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Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 09/03/2010 • modifié le 23/01/2018 • Durée de lecture : 2 minutes

Pélerin à La Mecque au XIXème siècle

iStockphoto

Mohammad Ibn Adb al-Wahhab se fonde sur le principe de l’unité divine (Tawhid) et sur le fait que seul Dieu peut être adoré (rien d’autre que Lui ne peut être adoré : saints, esprits ou objets). Les sanctions sont également appliquées de façon littérale, comme le fait de couper la main des voleurs et de lapider les femmes ayant commis l’adultère.

Né en 1703 dans la région du Nedj près de Riyad, Mohammad Ibn Adb al-Wahhab reçoit un enseignement très rigoureux de l’islam par son père. Cette rigueur lui vaut d’être chassé par les oulémas (docteurs de la foi) de son oasis natale. Après s’être installé dans l’oasis d’Houraïmala et avoir effectué le pèlerinage à la Mecque, il étudie dans les universités de Medine, de Bassora, de Bagdad, de Damas et du Caire et regagne Houraïmala en 1739. Il écrit à cette époque son livre de l’Unification (Kitab al Tawhid) qui explique les bases de sa doctrine. En 1740, il effectue une retraite de méditation pendant deux ans, comme l’avait fait le Prophète, qui le conforte dans son sentiment qu’il est le réformateur de l’islam, afin de le purifier. Il s’appuie sur les prédications de l’imam sunnite Ahmad Ibn Hanbal mort en 855, qui enseignent la pureté de la doctrine. Afin d’y parvenir, il prône l’application stricte de la Charia, c’est-à-dire de la loi islamique. La volonté de purification de l’islam de Mohammad Ibn Adb al-Wahhab s’inscrit dans le contexte de la montée du chiisme en Perse et en Irak et du renforcement des liens entre l’Occident et l’Empire ottoman, dont il condamne les « innovations blâmables ». Les règles de la vie quotidienne sont très strictes : isolation des femmes, prière publique obligatoire, réglementation pour les hommes travaillant dans les boucheries. Les pratiques considérées comme païennes sont également interdites, comme les pèlerinages sur les tombes des saints, la danse et la musique. Mohammad Ibn Adb al-Wahhab s’oppose également aux chiites. Afin de parvenir à faire appliquer cette réforme, il s’allie en 1744 à l’émir de Diriyah, Mohammad Ibn Saoud.

Le wahhabisme ne prend son essor qu’avec la création du royaume d’Arabie saoudite en 1932 et se développe sous le règne de Fayçal (1964-1975) : le wahhabisme permet en effet de lutter contre le nassérisme et le socialisme arabe, encouragé en ce sens par les Etats-Unis. Le roi Fayçal utilise deux vecteurs : la subvention des œuvres religieuses dans le monde arabe et occidental dont la construction de mosquées, et la formation pour les religieux musulmans à La Mecque et Médine.

Bibliographie :
Dominique CHEVALLIER, « Wahhabisme », Encyclopédie Universalis, 2008.
Olivier DA LAGE, Géopolitique de l’Arabie saoudite, Editions Complexe, Paris, 2006, 143 pages.
David RIGOULET-ROZE, Géopolitique de l’Arabie saoudite, Armand Colin, Paris, 2005, 308 pages.

Publié le 09/03/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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