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La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (3/6). L’insurrection de l’été 1920 et ses conséquences

Par Yves Brillet
Publié le 30/12/2015 • modifié le 08/03/2018 • Durée de lecture : 26 minutes

David LLOYD-GEORGE, 1st Earl, 1863-1945, British Liberal politician, Prime Minister 1916-22 ; negotiated the Treaty of Versailles after the First World War

The Art Archive / Culver Pictures / AFP

Le déroulement des événements

C’est au mois de juin 1920 qu’éclate au nord de la Mésopotamie la révolte qui devait balayer le pays tout entier au cours de l’été et mettre sérieusement en danger la pérennité de la présence britannique en Mésopotamie.

Un télégramme confidentiel de l’officier politique en poste à Mossoul destiné au Commissaire civil britannique à Bagdad daté du 25 juin résume les événements qui ont marqué le début de l’insurrection. Il est tout d’abord noté que le mouvement ne semble pas avoir reçu de soutien de la Turquie, mais que des séries d’incidents se sont produits dans le désert depuis l’occupation de Deiz ez Zor en décembre 1919 avec des attaques contre les lignes de communication, des raids contre Shergat et des coups de main menés par les tribus des Shammar (1).
Les événements débutent le 21 avril 1920, avec l’arrivée à Mossoul de la première caravane en provenance de Deir ez Zor et le début d’une période de sédition avec la distribution de tracts anti gouvernementaux. Le 24 mai, un train est détruit à Ain Dibbi ; l’officier politique fait état à cette date de menées de propagande, bien qu’une tournée d’inspection dans le district de Tel Afar au début du mois de mai n’ait rien révélé d’anormal dans l’attitude des chefs tribaux. Le 26 mai est signalé à Fadghami l’arrivée d’une troupe de soldats de « l’armée d’Irak » dotée d’une mitrailleuse et commandée par Jamil Beg, originaire de Mossoul et officier de l’armée chérifienne en Syrie. Il est alors fait état de tentatives de soulever les tribus en faveur d’Abdallah et de rumeurs de soulèvement visant à chasser les forces britanniques de Mossoul. Le 2 juin, une reconnaissance est effectuée jusqu’à Ain el Ghazal qui ne découvre rien de suspect. L’Assistant Political Officer et son personnel sont maintenus à Tel Afar afin de ne pas donner l’impression d’abandonner la zone. Le 3 juin, des agents chérifiens y tiennent une réunion et annoncent l’arrivée imminente des forces d’Abdallah. Malgré la mise en alerte de la 18ème division, Tel Afar est attaquée le 4 juin par des éléments tribaux qui déciment la garnison (2).
La 18ème division est mise en état d’opération et les moyens aériens sont utilisés, ainsi que des véhicules blindés pour effectuer des reconnaissances quotidiennes et organiser une colonne destinée à sécuriser les alentours de Mossoul.
Pour les autorités britanniques à Mossoul, il semble évident que les responsables des incidents doivent être recherchés du côté d’officiers arabes en Syrie, désireux de trouver en Mésopotamie un terrain favorable à leurs ambitions (3).
Deux problèmes tactiques sont enfin évoqués : d’une part le danger de maintenir des officiers politiques dans des zones reculées et la difficulté de tenir Mossoul sans forces capables de contrôler les districts avoisinants tant que l’utilisation de troupes locales est impossible en raison de l’hostilité de la population.

Il serait vain de tenter de restituer de manière exhaustive le déroulement des troubles et des opérations militaires en Mésopotamie au cours de l’été 1920. Avant sa prise de fonction, le futur commandant en chef des forces britanniques en Mésopotamie, Sir Aylmer Haldane fait ouvertement référence à la consigne qu’il reçoit de la part de Churchill concernant la nécessité d’y réduire la garnison (4). L’analyse de la situation de la situation militaire et des contraintes conduit Haldane à dénoncer l’éparpillement des forces à Bassora ainsi qu’à Bagdad (5). Il insiste sur l’importance des problèmes liés à la défense et à la sécurisation des lignes de communication (6).
Haldane se penche sur les causes de l’insurrection, insiste sur l’effet de la propagande turque, les intrigues chérifiennes, l’attitude des autorités religieuses dans les cités de Najaf et de Karbala et souligne les difficultés à affronter les bandes armées arabes lors des opérations militaires (7). L’officier n’oublie pas d’autre part la nature du terrain qui entraîne des difficultés logistiques rendant difficiles les déplacements des troupes britanniques, provoquant des problèmes de ravitaillement qui font qu’une colonne punitive éloignée de sa base a perdu toute efficacité. Il rappelle que la superficie de la Mésopotamie est deux fois supérieure à celle de la Grande-Bretagne et que la nature du terrain et les obstacles naturels rendent difficiles les mouvements de troupes (8).
Haldane rappelle également l’existence de lignes ferroviaires entre Bassora et Bagdad, Bagdad et la frontière perse, Kut et Bagdad et Bagdad vers Shergat, qui permettant le transport des troupes, mais souligne la facilité avec laquelle ces dernières peuvent être coupées par les insurgés (9).
Considérant l’état des forces à sa disposition, il mentionne qu’il ne disposait au début de l’insurrection que de deux divisions, de quelques éléments de cavalerie et de bataillons du génie et du train dont la répartition calquée sur l’ancienne organisation ottomane ne peut répondre de manière satisfaisante à la nécessité de combattre une rébellion militaire (10). De plus, il souligne que du personnel militaire était réquisitionné pour l’encadrement de quelques 14.000 prisonniers de guerre turcs, la protection de 1.000 femmes et enfants britanniques et de plus de 50.000 réfugiés assyriens et arméniens. Dans ces conditions, il estime qu’il ne dispose en réserve que de 500 soldats britanniques et 2.500 à 3.000 soldats indiens. Sur l’ensemble de ces troupes, un seul bataillon est en mesure d’atteindre, en 24 heures, le moyen-Euphrate, à 150 milles de Bagdad. S’agissant de l’aviation, il considère que si des moyens aériens avaient été placés à sa disposition dès le début de l’insurrection, il lui aurait été éventuellement possible de rétablir la situation (11).

