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Guerre de juin 1967 ou guerre des six Jours

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 09/03/2010 • modifié le 13/02/2019 • Durée de lecture : 4 minutes

Soldats israéliens surveillant des prisonniers de guerre jordaniens et palestiniens à Jérusalem en juin 1967

AFP

La montée des tensions

Depuis la première guerre de 1948-1949, les tensions n’ont jamais cessé entre les Etats arabes et Israël, sous forme d’incidents frontaliers donnant lieu à des représailles. Fin 1966, les tensions s’intensifient entre la Syrie et Israël, à la suite notamment du coup d’Etat de février 1966 qui porte au pouvoir en Syrie des officiers du parti Baas, hostiles à Israël. Plusieurs opérations sont menées par les Palestiniens du Fatah, soutenus par la Syrie, suivies de représailles de l’Etat hébreu. Le 7 avril 1967, Israël lance une bataille aérienne contre la Syrie, au cours de laquelle des avions syriens sont abattus.

Dans ce contexte de vive tension, l’URSS annonce savoir que des troupes israéliennes sont massées le long de la frontière avec la Syrie, du côté israélien. Même si cette nouvelle est démentie par les responsables israéliens, l’Egypte décide de mobiliser en soutien à la Syrie : le 15 mai, l’armée égyptienne se concentre dans le Sinaï. Le lendemain, Nasser demande le retrait des forces de l’ONU positionnées depuis la crise de Suez à la frontière entre l’Egypte et Israël, qu’il remplace par des troupes égyptiennes. Le 18 mai, Israël mobilise. Le 22 mai, l’Egypte décide d’interdire l’accès du golfe d’Akaba (où elle est présente depuis 1949 sur l’île de Tiran) à la marine israélienne. Le 25 mai, le ministre israélien des Affaires étrangères Abba Eban entreprend une tournée diplomatique en Europe. Il rencontre notamment le général de Gaulle à Paris, qui lui recommande de ne pas attaquer les Etats arabes et qui décide de mettre en place un embargo sur les armes françaises à destination du Moyen-Orient. La tension monte en Israël, et l’opinion politique est partagée entre les partisans de la guerre autour de Ben Gourion et ceux de l’option diplomatique autour du gouvernement en place de Levi Eshkol. Le 1er juin, l’entrée au gouvernement de deux nouveaux ministres, Moshe Dayan au ministère de la Défense et Menahem Begin comme ministre sans portefeuille, fait que l’option de la guerre est décidée. De son côté, Nasser forme des alliances militaires : celle avec la Syrie a déjà été mise en place en novembre 1966, et est suivie d’une alliance avec la Jordanie le 1er juin 1967 et avec l’Irak le 4 juin.

La guerre des six Jours

Le 5 juin, Israël déclenche les hostilités militaires et bombarde l’aviation et les aéroports égyptiens. Puis Israël lance une attaque terrestre, qui lui permet d’envahir le Sinaï et Gaza le 7 juin, puis le canal de Suez le 8 juin. L’armée égyptienne – dont une partie est au Yémen – est en grande partie détruite. L’aviation jordanienne, qui décide de porter secours à l’Egypte, est également détruite par Israël, puis l’armée israélienne mène une attaque terrestre contre la Jordanie au cours de laquelle l’armée israélienne, à la suite du repli de l’armée jordanienne le 6 juin, reprend toute la Cisjordanie ainsi que Jérusalem est. En Syrie, à la suite du bombardement de l’aviation syrienne le 6 juin, le gouvernement israélien hésite à entreprendre une action terrestre en raison des liens entretenus entre la Syrie et l’URSS. L’action terrestre débute finalement le 9 juin par l’invasion du Golan, situé à l’est de la Galilée. L’armée syrienne résiste dans un premier temps, mais Israël l’emporte le 10 juin. Ce même jour, le cessez-le-feu est mis en place, à l’initiative du Conseil de sécurité de l’ONU.

Au terme d’une guerre qui a duré six jours et qui a fait 3 000 blessés et 750 morts du côté israéliens et environ 20 000 morts du côté arabe (10 000 morts égyptiens, 6 000 morts jordaniens), Israël annexe donc le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous administration égyptienne, la Cisjordanie annexée par la Jordanie depuis 1950 ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien. Cette annexion est accompagnée de déplacements de populations, qui sont expulsées des territoires conquis.

Les conséquences de la guerre des six Jours

La victoire israélienne a pour conséquence la démission de Nasser le 9 juin, mais son geste est refusé par l’opinion publique égyptienne et il revient au pouvoir. Nasser comprend également que, contrairement à la crise de Suez de 1956, les Etats-Unis ne vont pas exercer de pressions pour qu’Israël se retire des territoires acquis car, pour la diplomatie américaine, les causes du conflit proviennent de la fermeture du golfe d’Akaba par l’Egypte. L’URSS pour sa part condamne Israël et rompt ses relations diplomatiques avec lui. Répondant aux liens mis en place entre les Etats-Unis et Israël, Nasser se tourne vers l’URSS qui lui envoie des conseillers et une présence militaire. En outre, il propose à la marine soviétique des facilités dans les ports égyptiens.

En plus de l’Egypte, les autres Etats arabes réagissent. Le 1er septembre 1967 se tient le sommet de Khartoum, autour des ministres arabes des Affaires étrangères. Il est notamment décidé de ne pas procéder à la paix avec Israël, de ne pas se réconcilier avec lui et de ne pas reconnaître l’Etat d’Israël. Un peu plus tard, en octobre, alors que des combats reprennent dans la région du Canal de Suez entre l’Egypte et Israël, le Conseil de sécurité de l’ONU procède au vote d’une résolution. La résolution 242 du 22 novembre 1967 décide du : « (…) retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ; cessation de toutes assertions de belligérence ou de tous états de belligérence et respect et reconnaissance de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de chaque Etat de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force ; (…) de garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales de la région ; de réaliser un juste règlement du problème des réfugiés, de garantir l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de chaque Etat de la région par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées (…) [1] ». La résolution est acceptée par l’Egypte, la Jordanie et le Liban et est refusée par la Syrie et par les Palestiniens.

Bibliographie :
Henry LAURENS, Le grand jeu, Orient arabe et rivalités internationales, Armand Colin, Paris, 1991, 447 pages.
Nadine PICAUDOU, Les Palestiniens, un siècle d’histoire, Editions Complexe, Bruxelles, 2003, 366 pages.

Publié le 09/03/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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