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Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 01/02/2010 • modifié le 24/02/2020 • Durée de lecture : 36 minutes

De la fin du mandat britannique à la première guerre israélo-arabe

Le plan de l’ONU du 29 novembre 1947 partage la Palestine mandataire en deux Etats constitués de territoires discontinus, l’un juif et l’autre arabe. L’Etat arabe est composé de la Galilée occidentale avec un accès à la mer à Acre, de la Cisjordanie (sauf Jérusalem) et de la Bande de Gaza. Des violences éclatent entre Juifs et Arabes dès l’annonce du plan, les Arabes refusant le partage de leur terre. En 1948, des troupes arabes commandées par le neveu du mufti de Jérusalem, Abdel Kader al-Husseini, et des troupes de volontaires dépendant de la Ligne des Etats arabes combattent les forces sionistes, qui s’imposent sur le terrain, entrainant le départ des populations civiles arabes vers le Liban et vers l’Egypte, en particulier à la suite du massacre des populations du village de Deir Yassin le 9 avril 1948. Dans le même temps, les Britanniques quittent progressivement la Palestine, pour mettre fin à leur mandat le 15 mai 1948. La veille, Ben Gourion a proclamé la création de l’Etat d’Israël. La première guerre israélo-arabe est immédiatement déclenchée le 15 mai, jour de la fin du mandat britannique et les combats se terminent en janvier 1949. A l’issue de la guerre, les territoires composant la partie arabe passent sous domination étrangère : la bande de Gaza est administrée par l’Egypte et la Cisjordanie est annexée par la Jordanie, la Galilée occidentale et une partie du Néguev sont intégrés à l’Etat juif.

A picture released 27 November 1937 shows Palestinian Grand Mufti of Jerusalem Amin Al Husseini. A Palestinian nationalist and a Muslim leader in Palestine and Egypt, Al-Husseini was one of the instigator of the Great Arab Revolt of 1936. In 1937 he took refuge in Nazi Germany and helped recruit Muslims for the Waffen-SS. The Grand Mufti established close contacts with Bosnian and Albanian in order to integrate Bosnian Muslims into several divisions of the Waffen SS and other units. The largest was the 13th Handschar division of 21,065 men which conducted operations against Communist partisans in the Balkans from February 1944. After the Second World War, Al-Husseini was sentenced by the Yugoslav Supreme Military Court to three years imprisonment and two years of deprivation of civil rights as convicted war criminal. He died in Beirut, Lebanon in 1974. FRANCE PRESSE VOIR / AFP

Sur le plan politique, un gouvernement palestinien est organisé à Gaza, avec l’autorisation de l’Egypte. Le 23 septembre 1948, le mufti de Jérusalem, Hajj Amin al-Husseini, organise un gouvernement, dont Ahmad Hilmi Pacha devient président du Conseil. Le 30 septembre, la chambre palestinienne réunie à Gaza élit Hajj Amin al-Husseini président. Ce nouveau gouvernement n’est légitime et reconnu qu’à Gaza et ses pouvoirs sont limités. Il est cependant reconnu par les Etats de la Ligue arabe (qui a, dès le 12 juin 1946, une représentation palestinienne), excepté par la Jordanie. Le 24 avril 1950, le parlement jordanien vote l’annexion de la Cisjordanie. Cette décision suscite le mécontentement des nationalistes palestiniens, car elle met fin à l’entité politique de la Palestine.

A l’issue de la guerre israélo-arabe, une question cruciale se pose : celle des réfugiés. Le départ des Arabes se fait en deux étapes. La première commence dès la fin 1947, c’est-à-dire dès l’annonce du plan de partage de l’ONU. Les populations arabes habitant sur la partie israélienne du plan de partage fuient devant les combats. Cette population est estimée à environ 300 000. Pendant le premier conflit israélo-arabe, les Arabes habitant la partie palestinienne de la Galilée occidentale fuient également devant l’armée israélienne, ainsi que ceux habitant la partie du Néguev jouxtant l’Egypte. Ces derniers se réfugient dans la Bande de Gaza. Au total, les Arabes réfugiés pendant ce premier conflit sont estimés à 700 000 et se réfugient au Liban, en Syrie, en Cisjordanie, en Jordanie et dans la bande de Gaza.

Les territoires palestiniens jusqu’à la guerre de 1973

A la fin des années 1950, le président Hajj Amin al-Husseini demande au président égyptien Nasser la participation de la Palestine à la République arabe unie, composée de l’Egypte et de la Syrie et créée le 1er février 1958. Nasser refuse, craignant que la participation palestinienne ne provoque l’intervention israélienne dans la Bande de Gaza. Une surenchère se met également en place entre les gouvernements égyptien et irakien. En effet, le 15 mars 1958, Nasser met en place à Gaza un Conseil législatif composé de Palestiniens et d’Egyptiens. Tout en souhaitant que les droits des Palestiniens soient reconnus et entendus sur le plan régional et international, Nasser souhaite également que ce Conseil profite à la politique égyptienne. Refusant ce double langage, Hajj Amin al-Husseini et le gouvernement palestinien s’installent au Liban à l’été 1959. Une proposition est faite par le chef des phalanges libanaises, Pierre Gemayel, concernant la création d’un Etat palestinien sur Gaza et sur la Cisjordanie. Sa proposition remporte l’adhésion d’Hajj Amin al-Husseini, qui se déclare favorable à la mise en place d’un gouvernement palestinien en exil, mais la Jordanie refuse cette proposition qui remettrait en cause l’annexion de la Cisjordanie. C’est alors que l’Irak intervient. Le général Kassem, président irakien, refuse de s’aligner sur Nasser et sur sa politique. La question palestinienne lui permet de marquer son opposition à l’Egypte : la proposition du général Kassem de former un gouvernement palestinien en exil, ainsi que la création d’une Palestine indépendante dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie suscitent les réactions tant égyptiennes que jordaniennes qui ne veulent pas perdre ces territoires, et qui rivalisent alors de mesures favorables aux Palestiniens.

Ahmad Shukeiri, head of the Palestine Liberation Organisation (PLO) adresses Gaza people on the occasion of the eight anniversary of the evacuation of Tripartite Aggression troops from Gaza Sector, in Gaza, Palestine, on March 11, 1965. The Tripartite Aggression, also known as the Suez Crisis, is a military attack on Egypt by Britain, France and Israel on 1956 to nationalize the Suez Canal and for Israel it’s the occasion to occupy Gaza from October 1956 to March 1957. AFP


Dans ce contexte, et indépendamment des intérêts poursuivis par les Etats voisins qui souhaitent intégrer la Palestine dans une union arabe, la résistance palestinienne s’organise autour de l’idée de la Palestine indépendante et de la lutte contre Israël. Plusieurs mouvements s’organisent : le Fatah de Yasser Arafat créé en 1959 au Koweït et l’organisation de libération de la Palestine (OLP) créée lors du Sommet arabe tenu au Caire du 13 au 17 janvier 1964. L’avocat palestinien Ahmad al-Shuqayri, après avoir représenté l’Arabie Saoudite à l’ONU, est nommé à la tête de l’OLP. L’organisation se met progressivement en place, et un congrès réunissant les représentants palestiniens ainsi que des membres de la Ligue des Etats arabes se tient à Jérusalem du 28 mai au 2 juin 1964. Ce premier Congrès national palestinien organise l’OLP : un Conseil national (équivalent du Parlement) est mis en place ainsi qu’un Comité exécutif de l’OLP (CEOLP), dont Ahmad al-Shuqayri est président, une Charte est adoptée, une armée est créée, l’Armée de libération de la Palestine (ALP).

En 1967, le Palestinien Georges Habache fonde le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP). Il était déjà en 1952 à l’origine de la création du Mouvement national arabe (MNA), qui se réclamait de l’unité arabe et de la lutte contre Israël, et qui est dissous en 1967. En 1967, le FPLP s’installe à Amman, capitale jordanienne, et commet des attentats dès 1968. En outre, les actions armées du Fatah se développent dès 1964 contre Israël et provoquent les représailles de l’Etat hébreu sur la Jordanie, le Liban et la Syrie.