Haldane, au-delà de l’attaque de la garnison à Tel Afar, voit dans les événements de Rumaithah du 30 juin 1920 le véritable début de l’insurrection. Après l’arrestation d’un chef tribal, 4 officiers et 308 hommes sont dépêchés depuis différents endroits vers Rumaithah aussi rapidement que les sabotages sur les lignes ferroviaires le permettent. La troupe et les 215 employés du chemin de fer sont isolés pendant 16 jours et ne peuvent être ravitaillés que par l’aviation qui procède à des bombardements pour détourner l’attention des assaillants. La garnison est ensuite repliée sur Diwaniyah, 40 milles plus au nord, malgré les difficultés tactiques et matérielles (12).
Haldane dévoile à cette occasion un des principes de son action, qu’il nomme economy of force et qui consiste à concentrer tous les moyens dont il dispose sur un théâtre d’opérations, en acceptant le risque de perdre momentanément le contrôle de certaines zones. Devant l’aggravation de la situation, il lui faut des forces supplémentaires et les premiers renforts débarquent à Bassora le 6 août 1920. Il ne cache pas que le soulèvement risque de se généraliser et que la situation peut rapidement échapper à tout contrôle (13). La plus grande partie des troupes dont il dispose se trouve bloquée à Diwaniyah, les lignes de communication coupées et les tribus révoltées menacent directement Bagdad. Devant l’urgence de la situation, il doit se préoccuper de la défense de la ville dont la garnison n’est pas suffisante pour la protéger d’un assaut de l’extérieur (14). La sécurisation des principales lignes de communication vers Bagdad constitue une de ses préoccupations majeures et il ordonne la construction de blockhouses tous les 800 mètres sur toutes les voies à partir de Bagdad.

Dès la première semaine d’août, Haldane décide de retirer les troupes stationnées au nord de Bagdad, malgré les troubles et les désordres dans la province de Mossoul. Le retrait des forces britanniques et leur redéploiement sur d’autres théâtres d’opérations renforcent la rébellion qui menace de se rendre maître de l’ensemble de la zone située au nord de Bagdad (15). Haldane rend compte de la possibilité évoquée par le Commissaire civil A.T. Wilson de retirer l’ensemble des troupes stationnées dans la province du nord.
La poursuite de la révolte dans le sud empêche d’intervenir sur différentes zones en même temps et facilite la propagation de l’insurrection au nord, à l’est et à l’ouest de Bagdad (16). Après le 15 août 1920, le soulèvement gagne Ramādī et Falluja où les garnisons sont isolées.

Penser l’insurrection : réponses politiques et analyse des causes

Le 17 juin 1920, le Cabinet se réunit sous la présidence du Premier ministre Lloyd George en présence de Curzon, Secrétaire au Foreign Office ; de Milner, Secrétaire d’Etat aux Colonies ; de Churchill ; de Balfour, Lord President of the Council ; de Chamberlain, Chancelier de l’Echiquier ; et de Montagu, Secrétaire pour l’Inde, pour aborder la question de l’agitation en Mésopotamie. Les consignes sont données à Sir Percy Cox, qui sera nommé à l’automne à Bagdad en tant que haut-commissaire, de rester en Mésopotamie suffisamment longtemps pour prendre connaissance de l’ensemble de la situation avant d’envisager la question des modalités de mise en place d’un gouvernement arabe à Bagdad. Il décide en outre de relever A.T. Wilson de ses fonctions et insiste sur la nécessité de mettre en place une administration arabe en Mésopotamie (17).
Concernant l’aspect militaire de la situation, le Cabinet considère que la question doit être appréhendée dans sa globalité, à savoir la Perse, le nord de la Mésopotamie, la péninsule d’Ismid et la région de Constantinople et qu’il faudra, dans un avenir proche, envisager le recours à des renforts militaires. Il évoque aussi la possibilité de devoir renforcer les forces britanniques en Egypte et Palestine si la situation devait s’envenimer.

Dans le contexte de démobilisation de l’armée du temps de guerre et de reconstitution de l’armée en temps de paix, le Cabinet reconnaît qu’il n’y a pas de réserve mobilisable et que la situation nécessite un accord du Parlement pour une rallonge budgétaire. La conférence décide de convoquer le lendemain le chef de l’état-major impérial et le chef de l’état-major de l’Air pour discuter des points concernant le retrait éventuel des forces stationnées en Perse, le repli sur les têtes de stations ferroviaires en Mésopotamie et l’utilisation des forces aériennes (18).

Alors que l’insurrection n’en est qu’à ses débuts, le Cabinet anticipe la solution politique en donnant à Percy Cox des instructions détaillées sur la conduite à suivre à Bagdad (19). Cox reçoit l’autorisation de prendre contact avec des officiers originaires de Bagdad dans l’entourage de Fayçal en Syrie, fils du Chérif Hussein de La Mecque, qu’il sera nécessaire d’inclure dans le dispositif prévu d’un gouvernement arabe à Bagdad.

