982-1997), puis professeur d’histoire du Moyen Âge à l’université de Reims (1997-2000) et Directrice de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (2005-2010).
Son domaine de recherche est l’histoire des textes arabes de l’époque des croisades (XIe-XIIIe siècles) et plus généralement l’histoire du Proche-Orient islamique médiéval. Sa dernière publication importante est une biographie de Saladin (Paris, Flammarion, 2008) dans laquelle elle tente de décrypter le discours dont cette figure historique, symbole de l’unification musulmane et de la lutte contre les croisés, a fait l’objet du XIIe siècle à nos jours.


 


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