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Sous la direction de Lévon Nordiguian et May Semaan Seigneurie, Portraits photographiques d’Orient réalisés par des jésuites en mission

Par Olivia Blachez
Publié le 28/02/2011 • modifié le 25/04/2020 • Durée de lecture : 2 minutes

La présence jésuite au Proche-Orient

Les auteurs commencent par rappeler le contexte dans lequel s’inscrit le retour des Jésuites au Proche-Orient au XIXe siècle. En effet, la Compagnie de Jésus, déjà présente dans la région, avait été supprimée en 1773 sur ordre du pape Clément XIV. C’est à partir de 1831 que les missions au Proche-Orient reprennent, d’abord au Liban où les Jésuites s’installent à Bickfaya (1833), Moallaqa-Zahleh (1833) et à Ghazir (1843). Ils « se consacrent aux besoins pastoraux de la population » et ouvrent des écoles et des séminaires dans la montagne libanaise, dans la région de la Békaa et jusqu’en Haute-Galilée, au sud. L’Université Saint-Joseph, fondée en 1875, à Beyrouth, joue un grand rôle dans le rayonnement de l’enseignement jésuite au Proche-Orient. Dans les années 1870, à partir de Beyrouth, la Compagnie de Jésus s’établit en Syrie, à Damas, Homs et Alep. C’est à partir des années 1880 que le Pape Léon XIII se préoccupe des Arméniens de l’ouest de la Turquie et ouvre des résidences à cet effet, mais la guerre de 1914 met fin à ce ministère. Le mandat français en Syrie et au Liban permet ensuite aux Jésuites de continuer à exercer leurs activités dans le domaine de l’enseignement, des sciences orientales, de l’imprimerie, de la médecine et de l’archéologie notamment. Ils aident également les Arméniens réfugiés au Liban et en Syrie.

Une vision orientaliste

Les clichés présentés dans cet ouvrage montrent d’abord la variété des populations avec lesquelles les Jésuites sont en contact. Mais ils permettent avant tout de comprendre la démarche des missionnaires dans leur rencontre avec ces populations. Comme le soulignent les auteurs en introduction, la démarche est anthropologique : les personnages ont revêtu leurs plus beaux costumes et leurs armes pour exprimer leur rang. « Ce souci anthropologique si clairement perceptible se manifeste par l’insistance à saisir des types d’hommes, nomades, paysans, guerriers, seigneurs, bourgeois, hommes de religion ». Néanmoins, si les clichés émanent d’une vision orientaliste, ils traduisent aussi une fine « connaissance du milieu et des traditions dans lesquels évoluent les personnages ». En effet, la plupart de ces religieux-photographes ont passé l’essentiel de leur carrière au Proche-Orient et parlent la langue du pays. En revanche, les portraits ne laissent pas deviner le « jeu » auquel se prêtent les personnages, ni la projection qu’ils se font d’eux-mêmes, peu habitués à l’appareil photographique.

Sous la direction de Lévon Nordiguian et May Semaan Seigneurie, Portraits photographiques d’Orient réalisés par des jésuites en mission, Beyrouth, Presses de l’Université Saint-Joseph, 2010.

Publié le 28/02/2011


Olivia Blachez est étudiante à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où elle a suivi les cours du politologue libanais Joseph Bahout. Elle vit actuellement à Beyrouth et travaille au sein du journal L’Orient-Le Jour.


 


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