Les causes de l’insurrection sont passées en revue tout au long de l’été 1920. Le 17 juillet, Churchill fait circuler une note au Cabinet sur la situation en Mésopotamie. Il constate tout d’abord que toute idée de réduction des troupes est abandonnée et qu’une division est en route depuis l’Inde vers Bassora. Haldane doit avoir toute latitude pour régler le problème militaire. Churchill évoque la possibilité de dégarnir le front des troupes à Mossoul, ou de se désengager de Perse pour concentrer les moyens sur le moyen-Euphrate. L’axe Bagdad-Bassora (20) est la pièce principale du dispositif qui doit être maintenue à tout prix.
Le résumé de la situation, daté du 16 juillet joint à la note de Churchill, reprend en exergue les indications du Secrétaire d’Etat, mentionnant en outre que la liaison ferroviaire est coupée entre Bagdad et Bassora, que la garnison est assiégée et que le commandement en chef indique que ses réserves sont épuisées. Une division est en marche depuis l’Inde qui ne devrait pas atteindre Bassora avant quatre ou cinq semaines. Pour ce qui concerne l’analyse globale de la situation, il est rappelé que les forces françaises ont pratiquement déclaré la guerre à Fayçal en Syrie. La Grande-Bretagne reste neutre mais considère que si Fayçal est vaincu, il s’alliera aux Turcs et attaquera les troupes britanniques dans la région de Mossoul. Si, par contre, Fayçal sort vainqueur de sa confrontation avec les Français, il cherchera à chasser la Grande-Bretagne de la région. Dans un cas comme dans l’autre, les tribus bédouines créeront des difficultés en Mésopotamie comme en Palestine (21).

Les nationalistes turcs constituent en outre un danger potentiel dans les zones de Djarbakir et Nisibin et peuvent s’allier avec les Kurdes ; la province tomberait aux mains des Turcs et des Kurdes à la suite d’un retrait de Mossoul tandis qu’à l’est de la Mésopotamie les deux brigades qui forment la Norperforce soutiennent le gouvernement perse et protègent la Mésopotamie. Les seules troupes disponibles sans prendre trop de risque sont les deux brigades stationnées en Perse (22). La Perse se trouve menacée au nord par une invasion des troupes russo-bolchéviques. La gendarmerie perse sous le commandement du général Starolessky protège la capitale mais rien n’empêche qu’elle ne se range du côté des communistes. La Grande-Bretagne se trouve ainsi menacée à l’ouest, au nord et à l’est. Un retrait de la région du cours supérieur de l’Euphrate y encouragerait certainement une agression arabe ; l’évacuation de Mossoul, ainsi qu’il déjà été mentionné, conduira à la perte de tout le vilayet, qui passera sous le contrôle des Turcs et des Kurdes. Le retrait des troupes stationnées en Perse est ainsi la seule option qui permettrait au commandement en chef en Mésopotamie de disposer de quelques réserves (23).

Dans la basse vallée de l’Euphrate, la situation empire tout au long du mois de juillet. Le 15, Haldane télégraphie au ministère de la Guerre que la révolte des tribus dans le district de Shamiyah change radicalement la situation, que ses lignes de communication sont menacées et que le soulèvement est en train de se généraliser. Pour lui, ce regain d’agitation est principalement dû à l’influence d’agents bolchéviques qui attisent le fanatisme des tribus. Haldane dévoile alors la stratégie qu’il entend développer. L’utilisation de ses dernières réserves l’oblige à constituer un contingent à Bagdad pour lui permettre de contrôler la liaison avec Bassora. Il demande l’autorisation de rapatrier les troupes de Perse et de dégarnir les garnisons du Haut-Euphrate et de Kirkuk, ce qui pourrait éventuellement menacer les communications avec Mossoul. Cependant, les troupes récupérées permettraient de reconstituer une force d’intervention à Bagdad afin de reprendre le contrôle de la région au sud de Bagdad jusque Bassora en suivant la vallée du Tigre. Les troupes indiennes seraient utilisées pour pacifier la zone de la vallée de l’Euphrate et établir une base fortifiée à Nasiriyah pour partir à la reconquête de l’ensemble. La seconde phase des opérations consisterait à reprendre pied dans le nord une fois le sud pacifié (24).

Au mois d’août 1920, une réunion de la commission des Finances se tient au 10, Downing Street sous la direction du Premier ministre et en présence de Chamberlain, Chancelier de l’Echiquier, de Milner, Secrétaire d’Etat aux Colonies, de Montagu, Secrétaire pour l’Inde, de Curzon, de Churchill et de Cox. La discussion porte sur l’évolution de la situation en Mésopotamie et en Perse et anticipe l’évolution institutionnelle de la région.
En ce qui concerne la Perse, la commission constate une évolution favorable dans la mesure où le gouvernement entend convoquer le Parlement afin de ratifier l’accord entre la Perse et la Grande-Bretagne et où l’ordre est progressivement restauré dans le nord du pays. Il n’est plus ainsi question de retirer les troupes stationnées mais éventuellement de les renforcer afin d’accélérer le processus de pacification.
Pour ce qui concerne la Mésopotamie, la situation paraît aussi plus favorable et il semble important que Cox s’y rende sans retard avec pour mission de faciliter la transition en offrant aux habitants les institutions et le gouvernement qu’ils réclament (25). Il est fait état au cours de la discussion de l’opposition de la France à la nomination de Fayçal à la tête du futur Etat mésopotamien ainsi que la nécessité pour le gouvernement britannique de passer outre (26).
La commission évoque également la possibilité d’avoir différentes formes de gouvernement dans les différentes provinces mésopotamiennes. Selon les termes du mandat, un délai de deux ans est prévu avant que la loi organique ne soit présentée devant la Société des Nations. A l’expiration de ce délai, il est raisonnable d’espérer que l’opinion en Mésopotamie aura penché en faveur de Fayçal et que l’opposition française à son égard aura diminué. A l’issue de la discussion, la Commission ratifie l’envoi de Cox en Mésopotamie comme Haut-Commissaire civil muni d’instructions approuvées par le Premier Ministre.