Ces vives tensions entre les Etats arabes et Israël conduisent à la guerre de 1967, qui débute le 5 juin et se termine le 11 juin. Au terme de la guerre des six jours, Israël annexe le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous administration égyptienne, la Cisjordanie annexée par la Jordanie depuis 1950 ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien. La guerre des six jours génère plusieurs conséquences pour les Palestiniens. Sur le plan territorial, Gaza et la Cisjordanie passent sous administration israélienne. Quant à la résistance palestinienne, elle tente de s’installer en Cisjordanie et à Gaza. Yasser Arafat, fondateur du Fatah, implante la résistance palestinienne en Cisjordanie, afin de poursuivre la lutte contre Israël. Les actions d’Arafat et de ses partisans sont durement réprimées par Israël, les obligeant à quitter la Cisjordanie pour la Jordanie début 1968. Dans la bande de Gaza, le FPLP de Georges Habache mène également la résistance contre Israël. Yasser Arafat organise donc la résistance à partir de la Jordanie, et les réfugiés palestiniens des camps apportent leur soutien, par leur participation à des opérations anti israéliennes. En représailles, Israël attaque le 21 mars 1968 le camp de Karameh, une des bases du Fatah. Mais les Palestiniens réussissent à repousser l’armée israélienne. Cet événement donne au Fatah et à Yasser Arafat un nouveau prestige. Concernant le FPLP, le mouvement se scinde en 1968, avec la création du FPLP Commandement général, dirigé par Ahmad Jibril, et avec celle du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) de Nayef Hawatmeh. En dépit de cette scission, le FPLP poursuit ses actions en Jordanie. Quant à l’OLP, son chef, Ahmad al-Shuqayri, est obligé de démissionner à la suite de la guerre des six jours. En juillet 1968, le quatrième Congrès national palestinien se réunit. Y sont intégrées les organisations de résistance palestiniennes (dont le Fatah et le FPLP) qui composent dorénavant l’OLP. La Charte adoptée en 1964 est amendée, l’accent étant mis sur la lutte armée afin de libérer la Palestine. Le Fatah, intégré à l’OLP depuis juillet 1968, est majoritaire au sein de l’OLP, et Yasser Arafat en devient le président lors du cinquième Congrès national palestinien qui se tient du 2 au 4 février 1969. Lors de ce Congrès, sur proposition du Fatah, l’existence du peuple palestinien est également reconnue et la résolution 242, qui ne reconnaît pas les droits du peuple palestinien, est rejetée.

The Palestine Liberation Organization (PLO) chairman Yasser Arafat attends a ceremony marking the end of a military training, August 17, 1970. Yasser Arafat founded the Palestine Liberation Movement or Fatah in Kuwait in 1959 and gained control over the PLO in 1969. STF / AFP


La résistance palestinienne continue à s’organiser. L’OLP s’installe à Amman en Jordanie, mais très vite, les relations se dégradent, car les actions de l’OLP contre Israël placent la Jordanie au cœur des représailles israéliennes. En outre, les Palestiniens des camps ont la possibilité de sortir avec leurs armes, ce qui renforce la tension entre Palestiniens et armée jordanienne. Les heurts se poursuivent jusqu’en 1970 entre Jordaniens et Palestiniens. Début septembre 1970, alors que les troubles s’aggravent et que le FPLP détourne des avions civils européens et américains sur un aéroport jordanien, le roi Hussein, fort de l’appui américain, décide de mettre fin à la résistance palestinienne. Le 15 septembre 1970 (septembre noir), l’armée jordanienne attaque les camps palestiniens installés en Jordanie. L’initiative jordanienne provoque la contestation arabe, et Nasser organise au Caire, à partir du 23 septembre, un Sommet arabe auquel se rendent Yasser Arafat et le roi Hussein. Un cessez-le-feu est imposé à partir du 27 septembre, mais l’armée jordanienne poursuit les combats jusqu’en juillet 1971, brisant ainsi la résistance palestinienne, qui s’installe et s’organise au Liban. La résistance palestinienne (qui recrute dans les camps de réfugiés palestiniens installés au Liban) lance des attaques contre Israël, provoquant les représailles israéliennes sur le territoire libanais. Entre l’été 1972 et avril 1973, des responsables palestiniens sont tués par des commandos israéliens au Liban.

Dans ce contexte de violence, la guerre du Kippour est déclenchée par les Etats arabes le 6 octobre 1973. Plusieurs négociations sont organisées afin de mettre fin au conflit. Suivent des tractations diplomatiques effectuées par le secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, qui arrive à faire signer un accord le 11 janvier 1974. Cet accord, signé au kilomètre 101 par les chefs d’Etat major israélien et égyptien, les généraux Elazar et Gamassi, décide du retrait des troupes israéliennes du canal et de leur remplacement par des troupes de l’ONU (FUNU) et de la réouverture de canal de Suez par l’Egypte. Les négociations concernant le Golan sont plus ardues. Après de nombreuses négociations menées par Kissinger, il est décidé fin mai 1974 qu’Israël rende le territoire conquis pendant le conflit d’octobre 1973 mais qu’il conserve le Golan. De son côté, la Syrie libère les prisonniers israéliens. Concernant les Palestiniens, l’OLP présidée par Yasser Arafat est reconnue par 37 pays dont la Jordanie comme le représentant du peuple palestinien, lors du sommet islamique de Lahore de février 1974. Cette reconnaissance est réaffirmée lors du douzième Congrès national palestinien tenu du 1er au 9 juin, ainsi que la volonté de mettre en place un Etat Palestinien. Le septième sommet arabe de Rabat, qui se tient fin octobre 1974, reconnaît également l’OLP comme le représentant légitime du peuple palestinien. Sur le plan international, Arafat obtient en outre la reconnaissance de l’ONU qui le convie à l’Assemblée générale de novembre 1974 : l’Assemblée reconnaît les droits des Palestiniens et l’OLP se voit attribuer un siège d’observateur.

Les Palestiniens pendant la guerre du Liban (1975-1982)

Au Liban, la tension est vive sur le plan politique et social, tension à laquelle participent les Palestiniens présents à la suite des guerres israélo-arabes et à la suite de Septembre noir. Ils sont installés dans des camps de réfugiés à Tripoli, Beyrouth et Saïda. Quant à l’OLP, elle est basée à Beyrouth et des combattants palestiniens ont également établi leurs unités dans le Sud Liban. La guerre débute le 13 avril 1975, à la suite d’un incident entre les Phalanges libanaises et des Palestiniens dans la banlieue de Beyrouth. Cet incident met le feu aux poudres et embrase tout le Liban. Deux factions se font face dans des affrontements violents et meurtriers (guérilla dans les villes, assassinats de civils, francs-tireurs, bombardements) qui touchent tout le pays : les chrétiens d’un côté et les défenseurs de l’arabisme et des Palestiniens de l’autre. A Beyrouth, dont le centre est détruit à l’automne 1975, une ligne de démarcation sépare l’est chrétien de l’ouest musulman. C’est dans ce contexte que l’armée syrienne entre au Liban. Dès le début du conflit, la Syrie a proposé sa médiation. Son intervention est motivée par plusieurs raisons : la crainte d’une alliance entre un petit Liban chrétien et Israël, la crainte d’une invasion de la Syrie par l’armée israélienne en passant par le Liban et la volonté de contrôler la résistance palestinienne. L’ambition à terme du président syrien Hafez el-Assad est de créer une Grande Syrie sous l’égide syrienne, composée de la Syrie, du Liban, de la Jordanie et de l’OLP. Le 18 janvier 1976, les troupes de l’Armée de Libération de la Palestine (ALP, qui dépendent de l’OLP) basées en Syrie entrent dans la Bekaa. Après des contacts établis entre les différents chefs libanais, les troupes syriennes entrent au Liban début juin 1976. Cette intervention militaire est acceptée par les responsables politiques libanais, dont le président Frangié. Freinées dans leur progression par des combats menés par les Palestiniens, les troupes syriennes entrent à Beyrouth le 15 novembre 1976 (elles n’entrent pas au Sud Liban). Leur arrivée est l’occasion d’un arrêt des combats, après un an et demi de guerre et 65 000 victimes.

