Ce dictionnaire, qui s’articule en deux parties, la première traitant des « concepts et idées », la seconde des « pays », a pour objectif de faire le point sur l’islamisme. Pour ce faire, il « décortique tous ces sujets : les concepts, les courants, les acteurs – petits et grands –, les organisations, mais aussi les réseaux économiques et financiers, les institutions publiques et privées ». « L’actualité, mais aussi la géopolitique, l’histoire et la sociologie » sont les thèmes utilisés afin d’analyser « la portée de ces courants islamistes et leur influence, tant sur l’évolution des pays musulmans que sur les sociétés occidentales où se trouvent des communautés arabo-islamiques de plus en plus importantes ». En effet, Antoine Sfeir, dans son introduction, met en évidence que l’islamisme n’est pas nouveau, puisqu’il date de l’époque même de Mouhammad, mais que « sa version moderne est née au tournant de ce siècle, en réaction contre le mouvement de la Renaissance arabe (Al Nahda), prônant un aggiornamento de l’islam ». Avec les attentats du 11 septembre 2001, puis ceux qui ont suivi en Arabie saoudite, au Maroc, en Espagne et en Grande-Bretagne, Antoine Sfeir explique que des mélanges ont été faits par les opinions publiques, auxquels cet ouvrage tente de répondre : « Du coup les amalgames se sont multipliés : tout Arabe est musulman, oubliant qu’il existe près de 15 millions d’Arabes qui ne le sont pas ; tout musulman est islamiste, alors que les islamistes constituent une minorité au sein du monde musulman ; enfin tout islamiste est un terroriste alors que, là aussi, seuls quelques individus nostalgiques de la conquête islamique sont passés à l’acte. Représentent-ils pour autant tous les musulmans ? »
Afin de répondre à ces interrogations, plusieurs mots et concepts sont définis, comme l’islamisme, la chari’a, le chiisme, Dar Al Harb, Dar Al Islam, la fitna, le Hizb al Tahrir, l’islah, le Jihad, la choura, Maulana, Ouléma, Oumma, Al-Qaida, le salafisme, le soufislamisme, le soufisme, le Tabligh, le wilaya al-faqih, le wahhabisme, la zakat.
Suivent des analyses par pays, organisées par continent : Afrique, Amérique du Nord, Asie, Europe, Moyen-Orient et Proche-Orient. Dans chaque analyse par pays figurent un historique de celui-ci, des biographies historiques et contemporaines de personnalités politiques, religieuses, universitaires…, des historiques des associations.
L’ouvrage comporte aussi des cartes et un index des noms de lieux, des noms propres et des organisations.
Au final, ce dictionnaire, outre sa clarté et sa pédagogie, « apporte un éclairage nouveau et lève le voile sur l’origine et les causes des événements récents afin de les comprendre et de mieux les appréhender ».
Sous la direction de Antoine Sfeir, Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, Paris, Bayard, 2009, 617 pages.