Si Londres se préoccupe de l’avenir de la Mésopotamie à l’issue de l’insurrection, la situation sur le terrain reste très incertaine. Le 22 août, Haldane fait transmettre au War Office l’information selon laquelle existe en Mésopotamie un état de guerre (27). Le 26, le Grand Quartier Général revient sur les raisons de l’insurrection et considère que la réduction de la garnison est responsable du développement de la révolte, dans la mesure où le manque de troupes et l’insuffisance des moyens militaires ont empêché de contrer les incidents survenus dans des lieux différents et favorisé la montée de l’anarchie (28).
Devant l’urgence de la situation, Churchill fait parvenir le même jour un message à Haldane dans lequel il l’informe que le Cabinet a décidé que l’insurrection devait être écrasée et que tous les moyens militaires possibles seraient mis à sa disposition. Dix-neuf bataillons indiens sont en partance pour la Mésopotamie, une troisième escadrille doit être rapidement opérationnelle et une quatrième doit être déplacée de Constantinople à Bassora. Churchill considère qu’ainsi à la fin du mois d’octobre, Haldane devrait disposer des moyens nécessaires pour venir effectivement à bout du soulèvement et permettre ainsi à la Grande-Bretagne de procéder à la mise en place d’une solution institutionnelle arabe (29). Un télégramme du 28 août (qui constitue la suite du télégramme du 26 août) renforce encore le caractère d’urgence de la situation et Haldane insiste sur l’importance du facteur temps pour stopper un embrasement généralisé de la Mésopotamie et sur le manque criant de moyens dont il dispose (30). Le même jour, il télégraphie à Londres pour rappeler qu’il lui faut disposer de tous les éléments actuellement stationnés en Mésopotamie, renforcés par deux divisions complètes, chacune dotée d’une brigade de cavalerie pour contrôler respectivement le Tigre et l’Euphrate. Ceci doit être fait le plus rapidement possible pour éviter un embrasement général. Les effectifs présents seraient alors équivalant à ceux du corps expéditionnaire opposé à l’armée turque en 1917-1918 dont les effectifs, malgré une meilleure organisation, étaient inférieurs et beaucoup plus concentrés que ceux de la présente rébellion, à une époque où le problème de la protection des lignes de communication était moins essentiel (31).

Les autorités civiles à Bagdad fournissent aussi à Londres leur analyse des causes de la rébellion.
Le 5 août, A.T. Wilson attire l’attention sur l’effet de la propagande en provenance de Syrie et de Turquie renforcée par la perception grandissante de la faiblesse militaire de la Grande-Bretagne en Mésopotamie (32). L’influence des événements extérieurs sur la situation en Mésopotamie ne doit pas être négligée, comme l’évacuation de Resht et d’Enzeli en Perse, les succès des bolchéviques et la perception d’un recul de l’influence britannique dans la région. A.T. Wilson considère de même de façon négative l’activisme du Consul des Etats-Unis et d’autres citoyens américains engagés dans une croisade hostile à la politique impériale (33). A propos des objectifs de l’insurrection, Wilson accuse les autorités religieuses de Karbala de prêcher la guerre sainte auprès des tribus et d’avoir dépêché des centaines d’émissaires dans la région du moyen-Euphrate dans ce but (34).
Le 12 août, il poursuit son analyse des causes de la rébellion en considérant que l’action trop énergique (et efficace) de l’administration, notamment dans la collecte de l’impôt, a pu braquer les tribus. Il rappelle que la fin des hostilités a entraîné une hausse des prix ainsi qu’une pénurie de certaines denrées de base (35). Les autres facteurs énumérés sont : la perception de la faiblesse militaire britannique, l’hostilité des autorités religieuses, les quatorze points du Président Wilson, l’influence de la Syrie, le retard pris dans la définition du statut de la Mésopotamie, le recours au travail forcé pour l’entretien des digues, le zèle dans la collecte des impôts et l’utilisation de l’aviation contre les plus récalcitrants (36). Une communication de Churchill au Cabinet datée du 30 septembre reprend les éléments d’analyse donnés par Wilson et apporte quelques informations détaillées sur la puissance de feu des insurgés sur le terrain (37). D’après les calculs des différents services, le nombre d’hommes mobilisables est de 160.000 en tenant compte des armes disponibles et de 270.000 en se basant sur les effectifs recensés tribu par tribu sans y inclure les Kurdes (481.000, dont un tiers armé).