Sur le plan régional, l’intervention de la Syrie suscite la prise de position diplomatique de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte. Au cours d’un sommet organisé à Riyad du 16 au 18 octobre 1976 par ces deux Etats, le Liban et l’OLP reconnaissent la légitimité de la présence syrienne au Liban, tandis que la Syrie reconnaît la présence au Liban d’une force armée composée de troupes d’Arabie Saoudite, du Soudan, de la Libye, du Yémen et des Emirats arabes unis. Cette force de 30 000 hommes est appelée Force arabe de dissuasion (FAD).

Dans le même temps que la guerre libanaise se déroule, les négociations pour parvenir à un règlement de paix se poursuivent, avec l’arrivée au pouvoir en janvier 1977 de la nouvelle administration Carter. En mars 1977, le Président Carter évoque dans un discours sa volonté de parvenir à une solution pour les Palestiniens. Ce discours va dans le sens préconisé par l’OLP, qui demande qu’un Etat palestinien soit créé en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Les négociations débouchent sur les accords de Camp David de septembre 1978. Si la paix est signée entre l’Egypte et Israël, en revanche, les négociations concernant les Territoires n’aboutissent pas.

Au Sud Liban, l’armée israélienne, à la suite d’une attaque palestinienne en mars 1978, envahit cette région jusqu’au fleuve Litani, afin de dissuader les Palestiniens de nouvelles attaques. Cette opération, qui provoque la fuite vers Saïda et Beyrouth de 200 000 Libanais, est condamnée par le conseil de sécurité de l’ONU. Deux résolutions créent la FINUL (force intérimaire des Nations unies au Liban) qui prend position au Sud Liban afin de rétablir la sécurité et l’autorité du gouvernement libanais. L’armée israélienne est obligée d’évacuer mais elle met en place une « ceinture de sécurité », c’est-à-dire une bande d’environ 10 km de profondeur, s’étendant de la côte à la ville de Merjayoun, et laissée à la milice du colonel Saad Haddad. Cette milice rebelle à l’armée libanaise et aidée par l’armée israélienne, interdit à l’armée régulière libanaise de reprendre position dans le Sud Liban. Les combats sont nombreux entre la milice de Haddad et les positions libanaises et palestiniennes, tandis que les bombardements de l’aviation israélienne se poursuivent.

US marines land 15 July 1958 on the "Red beach" in front of the Lebanese coastal village of Khalde, near Beirut, during their landing to Lebanon. The Marines’ role, in a situation described by the Department of Defense as "like war but not war," was to support the legal Lebanese government against any foreign invasion, specifically against Syria. In 1958, using the leverage provided by 14,000 troops put ashore, U.S. policymakers calmed civil disturbances, selected the next president of Lebanon, and extracted the force without significant incident or casualties. AFP PHOTO INP / AFP


En 1982, une nouvelle intervention israélienne se prépare sur le Liban. L’objectif est double : éliminer la résistance palestinienne du Liban et favoriser la victoire des Forces libanaises et l’accès à la présidence de la République de leur chef, Bachir Gemayel, qui s’engage à signer un traité de paix avec Israël. L’opération militaire israélienne, appelée Paix en Galilée, débute le 6 juin 1982. 100 000 soldats israéliens combattent les Palestiniens dans le Sud Liban et atteignent Beyrouth le 14 juin où ils rejoignent les troupes des Forces libanaises de Gemayel. Ces dernières reçoivent l’ordre de ne pas combattre et d’apporter uniquement une aide logistique aux Forces de défense israéliennes. Dès le 9 juin, les Israéliens attaquent également l’armée syrienne dans le Chouf et dans la Bekaa, où l’armée syrienne subit de lourdes pertes et se retire brutalement de toutes les positions jusque là occupées. Grâce à la médiation américaine de Philippe Habib, un cessez-le-feu est signé le 11 juin. L’armée israélienne poursuit son offensive et bombarde Beyrouth ouest où sont repliés les combattants palestiniens et le commandement de l’OLP. La médiation américaine obtient l’évacuation de l’OLP du Liban vers la Tunisie, siège de la LEA depuis 1979, à partir du 21 août sous la protection d’une force multinationale composée de 2500 soldats français, américains et italiens et la promesse israélienne de ne pas entrer dans Beyrouth Ouest. Une fois sa tâche accomplie, la Force multinationale quitte le Liban le 13 septembre 1982.

En politique intérieure, Bachir Gemayel est élu à la présidence de la République le 23 août et s’attache à rétablir l’Etat libanais sur l’ensemble du territoire national. Il tend la main aux leaders musulmans et prône la réconciliation nationale. Sa politique implique donc une alliance discrète avec Israël et non, comme le souhaite Israël, un traité de paix. Il est assassiné le 14 septembre, ainsi que de nombreux civils, alors qu’il tenait une dernière rencontre avec ses partisans au QG des Forces libanaises du quartier d’Achrafieh. Au lendemain de l’assassinat du président élu, et en dépit de la promesse de ne pas investir Beyrouth Ouest, l’armée israélienne y entre, afin d’assurer la sécurité et d’éviter des massacres. En réalité, Israël souhaite achever la destruction de la présence palestinienne (armes et combattants). Les Forces libanaises entrent également à Beyrouth et massacrent du 16 au 18 septembre les populations palestiniennes civiles (les combattants ont été évacués par la Force multinationale) des camps de Sabra et Chatila, sous le regard des militaires israéliens. Une fois connue la nouvelle du massacre, la Force Multinationale retourne au Liban. Le 21 septembre, Amine Gemayel, frère du président assassiné, est élu Président.

Le repositionnement d’Arafat à la suite de l’opération Paix en Galilée

A la suite de l’opération Paix en Galilée, les partisans de Yasser Arafat favorables à l’utilisation de la politique comme moyen de négociation et les partisans de la lutte armée, s’affrontent. De son côté, l’administration américaine relance le processus de paix, avec le plan Reagan lancé en septembre 1982 : ce plan met en avant la volonté américaine de parvenir à l’autonomie palestinienne, mais non à son indépendance, associée à la Jordanie. Allant dans le même sens, le roi Hussein de Jordanie propose le 20 septembre une confédération de la Cisjordanie et de la Transjordanie. Dans ce cadre, des consultations sont menées entre le souverain et Yasser Arafat, précédées par leur réconciliation en octobre 1982 à Amman. En décembre, le principe de la confédération est acquis par les deux parties. A la suite du XVIème congrès national palestinien qui se tient à Alger du 14 au 22 février 1983, et au cours duquel les opposants à Arafat refusent cette politique, Arafat ajoute une condition à la Jordanie : créer une confédération sur la base d’une Palestine indépendante. Cette condition est refusée par la Jordanie, les Etats-Unis et Israël, mettant au point mort les négociations avec la Jordanie. Dans le même temps, les confrontations entre les partisans d’Arafat et ses opposants, soutenus par la Syrie qui refuse le changement d’orientation de la politique d’Arafat, se poursuivent. En décembre 1983, l’OLP s’installe à Tunis.

Arafat entreprend alors de se repositionner sur la scène régionale, notamment par la reprise des négociations avec la Jordanie, qui aboutissent à un accord le 11 février 1985. Par cet accord, l’OLP s’engage à reconnaitre la résolution 242, la confédération entre la Palestine et la Jordanie est réaffirmée, ainsi que le droit des Palestiniens à l’autodétermination. Mais le 19 février 1986, les relations entre Arafat et le roi Hussein se distendent à nouveau, en raison de divergences entre Arafat et Hussein sur la reconnaissance d’Israël par Arafat, telle qu’elle était prévue dans l’accord du 11 février 1985.