Reprenant la séquence des événements, Churchill rappelle que l’insurrection a gagné du terrain pendant la troisième semaine d’août dans les zones de Suleimaniyeh au Kurdistan et de Kermânchâh, ainsi que dans le district de Baquba (38). Au cours de la dernière semaine d’août, la situation empire, Bagdad est placée en état de défense maximum et des fortifications sont érigées pour protéger les liaisons vers la ville. Fin août, la rébellion a gagné la haute vallée de l’Euphrate, mettant en danger les lignes de communication vers Mossoul et Kirkuk. Les points suivants de la note de Churchill indiquent qu’au cours des semaines suivantes, l’agitation gagne le cours inférieur de l’Euphrate et la région du lac Hamar, des troubles éclatent autour de la ville de Samawah. Cependant, Churchill remarque que la situation d’ensemble s’améliore au cours de la seconde moitié de septembre (39).
Au 30 septembre, Churchill indique que l’insurrection marque le pas et que le calme semble gagner les tribus, à l’exception du district de Samawah. En résumé, les forces britanniques ne contrôlent pas la région de l’Euphrate entre Nasiriya et Hilla, la ligne de communication avec Bagdad étant coupée et les garnisons de Kufa et Samawah isolées. La liaison ferroviaire entre Bagdad et Mossoul fonctionne malgré l’agitation des tribus au voisinage de Samarra. Les communications avec la Perse sont rétablies. La situation dans la haute vallée de l’Euphrate est encore préoccupante sans toutefois présenter de caractère d’urgence ; il en est de même au Kurdistan. Les lignes de communication le long de la vallée du Tigre n’ont pas été mises en danger. Selon Churchill, l’arrivée de la saison froide et le débarquement de troupes en provenance de l’Inde, ainsi que l’envoi d’une escadrille vers Bassora depuis Constantinople devraient accélérer le processus de rétablissement de l’ordre (40).

Une note du Political Department de l’India Office analyse pour sa part les causes du soulèvement en Mésopotamie. Selon cette étude, il n’y a pas de cause unique mais une combinaison de facteurs qui expliquent le développement de la situation insurrectionnelle de l’été 1920 : mécontentement local, erreurs de l’administration, existence de sociétés ou de groupes politiques clandestins, ces facteurs, pris individuellement, n’étant pas suffisants pour permettre le commencement de troubles de cette ampleur. Les nationalistes panarabes, les anciens cadres de l’administration ottomane, les chefs tribaux, ne sont pas en situation, à eux seuls de déclencher l’insurrection, mais constituent collectivement une combinaison qui peut s’avérer très dangereuse (41).

Au final, la question qui se pose est de savoir comment et dans quel but les facteurs de mécontentement ont été manipulés et utilisés pour provoquer une insurrection généralisée. L’auteur du rapport, Bray, suggère que les tribus ne sont pas capables par elles-mêmes de générer une situation politique ; leur fonction est alors de fournir une force d’appoint. En second lieu, Bray souligne l’importance pour la création d’une opinion publique de l’existence d’une classe éduquée dont les compétences en matière militaire, l’intérêt pour la politique européenne et la connaissance de l’histoire a permis l’émergence d’un esprit nationaliste avant le début de la guerre. Bray conclut que ces éléments forment le terreau d’un nationalisme susceptible d’être manipulé de l’extérieur : la question en effet se pose de savoir si ces groupes ont été capables de développer l’agitation panarabe et de fédérer les différentes factions qui constituent la société mésopotamienne. Bray voit dans l’insurrection la main de sociétés secrètes ainsi que l’influence de Berlin et de Moscou qui manipulent les éléments pro-turcs de la société mésopotamienne et œuvrent ainsi au rapprochement de tous les nationalistes (42).
Selon Bray, les projets des nationalistes en Anatolie, les objectifs des différents groupes établis en Suisse et à Berlin visent à discréditer l’Entente, à obtenir l’aide des Bolcheviques et à préparer une insurrection générale en Syrie et en Mésopotamie.
L’unification de ce mouvement doit se faire sur une base panislamiste mais le déclenchement des troubles en Mésopotamie au mois de juin 1919 va empêcher le développement d’un soulèvement généralisé.

A propos du rôle de Fayçal, Bray remarque l’évolution de son attitude vis-à-vis de la Grande-Bretagne au cours de l’année 1919 et son incapacité (ou son renoncement) à imposer une ligne modérée face aux extrémistes. Fayçal perd ainsi graduellement le contrôle de la situation et son changement d’attitude est perceptible à partir de novembre 1919 (43).
Le 15 novembre 1919, une rencontre à Montreux en présence de Talât Pacha dépêché de Berlin permet de discuter d’une proposition d’alliance défensive entre Mustafa Kemal et Fayçal et d’un projet d’union de tous les chefs arabes sous le commandement du roi du Hedjaz. Les 2 et 3 décembre 1919, au Bellevue Palace Hôtel de Berne, le représentant de Fayçal notifie son accord au sujet des propositions mentionnées à Montreux. Lors d’une rencontre à St Moritz quelques jours plus tard, l’éventualité d’une entente est évoquée entre Enver Pacha, les Bolcheviques et les Arabes, avec l’agrément de Fayçal, à condition que l’indépendance complète de la Syrie et de la Mésopotamie soit garantie et reconnue par les différentes parties.

Dans un second rapport du 18 octobre 1920, Bray analyse l’implication des acteurs dans les affaires de la Mésopotamie. S’agissant d’Enver Pacha, il souligne ses efforts pour mettre en place une alliance entre les nationalistes du Comité d’Union et Progrès, les panarabes et les pan-islamistes avec le soutien de Moscou et de Berlin. Il relève des traces d’intense activité en Suisse, Italie, Turquie Syrie et Anatolie (44).
En ce qui concerne Fayçal, celui-ci demande à son père Hussein de La Mecque de ne pas soulever la question du Califat afin de ne pas freiner les progrès de l’alliance entre les Turcs et les Arabes. Les Bolcheviques quant à eux sont impliqués dans des sociétés secrètes telles que Nadi al Arabi, ou Mouvahiddin. Bray souligne que l’Allemagne est aussi très impliquée dans la situation du Moyen-Orient (45). La création d’une Asiatic Islamic Federation sous l’égide de l’Allemagne permet d’unifier les différents éléments turcs, arabes et égyptiens, de mutualiser les intérêts et les objectifs des nationalistes syriens et mésopotamiens et de renforcer un mouvement panarabe hostile à la présence de la France et de la Grande-Bretagne (46). Bray estime qu’il est important pour l’avenir d’éloigner les nationalistes arabes de Mésopotamie des éléments pro-turcs et de les convaincre de la bonne foi de la Grande-Bretagne (47).

Lire les autres parties :
 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (1/6). Considérations de doctrine : la RAF dans le cadre de la stratégie impériale britannique et son utilisation dans la gestion de la situation mésopotamienne

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (2/6). La Grande-Bretagne en Mésopotamie : 1920, l’année cruciale

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (4/6). Penser le désengagement : vers la Conférence du Caire

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (5/6). La Conférence du Caire (12 au 30 mars 1921) : enjeux et débats

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (6/6). Les résultats de la conférence du Caire : l’accession de Fayçal au trône d’Irak et la prise de commandement des opérations par la RAF : l’adoption de l’Air Control