La première intifada et la création de l’Etat palestinien

En parallèle, la contestation continue à monter dans les territoires occupés, contre Israël. Elle est menée par des organisations islamistes. Les relations se dégradent entre Israël et les Palestiniens, en raison notamment de la politique israélienne de colonisation des territoires occupés. Le 7 décembre 1987, une révolte appelée intifada, dans laquelle les Israéliens sont la cible de jets de pierre des jeunes Palestiniens, débute dans les territoires occupés. Cette révolte, dirigée par l’OLP (seul représentant des Palestiniens dont le but est de parvenir à la création d’un Etat palestinien) exprime le refus de la population de vivre sous l’administration israélienne. Si une partie des islamistes se rallie à l’OLP, une autre crée le Hamas, Mouvement de la résistance islamique, qui prône la disparition d’Israël. Les autorités israéliennes répriment la révolte par la force dans un premier temps. Mais cette répression n’arrête pas l’intifada, qui s’étend. Sur la scène internationale, l’opinion s’émeut de la situation dans les territoires occupés. Une résolution (résolution 605) est votée le 22 décembre 1987 par le conseil de sécurité de l’ONU, qui déplore la politique israélienne à Gaza et en Cisjordanie. La diplomatie américaine se positionne également en médiatrice, afin de faire avancer le dossier israélo-palestinien. Une initiative est lancée sous la présidence de Reagan en février et en mars 1988, avec la tournée au Moyen-Orient du secrétaire d’Etat Schultz. Mais le plan qu’il propose (organisation de négociations entre Israël et les Palestiniens concernant les territoires occupés) est refusé par le Premier ministre israélien Shamir. Le 31 juillet 1988, le roi Hussein annonce la rupture des liens administratifs avec la Cisjordanie et met fin à son rêve de Royaume arabe uni, laissant à l’OLP le soin de s’occuper du problème palestinien.

Dans le même temps, l’OLP, qui s’est positionnée comme un acteur majeur avec l’intifada, proclame le 15 novembre 1988 la création de l’Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale et accepte le plan de partage présenté par l’ONU en novembre 1947. Le nouvel Etat est reconnu par la Ligue des Etats arabes. Le 7 décembre 1988, Arafat annonce être « prêt à négocier avec Israël (…) sur la base des résolutions 242 et 338 des Nations unies » et « s’engage à vivre en paix avec Israël et ses autres voisins et de respecter leur droit à vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues internationalement (…) ». Mi décembre 1988, à la Conférence des Nations unies, Arafat reconnait l’existence d’Israël, accepte les résolutions 242 et 338 et dit renoncer au terrorisme. Mais les propositions palestiniennes ne sont pas acceptées par le gouvernement israélien (Shamir est réélu le 22 décembre 1988). En mai 1989, Shamir soumet au vote de la Knesset des propositions concernant la tenue d’élection dans les territoires occupés. Mais ces propositions ne sont acceptées que partiellement par la nouvelle administration Bush, arrivée au pouvoir en janvier 1989, et par Arafat. Le nouveau secrétaire d’Etat James Baker propose alors un plan en octobre 1989, mais les propositions américaines se soldent à nouveau par un échec. L’intifada se poursuit.

Le processus de paix à la suite de la guerre du Golfe

Pendant la guerre du Golfe, l’OLP soutient l’Irak. Son soutien entraine la fin de l’aide des Etats du Golfe et des Etats-Unis jusqu’alors donnée à l’OLP. La diplomatie américaine relance le processus de paix, et à la suite de plusieurs négociations, une délégation palestinienne est menée par Haydar abd el-Shafi (seuls les Palestiniens de l’intérieur participent à cette délégation, l’OLP n’étant pas invitée). Des négociations aboutissent à la conférence qui s’ouvre à Madrid le 30 octobre 1991. Elle s’articule autour de deux grandes revendications : celle des Palestiniens qui demandent un transfert de souveraineté et celles des Israéliens qui demandent la poursuite de la colonisation et la fin des actes de violence à son encontre. Israël réaffirme également sa souveraineté sur le territoire israélien. A la suite de la conférence de Madrid, où aucune décision n’est prise, les discussions se poursuivent à Washington le 9 décembre, mais là encore, aucune avancée n’est constatée. Dans un contexte de violence dans les territoires occupés, les élections législatives du 23 juin 1992 permettent aux travaillistes de revenir à la tête du pouvoir. Itzhak Rabin est chargé par le président Haïm Herzog de former un gouvernement. Le nouveau gouvernement travailliste accepte en août d’arrêter l’installation de nouvelles colonies à Gaza et en Cisjordanie, mais décide que celles déjà implantées pourront rester en place.

US President Bill Clinton © stands between PLO leader Yasser Arafat ® and Israeli Prime Minister Yitzahk Rabin (L) as they shake hands for the first time, on September 13, 1993 at the White House in Washington DC, after signing the historic Israel-PLO Oslo Accords on Palestinian autonomy in the occupied territories. J. DAVID AKE / AFP

En parallèle, des négociations, déjà entreprises avec l’OLP sous le gouvernement Shamir, s’intensifient avec Rabin. En septembre 1992, des responsables israéliens et de l’OLP se rencontrent à Oslo, capitale de la Norvège, où les négociations de paix se poursuivent. C’est ainsi que le 9 septembre 1993, deux lettres sont signées par Yasser Arafat et adressées, l’une au Premier ministre israélien Rabin et l’autre au ministre norvégien des Affaires étrangères Johan Jorgen Holst. Dans la première, Arafat reconnaît le droit pour Israël de vivre dans la paix et la sécurité, il accepte les résolutions 242 et 338 et souhaite avancer dans les négociations de paix. Rabin répond à la lettre d’Arafat le 10 septembre et reconnaît l’OLP comme le « représentant du peuple des palestinien », et dit accepter de traiter avec elle pour les négociations de paix. Dans la seconde missive, Arafat annonce vouloir mettre fin à l’intifada. A la suite de cet échange de lettre, une déclaration appelée Déclaration de principes sur des arrangements intérimaires d’autonomie est signée par Arafat et Rabin le 13 septembre à Washington. Le texte de la déclaration prévoit la mise en place d’une autonomie transitoire à Gaza et sur une partie de la Cisjordanie (dans une zone à définir dans la région de Jéricho) pour une période de cinq ans, puis de parvenir à une autonomie complète de la Cisjordanie. L’armée israélienne doit quitter Gaza et la région de Jéricho avant le 13 juillet 1994, même si elle continue à assurer la sécurité des frontières et celle des colonies juives. L’autonomie transitoire signifie également le transfert des pouvoirs aux Palestiniens.

Le refus des accords d’Oslo

En Israël et dans les territoires occupés, cette déclaration est diversement accueillie. Les colons juifs et le Likoud la refusent ainsi que le Hamas qui poursuit les opérations contre les colons dans les territoires occupés, provoquant la répression israélienne et notamment l’intervention de l’armée israélienne contre le Hamas en octobre 1993. Le 25 février 1994, un colon israélien de la ville d’Hébron tue 52 Palestiniens. Dès lors, le cycle de la violence se poursuit dans les territoires occupés, entre colons et Hamas. Dans le même temps, les négociations entamées depuis les accords d’Oslo du 13 septembre 1993 se poursuivent, afin de tenir l’échéance des cinq ans, à l’issue de laquelle les territoires doivent parvenir à l’autonomie complète. Le 4 mai 1994, à la suite de la signature d’un accord intérimaire, et selon la date retenue à Oslo, l’armée israélienne se redéploie de Gaza et de la région de Jéricho. Le 25 mai, l’armée s’est retirée des deux territoires, mais elle reste présente dans les colonies juives. L’administration de l’OLP quitte Tunis (siège de l’OLP depuis l’opération paix en Galilée en 1982) et s’installe à Gaza. Mais Arafat se heurte aux actions du Hamas, en lutte contre la présence des colons juifs. Les attentats reprennent à Gaza à l’été ainsi qu’en Cisjordanie et en Israël. Dans ce contexte, des négociations sont à nouveau entamées début 1995 et aboutissent à la signature des accords d’Oslo II le 28 septembre 1995 entre Rabin et Arafat. L’autonomie est étendue à l’ensemble de la Cisjordanie, et l’armée israélienne doit quitter dans les six mois les agglomérations de Cisjordanie à l’exception d’Hébron où sont présents de nombreux colons. Quant au retrait dans les villages, il est prévu qu’il se poursuive jusqu’en 1997.