Notes :
(1) Confidential Letter n°4711/C/15, from the Political Officer, Mosul, to the Civil Commissioner, Baghdad, dated 25th June 1920 (TNA, CAB/24/111, CP1801) Mesopotamia.
(2) Ibid., “The fall of Tel Afar was the sign of a general rising of all the tribes in the district. […] All lines were cut and all roads from Mosul rendered unsafe.”
(3) Ibid., “It appears that the outbreak was the result of a small number of comparatively young men from this country who accepted service with the Sherif’s army of 1917 as an alternative to our prisoner of war camps. With the establishment of a Syrian Government they found that places and posts were for Syrians, and they were left without employment. This fired their “patriotism” and led them to embark on a kind of “Jameson raid” to establish an Arab government in Mesopotamia which would provide posts and pay for all.”
(4) Lieut.-General Sir Aylmer Haldane, GCMG.,KCB, DSO, The Arab Rising in Mesopotamia, 1920, Royal United Service Institution, Journal, 68, (1923:Feb. /Nov.) p.68. “It had been impressed strongly on me by the Secretary of State for War (Mr Churchill) before I left England that further reductions in the forces of Mesopotamia would be required in Autumn, but I confess that, after making a thorough inspection of my command from end to end, I was puzzled to discover a means whereby those reductions could be affected.”
(5) Ibid., “by no means easy to guard economically as regards the number of troops.”
(6) Ibid., “I was struck by the great distances traversed and the long lines of communication, amounting in all to 2,000 miles which in the event of a rising of the tribes it would be impossible to guard.” Voir aussi : lieutenant General Sir Aylmer Haldane, Insurrection in Mesopotamia, (London 1922) p. 14 : “During my several journeys, which were accomplished without accident, three things struck me more particularly : a)the distances, not so much measured in miles as by the time taken in moving from place to place. b) the absence of any defensive arrangements and c) the insecurity of the troops on account of the length and inadequate protection of the lines of communications. Insurrection in Mesopotamia constitue sans doute le récit le plus détaillé et circonstancié de la révolte irakienne de1920.
(7) The Arab Rising in Mesopotamia, p.65 : “Like the frontier tribes of India they will harass a retiring force and immediately take advantage of every mistake that may be made, but hey have strong objections to anything approaching a pitched battle.”
(8) Ibid.,p.65 “The two rivers which traverse Mesopotamia are its principal, and one might say, only features, and dependent on them are numerous effluents and canals, great and small, which form various obstacles to the movement of troops, besides dried up channels which afford an enemy excellent cover and assembly places.”
(9) Ibid., p.67.
(10) Ibid., p.67 : “The troops were distributed in much the same way as were those of the Turks before we undertook the responsibility of governing Mesopotamia-that is to say chiefly in towns and localities were their presence could maintain order. From a military point of view this distribution was not altogether satisfactory and was a compromise between political and strategical considerations.”
(11) Ibid., p.68 “I must not omit to state that I had a few aeroplanes, which, during the insurrection were increased by a squadron. Those available did invaluable work, and had I had sufficient at the outbreak of the rising I am inclined to think that it might have been possible to stifle, or perhaps to localise it.”
(12) Ibid., p.68 “The relief operations in both cases were extremely hazardous undertakings, for they involved sending troops through a hostile country to a distance of 150 miles from Baghdad […] The line of communication could not be properly guarded, for though it would have been possible to collect from various parts of the country sufficient force for the purpose, this was out of the question. Delay would have been the result and that meant starvation of the garrison, or surrender, which would assuredly have been followed by wholesale massacre.”
(13) Ibid., p.71 “The rising threatened to become general and it eventually required considerable reinforcements to suppress it ; and should the Arabs, who were led by skilled officers, take it into their hands to throw their forces across all the railway lines which center at Baghdad, the capital would be cut off the garrisons outside with no hope, of mutual assistance. Should that happen, it was evident that the reinforcements from India, at the pace they were coming, could not possibly arrive in time to avert a grave and widespread disaster.”
(14) Ibid., p. 72 “The transfer to the seat of the insurrection of every man that could be spared, left the capital with a dangerously small garrison and exposed to the attack both from within and without.”
(15) Ibid., p. 72 “The unavoidable withdrawal of troops posted along the railway from Baghdad to Shergat led to continual interference with the railway traffic. The line was doggedly repaired time without number and trains were sent along it by daylight ; but there were many days when it was impossible and there were fears that the garrisons of Mosul and other places might, owing to the demands of the situation elsewhere, be cut off with inadequate supplies.”
(16) Ibid., p. 74 “Owing to the insufficiency of troops and the consequent impossibility of operating in force in more than one area at a time , the insurrection had spread to the country north of the capital, a district to which I knew the extremist party in Baghdad were paying attention. By the middle of August, after a week (or 2) during which two or three incidents occurred daily in different parts of the country, the tribes of the Diyalah area were in full revolt, and I found myself cut off from Persia and the Kurdish border.”
(17) Conclusions of a Conference of Ministers held at 10, Downing Street, S.W., on Thursday, 17th June, 1920 (TNA, CAB/23/37). Il est demandé à Cox de rester à Bagdad “sufficiently long to place himself in possession of all the facts of the situation bearing on the question of how the policy of developing an Arab government is to be applied.”
(18) Ibid., La consigne stipule clairement qu’il s’agit d’envisager de “Contract to railheads in Mesopotamia, and develop Air Force there, and gradually re-occupy as our strength grows and circumstances allow in the next few years.”
(19) Ibid., Draft of Telegram from Secretary of State for India, to Civil Commissioner, Mesopotamia. “His Majesty’s Government are most anxious to have your advice on present situation in Mesopotamia ; they do not- accept Wilson’s view that true alternative lies between extension of control and withdrawal to Basra. They are irrevocably committed to policy of creating an effective Arab State not a camouflaged British protectorate and they regard practical alternatives as being either to set to work at once on lines they have already indicated or to completely evacuate Mesopotamia.”
(20) Situation in Mesopotamia, Memorandum by the Secretary of State for War, 17 July 1920 (TNA, CAB24/109, CP1646).
(21) Situation in Mesopotamia, Summary of the Situation in Mesopotamia, 17 July 1920 (TNA, CAB24/109, CP1646).
(22) Ibid., “The Turkish Nationalists, in neighbourhood of Diabekr and Nisibin have not attracted much attention lately, but they are a potential danger and may always combine with the Turks. On Mesopotamia’s right flank is Persia, and at present Norperforce, which consists of about two brigades, including lines of communication troops reaches as far as Manjil, 53 miles from Resht protecting Mesopotamia and giving moral support to the Persian government.”
(23) Ibid., “It is impossible to take troops from Palestine or Egypt. Drawing troops from Mosul may increase our difficulties in some respect, and the troops so withdrawn, instead of helping in Mesopotamia, might well be engaged fighting a harassing force from the north. Persia, therefore, remains the safest place from which troops can be withdrawn, and it is considered that on military grounds the General Officer Commanding, Mesopotamia, should be authorized to withdraw Norperforce.”
(24) Ibid., From General Officer Commanding, Mesopotamia, to War Office. (N°.X 7958, cipher.) Dispatched 15th July ; 1920, 1515. (Received 16th, 0900).
(25) Conclusions of a Meeting of the Finance Committee held at 10, Downing Street, S.W.1., on Thursday, August 12th, 1920, at 5p.m. (Finance Committee 27.) (TNA, CAB/23/22).