Les négociations et le processus de paix signé par Itzhak Rabin ne sont pas acceptés par une partie de la droite israélienne, qui souhaite toujours la création du grand Israël et ne peut donc accepter le départ israélien de Gaza et de Cisjordanie. Le 4 novembre 1995, Rabin est assassiné par un extrémiste israélien, opposé à l’avancée de la paix avec les Palestiniens. Le 22 novembre, Shimon Pérès est nommé Premier ministre. Il décide de poursuivre la même voie que son prédécesseur et le retrait de Cisjordanie se poursuit.

La mise en place de l’Autorité palestinienne

Le 20 janvier 1996, les élections au Conseil de l’autonomie conduisent à l’élection de Yasser Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne, avec 88% des voix. Un Conseil palestinien est également élu, dans lequel le Fatah est majoritaire. En parallèle, les attentats perpétrés par le Hamas reprennent (le 25 février, des attentats font 27 morts à Jérusalem et à Ashkelon), à la suite de l’assassinat par Israël de l’artificier du Hamas, Yahia Ayache, le 5 janvier. Sur le plan politique, le Conseil national palestinien se réunit en avril pour la première fois à Gaza. Tous les articles de la charte de l’OLP refusant de reconnaître Israël sont supprimés. Il n’en demeure pas moins qu’au sommet arabe tenu fin juin, les Etats arabes et l’Autorité palestinienne demandent à Israël d’appliquer les principes de la conférence de Madrid.

En Israël, les élections législatives du 29 mai 1996 portent au pouvoir le chef du Likoud, Benyamin Nétanyahou. Celui-ci ne poursuit pas la politique de Rabin. Il refuse notamment l’idée d’un Etat palestinien et ne veut pas rendre le Golan à la Syrie. Il décide également de reprendre la colonisation dans les territoires occupés et dans Jérusalem. Les violences recommencent en septembre 1996 dans les territoires occupés, et provoquent la reprise des négociations de paix, à l’initiative des Etats-Unis. L’administration de Bill Clinton organise une réunion à Washington les 1er et 2 octobre, avec Yasser Arafat, Benyamin Nétanyahou et le roi Hussein de Jordanie. Au cours de cette réunion, les négociations avancent sur la question du retrait de l’armée israélienne à Hébron. Un traité est signé entre Arafat et Nétanyahou le 15 janvier 1997 sur la question du retrait d’Hébron et des zones rurales de Cisjordanie, qui est planifié entre mars et 1997 et août 1998. Le 17 janvier 1997, les troupes israéliennes commencent à quitter Hébron. Néanmoins, l’implantation des colonies juives se poursuit près de Jérusalem-Est, provoquant la réaction du président Clinton ainsi que l’arrêt des négociations de paix par Arafat. Les attentats revendiqués par le Hamas se poursuivent pendant toute l’année 1997, tandis que la diplomatie américaine condamne le terrorisme ainsi que la politique d’implantation de colonies menée par Israël. Afin de relancer le processus de paix, le président Clinton organise une rencontre le 15 octobre 1998 entre Arafat et Nétanyahou à Wye Plantation dans le Maryland. Après plusieurs jours de négociation, un accord est signé le 23 octobre, décidant du retrait de l’armée israélienne de 13% de la Cisjordanie, de l’ouverture d’un aéroport à Gaza (qui sera effective le 24 novembre) et du renforcement de la sécurité par les Palestiniens. Le statut définitif de Jérusalem doit également être évoqué dans des négociations à venir. Ce texte suscite le mécontentement de la droite israélienne qui accuse Nétanyahou d’avoir trahi la cause israélienne. Du côté palestinien également, le Hamas et les intégristes le refusent. En Israël, l’accord est ratifié par la Knesset le 17 novembre et le retrait israélien commence le 20 novembre.

La poursuite des négociations de paix à la suite de Wye Plantation

Comme décidé par le nouveau gouvernement d’Ehoud Barak nommé à la suite des élections législatives israéliennes de juin 1999, les négociations reprennent avec l’Autorité palestinienne le 3 septembre, sur la base de l’application des accords de Wye Plantation, qui sont complétés par la décision du retrait israélien de 42% de la Cisjordanie, sauf de Jérusalem-Est, ainsi que la libération de prisonniers palestiniens par Israël. Le texte est signé en Egypte à Charm el-Cheikh le 4 septembre.

En 2000, les Palestiniens annoncent le 3 juillet vouloir créer un Etat palestinien indépendant pour le 13 septembre. Les négociations reprennent avec Israël, à nouveau à l’initiative des Etats-Unis. Une conférence, organisée à Camp David par Bill Clinton, débute le 11 juillet. Le contexte est très tendu, car dans le même temps, plusieurs ministres israéliens, hostiles à une conférence de paix à Camp David, ont donné leur démission, fragilisant ainsi la position d’Ehoud Barak qui n’a plus de majorité au parlement. Au cours des négociations, les Palestiniens demandent le retour aux frontières de 1967, mais les Israéliens refusent de quitter la Cisjordanie dans sa totalité, acceptant d’en rendre 78%. Les négociations butent également sur la question de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, où les israéliens peuvent se rendre mais n’ont pas le droit de prier, depuis 1967. Leur demande d’y prier est refusée par Arafat, qui craint le désaccord des musulmans. Les Israéliens acceptent que l’autorité palestinienne puisse gérer les quartiers arabes situés à Jérusalem-Est. En revanche, ils refusent de partager la souveraineté sur la ville comme le demandaient les Palestiniens. La conférence se termine le 25 juillet par la rupture des négociations.

La seconde intifada

Le 28 septembre 2000, le chef du Likoud, Ariel Sharon, se rend sur l’esplanade des Mosquées. Des affrontements consécutifs à sa visite éclatent entre Palestiniens et Israéliens et provoquent la seconde intifada. Les violences se poursuivent en 2001 dans les territoires occupés. Différentes médiations sont proposées par les Français, les Américains et les Egyptiens mais elles ne sont pas suivies d’effet. Les attentats suicides se poursuivent dans les territoires contre les colons israéliens, et l’armée israélienne riposte par des attentats ciblés contre les responsables de la sécurité palestiniens. En mai 2001, la commission Mitchell, dirigée par l’ancien sénateur américain George Mitchell, chargée de déterminer l’origine de la seconde intifada, livre les conclusions de son enquête : Israël doit geler toute nouvelle construction de colonie et arrêter les destructions des biens palestiniens. L’Autorité palestinienne quant à elle doit faire cesser les actes commis par les Palestiniens. Mais les attentats suicides se multiplient contre Israël, qui riposte. Les Etats-Unis interviennent alors à nouveau, par l’intermédiaire du directeur de la CIA, George Tenet. Il propose le 12 juin 2001 un plan calqué sur le rapport Mitchell : arrêt des violences commises par les Palestiniens, désarmement des deux parties, retrait des forces israéliennes des territoires autonomes et gel des colonies et le 13 juin, il décrète également le cessez-le-feu. Mais les attentats reprennent en fin juin et juillet, notamment des attentats ciblés contre des responsables islamistes, tandis que des Palestiniens, dont des membres du Hamas, commettent un attentat-suicide à Jérusalem le 9 août. En réaction, l’armée israélienne entre en Cisjordanie et tue le 27 août l’un des chefs de l’OLP, Abou Ali Moustapha, à Ramallah.
Les attentats du 11 septembre 2001 renforcent la violence, avec des attentats commis de part et d’autre. C’est dans ce contexte que se réunissent le 26 septembre le chef de l’Autorité palestinienne Arafat et le ministre israélien des Affaires étrangères Pérès. Ils décident de mettre en œuvre les plans Mitchell et Tenet, mais les actes de violence se poursuivent. Dans ce contexte, et alors que les troupes américaines sont entrées en Afghanistan, le président Bush dit reconnaître le droit à un Etat pour les Palestiniens dans la mesure où le droit à l’existence de l’Etat d’Israël est respecté. Mais l’implication américaine, par l’envoi d’émissaires, n’arrête pas la violence. En décembre, à la suite d’attentats du Hamas contre des Israéliens en Cisjordanie, Israël considérant qu’Arafat est responsable de la situation, rompt les relations avec l’Autorité palestinienne et encercle militairement Ramallah. Arafat demande que les groupes armés palestiniens arrêtent les violences contre Israël, le Hamas et le Jihad islamique cessent alors les attentats.