(26) Ibid., “The French had been told that, in the event of the Arabs asking for the appointment of Feisal as Emir, it was the intention of the British Government to raise no difficulty in the way of such an appointment. The French had protested very strongly against the adoption of such a proposal, and had gone so far as to say that they would regard it as an unfriendly act. It was clear that Feisal’s appointment would have to be made by the British Government on their own responsibility and without French concurrence.”
(27) Situation in Mesopotamia, Memorandum by Secretary of State for War, 2 Sept. 1920 (TNA, CAB/24/111, CP1829), Telegram from General Officer Commanding, Mesopotamia, to War Office.(N°X9911, cipher.). Handed in 22nd August, 1920.
(28) Ibid., From General Headquarters, Mesopotamia, to War Office, (N°X 9991, cipher.) Handed in 26th August, 1920. “The reduction of the garrison of this country to dimensions suitable to a country at peace liable to local disturbances at intervals is therefore, the cause of the present situation.
Its weakness and inability to deal with more than one area at a time being once revealed by outbreaks of greater scope, the subsequent spread of anarchy has been natural logical sequence.
Premature movement and withdrawal of troops from other areas, which often proved baseless would have been a manifestly unsound policy.
I had only one brigade in reserve, this (?) being at Tekrit where interference in June with Baghdad-Mosul lines of communication had necessitated retention of force.
The brigade, which should have been at Baghdad, had to be for some months on active operations on the Upper Euphrates.
Concentration of adequate force to deal with extensive rebellion therefore unnecessarily took time, and interruptions of railway lines further delayed this concentration.”
(29) Military Policy in Mesopotamia. Copy of Telegram from Secretary of State for War to General Officer Commanding in Chief the Forces in Mesopotamia, 26 August 1920 (TNA, CAB 24/111, CP1814).
(30) Situation in Mesopotamia, Memorandum by Secretary of State for War, 2 Sept. 1920 (TNA, CAB 24/111, CP1829). Telegram from General Officer Commanding, Mesopotamia, to War Office. (N°. X 9991, cipher) Handed in 28th August, 1920. “The time factor is of first importance. Further reinforcements might have proved unnecessary had a full additional division been available in Baghdad early in August. Now, however, inability to deal with tribes up Baghdad-Quraitu line has already led to unrest spreading to Kurdish tribes, and before this can be settled these may deeply involve over increasing areas. Tribes on Tigris and Shatt el Arab are hanging in the balance and outbreak among the latter reported imminent, while all tribes between Fallujah and Baghdad are (?) already out. I would mention in revision of anticipated (?) troops ; I have at various times asked for more (?) aeroplanes, more light armoured cars and for tanks. None of these were forthcoming and I have therefore remained deficient of (one group undecipherable) means to meet emergencies, and shortage of officers has also been brought to notice.”
(31) Ibid., From General Headquarters, Mesopotamia, to War Office., (N°X9999, cipher.), Handed in 28th August, 1920.
(32) Ibid., From Civil Commissioner, Baghdad, to Foreign Office., (N°R.9450.), 5th August 1920.
(33) Ibid., “At this point other foreign influences commenced to make themselves felt, notably United States Consul and other United States citizens, who, I have every reason to know, make it their business to convey to extremists in detail all references in English press to local and Imperial policy of His Majesty’s Government.”
(34) Ibid,. “The demands of religious leaders so far (? formulated) are complete expulsion of British from Mesopotamia and an Islamic Kingdom.”
(35) Telegram from Civil Commissioner, Bagdad, to War Office, (N°9700.), 12th August, 1920. “Another factor of (? no little consequence) peculiar to Mesopotamia which has tended to cause discontent is the gradual appearance in Mesopotamia of what may be called post-war conditions. High prices, shortage of certain necessities, &c. […], and we as the victors in the world war, have in Mesopotamia as elsewhere to bear the odium of having brought these conditions about.”
(36) Ibid.
(37) Recent Events in Mesopotamia. Memorandum by the Secretary of State for War, 30 September 1920 (TNA CAB/24/212, CP1912).
(38) Ibid., “In fact the whole of the area Quara Tappa, Khanikin, Baquba, was in open rebellion and the military situation was very serious. Quaraghan was relieved from Khanikin on the 26th and Baquba reoccupied from Baghdad on the 29th. The Kirkuk area was also becoming disturbed and different places on the road from Kifri to Kirkuk were sniped, but reconnaissance parties met with no opposition. The communications between Baghdad, Fallujah and Ramadi were interrupted and some river transport was burnt after running aground on the 19th.”
(39) Ibid., “In the Baghdad-Hit area much assistance towards preserving order has been afforded by the cooperation with us of local sheikhs of the Duleim and Anaizeh tribes. Along the Persian Railway the situation has sensibly improved thanks to the methodical clearing up operations, which have been carried out in this area, little opposition being met with. The Baghdad-Samarra area is still in a disturbed condition, particularly around the latter place. Communication is, however, now open by railway and telegraph between the two. Mosul itself has been quiet and the district which has up till recently been considered disturbed, has now queened down.
Arbil, Kirkuk and Kifri which have all been the scenes of local disorder have been pacified by the action of small mobile columns […] Blockhouse construction is steadily progressing and has been completed from Baghdad half-way to Felujah, on the Hit railway, and to a point just beyond Sharaban, on the Persian Railway.”
(40) Ibid.
(41) Mesopotamia. Preliminary Report on the Causes of Unrest. By Major N.N.E. BRAY, M.C., Special Intelligence Officer attached to the Political Department, India Office. (TNA, CAB/24/112, CP1961).
(42) Ibid., “Time and the long uncertainty as to the future combined with the above have provided the means whereby, having been organized through various societies, and directed by outside influence through the medium of BERLIN and MOSCOW, they have provided a powerful means of making concrete action possible.” 
(43) Ibid., “The Emir Feisal found it increasingly difficult to maintain a moderating influence. Until N. 1919, he was able to maintain partial control ; matters however reached a climax when he was informed by HMG that he should go up to Paris and negotiate direct with the French, from whom he obtained little or no satisfaction. The result was, the Extremists triumphed and Feisal himself bitterly disappointed lost his last vestige of control over the situation. Feisal expresses himself to Zaglul Pasha as being now bitterly anti-English.”
(44) Mesopotamia. Causes of Unrest. Report N°II (TNA, CAB/24/112, CP1990).
(45) Ibid., “The Eastern movement is being actively supported by the German Foreign Office by every possible means short of providing actual military forces though she is undoubtedly providing Enver and is prepared to give Mustafa Kemal capable German officers.”
(46) Ibid., “The Pan-Arabs in Syria bitterly hostile to the French in Syria, uncertain as to the future of Mesopotamia, were easily persuaded that they had merely exchanged Turk to European as their masters.”
(47) Ibid. “The pan-Arab party in Mesopotamia is as sincere in its desire for independence as the Egyptian nationalists. The majority of the party favour development under British control, they have been persuaded that the independence they hoped for was being denied them. If we can enlighten them as to our honesty of purpose there would appear to be good grounds for hoping we might detach them from the Nationalist-Bolshevist control.”

Publié le 30/12/2015


Yves Brillet est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, agrégé d’Anglais et docteur en études anglophones. Sa thèse, sous la direction de Jean- François Gournay (Lille 3), a porté sur L’élaboration de la politique étrangère britannique au Proche et Moyen-Orient à la fin du XIX siècle et au début du XXème.
Il a obtenu la qualification aux fonctions de Maître de Conférence, CNU 11 section, a été membre du Jury du CAPES d’anglais (2004-2007). Il enseigne l’anglais dans les classes post-bac du Lycée Blaringhem à Béthune.


 


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