Dégradation des relations israélo-palestiniennes et mise en place de la « feuille de route »

En janvier 2002, un bateau chargé d’armes qui serait en provenance d’Iran et à destination de l’Autorité palestinienne, est intercepté par Israël. Dans ce conteste tendu, et en dépit de la trêve décrétée en décembre 2001, les attaques du Hamas et du Fatah reprennent le 9 janvier à la suite de l’attaque d’un poste militaire israélien par le Hamas. Le cycle de violences-représailles s’intensifie, faisant que le Premier ministre Ariel Sharon envisage en février la construction d’un mur entre Israéliens et Palestiniens dans les territoires occupés. En mars, les violences sont telles que l’administration américaine intervient. Elle est à l’initiative de la résolution 1397 votée le 13 mars, qui mentionne pour la première fois un Etat palestinien. Les Etats arabes tentent également de trouver une solution au conflit, lors du Sommet de la Ligue arabe qui se tient à Beyrouth fin mars. La LEA propose à Israël une normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes en échange de l’évacuation des territoires occupés depuis 1967. Malgré ces avancées diplomatiques, les violences se poursuivent toujours, notamment à Ramallah où des bureaux de l’Autorité palestinienne sont détruits et encerclés par l’armée israélienne. L’ONU vote alors le 30 mars la résolution 1402, demandant le retrait de l’armée israélienne de Ramallah. Mais début avril, les opérations israéliennes se poursuivent en Cisjordanie, notamment dans les villes d’Hébron, de Bethléem (la basilique de la Nativité, dans laquelle se sont réfugiés des combattants palestiniens, est assiégée jusqu’au 10 mai), de Naplouse, et dans le camp de Jenine. L’intervention israélienne dans le camp de Jenine donne lieu le 20 avril à la résolution 1405 de l’ONU afin de déterminer les faits. Dans le même temps, la diplomatie américaine obtient de l’armée israélienne son départ de Ramallah le 2 mai. Le 9 juin, un nouveau gouvernement est présenté par Yasser Arafat.

Israël commence mi juin les travaux de construction du mur de séparation entre la Cisjordanie et Israël, d’une longueur de 350 km. Les attentats du Hamas se poursuivent en juin, et Israël, en représailles, réoccupe la Cisjordanie. En septembre, malgré l’accord du 18 août signé entre les Israéliens et les Palestiniens (refusé par le Hamas et par le Jihad islamique) à propos du retrait israélien de Gaza et de la prise de contrôle par l’Autorité palestinienne, des actions sont commises par l’armée israélienne. Cette situation oblige le gouvernement palestinien à démissionner, le 11 septembre, devant la pression du Conseil national palestinien. Le cycle des attentats-représailles se poursuit à l’automne et un nouveau gouvernement est nommé par Arafat le 29 octobre. La diplomatie américaine intervient alors afin de trouver une solution au conflit israélo-palestinien. A l’automne 2002, une « feuille de route », élaborée par les Etats-Unis, l’ONU, l’Union européenne, la Russie (qui constituent le quartet), doit permettre d’aboutir à la création d’un Etat palestinien avant 2005. Ce plan ne change rien sur le terrain, où les attentats se poursuivent. Sur le plan intérieur, le gouvernement palestinien décide de retarder les élections prévues en janvier 2003, tant que l’armée israélienne sera présente dans les territoires palestiniens.

En 2003, les attentats continuent en Israël et dans les territoires palestiniens tandis que, sur le plan extérieur, la guerre du Golfe débute le 19 mars. La situation politique évolue en Palestine, avec la nomination le 18 mars par Arafat du numéro deux de l’OLP, Mahmoud Abbas, à la fonction de Premier ministre. La nomination d’un Premier ministre, condition essentielle posée par les Etats-Unis à la publication de la « feuille de route », permet d’entamer le processus de paix. Alors que la guerre en Irak connaît des avancées positives pour la coalition, la « feuille de route » est publiée le 30 avril. Son but est de parvenir à régler le conflit israélo-palestinien avant 2005. Les responsables politiques palestiniens doivent mettre fin au « terrorisme » et « instaurer un régime démocratique fondé sur la tolérance et la liberté ». De son côté, Israël doit « faire le nécessaire pour qu’un Etat palestinien démocratique soit établi », et doit démanteler ses colonies.
Il n’en demeure pas moins que la violence continue en mai, tandis que les Premiers ministres Mahmoud Abbas et Ariel Sharon se rencontrent le 4 juin afin de lancer la feuille de route. Le Premier ministre palestinien entre également en négociation avec le Hamas, afin de parvenir à l’arrêt des attentats. Le Hamas accepte fin juin une trêve, suivi par le jihad islamique, le Fatah et le FPLP. Malgré ces avancées, les Américains estiment que le processus n’est pas assez rapide, de même que les Israéliens qui craignent le réarmement des groupes armés palestiniens pendant cette période de trêve. La tension est donc palpable et la violence renait à la suite d’une opération israélienne. Le Hamas et le Jihad islamique mettent alors fin à la trêve en août. Le 6 septembre, Mahmoud Abbas démissionne et Arafat nomme Ahmad Qorei, principal négociateur des accords d’Oslo, Premier ministre. Israël poursuit ses attaques ciblées contre des responsables palestiniens (6 septembre : tentative d’assassinat du chef spirituel du Hamas, Cheikh Ahmad Yassine), mais également contre des membres basés en Syrie (5 octobre : raid israélien contre une base présumée du Jihad islamique près de Damas).

Fin 2003, des initiatives de paix sont lancées conjointement par des Israéliens et des Palestiniens (plan Yossi Beilin/Yasser Abed Rabbo d’octobre 2003 sous l’égide de la Suisse ; plan Nusseibeh/Ayalon). Dans ce contexte, Sharon annonce en février 2004 vouloir évacuer les colonies israéliennes de la bande de Gaza, en raison notamment de leur coût financier. Le plan Sharon est diversement apprécié : les Etats-Unis l’approuvent le 14 avril ainsi que le Quartet le 4 mai mais il est rejeté par le Likoud à 60% le 2 mai.

Israël et le Hamas

En parallèle des ces décisions diplomatiques, les attentats se poursuivent. A la suite d’un attentat le 14 mars 2004 à Tel-Aviv faisant 11 victimes israéliennes, revendiqué par le Hamas et les martyrs d’Al Aqsa, l’armée israélienne, lors d’une attaque ciblée, tue Cheikh Yassine le 22 mars. Son successeur, Abdel Aziz al-Rantissi est également tué le 17 avril. A Gaza, les Israéliens mènent également des opérations en mai, afin d’arrêter l’acheminement d’armes et de combattants entre Gaza et l’Egypte. La proposition de Sharon concernant l’abandon des colonies dans la bande de Gaza est adoptée le 6 juin par le gouvernement israélien, même si ce gouvernement d’union nationale est très divisé sur ce projet et que les colons israéliens sont opposés à ce retrait. Le 25 juillet, environ 150 000 colons israéliens font une chaîne humaine entre Gaza et Jérusalem afin de protester contre le retrait qui doit s’effectuer avant la fin 2005. L’autre problématique est celle du mur de séparation entre la Cisjordanie et Israël, qui suscite la réaction internationale : le 9 juillet, la cour internationale de justice, saisie en décembre 2003 par l’ONU, déclare que la construction du mur est une atteinte à l’autodétermination des Palestiniens et demande le versement d’indemnités. Le 20 juillet, une résolution est votée par l’ONU, demandant la destruction du mur et le paiement de réparations. La tension monte également parmi les Palestiniens, qui manifestent fin juillet à Gaza afin d’exprimer leur mécontentement et leur remise en cause de l’autorité palestinienne.

La tension monte à nouveau fin août, les attentats du Hamas se poursuivant, en réponse aux attentats ciblés israéliens. Une opération, appelée Jour de repentir, est ainsi menée par les Israéliens du 30 septembre au 15 octobre dans la bande de Gaza, afin de mettre fin aux tirs de roquettes vers Israël. En Israël, la question du retrait de la bande de Gaza continue à tendre le climat. Dans les Territoires, Arafat, dont la santé s’est détériorée, meurt à Paris le 11 novembre et est inhumé à Ramallah, en Cisjordanie. Mahmoud Abbas devient alors président de l’OLP et est élu président de l’Autorité palestinienne. Ahmad Korei est confirmé dans ses fonctions de Premier ministre.

En 2005, plusieurs décisions sont prises. En février, le gouvernement israélien prévoit le retrait de Gaza pour le mois d’août. Cette décision est confirmée par Mahmoud Abbas lors d’une réunion le 21 juin avec Ariel Sharon. En outre, le gouvernement israélien prévoit le départ de quatre villes au nord de la Cisjordanie. De son côté, Mahmoud Abbas participe à des réunions internationales, tant en Egypte qu’en Grande-Bretagne, dans lesquelles il dit vouloir la fin des violences et la mise en place de réformes en Palestine. Le 15 mars, Israël rend à l’Autorité palestinienne la sécurité de la ville de Jéricho, en Cisjordanie. Une décision analogue est prise le 21 mars concernant la ville de Tulkarem. Il n’en demeure pas moins que la tension renait à Gaza en mai à la suite de la mort d’un combattant du Hamas, tandis que Mahmoud Abbas se rend à Washington le 26 mai. Il obtient du président Bush une aide financière et le soutien à la création d’un Etat palestinien. Sur le plan international, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis demandent que la feuille de route soit respectée, en particulier le démantèlement des colonies juives de Cisjordanie. Comme prévu, et en dépit de l’hostilité d’une parti de la population au retrait de Gaza, celui-ci commence le 17 août et se termine le 22 août. Au total, 8 000 colons quittent les colonies de Gaza. A l’automne 2005, Mahmoud Abbas annonce la tenue d’élections législatives prévues pour janvier 2006, auxquelles le Hamas participera. Cette nouvelle n’est pas acceptée par Israël, car le mouvement prône sa destruction. Les attentats se poursuivent contre les Israéliens, et le Hamas annonce ne pas donner suite à la trêve commencée en mars : les tirs de roquette lancés de la Bande de Gaza continuent à toucher Israël, qui riposte fin décembre par un raid aérien contre une base du FPLP basée à Beyrouth.

La victoire électorale du Hamas et les relations inter-palestiniennes

En 2006, les élections législatives de janvier assurent la victoire du Hamas au Conseil législatif palestinien, avec 76 sièges sur 132. Le Fatah, parti de Mahmoud Abbas, en obtient 43 et le FPLP et FDPLP en remportent 13. Le Premier ministre Ahmad Qoreï démissionne de ses fonctions et un nouveau Premier ministre est nommé le 19 février, Ismaïl Haniyeh, chef de liste du Hamas pour les législatives. Il présente son gouvernement au Président de l’Autorité palestinienne, auquel le Fatah décide de ne pas participer. Pour Israël, cette élection est durement vécue, car le Hamas refuse de le reconnaître. Elle entraine la fin du versement des taxes par Israël à l’Autorité palestinienne. Le 7 avril, des décisions analogues sont prises par les Etats-Unis et par l’UE, qui décident de suspendre leurs versements à l’Autorité palestinienne tant que le Hamas n’aura pas reconnu Israël et qu’il poursuivra ses actes de violence. En mai, le Hamas organise une force militaire à Gaza, appelé force exécutive, qui comptera 5000 hommes, à laquelle les forces de l’Autorité palestinienne s’opposent. Dans ce climat de tension inter-palestinienne, Mahmoud Abbas décide d’organiser en juillet un referendum afin de trouver une solution. Le 25 juin, à la suite d’un raid israélien dans le sud de la bande de Gaza, les Palestiniens enlèvent le soldat israélien Gilad Shalit. S’en suit l’opération israélienne appelée Pluie d’été menée contre les intérêts palestiniens dans le sud de la bande de Gaza. Des membres du Hamas sont arrêtés par l’armée israélienne, dont des ministres et des responsables politiques. Les Israéliens entrent également dans le nord de Gaza, d’où sont tirées des roquettes contre Israël. Le 4 juillet, une roquette est tirée du nord de la bande de Gaza sur la ville israélienne d’Ashkelon. La tension générée par cette attaque est renforcée par l’emprisonnement de deux soldats israéliens à la frontière israélo-libanaise par le Hezbollah. Le 12 juillet, la guerre Israël-Hezbollah est déclenchée au Liban. Elle se termine le 14 août et l’armée israélienne se redéploie du Sud Liban. Les opérations militaires reprennent avec les Palestiniens en novembre : l’armée israélienne intervient du 1er au 7 novembre dans la ville de Beit Hanoun, dans le nord de Gaza afin d’arrêter les tirs de roquette en direction d’Israël. Cette opération fait 56 morts palestiniens. Mais les tirs de roquette reprennent à Beit Hanoun en direction d’Israël, entrainant sa riposte. En décembre, les difficultés se poursuivent entre Hamas et Autorité palestinienne et alors qu’aucun gouvernement d’union nationale n’est trouvé, Mahmoud Abbas annonce son intention d’organiser de nouvelles élections.

GAZA CITY, GAZA STRIP - MARCH 19 : Palestinian incoming Prime Minister Ismail Haniya, from the Islamic group Hamas, left, meets Palestinian Authority President Mahmoud Abbas on March 19, 2006 in Gaza City, Gaza Strip. Haniyeh met Abbas to present his new Cabinet and commented after the meeting, his Cabinet would have 24 members, 10 from Gaza and 14 from the West Bank with fellow Hamas leader Mahmoud Zahar as the new foreign minister. Abbas said he would submit the list to the PLO executive committee and then to the parliament if it approves. (Photo by Khalil Hamra-pool/Getty Images) *** Local Caption *** Ismail Haniyeh ;Mahmoud Abbas Getty Images / GETTY IMAGES EUROPE / AFP


Difficultés entre le Fatah et le Hamas et entre Israël et le Hamas

En 2007, les difficultés se poursuivent entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. Le Hamas attaque notamment le 2 février une base d’entrainement de militaires de l’Autorité palestinienne située au sud de Gaza, faisant 18 morts. Sur le plan politique, après plusieurs mois de difficultés, un gouvernement d’union nationale est formé avec le Hamas le 8 février, et Ismaïl Haniyeh reste Premier ministre. Quant à Israël, il maintient sa politique envers le Hamas et refuse de coopérer avec lui tant que les conditions de la feuille de route (reconnaissance d’Israël et fin de la violence) ne seront pas respectées. En avril, les affrontements reprennent tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie. En mai, alors que les tirs de roquettes se poursuivent de la bande de Gaza vers Israël, l’armée israélienne bombarde les positions du Hamas à Gaza le 17 mai. Les affrontements reprennent également entre Palestiniens le 11 mai à Gaza et se poursuivent en direction d’Israël. Le 14 juin, le Hamas réussit à reprendre les positions détenues par le Fatah à Gaza. A partir de ce moment, l’Autorité palestinienne ne s’exerce plus qu’en Cisjordanie, la Bande de Gaza étant sous le pouvoir du Hamas. Mahmoud Abbas déclare alors l’Etat d’urgence, dissout le gouvernement et prépare la tenue de nouvelles élections. Mais le Premier ministre Ismaïl Haniyeh décide néanmoins de poursuivre sa mission à la tête du gouvernement. Mahmoud Abbas nomme un gouvernement d’urgence, avec à sa tête l’économiste Salam Fayyad, favorablement accepté par la communauté internationale et par Israël. A Gaza, les violences se poursuivent en septembre entre les partisans de l’Autorité palestinienne et le Hamas, et débouchent sur une grève organisée par l’OLP.

Sur le plan international, le président américain Georges Bush organise le 27 novembre un sommet sur la paix à Annapolis, dans le Maryland, réunissant Ehoud Olmert, Mahmoud Abbas et les représentants de 38 autres Etats. Le but du sommet est de relancer le processus de paix et plus particulièrement les questions suivantes : création d’un Etat palestinien et règlement global du conflit israélo-palestinien. Au terme de la conférence, Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas acceptent la reprise de la feuille de route et indiquent qu’ils mettront tout en œuvre afin de trouver un accord avant la fin du mandat présidentiel américain en 2008.

En janvier 2008, les violences se poursuivent à Gaza, avec des tirs de roquettes du Hamas vers Israël et des raids israéliens à Gaza. Le 15 janvier, la bande de Gaza est bouclée par l’armée israélienne, empêchant le ravitaillement des habitants de Gaza. La frontière entre l’Egypte et Gaza est alors ouverte par le Hamas le 24 janvier, afin de permettre le ravitaillement de la population palestinienne. Fin février, une nouvelle offensive est lancée par Israël contre Gaza, toujours afin de faire cesser les tirs de roquettes vers les villes israéliennes de Ashkelon et de Sdérot. Cette opération dure jusqu’au 3 mars mais les tirs de s’arrêtent pas pour autant. En avril, le Hamas décide de mettre fin au blocus mis en place en janvier par Israël à Gaza. Des attaques sont alors menées contre les points de contrôle israéliens. Sur le plan diplomatique, les Etats de la région se mobilisent afin de trouver une solution au conflit entre Israël et le Hamas mais également aux tensions inter-palestiniennes. Une médiation égyptienne permet notamment la reprise des négociations entre le Hamas et Israël, le Hamas acceptant de cesser les combats et Israël de lever partiellement le blocus. La trêve est effective le 19 juin, pour une période de six mois. En parallèle de son initiative diplomatique, l’Egypte décide en mars de construire un mur à la frontière entre son territoire et Gaza, afin d’empêcher la venue massive de Palestiniens. Des efforts diplomatiques sont également entrepris par le Yémen, afin de trouver une solution aux tensions inter-palestiniennes. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh organise des discussions à Sanaa entre le Fatah et le Hamas au cours desquelles les deux partis acceptent la tenue d’élections législatives. Mais les tensions reprennent néanmoins : le 25 juillet, un attentat commis dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas déclenche les représailles du Hamas contre le Fatah, suspecté être l’auteur de l’attentat et arrête des représentants du Fatah, qui à son tour arrête des représentants du Hamas en Cisjordanie. Début août, l’escalade de la violence se poursuit, avec l’attaque d’un bastion du Fatah par le Hamas à Gaza. Une attaque similaire est également menée le 16 septembre.

En novembre, en dépit de la trêve entre le Hamas et Israël, les attaques reprennent dans la Bande de Gaza, qui est bouclée par Israël. La trêve conclue le 19 juin n’est pas reconduite par le Hamas. La raison avancée est le non respect de la trêve par Israël. Dans ce contexte, à la suite de la conférence d’Annapolis du 27 novembre 2007, la résolution 1850 adoptée par le conseil de sécurité de l’ONU le 16 décembre réaffirme le soutien au processus de paix.

L’opération israélienne « plomb durci » contre le Hamas

Dans ce contexte de très vive tension, alors que les tirs de roquette se poursuivent contre Israël à partir de la Bande de Gaza, l’Etat hébreu déclenche le 27 décembre 2008 l’opération « plomb durci » dont le but est de faire cesser les tirs de roquette touchant le sud d’Israël. Les raids aériens ont pour objectifs les camps du Hamas, des bâtiments officiels et les infrastructures. Les tunnels reliant Rafah à l’Egypte, permettant le passage d’armes, sont également bombardés. Le 28 décembre, l’ONU demande la fin des violences. Le 30 décembre, un cessez-le-feu immédiat est demandé par les Etats-Unis, l’ONU, la Russie et l’UE, mais il est refusé par Israël qui démarre les opérations terrestres. Elles durent du 3 au 18 janvier 2009, et pendant cette période, des responsables du Hamas sont tués et des écoles et des camps sont touchés par des bombardements. Un plan d’arrêt des combats est présenté le 6 janvier par le président français Nicolas Sarkozy et le président égyptien Hosni Moubarak. Alors que la situation humanitaire devient très difficile pour les Palestiniens, Israël accepte le ravitaillement de Gaza. L’ONU adopte également la résolution 1860 qui demande « un cessez-le-feu immédiat (…) menant au retrait complet des forces israéliennes de Gaza ». Mais il est rejeté par le Hamas et par Israël. Les opérations militaires se poursuivent et plusieurs bâtiments sont détruits le 15 janvier à Gaza-ville (hôpital, bureau de presse, entrepôt de l’ONU). Le ministre de l’Intérieur, membre du Hamas, est tué au cours d’un raid. Le 17 janvier, l’ONU vote une résolution analogue à la résolution 1860. Le même jour, Israël accepte le cessez-le-feu pour le 18 janvier, mais il est refusé par le Hamas. Ce dernier accepte néanmoins de mettre en place une trêve d’une semaine, le temps que l’armée israélienne se retire de Gaza, ce qui est fait le 20 janvier. Le bilan de la guerre s’élève du côté palestinien à 1300 tués dont 420 enfants et à 5300 blessés. Sur le plan diplomatique, une réunion est organisée par les présidents français et égyptiens à Charm el-Cheikh à laquelle participe des Etats membres de l’UE, le secrétaire général des Nations unies Ban Kimoon, le président palestinien Mahmoud Abbas et des chefs d’Etat arabes, afin de mettre en place une trêve durable et de lever le blocus israélien sur Gaza.

Reprise des relations inter-palestiniennes ?

En février 2009, les relations inter-palestiniennes reprennent. Les 25 et 26 février une conférence est organisée au Caire entre les responsables du Fatah et du Hamas. Le but de cette conférence est que les deux partis trouvent une entente, et qu’ils mettent en place un gouvernement d’union nationale. Une autre conférence est organisée à partir du 10 mars au cours de laquelle sont évoquées les questions de la réconciliation et la tenue d’élections législatives et présidentielles. Un nouveau gouvernement, auquel le Hamas refuse de participer, est nommé le 19 mai, avec à sa tête le Premier ministre Salam Fayyad. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas est également réélu lors du Congrès du Fatah réuni les 14 et 15 août à Bethléem, en Cisjordanie. Lors de ce Congrès, les sièges des deux organes exécutifs du Fatah sont également renouvelés (Comité central et Conseil révolutionnaire).

Bibliographie
Alain GRESH, Dominique Vidal, Palestine 47 un partage avorté, Editions Complexe, Paris, 1994, 283 pages.
Henri LAURENS, La question de Palestine, tome troisième 1947-1967, l’accomplissement des prophéties, Fayard, Paris, 2007, 823 pages.
Henry LAURENS, L’Orient arabe à l’heure américaine, de la guerre du Golfe à la guerre d’Irak, Hachette Littératures, Paris, 2008, 452 pages.
Nadine PICAUDOU, Les Palestiniens un siècle d’histoire, nouvelle édition, Ed. Complexe, Bruxelles, 2003, 366 pages.
Site de la Documentation française, chronologie internationale, Moyen-Orient.
E. U., « Israël-Etat d’Israël », Encyclopédie Universalis 2009.

Publié le 01/02/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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